Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Erich
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Re: Le Cinéma muet

Message par Erich »

Tom a écrit : 23 mars 24, 20:24
À deviner, je dirais que Gaumont et la Star Film arrive seconds (sans trop savoir si l'un est massivement plus puissant que l'autre - la Star Film ne me semble pas très industrialisée...), mais j'ignore peut-être d'autres sociétés, en France ou ailleurs (j'ai du mal à mesurer l'essor tardif de la Nordisk, ni de ce qui se passe aux USA avant le début des années 10)

Évidemment, vient aussi la difficulté de ce qui mesure cette puissance (capital ? nombre de films vendus ? nombre de films exportés ?), je ne sais même pas trop pour dire ce qu'il en est pour Pathé.

Quelqu'un a-t-il une idée de la réponse ? Ou une idée d'où je pourrais trouver ce genre d'infos ?
Autour de 1910, la firme Eclair (fondée en 1907) est souvent considérée comme la troisième grande compagnie après Pathé et Gaumont.
Sur l'évolution du cinéma français durant cette période, il faut consulter la bible de Pierre Lherminier Annales du cinéma français - Les voies du silence 1895-1929 (2012). Ouvrage copieux (plus de 1100 pages, richement illustré) avec des index précis (par nom, mais aussi index thématique répertoriant notamment les sociétés de production) permettant de se reporter facilement aux pages concernant les sujets que l'on cherche.
Image

(Livre assez cher neuf - mais il les vaut et, par ailleurs, on peut le trouver parfois d'occasion sur Rakuten ou autres sites).
Tom
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Re: Le Cinéma muet

Message par Tom »

Merci à tous les deux ! (je connaissais mais avait oublié le deuxième livre, qui fait en effet le poids d'un bébé éléphant). Je vais essayer de me caller une visite à la Bifi.
Autour de 1910, la firme Eclair (fondée en 1907) est souvent considérée comme la troisième grande compagnie après Pathé et Gaumont.
Ca me place au moins Gaumont comme probable second sur la période qui précède. Reste la question de l'importance commerciale de la Star Film au milieu des années 1900. Merci !
bruce randylan
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Re: Le Cinéma muet

Message par bruce randylan »

Dans le cycle Sessue Hayakawa :

His Birthright - Fils d'amiral (William Worthington - 1918)

Premier opus signé semble-t-il par le duo Worthington (derrière la caméra) et Hayakawa (devant donc), ce titre a la particularité d'un être aussi l'un des rares co-scénarisé par la vedette japonaise. Connaissant mal sa carrière, difficile de voir l'apport que cela implique même si j'ai l'impression que son personnage possède ici une certaine candeur et maladresse qui changent un peu des nombreux mélodrames où il apparait. Il met également un peu plus en avant ses compétences physiques (descendre une longue corde d'amarrage et un peu de combat à mains nues à la fin). Le début est assez plaisant à ce titre et possède une certaine fraîcheur comme quand il présente à l'envers le numéro d'une adresse qui peut se lire comme une insulte. Son personnage possède une volonté, une détermination "positive" qui fait annonce un peu celui à venir d'Harold Lloyd.
Pour autant, ça ne fonctionne qu'à moitié comme si l'intrigue, les péripéties (à la fois nombreuses mais dénuées d'unité), la psychologie et la tensions n'étaient que survolées pour ne pas dire désincarnées, à l'image d'un épilogue lourdement plaqué pour participer à l'effort de guerre. Et je ne suis pas sur que les 2 bobines manquantes changent grand chose à ce problème qui rend le visionnage trop passif à mon goût.

Pour les curieux, La copie provenait du Eye Filmmuseum qui a mis le film en ligne sur Youtube (avec ses intertitres néerlandais uniquement)


Forbidden Paths - le sacrifice de Sato (Robert Thornby - 1917) est plus conventionnelle sur le papier et correspond aux stéréotypes raciaux de l'époque (interdiction des amours interraciaux) tout en mettant en valeur sa vedette et son jeu tout en sobriété et élégance : Hayakawa y joue l'assistant et protégé d'un collectionneur d'art qui lui demande de veiller sur sa fille après sa mort. Evidement, il éprouve des sentiments envers elle alors que celle-ci est amoureuse de son ami d'enfance, qui tombe de son côté sous le charme d'une vamp' mexicaine.
Formellement, le film est plutôt soigné et témoigne même à plusieurs reprises d'un certain raffinement entre compositions des cadres, utilisation judicieuse du cadre "exotique" des collections d'arts asiatiques, joli noir et blanc utilisant davantage une belle palette de gris plutôt que les forts contrastes et donc une très belle interprétation tout en retenue et intériorisation de Hayakawa, surtout lorsqu'il se retrouve en présence de la jeune fille qui éprouve par ailleurs une authentique sympathie pour lui, voulant lui faire plaisir en s'habillant en kimono quand ce dernier a le mal du pays.
Autre dimension notable, les relations entre les personnages sont assez justes et parviennent à déjouer plusieurs pièges comme le fait que l'ami de jeunesse avoue presque immédiatement à l'héroïne sa relation avec la mexicaine. Le film gagne ainsi une certaine dimension tragique plutôt que se limiter simplement au mélodrame ou au sentimentalisme à l'eau de rose. On sent bien le poids qui pèse sur chacun des personnages, se retrouvant tous à leur manière dans une forme d'impasse, au point de braver la morale et certaines institutions comme le mariage.
On sent en revanche un peu venir la conclusion (surtout via le titre française) qui laisse tout de même un goût un peu amer pour la vraie fausse note du récit.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Car au final, malgré ses défauts passés, la mexicaine ne mérite absolument pas d'être assassinée
Quoiqu'il en soit un très beau véhicule pour Sessue Hayakawa et un film rare (aucune note imdb, faut croire que la Librairie of Congress fait pas souvent tourner sa copie)
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Courleciel
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Re: Le Cinéma muet

Message par Courleciel »

bruce randylan a écrit : 29 mars 24, 15:34 Dans le cycle Sessue Hayakawa :

His Birthright - Fils d'amiral (William Worthington - 1918)

Premier opus signé semble-t-il par le duo Worthington (derrière la caméra) et Hayakawa (devant donc), ce titre a la particularité d'un être aussi l'un des rares co-scénarisé par la vedette japonaise. Connaissant mal sa carrière, difficile de voir l'apport que cela implique même si j'ai l'impression que son personnage possède ici une certaine candeur et maladresse qui changent un peu des nombreux mélodrames où il apparait. Il met également un peu plus en avant ses compétences physiques (descendre une longue corde d'amarrage et un peu de combat à mains nues à la fin). Le début est assez plaisant à ce titre et possède une certaine fraîcheur comme quand il présente à l'envers le numéro d'une adresse qui peut se lire comme une insulte. Son personnage possède une volonté, une détermination "positive" qui fait annonce un peu celui à venir d'Harold Lloyd.
Pour autant, ça ne fonctionne qu'à moitié comme si l'intrigue, les péripéties (à la fois nombreuses mais dénuées d'unité), la psychologie et la tensions n'étaient que survolées pour ne pas dire désincarnées, à l'image d'un épilogue lourdement plaqué pour participer à l'effort de guerre. Et je ne suis pas sur que les 2 bobines manquantes changent grand chose à ce problème qui rend le visionnage trop passif à mon goût.

Pour les curieux, La copie provenait du Eye Filmmuseum qui a mis le film en ligne sur Youtube (avec ses intertitres néerlandais uniquement)


Forbidden Paths - le sacrifice de Sato (Robert Thornby - 1917) est plus conventionnelle sur le papier et correspond aux stéréotypes raciaux de l'époque (interdiction des amours interraciaux) tout en mettant en valeur sa vedette et son jeu tout en sobriété et élégance : Hayakawa y joue l'assistant et protégé d'un collectionneur d'art qui lui demande de veiller sur sa fille après sa mort. Evidement, il éprouve des sentiments envers elle alors que celle-ci est amoureuse de son ami d'enfance, qui tombe de son côté sous le charme d'une vamp' mexicaine.
Formellement, le film est plutôt soigné et témoigne même à plusieurs reprises d'un certain raffinement entre compositions des cadres, utilisation judicieuse du cadre "exotique" des collections d'arts asiatiques, joli noir et blanc utilisant davantage une belle palette de gris plutôt que les forts contrastes et donc une très belle interprétation tout en retenue et intériorisation de Hayakawa, surtout lorsqu'il se retrouve en présence de la jeune fille qui éprouve par ailleurs une authentique sympathie pour lui, voulant lui faire plaisir en s'habillant en kimono quand ce dernier a le mal du pays.
Autre dimension notable, les relations entre les personnages sont assez justes et parviennent à déjouer plusieurs pièges comme le fait que l'ami de jeunesse avoue presque immédiatement à l'héroïne sa relation avec la mexicaine. Le film gagne ainsi une certaine dimension tragique plutôt que se limiter simplement au mélodrame ou au sentimentalisme à l'eau de rose. On sent bien le poids qui pèse sur chacun des personnages, se retrouvant tous à leur manière dans une forme d'impasse, au point de braver la morale et certaines institutions comme le mariage.
On sent en revanche un peu venir la conclusion (surtout via le titre française) qui laisse tout de même un goût un peu amer pour la vraie fausse note du récit.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Car au final, malgré ses défauts passés, la mexicaine ne mérite absolument pas d'être assassinée
Quoiqu'il en soit un très beau véhicule pour Sessue Hayakawa et un film rare (aucune note imdb, faut croire que la Librairie of Congress fait pas souvent tourner sa copie)
Merci pour le partage de His Birthright - Fils d'amiral (William Worthington - 1918). :D C'est le seul film que je ne pouvais pas voir.
Bonne analyse pour le Forbidden Paths - le sacrifice de Sato (Robert Thornby - 1917). J'ai trouvé la fin un peu facile et spoliée par le titre français :mrgreen:
Je sort de Where Lights are Low de Colin Campbell (1921). C'est pas mal même si la scène de la bagarre finale est un peu exagérée et peu crédible. Le film manque un peu de rythme mais est très soigné visuellement avec un réel sens du cadre.
"- Il y avait un noir a Orly, un grand noir avec un loden vert. J'ai préféré un grand blond avec une chaussure noire a un grand noir avec un loden vert
- Dites-moi, mon petit vieux, pour faire de la littérature, attendez la retraite. Bonne appétit."
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