Là il ne s'agit pas de préjugés puisque j'ai vu tous les films de Cocteau et Les dames du Bois de Boulogne. Je juge donc à partir des éléments que je connais. En plus je suis loin de tout rejeter en bloc chez lui. Par contre si Michel Chion, ou un autre, attaquait une oeuvre (littéraire par exemple) de Cocteau m'étant inconnue, je m'abstiendrais de réagir et de supputer, avant d'en avoir pris connaissancechristian a écrit :tu vois, je ne suis pas le seul à avoir des préjugés tenaces susceptibles de voiler mon jugementCosmo Vitelli a écrit :(ça c'est peut être parce que je Cocteau)
Robert Bresson (1901-1999)
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Bon OK, mea culpa alors mais ça risque de limiter drolement mes posts (voire les stopper net) car je suis loin de posseder les connaissances encyclopédiques de Cosmo Vitelli en matière de cinéma, si il faut connaitre la filmo intégrale absolue de chaque réalisateur (dans certains cas, c'est d'ailleurs la croix et la bannière pour trouver les films...) faut pas s'étonner que certains topics fassent des bides mais ce que j'en dis...Cosmo Vitelli a écrit :Là il ne s'agit pas de préjugés puisque j'ai vu tous les films de Cocteau et Les dames du Bois de Boulogne. Je juge donc à partir des éléments que je connais. En plus je suis loin de tout rejeter en bloc chez lui. Par contre si Michel Chion, ou un autre, attaquait une oeuvre (littéraire par exemple) de Cocteau m'étant inconnue, je m'abstiendrais de réagir et de supputer, avant d'en avoir pris connaissance
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christian a écrit :je suis loin de posseder les connaissances encyclopédiques de Cosmo Vitelli en matière de cinéma
Je ne t'ai pas demandé de connaître la filmo intégrale d'un réalisateur, je t'ai juste conseillé de ne pas trop supputer sur un film que tu n'avais pas vu (comme quand tu donnes raison à Chion sur Le cri, alors que tu n'as pas vu ce dernier).christian a écrit : si il faut connaitre la filmo intégrale absolue de chaque réalisateur (dans certains cas, c'est d'ailleurs la croix et la bannière pour trouver les films...) faut pas s'étonner que certains topics fassent des bides mais ce que j'en dis...
ça me fatigue ce débat
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Libre à toi de me croire ou non mais je suis pourtant sincère... quand on connais tout les films dont tu parles (sur le site ou sur ce forum) genre films obscurs mexicains de Bunuel ("grand casino" je crois ??), "la nuit" d'Antonioni, avec même en prime quelques nanars encore plus obscurs "pour le fun", je pense qu'on peux parler réellement de culture (quasi) encyclopédique, tout comme Jeremy Fox ou d'autres d'ailleurs... dire le contraire serait un peu de la fausse modestie, non ?Cosmo Vitelli a écrit :christian a écrit :je suis loin de posseder les connaissances encyclopédiques de Cosmo Vitelli en matière de cinéma
Oui, Robert Bresson est un vrai cinéaste de l'action mais le petit malin qu'est Cosmo Vitelli entretient l'ambiguïté entre action dans le sens "gestuelle, démarche, progression instinctive" et action au sens "exploit, combat, engagement". Bresson disait : le cinéma est un mouvement intérieur.
Comme sieur Vitelli, je n'apprécie guère ces Dame du Bois de Boulogne (pourtant j'habité à côté ), même si j'ai le bon goût d'aimer Cocteau, moi !
L'évolution de Bresson vers l'épure, le dépouillement ascétique et l'abstraction est fascinante et a produit des films essentiels dans l'histoire de notre cinéma national. Mes préférés restent Pickpocket et Un condamné à mort s'est échappé.
Par contre, j'ai lâché à partir des années 70 quand j'ai eu le sentiment (faux ?) de regarder des caricatures de son style (Lancelot du Lac et L'argent me laissent indifférent).
Comme sieur Vitelli, je n'apprécie guère ces Dame du Bois de Boulogne (pourtant j'habité à côté ), même si j'ai le bon goût d'aimer Cocteau, moi !
L'évolution de Bresson vers l'épure, le dépouillement ascétique et l'abstraction est fascinante et a produit des films essentiels dans l'histoire de notre cinéma national. Mes préférés restent Pickpocket et Un condamné à mort s'est échappé.
Par contre, j'ai lâché à partir des années 70 quand j'ai eu le sentiment (faux ?) de regarder des caricatures de son style (Lancelot du Lac et L'argent me laissent indifférent).
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Un comdamné à mort s'est échappé: Que dire? Déjà que Bresson réussit un tour de force: malgré son titre programmatique qui est un spoiler massif à lui tout seul, il réussit à créer un véritable suspense sur ce plan d'évasion soigneusement élaboré dont on se doute qu'à tout moment le moindre détail peut le faire capoter. Plan d'évasion dont la précision n'a rien à envier à celle de la mise en scène bressonnienne. A chaque moment, on a peur que le héros ait laissé passer sa chance, que son travail minutieux -où chaque objet peut permettre la poursuite du plan du moment qu'on sait l'utiliser comme le souligne une mise en scène attentive aux moindres détails- soit démasqué, que les imprévus de la vie en prison ne ruinent ses chances. Le seul sujet du film, c'est finalement le désir d'évasion et tout ce qui peut lui etre lié vu le contexte historique -l'amour de la vie, la résistance au quotidien en temps d'occupation et en prison- ou la vie en prison -la foi, la trahison, la tentation-. Un formidable hymne au désir vital et au refus de l'oppression. Avec le plan final le plus puissant que j'ai pour le moment vu chez Bresson avec celui de Pickpocket. Ce Condamné fait d'ailleurs désormais partie de mes Bresson favoris aux cotés de ce dernier. 10/10
Journal d'un Curé de Campagne: Un Bresson où l'épure qui a fait sa réputation n'est totalement présente que dans une mise en scène remarquable de précision, la direction d'acteurs étant loin d'être totalement bressonienne (seul Laydu qui offre une prestation extraordinaire a un jeu bressonien selon moi, les autres acteurs ont un style de jeu plus classique mais qui n'en est pas moins excellent), Séraphita annonce les grands personnages féminins du cinéaste. En résumé, très beau mais à mes yeux moins abouti qu'Un Condamné à Mort s'est Echappé ou Pickpocket. 8.75/10
Journal d'un Curé de Campagne: Un Bresson où l'épure qui a fait sa réputation n'est totalement présente que dans une mise en scène remarquable de précision, la direction d'acteurs étant loin d'être totalement bressonienne (seul Laydu qui offre une prestation extraordinaire a un jeu bressonien selon moi, les autres acteurs ont un style de jeu plus classique mais qui n'en est pas moins excellent), Séraphita annonce les grands personnages féminins du cinéaste. En résumé, très beau mais à mes yeux moins abouti qu'Un Condamné à Mort s'est Echappé ou Pickpocket. 8.75/10
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Vu sur Cinéclassic à 23H20 ce soir.
Les dames du bois de Boulogne (Bresson - 1944)
Pour son deuxième film tourné immédiatement après la libération, Bresson décide d'adapter un conte de Diderot, dialogué par Jean Cocteau, avec Paul Bernard et la sublimement photogénique Maria Casarès.
Il s'agit ici d'une machiavélique histoire de vengeance, diablement menée et filmée avec un sens de l'esthétisme qui n'est pas sans rappeler Ophüls.
Un petit trésor porté par ses acteurs admirables, un Noir et Blanc et une mise en scène mémorable.
Depuis le temps que je voulais le voir... je sens que le Critérion rentrera dans ma dvdthèque dès que mes moyens me le permettront.
Les dames du bois de Boulogne (Bresson - 1944)
Pour son deuxième film tourné immédiatement après la libération, Bresson décide d'adapter un conte de Diderot, dialogué par Jean Cocteau, avec Paul Bernard et la sublimement photogénique Maria Casarès.
Il s'agit ici d'une machiavélique histoire de vengeance, diablement menée et filmée avec un sens de l'esthétisme qui n'est pas sans rappeler Ophüls.
Un petit trésor porté par ses acteurs admirables, un Noir et Blanc et une mise en scène mémorable.
Depuis le temps que je voulais le voir... je sens que le Critérion rentrera dans ma dvdthèque dès que mes moyens me le permettront.
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LES ANGES DU PECHE de Robert Bresson (CINECINEMA CLASSIC)
1er film du réalisateur (1943) qui nous plonge au coeur d'un couvent de bonnes soeurs, avant de faire LE JOURNAL D'UN CURE DE CAMPAGNE quelques années plus tard... Le jeu théatral est déjà présent, mais pour un premier essai, c'est assez grand public, dirais-je, bien que ce ne soit pas un film classique de l'époque.
J'ai trouvé le film assez plaisant, voire émouvant (à la fin). Très bien joué, bien dialogué.
Je précise que je ne suis pas un spécialiste ni un fan de Bresson...
1er film du réalisateur (1943) qui nous plonge au coeur d'un couvent de bonnes soeurs, avant de faire LE JOURNAL D'UN CURE DE CAMPAGNE quelques années plus tard... Le jeu théatral est déjà présent, mais pour un premier essai, c'est assez grand public, dirais-je, bien que ce ne soit pas un film classique de l'époque.
J'ai trouvé le film assez plaisant, voire émouvant (à la fin). Très bien joué, bien dialogué.
Je précise que je ne suis pas un spécialiste ni un fan de Bresson...
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Bresson n'a pas supporté cette première expérience avec des actrices professionnelles, du fait même de ce jeu théâtral. Tout son travail avec les acteurs va être ensuite de se séparer complètement de ce qu’il considère comme étant un jeu qui n’a rien à voir avec le cinéma par un processus qui consiste à utiliser des non professionnels, et à les vider tout les « tics » de jeu qu’ils possèdent par mimétisme en usant de multiples prises jusqu’à épuisement.l.Nestor Almendros a écrit :LES ANGES DU PECHE de Robert Bresson (CINECINEMA CLASSIC)
(...) Le jeu théatral est déjà présent
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Les dames du bois de boulogne (1946) de Robert Bresson.
Un film magnifique ! La douce histoire de vengeance d'une femme sur son amant qui la quittée. Des images en noir et blanc veloutées, des dialogues qui sont tel une caresse (signés Jean Cocteau) et qui n'ont rien à envier à ceux d'un Jacques Prévert, et des acteurs fabuleux (Maria Casarès la première, qui ne s'était parait-il pas du tout entendu avec le réalisateur).
Autant de qualités au service d'une mise en scène parfaite, signée Bresson donc, qui n'avait pas encore adopté son célèbre style.
Une perle !
Un film magnifique ! La douce histoire de vengeance d'une femme sur son amant qui la quittée. Des images en noir et blanc veloutées, des dialogues qui sont tel une caresse (signés Jean Cocteau) et qui n'ont rien à envier à ceux d'un Jacques Prévert, et des acteurs fabuleux (Maria Casarès la première, qui ne s'était parait-il pas du tout entendu avec le réalisateur).
Autant de qualités au service d'une mise en scène parfaite, signée Bresson donc, qui n'avait pas encore adopté son célèbre style.
Une perle !
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- n'est pas Flaubert
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Au Hasard Balthazar de Robert Bresson (1966)
Bresson filme la vie d'un âne comme un chemin de croix. Battu, abandonné, vendu, exploité, l'âne fait en saint l'apprentissage d'un monde cruel, où le mal est donné à voir comme gratuit et pernicieux, irréductible, sans que nul raisonnement, nul motif ne le cause. La méthode de Bresson consistant à l'instar de Flaubert à décrire cliniquement, sans jugement, à simplement rendre compte de situations présentées comme des évènements factuels fait du film une expérience très éprouvante. Pour qui n'est pas pénétré de la croyance catholique en la grâce, pour qui n'a pas la foi en un Dieu donnant sens à ce monde-là mais laissant le libre arbitre décider du cours des choses, c'est un film très dur, à la limite du supportable, où nulle bonté, nulle lumière n'existent si ce n'est celles du souffrant. Je n'aime pas cette conception pessimiste, qui se complait dans une souffrance sans révolte, du monde réel. Je n'ai pas aimé ce film malgré ses qualités évidentes (de fluidité, de mise en scène) et sa perfection formelle.
Bresson filme la vie d'un âne comme un chemin de croix. Battu, abandonné, vendu, exploité, l'âne fait en saint l'apprentissage d'un monde cruel, où le mal est donné à voir comme gratuit et pernicieux, irréductible, sans que nul raisonnement, nul motif ne le cause. La méthode de Bresson consistant à l'instar de Flaubert à décrire cliniquement, sans jugement, à simplement rendre compte de situations présentées comme des évènements factuels fait du film une expérience très éprouvante. Pour qui n'est pas pénétré de la croyance catholique en la grâce, pour qui n'a pas la foi en un Dieu donnant sens à ce monde-là mais laissant le libre arbitre décider du cours des choses, c'est un film très dur, à la limite du supportable, où nulle bonté, nulle lumière n'existent si ce n'est celles du souffrant. Je n'aime pas cette conception pessimiste, qui se complait dans une souffrance sans révolte, du monde réel. Je n'ai pas aimé ce film malgré ses qualités évidentes (de fluidité, de mise en scène) et sa perfection formelle.
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Les Dames du Bois de Boulogne, Bresson 1945
Les Dames du Bois de Boulogne est une des plus parfaites tragédies psychologiques racontée par le cinéma: une vengeance minutieuse, exécutée froidement (au fil du rasoir) et un amour qui s'impose malgré tout.
Le récit cruel est d'une fabuleuse précision, le réalisateur fait se mouvoir les personnages dans un décor presque abstrait et volontairement impersonnel, jouant ainsi sur une brillante intemporalité. La caméra de Ph. Agostini photographie comédiens et décors sans concession à une prétendue composition artistique, préoccupée uniquement de la fonctionnalité dramatique. Tout est subordonné, musique comprise, à une vision ascétique faisant fi de tout éclat passionnel: la violence est intérieure et les images , comme les dialogues stylisées, d'une élégance rare, en sont les seuls véhicules. C'est un film construit et dirigé d'une main de maître par Bresson et si l'on peut y déceler ça et là de rares baisses de tension il faut se féliciter de cette création intègre, exigeante, lucide dont l'impact dramatique, au sens premier du terme, parvient à minorer ces quelques défauts.
Un film dont les re-visions périodiques n'altèrent jamais chez moi le pouvoir de séduction.
Les Dames du Bois de Boulogne est une des plus parfaites tragédies psychologiques racontée par le cinéma: une vengeance minutieuse, exécutée froidement (au fil du rasoir) et un amour qui s'impose malgré tout.
Le récit cruel est d'une fabuleuse précision, le réalisateur fait se mouvoir les personnages dans un décor presque abstrait et volontairement impersonnel, jouant ainsi sur une brillante intemporalité. La caméra de Ph. Agostini photographie comédiens et décors sans concession à une prétendue composition artistique, préoccupée uniquement de la fonctionnalité dramatique. Tout est subordonné, musique comprise, à une vision ascétique faisant fi de tout éclat passionnel: la violence est intérieure et les images , comme les dialogues stylisées, d'une élégance rare, en sont les seuls véhicules. C'est un film construit et dirigé d'une main de maître par Bresson et si l'on peut y déceler ça et là de rares baisses de tension il faut se féliciter de cette création intègre, exigeante, lucide dont l'impact dramatique, au sens premier du terme, parvient à minorer ces quelques défauts.
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Notez les films naphtalinés (juin 2006)
Pour moi c'est une découverte, c'est même le premier Bresson que je vois et... je me suis un peu endormi en cours de routeKurwenal a écrit :Les Dames du Bois de Boulogne, Bresson 1945
Les Dames du Bois de Boulogne est une des plus parfaites tragédies psychologiques racontée par le cinéma: une vengeance minutieuse, exécutée froidement (au fil du rasoir) et un amour qui s'impose malgré tout.
Le récit cruel est d'une fabuleuse précision, le réalisateur fait se mouvoir les personnages dans un décor presque abstrait et volontairement impersonnel, jouant ainsi sur une brillante intemporalité. La caméra de Ph. Agostini photographie comédiens et décors sans concession à une prétendue composition artistique, préoccupée uniquement de la fonctionnalité dramatique. Tout est subordonné, musique comprise, à une vision ascétique faisant fi de tout éclat passionnel: la violence est intérieure et les images , comme les dialogues stylisées, d'une élégance rare, en sont les seuls véhicules. C'est un film construit et dirigé d'une main de maître par Bresson et si l'on peut y déceler ça et là de rares baisses de tension il faut se féliciter de cette création intègre, exigeante, lucide dont l'impact dramatique, au sens premier du terme, parvient à minorer ces quelques défauts.
Un film dont les re-visions périodiques n'altèrent jamais chez moi le pouvoir de séduction.
Bref pas séduit. Certes beaucoup d'éléments sont remarquables, à commencer par la composition de Maria Casares en "veuve noire" impitoyable, ou encore le mariage qui ressemble à une cérémonie funèbre. Mais l'ensemble me parait terriblement daté (même si c'est une adaptation de Diderot) années 30 mondaines (film de 1945), avec des préoccupations morales d'un autre temps, une sorte de rédemption chrétienne prévisible
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C'est Diderot, c'est tellement plus sage que Choderlos de Laclos...
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Re: Notez les films naphtalinés (juin 2006)
Eusebio Cafarelli a écrit : Pour moi c'est une découverte, c'est même le premier Bresson que je vois et... je me suis un peu endormi en cours de route
Je ne peux pas t'en vouloir, moi je m'endors devant les films japonais.
Je pense que ce n'est absolument pas sur cet élément que le film puisse être jugé ou apprécié...parce que dans ces conditions on trouverait dans une majorité de films naphta des préoccupations (morales ou autres) aujourd'hui dépassées. C'est le travail de Bresson sur le matériau qui me fascine.Eusebio Cafarelli a écrit :avec des préoccupations morales d'un autre temps...
Sur ce point je comprends le reproche mais je n'y adhère pas une seule seconde, les dialogues étant un "personnage à part entière" de ce drame décapant et feutré à la fois. En outre, et c'est personnel, je prends toujours beaucoup de plaisir à ce qui est très écrit, surtout quand c'est aussi bien "en bouche".Eusebio Cafarelli a écrit :je trouve aussi les dialogues de Cocteau, comment dire, beaucoup trop littéraires......
Je ne saisis pas ce que tu souhaites signifier ici.Eusebio Cafarelli a écrit :C'est Diderot, c'est tellement plus sage que Choderlos de Laclos...