L'un des cinéastes logiquement mis en avant dans ce cycle est Dhundiraj Govind Phalke, le premier cinéaste indien, qui tourna une centaine de films dont seule une petite trentaine a survécu, souvent de manière fragmentaire.
C'est le cas de 4 films présentés dans un programme de courts-métrages qui sont surtout des curiosités historiques :
Shinshasta Parvani (1920 – 4 minutes) est un documentaire sur une fête religion où les fidèles se purifient dans un fleuve. Beaucoup de plans larges qui permettent de bien profiter de la foule, des ghats et de l'architecture. J'aurais bien voulu en voir davantage.
Tukaram (1921 – environ 10 minutes) est une biographie d'un célèbre poète du 17ème siècle qui eu une illumination durant un rêve et se mit à apprendre des psaumes sacrés à son réveil, devenant ainsi une icône dans la région.
Les minutes restantes semblent être davantage vers la fin du récit quand le poète reçoit la visite de la population avant de s’élever au ciel pour devenir une divinité lui-même.
Shri Krishna Jamma (1918 – 5-6 minutes) est à l'instar de
Muraliwala un film consacré à différents événements de la jeunesse de Krishna. L'on retrouve à ce titre le serpent sorti des eaux ou différentes facéties magiques (ici il se démultiplie pour menacer un être maléfique).
Ce qu'il en reste présente peu de continuité par contre.
Mine de rien il y a beaucoup de trucages qui rappellent l'ambiance des fééries de Méliès/De Chomon entre une tête qui se détache de son corps, des split-screen et une demi-douzaine surimpressions dans le même plan. Et la mise en scène intègre des plans moyens ou rapprochés au bon moment, démontrant que Phalke essayait de sortir du théâtre filmé.
Bharkta Prahlad (1926 – 5-6 minutes) fonctionne presque en temps que tel : un père ne supporte plus les prières de son fils, pris dans une sorte de transe, et refuse d'y voir une manifestation divine. Il cherche ainsi à ébranler sa foie au travers d'épreuves sadiques : le faire écraser par un éléphant, le plonger dans un bouillon d'huile bouillante ou l'empoisonner. Mais le garçon en sort indemne à chaque fois.
Plutôt sympa puisqu'il y a presque une unité narrative dans l'enchaînement des petites scénettes. Après ce n'est pas très inspiré formellement et il n'y a pas grande évolution dans le découpages par rapport à
Shri Krishna Jamma.
Deuxième séance du jour, le long-métrage
Marthanda Varma (P. V. Rao – 1931) qui relate la lutte du fondateur de la province de Travancore au 18ème siècle contre des ennemis qui le traquent.
J'aurais bien du mal à développer l'histoire : je n'ai pas compris grand chose et je ne dois pas être le seul. J'ai l'impression qu'il manque des segments (malgré une durée de presque 90 minutes ; wikipedia indique une durée de 2h), à moins que le film était accompagné de bonimenteur à l'époque. En tout cas, en l'état, on a du mal à différencier les opposants et adversaires, à lier les sous-intrigues, pourquoi le méchant est libéré ou à comprendre qu'il y a un long flash-back.
Heureusement il se passe beaucoup de chose et au final on ne s'ennuie pas vraiment entre traque, poursuite, évasion, bataille rangée, femme kidnappée et fiancée contre son gré...
Sans être d'un dynamisme incroyable, la mise en scène ne s'attarde pas trop et la narration privilégie avant tout les péripéties et rebondissements, au point d'oublier l'histoire.
Rao a plus de mal à gérer la continuité pour des raccords ou une gestion de l'espace souvent brouillons, sans oublier des solutions bricolées peu discrètes (une maison incendiée).
Pour les curieux, on trouve souvent ses films sur youtube ou sur le site
https://indiancine.ma/home. La qualité est souvent aléatoire, pour
Marthanda Varma la copie de la Fondation Pathé est beaucoup plus belle par exemple.