The Undertones

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Hank Quinlan
Doublure lumière
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The Undertones

Message par Hank Quinlan »

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Teenage single

Comme d’habitude dans le rock anglais, tout commence par un single. Même après Love me do, My Generation, You’ve really got me, Anarchy in the U.K. ou Boredom, il existe encore une brèche, et les Undertones vont s’engouffrer dedans. The Undertones : un groupe formé en 1975 à Derry (Irlande du Nord) par cinq potes d’à peine 17 ans : les frères O’Neill (guitares), Feargal Sharkey (chant), Michael Bradley (basse) et Billy Doherty (batterie). La brèche : le mouvement punk, dont ils seront la queue de comète (Mickey Bradley : "Bien sûr, un an avant nous avions des cheveux longs nous aussi, mais on a alors vu des photos des Sex Pistols..."). En 1978, le groupe enregistre son premier 45 tours, Teenage kicks, dont le style (guitares punk, mélodie pop, trémolos de Feargal Sharkey) et les paroles ("Are teenage dreams so hard to beat ? / Everytime she walks down the street / Another girl in the neighbourhood / Wish she was mine - she looks so good / I wanna hold you wanna hold you tight / Get teenage kicks right through the night") résument déjà leur premier album à venir. L’enregistrement terminé, ils prévoient de se séparer.

Mr Peel, you’re needed

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Entre alors en scène John Peel, le fameux animateur de la BBC. Quelques mois plus tôt, les Undertones lui ont envoyé leurs maquettes, sans résultat. Mais, en septembre 1978, Peel passe deux fois Teenage Kicks à l’antenne, avant de lâcher ce compliment énorme : "Le meilleur disque de tous les temps" (il n'a pas changé d'avis, puisqu'il a exprimé le désir que cette chanson soit jouée le jour de son enterrement !). Le groupe signe alors un contrat avec le label Sire, et sort son premier disque début 1979. The Undertones est un excellent disque de punk-pop, composé de seize morceaux construits sur le même modèle mais tous très bons, souvent comparés à ceux des Ramones et des Buzzcocks pour ce mélange d’énergie punk et de pop adolescente (Feargal Sharkey : "Au départ nous voulions être un groupe punk, mais en même temps nous ne voulions pas juste faire du bruit, nous voulions que les gens puissent retenir les chansons, les chantent eux-mêmes. Nous avons donc mixé ces influences." ). L’album contient plusieurs morceaux ravageurs (Family entertainment, Male model, Here comes the summer, (She’s a) Runaround) et un titre plus sophistiqué et new-wave, True confessions. Plusieurs singles et faces B grandioses suivent l’album (Really really, Top Twenty, You've got my number (Why don't you use it) et l’étonnant Mars bars, chant d’amour … à la célèbre barre chocolatée !).

Coup double

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En rock, l’épreuve du deuxième album est redoutable, et de nombreux groupes de la fin des années 70 ont trébuché dessus (Television ou Jam par exemple). Seuls deux groupes s’en sont réellement sortis avec les honneurs : le Clash (Give’em enough rope) et les Undertones. A propos de Hypnotised , second album des Irlandais, on pourrait user d’une formule un peu facile : pareil, et en même temps différent. Quelques menus changements : un son plus fin et précis, et un léger élargissement stylistique (See that girl et ses chœurs à la Kinks ; Boys will be boys, dont le son fait un peu penser au Cure première période ; le somptueux Wednesday week, alors le morceau le plus doux du groupe). Mais le groupe continue de creuser le même sillon, comme il le précise ironiquement dès le premier morceau (More songs about chocolate and girls) à ses détracteurs : pas de chansons politiques (Mickey Bradley : "Un livre dit que notre nom vient de l’expression "Undertones of violence". Ah ah."), mais quinze love songs adolescentes à la sauce punk, dont les sommets s’appellent There goes Norman, Whizz kids ou My perfect cousin.

La force tranquille

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Un premier album brouillon et enflammé, un deuxième au son plus tranchant mais aux bases intactes : il ne reste alors plus aux Undertones qu’à sortir leur London calling pour que l’analogie avec les grands frères du Clash (dont ils ont assuré les premières parties en 1979) soit complète. Ce disque, ça sera Positive touch , sorti en 1981 sur un label indépendant que les Undertones viennent de fonder, Ardeck. Comme London calling, cet album constitue une synthèse parfaite de l’énergie des premiers disques et d’une ouverture vers d’autres styles (les musiciens ayant alors des influences des plus variées, de la pop sixties aux groupes garage de la compil’ Nuggets). Le dynamisme du groupe est toujours bien présent sur les jouissif His good looking girlfriend ou It’s going to happen (tous deux joliment rehaussés de cuivres), mais il laisse parfois la place à des ballades ouatées (Julie Ocean, You’re welcome, Sigh & explode, Forever paradise), un dérapage psychédélique (The Positive touch) ou l’intrusion magnifique d’une flûte au beau milieu d’un titre (Hannah Doot). Quatorze titres, un disque parfait de bout en bout, et un des sommets indiscutables du rock des années 80 : pourtant, Positive touch ne connaîtra pas un grand succès, déroutant le public punk du groupe. La chute est proche.

Tout est grâce, même le péché

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Ne reste plus qu’à soigner la sortie. Passionnés par la soul, les Undertones assument complètement cette influence sur leur dernier album, The Sin of Pride, sorti en 1983 : des chœurs féminins omniprésents et deux reprises des Isley Brothers (Got to have you back) et de Smokey Robinson (Save me) voisinent avec des morceaux plus classiquement pop (les superbes Bye bye baby blue ou The Sin of pride), enrichis de clavecin et de claviers. Si l’album n’a plus l’assurance triomphante de Positive touch, il n’en reste pas moins très bon. Mais, cette fois-ci, l’échec commercial est complet. Les Undertones se séparent en juin 1983, victimes d’un complet décalage qui aura au fond duré toute leur carrière. Grand groupe punk né durant l’agonie du punk, grand groupe pratiquant une pop riche et sophistiquée à l’époque de la cold-wave puis des débuts de la vague indie menée par les Smiths, groupe trop modeste ("The Jam et les Buzzocks sont bien meilleurs que nous...") dans une époque d’arrogance. Pour son dernier concert, le groupe doit jouer à Dublin, mais rate son avion et arrive avec deux heures de retard. Le lendemain, un journal titre : “Les Undertones – en retard à leur propre enterrement”.


Quelques liens :

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Un article des Inrocks

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missme
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Message par missme »

j'adore!
POUCHARD
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Message par POUCHARD »

Un groupe plus qu'attachant. En revanche, la carrière solo de Sharkey est loin d'avoir été concluante... Dommage car l'animal a un timbre de voix assez unique.
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Fatalitas
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Message par Fatalitas »

c'est bien des membres de ce groupe qui ont fondés plus tard That petrol emotion ??
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Commissaire Juve
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Message par Commissaire Juve »

J'ai les deux premiers albums ! :P En vinyl, acheté à l'époque de la sortie ! 8) (et aussi en CD... beaucoup plus tard :mrgreen:)

J'ajoute que leur musique a bien mieux vieilli que celle des Buzzcocks ! :?
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Alexandre Angel
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Re: The Undertones

Message par Alexandre Angel »

Juste pour dire que je ne savais pas que Feargal Sharkey était le grand frère de Pierre Palmade.
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Tiens, pour la peine, cette merveilleuse chanson dont je ne me lasse pas

Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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AtCloseRange
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Re: The Undertones

Message par AtCloseRange »

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Re: The Undertones

Message par Commissaire Juve »

Alexandre Angel a écrit : 14 févr. 24, 12:35 le grand frère de Pierre Palmade.
Ah la vache ! :mrgreen:
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