Je vais répondre ici, histoire de pas polluer l'autre topic.Demi-Lune a écrit :Rhoo, t'es impitoyable. Sans en faire une réelle réussite, je trouve quand même que ce film, dont le pitch est fascinant et qui tend progressivement au western épuré, atemporel et jusqu’au-boutiste, a quelque chose et qu'il mérite mieux que les railleries dont il fait systématiquement l'objet. J'avais essayé de le défendre dans le topic consacré à Milius, il y a quelques années déjà. Good old times...LéoL a écrit : - 2/10 -
L'Aube rouge (John Milius, 1984)
Je passe sur ton 4/10 nawak octroyé à Risky business le mois dernier.
Et justement j'ai lu ton message sur le film ici même juste après le film.
Je crois qu'on a pas regardé le film de la même manière et qu'on ne l'appréhende pas avec le même prisme de lecture. J'y vois, comme toi (mais pas comme toi ), autre chose qu'un banal film patriotique manichéen et anti-communiste. On va un peu plus loin que ça ici et c'est bien ça qui me pose problème. Je ne peux juste pas faire abstraction du contexte du film et de ce qu'il véhicule, surtout qu'il reste très profondément premier degré (au contraire, il me semble, de nombreux autres films "reaganiens" de l'époque).
Je ne sais pas si on peut vraiment parler de "vraie" uchronie puisque ici la fiction ne réécrit pas l'Histoire, étant donné qu'elle s'écrit en temps réel au moment même de la sortie du film comme tu l'as souligné. L'idée d'une invasion est tout à fait présente et crédible dans l'imaginaire américain (ou du moins dans un certain imaginaire) même si complètement fantasmée. Le film profite de ce fantasme (et d'autres, comme l'infiltration du territoire par les immigrés, la dénucléarisation de l'Europe par les "green parties" etc.) pour susciter une peur mais surtout une réaction. Mais à la différence de d'habitude, ce n'est pas une réaction patriotique de défense de la nation et des idéaux qu'elle incarne, mais une réaction de haine. C'est pour ça que quand tu dis dans ton avis que "l'américanité n'a en fait plus d'importance, c'est avant tout une histoire atemporelle de Résistance" je suis tout à fait d'accord avec la première partie de ta phrase, mais pas avec la seconde. Les gamins ne cherchent jamais vraiment à défendre "l'américanité", ils résistent par désespoir de cause. Je sais même pas si on peut parler de Résistance. Harry Dean Stanton, qui joue le père de l'un des ados, les exhorte très clairement à le venger ("Avenge me") et il n'est question de rien d'autre tout au long du film que de haine, de vengeance et de mort. Et encore une fois, tout ça est très premier degré, le film ne fait pas la critique des comportements du père ou du personnage de Patrick Swayze mais au contraire les montre comme exemple à suivre (face à la lâcheté de certains), les légitime (face aux atrocités des communistes) et les glorifie (par le sacrifice).
Bon, tout ça, auquel on peut ajouter le script et les dialogues (on pourrait y revenir en détail, du traître initialement capitulard au maire collabo, et j'en passe), j'ai du mal à ne pas y voir un film au discours fascisant (plus que fascinant). Quand en plus c'est porté par des personnages incarnant la jeunesse, ça me laisse un goût amer.
Pour Risky Business, c'est marrant mais c'est aussi une question de regard je crois. Pour moi c'est faussement satirique et je finis par détester ce que j'y vois. Ou alors ça l'est d'une chose pour mieux en célébrer une autre que je trouve tout aussi détestable.