Le Labyrinthe de Pan (Guillermo Del Toro - 2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

Impressionnant. Je ne m'attendais pas à un film aussi dur, aussi violent, aussi triste. Ça m'a vraiment bouleversé et j'en suis sorti avec un sacré coup de blues.

On sent que Del Toro est inspiré par l'univers du rêve et des contes de fées. Je ne sais pas s'il s'est inspiré de récits existants mais j'ai trouvé très belles les histoires qu'il nous raconte. La principale d'abord, avec cette princesse qui oublie tout de son passé une fois éblouie par la lumière du monde de la surface (superbement visualisée par un seul long et fantastique plan), mais aussi celle de la rose merveilleuse aux redoutables épines. Cette imaginaire prend place au coeur d'un récit duquel pour le coup la lumière est bien absente. Del Toro choisit de représenter l'horreur de ce temps de façon impitoyable. Une vraie expérience pour le spectateur, régulièrement agressé par une violence qu'on pourrait parfois juger complaisante. Le réalisateur s'acharne à nous montrer les corps fusillés, explosés, découpés, cousus. La pire horreur des contes de fée rejoint celle de l'Histoire des hommes. Vidal est l'ogre de notre temps. C'est pénible à voir, et cet inconfort est sans doute là pour nous rappeler que cela a fait et fait encore aujourd'hui partie de notre monde. C'est d'un désespoir absolu, jusque dans la fin qui laisse à chacun le choix de la noircir davantage ou d'y échapper à son tour en se réfugiant dans la fable.

On devine que Del Toro veut faire passer une série de visions qui l'obsèdent et qu'il veut rendre obsédantes. Des rituels à la logique étrange et familière, des créatures effrayantes, des décors fascinants, des mutilations marquantes. J'ai véritablement été ébloui et retourné.

J'ai trouvé la musique magnifique, jamais paresseuse ou fonctionnelle. L'interprète de l'héroïne est extraordinaire. Les seuls reproches que je suis prêt à faire concernent à la rigueur un sound design parfois lourdingue (cuir qui crisse, ailes qui fretillent) mais qui peut participer de cette exagération de la réalité, et puis ces raccords en volets pas inintéressants en soi (ça ma faisait penser à des pages de livre qu'on tourne) mais trop redondants.

Bref, un gros choc.
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Alphonse Tram
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Message par Alphonse Tram »

Max Schreck a écrit :Impressionnant. Je ne m'attendais pas à un film aussi dur, aussi violent, aussi triste. Ça m'a vraiment bouleversé et j'en suis sorti avec un sacré coup de blues.
Je ne comprends pas pourquoi ce film est interdit aux -12 ans. Je pense que des jeunes ont été le voir parce que "c'est le réal d'hellboy". Résultat : ça couinait pas mal dans ma salle, ça se tortillait en se cachant les yeux... :?
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Kevin95
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Message par Kevin95 »

Alphonse Tram a écrit :
Max Schreck a écrit :Impressionnant. Je ne m'attendais pas à un film aussi dur, aussi violent, aussi triste. Ça m'a vraiment bouleversé et j'en suis sorti avec un sacré coup de blues.
Je ne comprends pas pourquoi ce film est interdit aux -12 ans. Je pense que des jeunes ont été le voir parce que "c'est le réal d'hellboy". Résultat : ça couinait pas mal dans ma salle, ça se tortillait en se cachant les yeux... :?
Moi, c'était des bobos arrogants commentant chaques scènes qui si c'était eux qui avaient réalisé le film ! :?
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Niron
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Message par Niron »

Personne n'a vue ce qui me semble être le point d'orgue du film: la famille.
Tous les protagonistes connaissent un noyau familiale déchiré qu'ils tentent vainement de reconstruire que ce soit Vidal par son complexe d'infériorité par rapport à son père. Mercedes qui se bat contre un moulin à vent en compagnie de son frère. Carmen qui tente de reformer une famille avec Vidal. Et enfin peut être Ofelia qui a besoin de s'inventer un monde où elle serait princesse car l'innocence n'a pas sa place ici bas... Finalement c'est en quelque sorte une métaphore justement sur une histoire de l'Espagne déchiré en 2 et qui a difficilement cherché à se reconstruire au fil des décades qui ont suivie.

Pour moi, le caneva de ce film est justement "la famille".
Moins bien maitrisé que l'Echine du diable mais beaucoup plus ambitieux aussi, je ne dénoterais comme véritable défaut à mon gout que le manque de charisme du faune et cette première épreuve qui justement tranche radicalement avec le reste du monde irréel... Une scène bien trop artificiel car les effets "crades" y sont trop appuyés.

En espérant que Del Toro poursuive sur cette lancée au lieu de perdre du temps à faire des films avec moins de saveurs comme l'ont été Blade 2 et Hellboy :mrgreen:
Si la beauté est un pêché alors j'en serais bien le diable.
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Tomak
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Message par Tomak »

Interview de Guillermo Navarro qui date de ce mercredi :
http://www.lecoindeloeil.com/webzine/in ... 1c83656c47
Margo

Message par Margo »

Aaaaaaaaah, Tomak :D

Et que je te chie sur Classik sur le forum des Cahiers dans divers topics, et qu'ensuite, je viens ici faire ma pub, tranquillos, à la fraiche. Peinard :D
Sur les Cahiers, Tomak a écrit :Je ne pensais pas lire autant de propos populistes qui sentent la haine de l'intellect sur le forum des cahiers du cinéma. Comme quoi, ya un début à tout qui arrive... On se croirait sur mad-movies.com, devildead.com ou même dvdclassik.com, sites tenus par des pseudo cinéphiles...
Sur les Cahiers, Tomak a écrit :Ce texte a été écrit par un certain Jordan White sur le site http://www.dvdclassik.com. Site web rempli de prétentieux qui ne se remettent pas en question...
Oui, oui, je sais, je suis un sale Stalinien qui ne se remet pas en question. Mais bon, trop bon, trop con, tout ça tout ça...
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Addis-Abeba
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Message par Addis-Abeba »

Sur les Cahiers, Tomak a écrit :sites tenus par des pseudo cinéphiles...
Ce que la jalousie peut faire dire quand même.
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Pacaya
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Message par Pacaya »

Fermons cette parenthèse s'il vous plait :wink:
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Vu hier soir. Des idées très originales, une belle mise en scène, des personnages intéressants, mais quelle complaisance vis-à-vis de la violence ! Ca a gâché mon plaisir. Et Sergi Lopez cabotinant à qui-mieux-mieux aussi...
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Strum
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Message par Strum »

J'ai vu ce week-end ce film magnifique, dont je n'attendais pas tant.

Passée l'irritation procurée par le premier quart d'heure, où les raccords systématiques de Del Toro pour nous faire passer d'une scène à l'autre en usant de troncs d'arbres pour signifier, j'imagine, la porosité des frontières ont failli me faire sortir du film, je suis rentré de plein-pied dans cet effrayant récit. Plus que l'étrangeté de l'imaginaire ici déployé, c'est la profondeur et la clarté des vues développées par le scénario sur le fascisme qui m'ont fait adhérer au film.

Le capitaine Vidal incarne le fasciste par excellence. Ce qu'il a reçu de son père, c'est l'idée que la mort est belle et glorieuse quand elle arrive au combat, une espèce d'idéal tronqué et misérable fait pour leurrer les médiocres et les psychopathes, symbolisée par cette montre au verre brisé dont il garde le secret. Mais le sens et la raison du combat mené sont des questions dont l'importance lui échappent. Ce qui lui a encore été légué (par d'autres), c'est l'art de la torture. A cet égard, Vidal n'a rien à léguer à son propre fils, car il n'a rien reçu des autres, rien appris. Et il n'est que justice que son fils grandisse sans le connaitre. D'autres, plus riches de savoir et de coeur que Vidal, se chargeront de l'éduquer. Le film souligne à juste titre l'importance de la transmission et du leg dans une vie d'homme.

A la figure de Vidal, terrifiante et pourtant si médiocre, Ofelia oppose l'idée, fondamentale chez qui veut lutter contre l'absolu du fascisme, que rien ne vaut, rien ne justifie la mort d'un innocent au nom d'un absolu. Car c'est la vie l'infinie et l'absolu (celui de l'imaginaire ou du fascisme) le zéro et non l'inverse.

Ofelia veut quitter ce monde du fascisme, le monde de Vidal. Elle vit chaque apparition du Faune, chaque instant qui lui fait croire qu'il existe un autre monde que le sien, comme une délivrance. La force du film, c'est de réussir à nous faire trembler dès que Vidal apparait (et à cet égard, la violence frontale du film est indispensable). Et le spectateur de vouloir alors, comme Ofelia, quitter ce monde barbare, pour s'adonner ébloui et consolé à la contemplation de ces belles créatures venus d'un monde fantastique, qui a ses côtés effrayants certes, mais qui a aussi ses limites, ses règles. Des limites et des règles que ne connaissent plus ni Vidal ni le fascisme.

Il y a une grande habileté chez Del Toro lorsqu'il sollicite notre attente en jouant sur la parcimonie avec laquelle il nous plonge dans les séquences fantastiques. La rareté de ces séquences nous éclaire sur la nature du film, qui relève beaucoup plus du film de guerre que du film fantastique. Car alors qu'à la fin du film, nous souhaitons inconsciemment qu'Ofelia gagne enfin ce monde fantastique protecteur pour échapper aux ogres du réel, elle est là pour nous rappeler que la rêverie et la contemplation ne sont rien d'autres qu'illusion quand la vie d'un innocent (en l'occurence son jeune frère) est en jeu. Un reveil salutaire et bouleversant pour le spectateur, contraint de regarder la réalité en face : les royaumes imaginaires n'existent que dans les cerveaux des hommes, ou des petites filles, en particulier quand elles se tiennent sur le seuil de la mort.
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ed
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Message par ed »

Enfin vu :
pour tout dire, sous des airs de conte (très Carrollien, cela a déjà été dit) et contrairement à ce que laissaient croire des arguments de distribution pas très heureux ("onirisme, poésie"... certes, mais...) le film de Del Toro est peut-être l'un des plus sombres, noirs, et désespérés qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps... Si le film comporte bien quelques moments trépidants pouvant contenter les fans de cinéma fantastique (le plus grand moment - l'un des plus beaux de mon année - étant la deuxième épreuve d'Ofelia), ils sont bien peu nombreux, et ne s'inscrivent qu'en contre-point d'un univers réel qui frappe surtout par sa rudesse, son âpreté sans concession et son souci d'hyper- (voire de sur- , dans le sens "au délà du") réalisme.
Je me permets de citer quelques phrases extraites de l'avis de Strum ci-dessus, que je partage globalement :
Strum a écrit :Le film souligne à juste titre l'importance de la transmission et du leg dans une vie d'homme.
Il me semble effectivement que cette piste soit très pertinente, et j'irai jusqu'à parler de l'essentiel mais fragile leg de l'espoir, qui par son absence ou son effacement, provoque la noirceur et la cruauté du film. En ce sens, je partage tout à fait cela :
Strum a écrit :Ofelia veut quitter ce monde du fascisme, le monde de Vidal. Elle vit chaque apparition du Faune, chaque instant qui lui fait croire qu'il existe un autre monde que le sien, comme une délivrance
Le contraste saisissant (et traumatisant même) entre le monde du Réel (qui n'est que trahison, tortures, noirceur, haine et mort) et celui de l'Imaginaire (dans lequel, non sans ambiguité d'ailleurs, don, cadeaux, lumière, tendresse et espoir ont leur place) est alors implacable :
Spoiler (cliquez pour afficher)
la seule échappatoire pour Ofelia à toute cette horreur, c'est la mort ! Je redoutais la happy-end, mais cette fin, amère et dure, était la seule possible
Strum a écrit :Car alors qu'à la fin du film, nous souhaitons inconsciemment qu'Ofelia gagne enfin ce monde fantastique protecteur pour échapper aux ogres du réel
Maintenir l'espoir chez son spectateur quand il n'y en a plus dans le monde décrit à l'écran n'est d'ailleurs pas la moindre des gageures...
Strum a écrit :les royaumes imaginaires n'existent que dans les cerveaux des hommes, ou des petites filles, en particulier quand elles se tiennent sur le seuil de la mort.
Très belle conclusion, totalement en adéquation avec le propos du film...
Je ne peux donc pas dire que j'aie passé un "bon" moment, mais incontestablement, j'ai vu un film riche, profond et marquant...
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frédéric
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Message par frédéric »

Del Toro en négociations pour réaliser un nouveau TARZAN.
Blogs Perso, Cinéma de Minuit : http://cineminuit.fr.over-blog.com/

Cinéma Actuel : http://sallesobscures2.over-blog.fr/

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Message par Strum »

ed a écrit :et contrairement à ce que laissaient croire des arguments de distribution pas très heureux ("onirisme, poésie"... certes, mais...) le film de Del Toro est peut-être l'un des plus sombres, noirs, et désespérés qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps...
C'est en effet un point capital. La nature du film ne correspond en rien aux arguments de vente et au marketing qui ont accompagné sa sortie, ce qui a dû dérouter plus d'un spectateur. Plus j'y pense, plus je me dis que c'est un des films les plus forts, un des plus bouleversants, que j'ai vus cette année. C'est un film sur une réalité historique, pas sur l'imaginaire.
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Spongebob
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Message par Spongebob »

Apparemment je ne suis pas le seul à avoir hautement apprécié le film : http://www.metacritic.com/film/titles/panslabyrinth

:shock:

98 % de critiques positives !!!
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

El laberinto del Fauno || Guillermo del Toro
Bon, d'abord, j'aurais bien éventré les deux vieilles qui ont passé tout le film à causer à voix haute, comme si elles étaient dans leur salon.

Plusieurs spoilers

Cela dit, ce nouveau film du réalisation mexicain est une bien belle surprise. De loin pas parfaite, mais possédant suffisamment de richesses pour que j'en ressorte conquis. Comme beaucoup de réalisateurs avant lui, del Toro nous fait son film sur le fascisme, en utilisant un univers fantastique propre aux divers degrès de lecture. L'exercisme est somme toute plutôt classique et n'évite pas les problèmes que ce type de récit peut rencontrer, mais la direction générale du film est suffisamment excellente (on peut même dire magnifique) pour que l'on ne se lasse pas de cette histoire de confrontation des mondes.

Exercice classique, parce que mettre en rapport des événements réels et une mythologie fantastique né d'un imaginaire n'est pas une nouveauté (bon là tout de suite j'ai pas d'exemple sous la main mais quand même..). La petite Ofelia doit quitter sa maison et suivre sa mère jusque chez son nouveau père, le terrifiant Capitaine Vidal (Sergi Lopez, en incarnation du mal plutôt convaincant). Avide de lecture et de contes, la petite fille va alors à son tour se retrouver plongée dans une histoire incroyable où elle rencontrera un faune, créature mythologique, mi-animale mi-végétale, qui la guidera dans des épreuves qui lui permettront d'accéder alors à une vie de princesse et à l'immortalité. Le rapport est alors vite fait et l'on comprendra que la petite Ofelia échappe à la dure réalité en se projetant dans un conte de fées de son crû. Les difficultés du réel deviennent les 3 épreuves de son accession à l'immortalité et sa mort lui permettra alors de rejoindre son rêve. C'est aussi un peu là que le bât blesse. Del Toro tient à son histoire, on le ressent de bout en bout. Il nous dépeint avec acharnement les deux mondes, n'hésitant pas à nous balancer quelques effusions de violence inattendues pour mieux nous immerger dans son histoire. Mais il tient tellement à son histoire, il tente de respecter tellement l'essence même du récit, qu'il en oublie de développer suffisamment les divers rapports entre Ofelia et ceux qui l'entourent. La petite fille croise plusieurs personnages, mais s'en tiendra, au final, à des relations plutôt distantes avec eux, que ça soit dans la réalité de cette Espagne en guerre ou dans ce conte cruel. A partir de là, on peut aussi regretter que les incursions dans le fantastique soient, au final, si peu nombreuses. Car Del Toro nous soigne ses scènes avec un sérieux tout à fait impressionant. La seule scène du Pale Man est particulièrement inquiétante, d'abord dans la découverte de ce personnage immobile, personification mythologique du Capitaine Vidal, qui "mange" les enfants (Le capitaine tue les enfants du pays, les révolutionnaires), puis lorsqu'il s'éveille parce que l'on a touché à son bien (là encore, le rapport directe avec la grange remplie de nourriture que les révolutionnaires tenteront de s'emparer). Ce sont durant ces moments là que l'on sait que Del Toro est plus à l'aise que jamais avec le fantastique, élément qu'il ne néglige pas et traite avec beaucoup d'intelligence et de maturité. C'est d'ailleurs l'une des grandes qualité de ce film, le sérieux de l'entreprise, la dureté des événements devant lesquels, par moments, on serait tenté de détourner le regard (et qui faisaient piailler ces deux connasses de vieilles dans la salle). Au centre de toutes ces horreurs, un homme, le Capitaine Vidal, monstre sans âme, tueur sanguinaire sans limites, véritable antithèse de la petite Ofelia, qui tente de reproduire une figure paternelle qu'il n'aura jamais connu, si ce n'est au travers d'acte militaires. Le monstre, dans ses derniers moments, se dévoile enfin, avant de tomber, laissant un fils qui ne le connaitra jamais.

El laberinto del Fauno, s'il possède plusieurs défauts notables, révèle énormément de belles choses, de moments incroyables, hypnotisants (comme cette confrontation avec cet énorme crapeau), violents et au final émouvants.
"Give me all the bacon and eggs you have."
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