Budd Boetticher (1916-2001)
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Au moins avec ce 1er contact plutôt aride en sensations, me voila prévenu pour la suite, j'aurai sans doute une meilleure réceptivité pour les prochains... (sans être certain que cela fonctionnera).
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Vu A feu et à sang (The Cimarron Kid) et j'ai été assez déçu, l'ayant trouvé très quelconque.
Non pas à cause de la réalisation, avec plusieurs séquences très réussies
Beau personnage féminin que celui de Rose,
J'ai détesté la fin du film, où (ne lisez pas le spoiler si vous n'avez pas vu le film)
Le bonus du DVD Sidonis sur Aruzza et sur le tournage du film du même nom m'a beaucoup plus intéressé.
Non pas à cause de la réalisation, avec plusieurs séquences très réussies
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Beau personnage féminin que celui de Rose,
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J'ai détesté la fin du film, où (ne lisez pas le spoiler si vous n'avez pas vu le film)
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« Better a life like a falling star, brief and bright across the dark, than the long, long waiting of the immortals, loveless and cheerlessly wise » - The Broken Sword - Poul Anderson
« Que sommes nous, tous autant que nous sommes, sinon des spectres disparaissant dans la nuit ?» - Le Crépuscule du Dieu Gris - R.E. Howard
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Hors Randolph Scott, de toutes manières, les meilleurs westerns de Budd Boetticher seraient pour moi L'Expédition du Fort King pour son ambiance visuelle bariolée et surtout Le Traître du Texas, à l'excellent scénario.
Mais j'ai un bon souvenir de The Cimarron Kid .
Finalement, celui que j'aime le moins de tous les westerns que j'ai vu doit être Le Courrier de l'Or, avec Randolph Scott, qui était un western sans surprise et sans lien formel et thématique avec ceux produits à la Columbia (celui-là venait de la Warner).
Bon, on me dira que l'impeccable 7 Hommes à abattre était un film Warner. Et on aura raison.
Mais j'ai un bon souvenir de The Cimarron Kid .
Finalement, celui que j'aime le moins de tous les westerns que j'ai vu doit être Le Courrier de l'Or, avec Randolph Scott, qui était un western sans surprise et sans lien formel et thématique avec ceux produits à la Columbia (celui-là venait de la Warner).
Bon, on me dira que l'impeccable 7 Hommes à abattre était un film Warner. Et on aura raison.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Oui, gros coup de cœur aussi pour celui-là : il faut dire que Julia Adams...
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Je suis très pour aussi et j'aimerais être très contre.
Ma mère trouve qu'elle a de la moustache.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Ah ouais ?Alexandre Angel a écrit : ↑16 avr. 21, 14:17Je suis très pour aussi et j'aimerais être très contre.
Ma mère trouve qu'elle a de la moustache.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Ah tu sais ma mère, quand elle a décidé quelque chose..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Le Traître du Texas, vu il y a longtemps, je l'avais trouvé pas mal du tout.
Dans mon souvenir, je n'avais pas trouvé Westbound si mauvais que cela. En dessous des six autres oui, mais un western très correct quand même.
Peut être que j'attendais trop du Cimarron Kid ?
J'ai vu il n'y a pas longtemps le Doolins of Oklahoma de Gordon Douglas - avec justement Randolph Scott qui interprétait le même personnage que Murphy - pour un résultat bien meilleur (mais le ton des deux films est de toute façon très différent).
Dans mon souvenir, je n'avais pas trouvé Westbound si mauvais que cela. En dessous des six autres oui, mais un western très correct quand même.
Peut être que j'attendais trop du Cimarron Kid ?
J'ai vu il n'y a pas longtemps le Doolins of Oklahoma de Gordon Douglas - avec justement Randolph Scott qui interprétait le même personnage que Murphy - pour un résultat bien meilleur (mais le ton des deux films est de toute façon très différent).
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Perso je l'aime beaucoup.Loup Solitaire a écrit : ↑16 avr. 21, 14:34
Dans mon souvenir, je n'avais pas trouvé Westbound si mauvais que cela. En dessous des six autres oui, mais un western très correct quand même.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
La Dame et le Toréador (1951)
Chuck Regan, jeune producteur américain de film, voyage à Mexico où il se met à la tauromachie pour impressionner une beauté locale, Anita de la Vega. Manolo Estrada, un matador vieillissant, accepte à contre-cœur d'enseigner à l'impertinent et égocentrique Regan.
Installé à Hollywood depuis la fin des années 30, Budd Boetticher y gravit lentement les échelons jusqu’à obtenir la possibilité de passer à la réalisation en 1944 au sein du studio Columbia. Il végète plusieurs années en signant des série B à petits budgets dans le film noir, le western ou le film d’aventure. Il rêve de signer un projet plus personnel, inspiré de sa jeunesse tumultueuse où, lors d’un voyage au Mexique, il fut émerveillé par le spectacle d’une corrida au point d’entamer une brève carrière de torero. Boetticher en parle à son ami Andrew McLaglen, réalisateur et fils de l’acteur Victor McLaglen qui remonter le script à John Wayne. Ce dernier emballé décide de produire le film et Budd Boetticher est lancé pour son premier film d’envergure. La fascination pour le spectacle de la corrida pousse Chuck Regan (Robert Stack), américain de passage au Mexique, à prendre contact avec le toréador Manolo Estrada (Gilbert Roland) avec lequel il va se lier d’amitié. Etonné par la fougue du jeune homme, il commence à lui enseigner les premiers rudiments du métier. Quelque chose est cependant biaisé dans l’attrait de Chuck pour la discipline. Lors du premier numéro auquel il assiste, Chuck est autant frappé par la danse de la mort qui se déroule dans l’arène que des réactions d’un public extatique. Gonfler son égo et susciter l’admiration pour ses performances semble être la principale motivation du néanmoins talentueux Chuck, notamment dans le but de s’attirer les faveurs de la belle Anita de la Vega (Joy Page). En adoptant le regard de ce « gringo » américain, Budd Boetticher se montre didactique pour le spectateur qui découvre tous les rudiments de la tauromachie. C’est le cas entre autres pour capturer l’impalpable mélange de témérité, d’égo et de quête d’adrénaline qui habite ces toréadors risque-tout. Un échange avec un expert révèle ainsi l’insaisissable motivation des toréadors les plus chevronnés, près à défier la mort au-delà des notions de célébrités ou d’argent que certains ont déjà atteint sans pour autant abandonner le costume.
L’un des premiers jobs de Budd Boetticher à Hollywood fut d’être conseiller sur le film Arènes Sanglantes de Rouben Mamoulian (1941), formant notamment Tyrone Power pour ses séquences de tauromachie à l’écran. Le réalisateur a donc déjà en tête quelques idées fortes afin de se montrer le plus réaliste possible, mettre en valeur et rendre palpitant la corrida. Il y a une vraie notion documentaire dans la répétitivité des scènes d’entraînements, le filmage des gestuelles et postures adéquates. Par un savant travail sur un montage heurté et fluide, le mélange avec des séquences de véritables corridas et une tension psychologique palpable, Boetticher rend chacune de ces séquences incroyablement haletantes. Le moindre relâchement se paie par un contact rugueux avec le bovin massif et menaçant, où ses cornes acérées menacent de vous empaler à chaque instant. Distrait par ses amours tumultueuses et sa soif de lumière, Chuck va en faire cruellement l’expérience. Robert Stack livre une belle prestation, mélange d’innocence et de narcissisme qui captive de bout en bout. Gilbert Roland en mentor est tout aussi charismatique (incroyable scène où il rabat le caquet de spectateurs avinés en domptant un taureau de la main gauche) et on sera d’ailleurs gré à Boetticher d’avoir eu recours à un casting totalement hispanique, et qui s’exprime dans sa langue (sans la facilité du tout anglais du Hollywood de l’époque). La confusion de Chuck, les incompréhensions et les détails qui lui échappent n’en sont que plus crédibles. Pourquoi et pour qui toréer, dans quel but ? Notre héros n’aura la réponse à cette question que dans une dernière scène magistrale. Il ne peut plus guetter les hourras d’un public désormais hostile, il est seul avec lui-même dans cette arène pour honorer la mémoire d’un ami et son montrer digne de ses enseignements. Il va alors véritablement danser avec la bête jusqu’à l’épuiser et mériter de l’achever.
Budd Boetticher va malheureusement subir quelques déconvenues à l’issue du tournage. Conseillé par John Ford lui suggérant de rendre le film plus commercial, John Wayne use de son autorité de producteur pour effectuer de larges coupes qui réduisent le film à 87 minutes, délestés des scènes les plus personnelles de Boetticher. Depuis, un montage complet de 124 minutes est désormais disponible en dvd et le film vaudra néanmoins une certaine avancée de carrière au réalisateur qui recevra l’Oscar de la meilleure histoire originale. Il aura par ailleurs l’occasion de se réconcilier plus tard avec John Wayne qui produira le légendaire Sept hommes à abattre (1956), un de ses plus grands films. 5/6
Chuck Regan, jeune producteur américain de film, voyage à Mexico où il se met à la tauromachie pour impressionner une beauté locale, Anita de la Vega. Manolo Estrada, un matador vieillissant, accepte à contre-cœur d'enseigner à l'impertinent et égocentrique Regan.
Installé à Hollywood depuis la fin des années 30, Budd Boetticher y gravit lentement les échelons jusqu’à obtenir la possibilité de passer à la réalisation en 1944 au sein du studio Columbia. Il végète plusieurs années en signant des série B à petits budgets dans le film noir, le western ou le film d’aventure. Il rêve de signer un projet plus personnel, inspiré de sa jeunesse tumultueuse où, lors d’un voyage au Mexique, il fut émerveillé par le spectacle d’une corrida au point d’entamer une brève carrière de torero. Boetticher en parle à son ami Andrew McLaglen, réalisateur et fils de l’acteur Victor McLaglen qui remonter le script à John Wayne. Ce dernier emballé décide de produire le film et Budd Boetticher est lancé pour son premier film d’envergure. La fascination pour le spectacle de la corrida pousse Chuck Regan (Robert Stack), américain de passage au Mexique, à prendre contact avec le toréador Manolo Estrada (Gilbert Roland) avec lequel il va se lier d’amitié. Etonné par la fougue du jeune homme, il commence à lui enseigner les premiers rudiments du métier. Quelque chose est cependant biaisé dans l’attrait de Chuck pour la discipline. Lors du premier numéro auquel il assiste, Chuck est autant frappé par la danse de la mort qui se déroule dans l’arène que des réactions d’un public extatique. Gonfler son égo et susciter l’admiration pour ses performances semble être la principale motivation du néanmoins talentueux Chuck, notamment dans le but de s’attirer les faveurs de la belle Anita de la Vega (Joy Page). En adoptant le regard de ce « gringo » américain, Budd Boetticher se montre didactique pour le spectateur qui découvre tous les rudiments de la tauromachie. C’est le cas entre autres pour capturer l’impalpable mélange de témérité, d’égo et de quête d’adrénaline qui habite ces toréadors risque-tout. Un échange avec un expert révèle ainsi l’insaisissable motivation des toréadors les plus chevronnés, près à défier la mort au-delà des notions de célébrités ou d’argent que certains ont déjà atteint sans pour autant abandonner le costume.
L’un des premiers jobs de Budd Boetticher à Hollywood fut d’être conseiller sur le film Arènes Sanglantes de Rouben Mamoulian (1941), formant notamment Tyrone Power pour ses séquences de tauromachie à l’écran. Le réalisateur a donc déjà en tête quelques idées fortes afin de se montrer le plus réaliste possible, mettre en valeur et rendre palpitant la corrida. Il y a une vraie notion documentaire dans la répétitivité des scènes d’entraînements, le filmage des gestuelles et postures adéquates. Par un savant travail sur un montage heurté et fluide, le mélange avec des séquences de véritables corridas et une tension psychologique palpable, Boetticher rend chacune de ces séquences incroyablement haletantes. Le moindre relâchement se paie par un contact rugueux avec le bovin massif et menaçant, où ses cornes acérées menacent de vous empaler à chaque instant. Distrait par ses amours tumultueuses et sa soif de lumière, Chuck va en faire cruellement l’expérience. Robert Stack livre une belle prestation, mélange d’innocence et de narcissisme qui captive de bout en bout. Gilbert Roland en mentor est tout aussi charismatique (incroyable scène où il rabat le caquet de spectateurs avinés en domptant un taureau de la main gauche) et on sera d’ailleurs gré à Boetticher d’avoir eu recours à un casting totalement hispanique, et qui s’exprime dans sa langue (sans la facilité du tout anglais du Hollywood de l’époque). La confusion de Chuck, les incompréhensions et les détails qui lui échappent n’en sont que plus crédibles. Pourquoi et pour qui toréer, dans quel but ? Notre héros n’aura la réponse à cette question que dans une dernière scène magistrale. Il ne peut plus guetter les hourras d’un public désormais hostile, il est seul avec lui-même dans cette arène pour honorer la mémoire d’un ami et son montrer digne de ses enseignements. Il va alors véritablement danser avec la bête jusqu’à l’épuiser et mériter de l’achever.
Budd Boetticher va malheureusement subir quelques déconvenues à l’issue du tournage. Conseillé par John Ford lui suggérant de rendre le film plus commercial, John Wayne use de son autorité de producteur pour effectuer de larges coupes qui réduisent le film à 87 minutes, délestés des scènes les plus personnelles de Boetticher. Depuis, un montage complet de 124 minutes est désormais disponible en dvd et le film vaudra néanmoins une certaine avancée de carrière au réalisateur qui recevra l’Oscar de la meilleure histoire originale. Il aura par ailleurs l’occasion de se réconcilier plus tard avec John Wayne qui produira le légendaire Sept hommes à abattre (1956), un de ses plus grands films. 5/6
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Un des plus beaux films de Boetticher. Ce qui n'est pas rien.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Je l'ai enfin vu il y a peu de temps dans sa version longue et j'ai trouvé ça très bien! (la connaissance "hemingwayenne" du sujet, le respect par BB de l'esprit latin, la précision documentaire..).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Autant je te rejoins sur la première partie du film, autant je suis plus enthousiaste sur la seconde. Boetticher tisse un suspense simple mais que je trouve particulièrement efficace, qui culmine dans 10 dernières minutes particulièrement tendues. Ce qui surprend peut-être c'est qu'effectivement, le personnage que Boetticher met au centre de son récit, c'est celui de Corey, c'est vis à vis de lui qu'il veut que l'on positionne ou non notre empathie je pense, plus que par rapport au couple Cotten/Fleming, plus secondaire. En cela, la scène avec le sergent, et sa remarquable conclusion est exemplaire.Jeremy Fox a écrit : ↑5 mars 15, 08:01 Le tueur s'est évadé (The Killer is Loose) - 1956
Le hold-up, la chasse à l'homme, l'arrestation et l'évasion : une première demi-heure souvent tournée en extérieur d'une belle efficacité, bien rythmée et épurée, typique de Budd Boetticher. La suite est malheureusement plus conventionnelle, beaucoup trop bavarde et un peu trop statique. De plus on a connu Joseph Cotten et Rhonda Fleming plus inspirés. En revanche, interprétation mémorable de Wendell Corey en tueur amoureux. Un petit polar loin d'être déplaisant mais très loin aussi des meilleurs films du cinéaste ; manque également des personnages plus fouillés pour qu'on s'y attache plus avant.
J'ai énormément aimé, le sens de la concision de Boetticher paie à nouveau dans ce récit.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Je me note à le revoir à l'occasionRick Blaine a écrit : ↑27 sept. 23, 11:39Autant je te rejoins sur la première partie du film, autant je suis plus enthousiaste sur la seconde. Boetticher tisse un suspense simple mais que je trouve particulièrement efficace, qui culmine dans 10 dernières minutes particulièrement tendues. Ce qui surprend peut-être c'est qu'effectivement, le personnage que Boetticher met au centre de son récit, c'est celui de Corey, c'est vis à vis de lui qu'il veut que l'on positionne ou non notre empathie je pense, plus que par rapport au couple Cotten/Fleming, plus secondaire. En cela, la scène avec le sergent, et sa remarquable conclusion est exemplaire.Jeremy Fox a écrit : ↑5 mars 15, 08:01 Le tueur s'est évadé (The Killer is Loose) - 1956
Le hold-up, la chasse à l'homme, l'arrestation et l'évasion : une première demi-heure souvent tournée en extérieur d'une belle efficacité, bien rythmée et épurée, typique de Budd Boetticher. La suite est malheureusement plus conventionnelle, beaucoup trop bavarde et un peu trop statique. De plus on a connu Joseph Cotten et Rhonda Fleming plus inspirés. En revanche, interprétation mémorable de Wendell Corey en tueur amoureux. Un petit polar loin d'être déplaisant mais très loin aussi des meilleurs films du cinéaste ; manque également des personnages plus fouillés pour qu'on s'y attache plus avant.
J'ai énormément aimé, le sens de la concision de Boetticher paie à nouveau dans ce récit.
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)
Le déserteur de Fort Alamo
Déjà le héros boetticherien sait où il va, et pourquoi il y va. Que les autres le jugent comme un lâche ou comme un traître n’y change rien, et lui n’a de comptes à personne si ce n’est à lui-même, à sa propre conscience. Seul rescapé du glorieux siège d’Alamo, il n’aura de cesse de racheter sa fausse désertion, de mener à bien la mission que la morale lui commande. Et le cinéaste, en véritable tacticien du paysage, de situer la noblesse de cet itinéraire au-delà des sollicitations grossières de l’anecdote, en l’inscrivant dans une action nette, précise, parfaitement détourée, qui joint au plaisir de l’harmonie spatiale celui de la plénitude dans le mouvement. Jamais gênantes, les réminiscences du Hawks de La Rivière Rouge ou du Wellman de Convoi de Femmes ne font qu’ajouter à la réussite de l’entreprise. 4/6
Sept hommes à abattre
André Bazin considérait ce western comme le plus important d’après-guerre. On peut ne partager une position aussi flatteuse tout en estimant les qualités d’un film vigoureux, solidement exécuté, dont la simplicité d’allure, l’élégance de ton et une certaine lueur au fond du regard semblent comme dénoter l’appartenance à une race mutante. Il est aussi difficile de le ranger dans la catégorie des "sur-westerns" qui fleurissaient à la même époque (pas assez hiératique dans sa facture) que dans celle de la série B (pas assez humble dans ses intentions). Il relève plutôt d’une approche sèche et incisive, d’une précision de la structure, d’un goût de l’ellipse un peu comparables à celles que l’on observait chez Tourneur dans le domaine du fantastique. Les opus suivants creuseront avec brio cette identité. 4/6
L’homme de l’Arizona
La géométrie dans le désert, base solide sur laquelle le cinéaste tracera la tragédie épurée que sera Comanche Station, n’existe pas encore ici. Un décor naturel restreint (un relai, une cabane, quelques défilés rocheux) sert avec un certain bonheur la mise en scène : chaque bloc de pierre représente une éventuelle situation d’appui dont on mesure aussitôt les avantages, chaque point d’eau une position de repli face à un ennemi imprévisible, tout est subordonné à une action défensive ou offensive. C’est principalement de la maîtrise et de l’articulation de tels moyens, de l’adéquation entre la forme physique des personnages et sa forme plastique que le film tire son intérêt. Malgré la banalité des enjeux et du schéma narratif, la saga boettichierienne témoigne ainsi de la résistance qu’elle oppose au temps. 4/6
La chevauchée de la vengeance
Le film s’organise en séquences délimitées dans l’espace et dans le temps qui font progresser l’action avec une lenteur consommée. La tension naît moins des rebondissements de l’intrigue que de l’attente des réactions des personnages, dont chaque geste et chaque mot est calculé pour obtenir un effet maximum. Les chevauchées dans les déserts rocailleux ou le long des rivières verdoyantes forment les jalons d’une expérience humaine faite d’intransigeance à l’égard de soi-même, de fidélité au souvenir de la personne aimée, de respect de la parole donnée. Et le bûcher qui consume l’arbre des pendus ne met pas un terme aux souffrances du héros, dont la solitude est sans cesse ravivée par la mémoire de l’être disparu. L’exigence de la forme rejoint ainsi celle de la réflexion morale en une même harmonie. 5/6
Top 10 Année 1959
Comanche station
Le héros de ce film-ci ressemble comme un frère à celui du précédent. Son parcours est équivalent, tout comme son entêtement ascétique à remplir le contrat qu’il s’est assigné : ramener une femme saine et sauve à son mari. Parce qu’il recherche la sienne depuis dix ans, c’est l’ultime répétition de sa propre mission qu’il exécute, et la substitution a peu d’importance dès lors que le même labeur méritoire est fourni. À sa rigueur morale répond l’infrastructure même du récit, sobre jusqu’au dépouillement, de la mise en scène, qui tend à l’épure, et de l’image, qui s’en tient à l’ocre pâle, au bleu ardoise et au gris poussière. Ce trait sans bavure, comme tracé d’une main sûre à la craie sur un tableau noir, dessine sans doute le trajet du cavalier solitaire errant dans l’Ouest en quête d’un certain absolu du western. 4/6
Mon top :
1. La chevauchée de la vengeance (1959)
2. Le déserteur de Fort Alamo (1953)
3. Comanche station (1960)
4. Sept hommes à abattre (1956)
5. L’homme de l’Arizona (1957)
La collaboration westernienne entre Boetticher et Randolph Scott suscite aisément l’analogie avec celle, si fructueuse, s’étant établie entre Anthony Mann et James Stewart. À une époque cruciale qui est celle de la fin d’un certain Hollywood, le réalisateur a su imprimer au genre sa marque sèche, stoïque, minérale, et y distiller les vertus du classicisme en les décantant jusqu’à l’abstraction.
Déjà le héros boetticherien sait où il va, et pourquoi il y va. Que les autres le jugent comme un lâche ou comme un traître n’y change rien, et lui n’a de comptes à personne si ce n’est à lui-même, à sa propre conscience. Seul rescapé du glorieux siège d’Alamo, il n’aura de cesse de racheter sa fausse désertion, de mener à bien la mission que la morale lui commande. Et le cinéaste, en véritable tacticien du paysage, de situer la noblesse de cet itinéraire au-delà des sollicitations grossières de l’anecdote, en l’inscrivant dans une action nette, précise, parfaitement détourée, qui joint au plaisir de l’harmonie spatiale celui de la plénitude dans le mouvement. Jamais gênantes, les réminiscences du Hawks de La Rivière Rouge ou du Wellman de Convoi de Femmes ne font qu’ajouter à la réussite de l’entreprise. 4/6
Sept hommes à abattre
André Bazin considérait ce western comme le plus important d’après-guerre. On peut ne partager une position aussi flatteuse tout en estimant les qualités d’un film vigoureux, solidement exécuté, dont la simplicité d’allure, l’élégance de ton et une certaine lueur au fond du regard semblent comme dénoter l’appartenance à une race mutante. Il est aussi difficile de le ranger dans la catégorie des "sur-westerns" qui fleurissaient à la même époque (pas assez hiératique dans sa facture) que dans celle de la série B (pas assez humble dans ses intentions). Il relève plutôt d’une approche sèche et incisive, d’une précision de la structure, d’un goût de l’ellipse un peu comparables à celles que l’on observait chez Tourneur dans le domaine du fantastique. Les opus suivants creuseront avec brio cette identité. 4/6
L’homme de l’Arizona
La géométrie dans le désert, base solide sur laquelle le cinéaste tracera la tragédie épurée que sera Comanche Station, n’existe pas encore ici. Un décor naturel restreint (un relai, une cabane, quelques défilés rocheux) sert avec un certain bonheur la mise en scène : chaque bloc de pierre représente une éventuelle situation d’appui dont on mesure aussitôt les avantages, chaque point d’eau une position de repli face à un ennemi imprévisible, tout est subordonné à une action défensive ou offensive. C’est principalement de la maîtrise et de l’articulation de tels moyens, de l’adéquation entre la forme physique des personnages et sa forme plastique que le film tire son intérêt. Malgré la banalité des enjeux et du schéma narratif, la saga boettichierienne témoigne ainsi de la résistance qu’elle oppose au temps. 4/6
La chevauchée de la vengeance
Le film s’organise en séquences délimitées dans l’espace et dans le temps qui font progresser l’action avec une lenteur consommée. La tension naît moins des rebondissements de l’intrigue que de l’attente des réactions des personnages, dont chaque geste et chaque mot est calculé pour obtenir un effet maximum. Les chevauchées dans les déserts rocailleux ou le long des rivières verdoyantes forment les jalons d’une expérience humaine faite d’intransigeance à l’égard de soi-même, de fidélité au souvenir de la personne aimée, de respect de la parole donnée. Et le bûcher qui consume l’arbre des pendus ne met pas un terme aux souffrances du héros, dont la solitude est sans cesse ravivée par la mémoire de l’être disparu. L’exigence de la forme rejoint ainsi celle de la réflexion morale en une même harmonie. 5/6
Top 10 Année 1959
Comanche station
Le héros de ce film-ci ressemble comme un frère à celui du précédent. Son parcours est équivalent, tout comme son entêtement ascétique à remplir le contrat qu’il s’est assigné : ramener une femme saine et sauve à son mari. Parce qu’il recherche la sienne depuis dix ans, c’est l’ultime répétition de sa propre mission qu’il exécute, et la substitution a peu d’importance dès lors que le même labeur méritoire est fourni. À sa rigueur morale répond l’infrastructure même du récit, sobre jusqu’au dépouillement, de la mise en scène, qui tend à l’épure, et de l’image, qui s’en tient à l’ocre pâle, au bleu ardoise et au gris poussière. Ce trait sans bavure, comme tracé d’une main sûre à la craie sur un tableau noir, dessine sans doute le trajet du cavalier solitaire errant dans l’Ouest en quête d’un certain absolu du western. 4/6
Mon top :
1. La chevauchée de la vengeance (1959)
2. Le déserteur de Fort Alamo (1953)
3. Comanche station (1960)
4. Sept hommes à abattre (1956)
5. L’homme de l’Arizona (1957)
La collaboration westernienne entre Boetticher et Randolph Scott suscite aisément l’analogie avec celle, si fructueuse, s’étant établie entre Anthony Mann et James Stewart. À une époque cruciale qui est celle de la fin d’un certain Hollywood, le réalisateur a su imprimer au genre sa marque sèche, stoïque, minérale, et y distiller les vertus du classicisme en les décantant jusqu’à l’abstraction.