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Robert Bresson (1901-1999)

Publié : 23 janv. 04, 00:00
par Kurwenal
EDIT DE LA MODERATION:

N'hésitez pas à consulter les différents topics consacrés au cinéaste:

Journal d'un curé de campagne (1950)
Pickpocket (1959)

ainsi que les Chroniques Classik de Pickpocket/L'argent/Le procès de Jeanne d'Arc








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Les Dames du Bois de Boulogne, Bresson 1945

Tourné en 44, en pleine occupation allemande, c'est le second film de Bresson où sans être univoque ni constante, la rigueur percutante du réalisateur est déjà très présente.
Tiré d'un épisode du fabuleux Jacques le Fataliste de Diderot ( que tout le monde se devrait de reconnaître comme l'une des plus grandes oeuvres littéraires de langue française), porté par les dialogues de Cocteau ciselés comme on peut l'imaginer, le film présente l'histoire de la vengeance implacable et machiavélique d'une femme délaissée.
Quelque peu histrionique, le jeu de Maria Casares séduit et participe par là-même à précipiter le spectateur, qui s'arrêterait à l'apparence de surface, vers toute la vérité, en creux. Il faut aller la chercher dans un jeu du double et une relative inversion des valeurs la dénonciation d'une certaine société et surtout la cruauté du monde.
Ne cherchez pas le mélodrame ou la romance, trouvez plutôt dans ce film le symbolisme de la renaissance.
Un film en apparence simple qui cache la complexité de son projet avec un adresse exceptionnelle. Bresson, cinéaste non commercial, se hisse déjà au niveau de l'excellence. Brillant. Mais beau aussi.

Publié : 23 janv. 04, 01:10
par Vic Vega
Kurwenal a écrit :Les Dames du Bois de Boulogne, Bresson 1945

Tourné en 44, en pleine occupation allemande, c'est le second film de Bresson où sans être univoque ni constante, la rigueur percutante du réalisateur est déjà très présente.
Tiré d'un épisode du fabuleux Jacques le Fataliste de Diderot ( que tout le monde se devrait de reconnaître comme l'une des plus grandes oeuvres littéraires de langue française), porté par les dialogues de Cocteau ciselés comme on peut l'imaginer, le film présente l'histoire de la vengeance implacable et machiavélique d'une femme délaissée.
Quelque peu histrionique, le jeu de Maria Casares séduit et participe par là-même à précipiter le spectateur, qui s'arrêterait à l'apparence de surface, vers toute la vérité, en creux. Il faut aller la chercher dans un jeu du double et une relative inversion des valeurs la dénonciation d'une certaine société et surtout la cruauté du monde.
Ne cherchez pas le mélodrame ou la romance, trouvez plutôt dans ce film le symbolisme de la renaissance.
Un film en apparence simple qui cache la complexité de son projet avec un adresse exceptionnelle. Bresson, cinéaste non commercial, se hisse déjà au niveau de l'excellence. Brillant. Mais beau aussi.
Un beau film c'est vrai mais encore totalement bressonien -dialogue trop littéraire-, je préfère Pickpocket par exemple.

l'Homme à la Caméra: un film qui enregistre la réalité de son temps tout en réussissant à parler à l'inconscient du spectateur (certains plans sont aussi obsédants que du Lynch ou du Bunuel), à lui raconter son histoire par des moyens purements cinématographiques -le montage, la mise en scène- en faisant fi de tout l'héritage des autres arts -la narration romanesque classique, les personnages-. Le cinéma à l'état pur, le génie à l'état pur. 10/10

Publié : 23 janv. 04, 01:44
par Kurwenal
Vic Vega a écrit :
Kurwenal a écrit :Les Dames du Bois de Boulogne, Bresson 1945

Tourné en 44, en pleine occupation allemande, c'est le second film de Bresson où sans être univoque ni constante, la rigueur percutante du réalisateur est déjà très présente.
Tiré d'un épisode du fabuleux Jacques le Fataliste de Diderot ( que tout le monde se devrait de reconnaître comme l'une des plus grandes oeuvres littéraires de langue française), porté par les dialogues de Cocteau ciselés comme on peut l'imaginer, le film présente l'histoire de la vengeance implacable et machiavélique d'une femme délaissée.
Quelque peu histrionique, le jeu de Maria Casares séduit et participe par là-même à précipiter le spectateur, qui s'arrêterait à l'apparence de surface, vers toute la vérité, en creux. Il faut aller la chercher dans un jeu du double et une relative inversion des valeurs la dénonciation d'une certaine société et surtout la cruauté du monde.
Ne cherchez pas le mélodrame ou la romance, trouvez plutôt dans ce film le symbolisme de la renaissance.
Un film en apparence simple qui cache la complexité de son projet avec un adresse exceptionnelle. Bresson, cinéaste non commercial, se hisse déjà au niveau de l'excellence. Brillant. Mais beau aussi.
Un beau film c'est vrai mais encore totalement bressonien -dialogue trop littéraire-, je préfère Pickpocket par exemple.
Littéraire? ...pourquoi pas
Diderot, puis Cocteau crédité au générique peuvent laisser penser cela!
Maintenant, ce qui est littéraire pour l'un ne l'est pas nécessairement pour l'autre...tout dépend d'où l'on part. Langage châtié ne signifie pas pour autant littéraire...et surtout ne pas oublier que les Dames ne se déroule pas somme toute dans le même contexte que Pickpocket, logique qu'on y parle différemment , non?
A mon humble avis ce qui peut sembler littéraire serait plutôt le parti pris de l'austérité, du phrasé si particulier, du choix du mot et de la précision que visait toujours Bresson. Cela dit, que l'épure, au niveau du langage aussi, de ses derniers films ne soit qu'en gestation dans les Dames, c'est bien ce que je pense.
En tout cas et très personnellement un dialogue dans lequel on trouve par exemple; "Mon cher, vous avez épousé une grue" ne m'apparaît pas essentiellement littéraire :lol: mais particulièrement significatif de la richesse de la langue française. 8)

Publié : 23 janv. 04, 01:54
par Vic Vega
Kurwenal a écrit : En tout cas et très personnellement un dialogue dans lequel on trouve par exemple; "Mon cher, vous avez épousé une grue" ne m'apparaît pas essentiellement littéraire :lol: mais particulièrement significatif de la richesse de la langue française. 8)
Tu as tout à fait raison, il n'empeche, le style plus "épuré" comme tu dis des dialogues de ses derniers films me touche bien plus: encore aujourd'hui je ne peux penser à la phrase finale de Pickpocket sans que ça fasse remonter en moi des émotions d'une grande intensité alors que j'ai oublié les dialogues de ces Dames.

Robert Bresson (1901-1999)

Publié : 30 janv. 04, 00:35
par Cosmo Vitelli
Sa vie, ses films, ses écrits...vous en pensez quoi ?

Pour moi c'est tout simplement un des grands du cinéma d'action (et malgré les apparences, je ne déconne pas :wink: ).

Je n'aime pas trop faire des tops, mais je vais quand même essayer de citer mes favoris.

Un condamné à mort s'est échappé
Pickpocket
L'argent
Mouchette
Le journal d'un curé de campagne

Publié : 30 janv. 04, 01:20
par Lord Henry
James va bien nous dénicher un western réalisé par Robert Bresson, ou il ne s'appelle plus James!

Publié : 30 janv. 04, 01:28
par Lord Henry
Personnellement, il ne me reste qu'un brumeux souvenir de Quatre Nuits d'un Rêveur (courtesy of Claude-Jean Philippe).

Publié : 30 janv. 04, 08:00
par Momo la crevette
Cosmo ! T'emmerdes tout le monde avec tes topics !

:wink:

Momo

Publié : 30 janv. 04, 09:21
par james
Lord Henry a écrit :James va bien nous dénicher un western réalisé par Robert Bresson, ou il ne s'appelle plus James!
non c'est pas serieux,bresson dirigeant un western,je confirme et signe il ne toucha jamais au genre..........heureusement, t'es mechant james de dire cela :wink:

Publié : 30 janv. 04, 09:29
par christian
Lord Henry a écrit :Personnellement, il ne me reste qu'un brumeux souvenir de Quatre Nuits d'un Rêveur (courtesy of Claude-Jean Philippe).
putaise, j'adorerai le voir celui là !!! il ne passe plus depuis belle lurette à la téloche (quant à un éventuel DVD, j'en parle même pas...)

Re: Robert Bresson

Publié : 30 janv. 04, 09:40
par christian
Cosmo Vitelli a écrit :Pour moi c'est tout simplement un des grands du cinéma d'action (et malgré les apparences, je ne déconne pas :wink: ).
Cosmo, tu es vraiment très doué pour la provoc !! ;-)

cela dit, Alain Corneau (nettement plus connu que Bresson dans le domaine du film d'action ;-)) a dit d'être inspiré du "Condammé à mort s'est échappé" pour son excellent "Série noire" (1979)

Sinon, de Bresson, je ne connais que :

- Lancelot du Lac (film à costumes et produit par Jean Yanne, j'aime beaucoup certains scènes, comme les squelettes au début, un coté macabre assez Shakespearien)

- Une femme douce (épuré, austère mais superbe, mon preferé pour le moment)

- L'argent (toujours aussi austère mais plus proche d'un polar très glauque par sa noirceur)

- Le diable probablement

J'ai aussi enregistré "un Condammé à mort s'est échappé" mais je ne l'ai pas encore vu...

C'est un cinéma tout de même hyper aride (surtout de par les dialogues un peu atones et détimbrés en fait) à consommer avec modération (pour ma part) mais au moins Bresson n'a jamais fait de compromis... et c'est tout à son honneur, maintenant la quasi absence de DVD (sauf en Z3 je crois) est le prix à payer pour cette intrangiseance...

Publié : 30 janv. 04, 11:20
par Vic Vega
Mon top sur les Bresson que j'ai vus:
1) Pickpocket (mon favori et un de mes plus gros chocs ciné à ce jour)
2) le Diable Probablement
3) Une Femme Douce
4) l'Argent
5) les Dames du Bois de Boulogne

Publié : 30 janv. 04, 11:26
par Cosmo Vitelli
C'est un cinéaste d'action dans la mesure ou ses films fonctionnent sur le tactile et la gestualité. Il y'a des cinéastes cérébraux, des cinéastes du corps...et, pour moi, il ne fait aucun doute que Bresson appartient à cette seconde catégorie. Un condamné à mort... est un film programmatique centré sur les faits et gestes du personnages principal. Chaque action peut le conduire à sa perte. Plus sa carrière avancera et plus Bresson ira loin dans cette épure. Ses films tardifs reposent entièrement sur ce postulat, rien ne vient entraver leur route, ni psychologie, ni digression...

L'argent, lui, montre les répercussions de la circulation de l'argent, sur l'action des hommes. Les films de Bresson sont centrés sur ça ! Action-réaction-action-réaction. Bresson se focalise la gestualité (le long apprentissage tactile dans Pickpocket), les cérémoniaux du Procés de Jeanne d'Arc...) ses personnages peut être définis en fonction de leurs gestes.

Au début de sa carrière son style n'était encore qu'embryonnaire. Les dames du Bois de Boulogne croule sous les dialogues, les bons mots de Cocteau (pour le coup la voilà la dimension cérébrale). c'est ce qui fait la limite du film selon-moi. Certaines phrases très écrites (ça c'est peut être parce que je :evil: Cocteau) contredisent finalement le projet de Bresson. Le journal d'un curé de campagne porte encore les stigmates d'un héritage littéraire, mais chemin faisant Bresson s'affirme, et le côté programmatique de son cinéma se met en place.

Publié : 30 janv. 04, 12:32
par christian
Merci pour cette superbe analyse, Cosmo, on est tout à fait d'accord pour Bresson... moins pour Antonioni ;-)

Publié : 30 janv. 04, 12:34
par christian
Cosmo Vitelli a écrit :(ça c'est peut être parce que je :evil: Cocteau)
tu vois, je ne suis pas le seul à avoir des préjugés tenaces susceptibles de voiler mon jugement ;-)