Jacques Tourneur (1904-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Dave Bowman
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Dave Bowman »

Federico
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Federico »

Dommage que TCM ose parler d'une "Intégrale" alors plusieurs titres intéressants manquent à l'appel, sans parler des nombreux courts-métrages...
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Joe Wilson »

Stars in my crown

Grand film...le récit est construit autour de souvenirs fragmentés, mais Tourneur parvient à imprimer une sensation de fluidité avec une remarquable aisance. L'attachement à des personnages est immédiat tant le regard porté sur eux est empreint de tendresse et de compréhension, alors que la mise en scène soutient un crescendo dramatique jusqu'à un bouleversant final.
La figure du pasteur représente un fil conducteur par l'appropriation de valeurs, et la sobriété du jeu de Joel McCrea dévoile une retenue, une discrétion particulièrement intenses. Son rôle exprime des doutes (à l'image de sa relation avec le jeune docteur) qui enrichissent l'éclat d'une générosité et d'un don de soi au service du collectif. Stars in my crown transcende alors la beauté d'une transmission, d'un apprentissage avec une simplicité radieuse.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par daniel gregg »

Joe Wilson a écrit :Stars in my crown

Grand film...le récit est construit autour de souvenirs fragmentés, mais Tourneur parvient à imprimer une sensation de fluidité avec une remarquable aisance. L'attachement à des personnages est immédiat tant le regard porté sur eux est empreint de tendresse et de compréhension, alors que la mise en scène soutient un crescendo dramatique jusqu'à un bouleversant final.
La figure du pasteur représente un fil conducteur par l'appropriation de valeurs, et la sobriété du jeu de Joel McCrea dévoile une retenue, une discrétion particulièrement intenses. Son rôle exprime des doutes (à l'image de sa relation avec le jeune docteur) qui enrichissent l'éclat d'une générosité et d'un don de soi au service du collectif. Stars in my crown transcende alors la beauté d'une transmission, d'un apprentissage avec une simplicité radieuse.

:D
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Flol »

J'ai loupé la diffusion la semaine dernière de Angoisse (dont le pitch de base m'intrigue fortement), et j'ai malheureusement l'impression qu'aucune autre diffusion n'est prévue (en tout cas, sur la semaine qui vient).
Quelqu'un aurait-il plus d'infos là-dessus ?
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Jack Carter »

suffit d'aller sur le site de TCM :wink:

28 avril à 0h30 et 29 avril à 9h.
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Flol »

Je n'y avais même pas pensé... :oops:
Merci pour l'info !
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Flol »

Je viens de tomber là-dessus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet-bus

Bon certes, ça reste Wikipédia...mais quand même.
Quelqu'un pour infirmer ou confirmer cette info ? Tourneur serait donc l'inventeur officiel du fake scare ?
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par George Kaplan »

Ratatouille a écrit :Je viens de tomber là-dessus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet-bus

Bon certes, ça reste Wikipédia...mais quand même.
Quelqu'un pour infirmer ou confirmer cette info ? Tourneur serait donc l'inventeur officiel du fake scare ?
Tu me l'apprends. Si c'est confirmé, c'est intéressant :)

[EDIT] Je fais suivre au grand spécialiste TOURNEUR de classik :wink:
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Flol »

George Kaplan a écrit :[EDIT] Je fais suivre au grand spécialiste TOURNEUR de classik :wink:
Qui est ?
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par George Kaplan »

Ratatouille a écrit :
George Kaplan a écrit :[EDIT] Je fais suivre au grand spécialiste TOURNEUR de classik :wink:
Qui est ?
Il prépare son arrivée. Suspense :mrgreen:
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Holden »

A défaut d'être grand, je suis en effet spécialiste de Tourneur !

Je parle de cela dans mon livre pour montrer le fonctionnement de l'effet-bus ou jump scare… Je fais notamment appel à un texte de Robert Baird qui précise que ce type d'effets se rencontre de manière embryonnaire avant La Féline, mais que, selon lui, c'est Lewton qui a « formalisé, et même institutionnalisé, l’effet-choc pour le film fantastique et le thriller en 1942 avec sa Féline ». Donc, oui, Tourneur est le premier réalisateur à concevoir de tels effets (qui utilisent beaucoup le son, décharge la tension accumulée par le spectateur sur un objet anodin…) et il y en a de très beaux dans son oeuvre. Sans aller jusqu'à négliger son rôle comme on a tendance à le faire aux USA, je crois qu'il ne faut quand même pas oublier que Lewton, Tourneur et les autres travaillaient à l'époque de manière collégiale et que, du coup, il est difficile d'attribuer la paternité de nombreuses choses à une personne en particulier. Le rôle du monteur dans La Féline (et ailleurs) n'est par exemple pas négligeable à mon sens.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par George Kaplan »

Quelle efficacité :mrgreen:

Pour les curieux, l'ouvrage de Holden est chroniqué ici : http://www.dvdclassik.com/article/jacqu ... ank-lafond
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Abronsius »

They All Come Out (1939)

C'est une vingtaine de courts métrages que réalise Jacques Tourneur à la MGM, entre 1936 et 1942. A l'origine ce film sur la prison, axé principalement sur la nécessité de porter l'effort sur la réintégration des anciens détenus dans la société civile, ne devait être que l'un de ces courts qui permettaient aux cinéastes fraîchement arrivés à la MGM de se faire la main.
Le film devait être un court s'intégrant à la série "Crime Does Not Pay" mais Louis B. Mayer, le patron du studio, demanda à Tourneur de le rallonger. Partant d'un projet documentaire Tourneur développa un récit et arriva à 70 minutes de film, vendu avec une patine documentaire.
Le film est présenté par un ancien ministre de la Justice qui s'entretient avec le directeur de l'administration pénitentiaire, directeur qui n'a pas l'air commode du tout. C'est une des séquences documentaires qui ont été gardées au montage auxquelles nous pouvons ajouter les plans filmés dans de vrais lieux de détention, ce dernier point est vanté sur l'affiche du film.
Le film développe une trame propre au film noir sur toute sa première partie. On assiste à l'intégration de Joe (Tom Neal qui jouera notamment dans Detour d'Ulmer) au sein du gang de Reno, grâce à l'attention de Kitty (Rita Johnson). Une deuxième partie nous montre le gang en prison, certains ne pensant qu'à s'y extirper afin de reprendre l'argent caché à l'extérieur issu d'un cambriolage, d'autres désirant se refaire une conduite. Le rôle de l'institution pénitentiaire et de ses différents services sont soulignés à travers la volonté d'inculquer un métier, de soigner les détenus moralement et physiquement. Ceci se réalise grâce à une analyse collective (prêtre, psychiatre, médecin...) de chaque détenu. La réussite de Joe et Kitty résulte de la confiance accordée à leur entourage et à leur volonté de se sortir du milieu.
La portée politique, sociale et morale du film est évidente et paraît assez manichéenne aujourd'hui. Toutefois les personnages de Joe et Kitty sont écrits de façon à souligner leur traumatisme passé. C'est la pauvreté et le refus de la main tendue qui pousse Joe à rejoindre le gang, il le fait plus par affection pour Kitty que par goût de la violence. Cette dernière fait part de violence durant son enfance. La méfiance et le rejet de la société sont montrés comme des facteurs aggravants, le film s'adresse tout autant aux petites frappes stupides (voir la démonstration arithmétique faite à Kitty, elle avait plus à gagner en gardant son métier qu'à suivre Reno) qu'aux membres de la communauté qui se doivent de tendre la main aux détenus désireux de se réinsérer. La loi permet de donner une deuxième chance, à la fin du film elle protège le couple et, ce faisant, le consacre. Discours on ne peut plus optimiste.
Une mise en scène efficace permet de suivre le récit avec un certain plaisir, en dépit du rythme inégal imposé au film, le début en particulier est traité par ellipses rapides, l'on sent de multiples contraintes ou, Mayer ayant demandé des rallonges à répétition, des réajustements successifs. C'est davantage du point de vue sociologique qu'il gagne à être regardé, comme un discours sur la prison en 1939.
L'actrice Rita Johnson verra sa carrière abrégée suite à des lésions cérébrales causées, selon sa version par un accident de sèche-cheveux. Il semblerait que son partenaire de l'époque aimait plutôt la frapper avec entrain. Son retrait de la vie hollywoodienne la fera sombrer dans l'alcool, elle mourra à 52 ans.


The Flame and the Arrow (1950)

Tourneur avait coutume de ne pratiquement jamais refusé un scénario soumis par un studio, ce qui contribua probablement à le voir opérer sur des genres très différents. C'est sur un scénario de Waldo Salt qu'il s'engage après avoir terminé Stars in My Crown.
L'histoire se situe dans la Lombardie du XIIème siècle, alors que les Allemands règnent sur la contrée. Une bande de paysans, menée par Dardo (Burt Lancaster) va se révolter en permettant à ce dernier de retrouver son fils, enlevé par le Comte allemand qui gère le pays.
Waldo Salt a des sympathies de gauche, c'est d'ailleurs le dernier scénario qu'il signera avant d'être blacklisté par les forces anticommunistes qui sévirent durant les années cinquante. Il retrouvera la gloire un peu plus tard. Dardo est traversé par ce discours, au début du film c'est un farouche individualiste, c'est le message qu'il veut transmettre à son fils. Au fur et à mesure il élargira son propos en s'appuyant sur le collectif. Une scène amusante souligne la vacuité de ses premières idées, il tente de briser les chaînes d'une grille enfermant ses amis à l'aide d'un long bout de bois qui finit par se briser. Son ami Piccolo, sourire aux lèvres, lui tend alors les clefs. Dardo est la figure du héros énergique, combatif, qui peut tout se permettre. Porté par la présence physique et le charme de Lancaster, il ne peut que séduire. Nous l'avons vu, le scénario de Salt lui apporte une patine collective plus sociale. Un autre mouvement interne, parallèle, verra Dardo refuser les charmes de la belle Anne de Hesse (Virginia Mayo), pour plusieurs raisons, sa noblesse allemande et sa féminité. Dardo lui fera subir ses assauts misogynes en l'attachant avec une chaîne et un lourd collier de métal pendant la plus grande partie du film. Finalement il s'apaisera et lui offrira ses bras.
Ajoutons que les moyens de la révolte de Dardo et ses comparses sont issus de la nature ou du quotidien, ce sont les arbustes séchés avec leur racines qui font office de lances très efficaces ou encore les nombreux objets à portée de main qui sont détournés de leur fonction première : chaises, rideaux, chandelier... Le monde paysan, face à la noblesse, est du côté de la surprise, de l'adaptation continuelle. Lancaster est sublime en acrobate, l'acteur dispose de l'expérience acquise en tant qu'acrobate avant qu'il ne devienne une star. Nick Cravat, son complice, joue le rôle de Piccolo, rôle muet à cause de son accent terrifiant (Brooklyn style).
Tourneur ne tente pas d'appliquer son empreinte sur le film, il sert le scénario en magnifiant chaque scène d'action : tout y est spectacle, rythme... Les décors sont splendides, servis par un très beau Technicolor : le temple antique dans la forêt, les scènes intimes entre Mayo et Lancaster, le village et ses toitures, le château, tout est parfait et l'espace est rendu avec une fluidité naturelle. Toutefois une scène sort du lot, le duel entre le marquis ambivalent et Dardo. Scène où Dardo va utiliser la pénombre pour terrasser son adversaire, plus fort que lui à l'épée, nous retrouvons alors l'intensité à l'oeuvre par exemple dans Cat People, intensité car rien n'est visible, seules quelques traces lumineuses nous permettent de distinguer le marquis apeuré qui ne voit rien que l'ombre menaçante autour de lui.



Stars in My Crown (1950)

Récit d'un moment perdu (le film est un flashback, et même un flashback à l'intérieur d'un flashback) qui, peut-être ne peut se renouveler, Stars in My Crown est le premier film qui suit la fin du contrat qui liait Tourneur et la RKO.
Le point de vue adopté est celui d'un enfant (devenu adulte c'est lui qui prend en charge la voix off du récitant), John (Dean Stockwell) qui raconte le village qu'il aime tant, pas celui que l'on peut trouver de nos jours, celui de son enfance, une ville du Sud, Walesburg.
Tout commence avec l'arrivée du pasteur Josiah Doziah Gray (Joel McCrea), arrivée presque fantomatique car nous ne savons rien du personnage si ce n'est qu'il est un vétéran de la Guerre de Sécession. Comme s'il revenait de l'enfer et avait une mission à accomplir. Il arrive dans la village un an après la fin du conflit. Ce qui est sûr c'est qu'il veut imposer son sermon par la force. Début de film qui n'est pas en accord avec la suite. Gray franchit la rue principale, on crache derrière lui montrant ainsi qu'il n'est pas le bienvenu. Il entre dans un saloon, pose sa bible sur le comptoir et annonce qu'il va faire, ici, son premier sermon. Les clients lui rient au nez, il sort alors deux armes et impose le sermon. Ce début amusant nous fait croire que nous allons voir un western original avec un personnage fort en couleurs or la suite montre rapidement la construction d'une église et la vie paisible que le pasteur arrive à imposer par son charisme après s'être intégré aux habitants.
Un mariage et une adoption plus tard, ce sont les moments heureux qui sont racontés. La tonalité est celle que l'on peut trouver dans le roman, plus connu, de Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, paru en 1960. Le roman de Joe David Brown, qui a contribué à l'adapter, date de 1947. Tout le monde se connaît dans la petite ville et les enfants y ont un rôle majeur, le tout sous une présence tutélaire, Gray ici, Atticus Finch chez Lee. Ajoutons le thème raciste traité chez les deux auteurs.
Tourneur adorait ce projet et a même proposé de le faire sans salaire, des problèmes avec les syndicats ont conduit le producteur à lui payer un salaire minimal. A la vue du film nous comprenons pourquoi il voulait tant le réaliser.
Le thème de la communauté est majeur. Ce qui rend la vie si désirable à Walesburg c'est la solidarité, la communion autour d'un même idéal religieux. La religion parce que le personnage qui impose la communion est un pasteur. Il ne force d'ailleurs personne à venir à l'église, il les invite et désire parler à tous. Pas d'exclusion, c'est lié. Le fils du médecine, parti faire ses études à la ville et revenant exercer dans le cabinet de son père défunt, est en conflit avec Gray. Derrière l'opposition science/religion qui n'est que superficielle, c'est davantage une attitude individualiste opposée à un souci collectif qu'incarne Gray. Le jeune médecin n'est pas intégré à la ville, il s'accrochera à sa science pour le faire mais elle ne lui est d'aucun secours tant qu'il n'aura pas compris qu'il lui faut aimer sincèrement les habitants. Amoureux de l'institutrice, il ne comprend pas qu'elle ne veuille pas accepter son amour, c'est qu'il veut l'emmener loin de Walesburg. La fièvre typhoïde qui s'abattra sur la ville portera le doute chez Gray mais contribuera également à souder la communauté. C'est d'ailleurs ce que dit Oncle Famous à John lorsqu'il évoque la maladie.
Oncle Famous est un vieil esclave noir libéré qui voit chaque jeune homme accourir pour qu'il puisse lui apprendre à pêcher. La découvert d'un filon sur son terrain le mettra en danger, c'est l'autre climax du film, celui où Gray tente d'empêcher son lynchage. Encore une fois ce sera le collectif qui va l'emporter. Le discours qu'improvise Gray pour sauver le vieil homme est construit sur la connaissance fidèle et précise de chaque individu. Gray ne s'adresse pas au groupe hostile, déguisé en membres du K.K.K. mais bien à un homme à la fois. Dans le roman de Harper Lee, une scène est construite de la même façon, une troupe affronte Atticus Finch et c'est la jeune Scout qui la déstabilise en s'adressant à Mr Cunningham. La résolution du conflit n'est permise qu'à partir de la connaissance intime des individus entre eux.
Un plan final réunira le plus cupide d'entre eux, près d'une fenêtre, en train de chanter dans l'église, et le vieil Oncle Famous, vu au loin, à travers cette même fenêtre. Tous sont dans l'église sauf lui, les noirs n'avaient pas le droit d'entrer dans une église blanche mais la réunion des deux hommes à l'écran souligne la communauté rétablie. La paix, pour un temps...
Joel McCrea connaissait bien Tourneur, ils étaient amis depuis que le jeune réalisateur français rejoignit son père à Hollywood. McCrea et lui fréquentèrent la même école, la Hollywood High School. McCrea lui apporta le roman de Joe David Brown pour qu'il le tourne. La beauté du film me donne envie de le lire. A suivre...
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Flol
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Flol »

Holden a écrit :A défaut d'être grand, je suis en effet spécialiste de Tourneur !

Je parle de cela dans mon livre pour montrer le fonctionnement de l'effet-bus ou jump scare… Je fais notamment appel à un texte de Robert Baird qui précise que ce type d'effets se rencontre de manière embryonnaire avant La Féline, mais que, selon lui, c'est Lewton qui a « formalisé, et même institutionnalisé, l’effet-choc pour le film fantastique et le thriller en 1942 avec sa Féline ». Donc, oui, Tourneur est le premier réalisateur à concevoir de tels effets (qui utilisent beaucoup le son, décharge la tension accumulée par le spectateur sur un objet anodin…) et il y en a de très beaux dans son oeuvre. Sans aller jusqu'à négliger son rôle comme on a tendance à le faire aux USA, je crois qu'il ne faut quand même pas oublier que Lewton, Tourneur et les autres travaillaient à l'époque de manière collégiale et que, du coup, il est difficile d'attribuer la paternité de nombreuses choses à une personne en particulier. Le rôle du monteur dans La Féline (et ailleurs) n'est par exemple pas négligeable à mon sens.
Merci pour toutes ces précisions. Je pense un peu comme toi : il ne faudrait pas dénigrer l'impact de Lewton sur ces films de Tourneur (y compris pour le pire, parce qu'il me semble que le plan du monstre dans Night of the Demon, c'était lui).
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