Les Anges de la nuit (Phil Joanou - 1990)
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Les Anges de la nuit (Phil Joanou - 1990)
c'est un film de gangsters sorti en 1990 quelque peu tombé dans l'oubli...
Je m'attendais à un sous-Goodfellas mais j'ai été agréablement surpris.
L'histoire est vraiment bien. On peut difficilement en parler sans déflorer le sujet mais le moins que l'on puisse dire c'est le film joue beaucoup sur les passions et les dilemnes. Le scénario, malgré quelques rebondissements suprenants, a un côté implacable qui rappelle les tragédies classiques. Si j'avais le sens de la formule à la con, j'écrirais que Les anges de la nuit, c'est un peu Shakespeare à Brooklyn. ha bah ça y est, c'est écrit. j'ai donc le sens de la formule à la con
De plus, les acteurs sont vraiment excellents: Sean Penn, Ed Harris, Gary Oldman et Robin Wright. Que du beau monde quoi !
La réalisation (signée par l'illustre inconnu qu'est Phil Joanou) n'est pas géniale mais elle est correcte et aidée par un très joli thème d'Ennio Morricone.
Je finirai en faisant un parallèle avec un autre film avec Sean Penn: Mystic river. Suis-je le seul à trouver un lien entre ces deux oeuvres ou est-ce un délire de ma part?
Je m'attendais à un sous-Goodfellas mais j'ai été agréablement surpris.
L'histoire est vraiment bien. On peut difficilement en parler sans déflorer le sujet mais le moins que l'on puisse dire c'est le film joue beaucoup sur les passions et les dilemnes. Le scénario, malgré quelques rebondissements suprenants, a un côté implacable qui rappelle les tragédies classiques. Si j'avais le sens de la formule à la con, j'écrirais que Les anges de la nuit, c'est un peu Shakespeare à Brooklyn. ha bah ça y est, c'est écrit. j'ai donc le sens de la formule à la con
De plus, les acteurs sont vraiment excellents: Sean Penn, Ed Harris, Gary Oldman et Robin Wright. Que du beau monde quoi !
La réalisation (signée par l'illustre inconnu qu'est Phil Joanou) n'est pas géniale mais elle est correcte et aidée par un très joli thème d'Ennio Morricone.
Je finirai en faisant un parallèle avec un autre film avec Sean Penn: Mystic river. Suis-je le seul à trouver un lien entre ces deux oeuvres ou est-ce un délire de ma part?
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Re: Les anges de la nuit : chouette film
Ancien assistant de Spielberg, qui malheureusement n'a pas confirmé par la suite.Kurtz a écrit :La réalisation (signée par l'illustre inconnu qu'est Phil Joanou)
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- Joshua Baskin
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Re: Les anges de la nuit : chouette film
Oui et puis il est pas si inconnu que ça puisqu'il a notamment réalisé les pas terribles L'affaire Karen McCoy et Sang chaud pour meurtre de sang froid et le bon documentaire U2 Rattle & Hum.Swan a écrit :Ancien assistant de Spielberg, qui malheureusement n'a pas confirmé par la suite.Kurtz a écrit :La réalisation (signée par l'illustre inconnu qu'est Phil Joanou)
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Re: Les anges de la nuit : chouette film
Ah non, c'est un film de Russell Mulcahy.Joshua Baskin a écrit :Oui et puis il est pas si inconnu que ça puisqu'il a notamment réalisé les pas terribles L'affaire Karen McCoy .
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Un film qui n'est absolument pas tombé dans l'oubli, et qui compte pas mal de fans dans ce forum!
Sinon Joanou à fait un excellent 1er film Three O'clock high, un film ado à la réalisation étonnante, et au rythme soutenu. J'en avais parlé dans la rubrique dvd d'aujourd'hui!
Dommage que par la suite...
Sinon Joanou à fait un excellent 1er film Three O'clock high, un film ado à la réalisation étonnante, et au rythme soutenu. J'en avais parlé dans la rubrique dvd d'aujourd'hui!
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Re: Les anges de la nuit : chouette film
C'est vraiment une catastrophe, lorsque Joshua essaye de parler cinéma...Bob Harris a écrit :Ah non, c'est un film de Russell Mulcahy.Joshua Baskin qui n'y connaît que dalle a écrit :Oui et puis il est pas si inconnu que ça puisqu'il a notamment réalisé les pas terribles L'affaire Karen McCoy .
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Salut,
j'adore aussi cet excellent polar, trés classique dans sa trame et sa progression qui fait la part belle auc acteurs et à l'émotion:
State of Grace (1990) est un film qui connut la déveine de sortir la même année que l'un des tout meilleurs polars jamais tournés : Goodfellas de Martin Scorcese (1990). Ce dernier monopolisa, à juste titre, l'attention de tous les cinéphiles qui du coup passèrent à côté du beau film de Phil Joanou.
Si Scorcese nous contait magnifiquement et de façon très novatrice une histoire classique, Joanou a risqué la carte du clacissisme et de la tragédie familiale. Il n'a évidemment pas le talent de Scorcese, mais tire admirablement son épingle du jeu. On suit Terry Noonan (Sean Penn), un flic qui revient dans son ancien quartier (Hell's Kitchen) pour infiltrer le réseau maffieux monté par la famille de son camarade d'enfance Jackie (Gary Oldman). Le frère de ce dernier, Frankie (Ed Harris), en est le "Boss" qui tente de s'allier avec les réseaux italiens, plus puissants. Cette orientation l'obligera à trahir les siens. Terry se trouve pris entre son sens du devoir, son amitié pour Jackie et son amour pour la soeur de ce dernier, Kathleen (Robin Wright).
Sur cette trame conventionnelle, Dennis Mc Intire a su construire un scénario qui fait la part belle aux personnages, à leurs conflits intérieurs, leurs relations. L'équilibre entre les sentiments, l'action et la tragédie est remarquable. Si deux ou trois passages plus faibles en réduisent un peu la portée, la dimension tragique et la profondeur des personnages est peu commune dans un genre maintenant plus enclin à aligner les morceaux de bravoure qu'à exalter les sentiments. Le film évite le piège du statisme grâce à la mise en scène à la fois classique et moderne de P. Joanou. Celui-ci est toujours au plus près de ses personnages et compose des plans magnifiques qui ne glorifient en rien leurs actions (qui sont quasiment toutes repréhensibles).
La scène finale est d'une intensité et d'une violence rare, le tout au ralenti dont le pouvoir émotionnel est renforcé par un montage audacieux. Jordan Cronenweth a signé une photographie splendide qui fait réellement partie de la mise en scène et vient ainsi régulièrement nous éclairer sur l'état d'esprit des personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs le point fort du film, en grande partie grâce à leurs interprètes. Il est rare de trouver un casting aussi bien choisi et homogène. Sean Penn est d'une subtilité étonnante dans un rôle demandant dans lequel il aurait été facile pour lui de cabotiner. Il exprime de façon poignante le dilemme moral de Terry. Gary Oldman est littéralement ahurissant en Irlandais fou, et de plus réussit à laisser percer de la tendresse et de la finesse à travers ce personnage extrême. Ed Harris est parfait en chef dépassé et pitoyable dans son incapacité à résoudre ses problèmes autrement que par la violence et le meurtre.
Un film très injustement méconnu qui mérite absolument une réévaluation. Il s'agit d'un polar efficace et poignant qui choisit la voie de la tragédie, de l'implication du spectateur plutôt que de s'appuyer uniquement sur son intrigue ou ses scènes d'action pour combler le public. Sans être au niveau des plus grands films du genre, il se place très aisément parmi ses réussites incontestables. Il est tout de même à déconseiller aux plus jeunes et aux plus sensibles du fait du côté réaliste de sa violence. Cependant, son aspect tragédie grecque (très réussi) élève largement cette oeuvre au dessus de la masse qui utilise souvent et copieusement la violence pour elle-même, sans qu'elle serve l'histoire, comme c'est la cas ici.
j'adore aussi cet excellent polar, trés classique dans sa trame et sa progression qui fait la part belle auc acteurs et à l'émotion:
State of Grace (1990) est un film qui connut la déveine de sortir la même année que l'un des tout meilleurs polars jamais tournés : Goodfellas de Martin Scorcese (1990). Ce dernier monopolisa, à juste titre, l'attention de tous les cinéphiles qui du coup passèrent à côté du beau film de Phil Joanou.
Si Scorcese nous contait magnifiquement et de façon très novatrice une histoire classique, Joanou a risqué la carte du clacissisme et de la tragédie familiale. Il n'a évidemment pas le talent de Scorcese, mais tire admirablement son épingle du jeu. On suit Terry Noonan (Sean Penn), un flic qui revient dans son ancien quartier (Hell's Kitchen) pour infiltrer le réseau maffieux monté par la famille de son camarade d'enfance Jackie (Gary Oldman). Le frère de ce dernier, Frankie (Ed Harris), en est le "Boss" qui tente de s'allier avec les réseaux italiens, plus puissants. Cette orientation l'obligera à trahir les siens. Terry se trouve pris entre son sens du devoir, son amitié pour Jackie et son amour pour la soeur de ce dernier, Kathleen (Robin Wright).
Sur cette trame conventionnelle, Dennis Mc Intire a su construire un scénario qui fait la part belle aux personnages, à leurs conflits intérieurs, leurs relations. L'équilibre entre les sentiments, l'action et la tragédie est remarquable. Si deux ou trois passages plus faibles en réduisent un peu la portée, la dimension tragique et la profondeur des personnages est peu commune dans un genre maintenant plus enclin à aligner les morceaux de bravoure qu'à exalter les sentiments. Le film évite le piège du statisme grâce à la mise en scène à la fois classique et moderne de P. Joanou. Celui-ci est toujours au plus près de ses personnages et compose des plans magnifiques qui ne glorifient en rien leurs actions (qui sont quasiment toutes repréhensibles).
La scène finale est d'une intensité et d'une violence rare, le tout au ralenti dont le pouvoir émotionnel est renforcé par un montage audacieux. Jordan Cronenweth a signé une photographie splendide qui fait réellement partie de la mise en scène et vient ainsi régulièrement nous éclairer sur l'état d'esprit des personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs le point fort du film, en grande partie grâce à leurs interprètes. Il est rare de trouver un casting aussi bien choisi et homogène. Sean Penn est d'une subtilité étonnante dans un rôle demandant dans lequel il aurait été facile pour lui de cabotiner. Il exprime de façon poignante le dilemme moral de Terry. Gary Oldman est littéralement ahurissant en Irlandais fou, et de plus réussit à laisser percer de la tendresse et de la finesse à travers ce personnage extrême. Ed Harris est parfait en chef dépassé et pitoyable dans son incapacité à résoudre ses problèmes autrement que par la violence et le meurtre.
Un film très injustement méconnu qui mérite absolument une réévaluation. Il s'agit d'un polar efficace et poignant qui choisit la voie de la tragédie, de l'implication du spectateur plutôt que de s'appuyer uniquement sur son intrigue ou ses scènes d'action pour combler le public. Sans être au niveau des plus grands films du genre, il se place très aisément parmi ses réussites incontestables. Il est tout de même à déconseiller aux plus jeunes et aux plus sensibles du fait du côté réaliste de sa violence. Cependant, son aspect tragédie grecque (très réussi) élève largement cette oeuvre au dessus de la masse qui utilise souvent et copieusement la violence pour elle-même, sans qu'elle serve l'histoire, comme c'est la cas ici.
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Re: Les anges de la nuit : chouette film
Bob, effectivement j'ai confonduratatouille qui aime Ice Age a écrit :C'est vraiment une catastrophe, lorsque Joshua essaye de parler cinéma...Bob Harris a écrit : Ah non, c'est un film de Russell Mulcahy.
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Les anges de la nuit (Phil Joanou, 1990)
J'aurais voulu avoir vos avis sur le film Les anges de la nuit (State of grace) réalisé par Phil Joanou et dont le casting est fort interessant : Sean Penn, Ed Harris, Gary Oldman, Robin Wright, John Turturro ...
Synopsis :
Terry Noonan revient apres plusieurs années d'absence dans le quartier de Hell's Kitchen a New York, fief des Irlandais. Il retrouve ses anciens camarades en pleine guerre avec la mafia italienne qui menace la communauté irlandaise. Terry est un fait un policier infiltré. Il va etre dechiré entre sa loyauté pour son vieux quartier et son sens de l'ordre...
FICHE IMDB
TRAILER
Synopsis :
Terry Noonan revient apres plusieurs années d'absence dans le quartier de Hell's Kitchen a New York, fief des Irlandais. Il retrouve ses anciens camarades en pleine guerre avec la mafia italienne qui menace la communauté irlandaise. Terry est un fait un policier infiltré. Il va etre dechiré entre sa loyauté pour son vieux quartier et son sens de l'ordre...
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Salut,
j'ai écrit pour la critique du DVD Zone 1:
State of Grace (1990) est un film qui connut la déveine de sortir la même année que l'un des tout meilleurs polars jamais tournés : Goodfellas de Martin Scorcese (1990).
Ce dernier monopolisa, à juste titre, l'attention de tous les cinéphiles qui du coup passèrent à côté du beau film de Phil Joanou. Si Scorcese nous contait magnifiquement et de façon très novatrice une histoire classique, Joanou a risqué la carte du clacissisme et de la tragédie familiale. Il n'a évidemment pas le talent de Scorcese, mais tire admirablement son épingle du jeu.
On suit Terry Noonan (Sean Penn), un flic qui revient dans son ancien quartier (Hell's Kitchen) pour infiltrer le réseau maffieux monté par la famille de son camarade d'enfance Jackie (Gary Oldman). Le frère de ce dernier, Frankie (Ed Harris), en est le "Boss" qui tente de s'allier avec les réseaux italiens, plus puissants. Cette orientation l'obligera à trahir les siens. Terry se trouve pris entre son sens du devoir, son amitié pour Jackie et son amour pour la soeur de ce dernier, Kathleen (Robin Wright).
Sur une trame conventionnelle, Dennis Mc Intire a su construire un scénario qui fait la part belle aux personnages, à leurs conflits intérieurs, leurs relations. L'équilibre entre les sentiments, l'action et la tragédie est remarquable. Si deux trois passages plus faibles en réduisent un peu la portée, la dimension tragique et la profondeur des personnages est peu commune dans un genre maintenant plus enclin à aligner les morceaux de bravoure qu'à exalter les sentiments.
Le film évite le piège du statisme grâce à la mise en scène à la fois classique et moderne de P. Joanou. Celui-ci est toujours au plus près de ses personnages et compose des plans magnifiques qui ne glorifient en rien leurs actions (qui sont quasiment toutes repréhensibles). La scène finale est d'une intensité et d'une violence rare, le tout au ralenti dont le pouvoir émotionnel est renforcé par un montage audacieux.
Jordan Cronenweth a signé une photographie splendide qui fait réellement partie de la mise en scène et vient ainsi régulièrement nous éclairer sur l'état d'esprit des personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs le point fort du film, en grande partie grâce à leurs interprètes. Il est rare de trouver un casting aussi bien choisi et homogène.
Sean Penn est d'une subtilité étonnante dans un rôle demandant dans lequel il aurait été facile pour lui de se laisser aller à cabotiner. Il exprime de façon poignante le dilemme moral de Terry. Gary Oldman est littéralement ahurissant en Irlandais fou, et de plus réussit à laisser percer de la tendresse et de la finesse à travers ce personnage extrême.
Ed Harris est parfait en leader dépassé et pitoyable dans son incapacité à résoudre ses problèmes autrement que par la violence et le meurtre.
Un film très injustement méconnu qui mérite absolument une réévaluation. Il s'agit d'un polar efficace et poignant qui choisit la voie de la tragédie, de l'implication du spectateur plutôt que de s'appuyer uniquement sur son intrigue ou ses scènes d'action pour combler le public.
Sans être au niveau des plus grands films du genre, il se place très aisément parmi ses réussites incontestables. Il est tout de même à déconseiller aux plus jeunes et aux plus sensibles du fait du côté réaliste de sa violence.
Cependant, son aspect tragédie grecque (très réussi) élève largement cette oeuvre au dessus de la masse qui utilise souvent et copieusement la violence pour elle-même, sans qu'elle serve l'histoire, comme c'est la cas ici.
En gros 100 % conseillé
Stefan
j'ai écrit pour la critique du DVD Zone 1:
State of Grace (1990) est un film qui connut la déveine de sortir la même année que l'un des tout meilleurs polars jamais tournés : Goodfellas de Martin Scorcese (1990).
Ce dernier monopolisa, à juste titre, l'attention de tous les cinéphiles qui du coup passèrent à côté du beau film de Phil Joanou. Si Scorcese nous contait magnifiquement et de façon très novatrice une histoire classique, Joanou a risqué la carte du clacissisme et de la tragédie familiale. Il n'a évidemment pas le talent de Scorcese, mais tire admirablement son épingle du jeu.
On suit Terry Noonan (Sean Penn), un flic qui revient dans son ancien quartier (Hell's Kitchen) pour infiltrer le réseau maffieux monté par la famille de son camarade d'enfance Jackie (Gary Oldman). Le frère de ce dernier, Frankie (Ed Harris), en est le "Boss" qui tente de s'allier avec les réseaux italiens, plus puissants. Cette orientation l'obligera à trahir les siens. Terry se trouve pris entre son sens du devoir, son amitié pour Jackie et son amour pour la soeur de ce dernier, Kathleen (Robin Wright).
Sur une trame conventionnelle, Dennis Mc Intire a su construire un scénario qui fait la part belle aux personnages, à leurs conflits intérieurs, leurs relations. L'équilibre entre les sentiments, l'action et la tragédie est remarquable. Si deux trois passages plus faibles en réduisent un peu la portée, la dimension tragique et la profondeur des personnages est peu commune dans un genre maintenant plus enclin à aligner les morceaux de bravoure qu'à exalter les sentiments.
Le film évite le piège du statisme grâce à la mise en scène à la fois classique et moderne de P. Joanou. Celui-ci est toujours au plus près de ses personnages et compose des plans magnifiques qui ne glorifient en rien leurs actions (qui sont quasiment toutes repréhensibles). La scène finale est d'une intensité et d'une violence rare, le tout au ralenti dont le pouvoir émotionnel est renforcé par un montage audacieux.
Jordan Cronenweth a signé une photographie splendide qui fait réellement partie de la mise en scène et vient ainsi régulièrement nous éclairer sur l'état d'esprit des personnages. Ceux-ci sont d'ailleurs le point fort du film, en grande partie grâce à leurs interprètes. Il est rare de trouver un casting aussi bien choisi et homogène.
Sean Penn est d'une subtilité étonnante dans un rôle demandant dans lequel il aurait été facile pour lui de se laisser aller à cabotiner. Il exprime de façon poignante le dilemme moral de Terry. Gary Oldman est littéralement ahurissant en Irlandais fou, et de plus réussit à laisser percer de la tendresse et de la finesse à travers ce personnage extrême.
Ed Harris est parfait en leader dépassé et pitoyable dans son incapacité à résoudre ses problèmes autrement que par la violence et le meurtre.
Un film très injustement méconnu qui mérite absolument une réévaluation. Il s'agit d'un polar efficace et poignant qui choisit la voie de la tragédie, de l'implication du spectateur plutôt que de s'appuyer uniquement sur son intrigue ou ses scènes d'action pour combler le public.
Sans être au niveau des plus grands films du genre, il se place très aisément parmi ses réussites incontestables. Il est tout de même à déconseiller aux plus jeunes et aux plus sensibles du fait du côté réaliste de sa violence.
Cependant, son aspect tragédie grecque (très réussi) élève largement cette oeuvre au dessus de la masse qui utilise souvent et copieusement la violence pour elle-même, sans qu'elle serve l'histoire, comme c'est la cas ici.
En gros 100 % conseillé
Stefan
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