Ernst Lubitsch (1892-1947)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Eye Of Doom
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)

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So this is Paris
Le mari de l’une s’acoquine avec la femme de l’autre. Ce dernier se ferait bien aussi la premiere.

D’abord levons un mal entendu : il n’y a rien dans le film qui évoque Paris ou la France en dehors du nom des personnages et des lieux.

Ce n’est certes pas un Lubitsch essentiel mais le film est tres plaisant, assez drole et court.
Le scénario tient en deux lignes et c’est donc la forme et la dynamique comique qui compte ici.
Le ton du debut est assez surprenant : on est dans un registre comique pince sans rire, où Lubitsch se fout ouvertement de ses personnages, ridicules par ailleurs.
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On se demande à quoi joue le couple déguisé en mille et une nuit!
On continue la construction infaillible du chateau de cartes de quiproquos, la fuite en avant des protagonistes d’un vaudeville mondain, tout cela mis en scene de main de maitre.
L’interprétation est tres bien.
Les deux actrices jouent avec conviction et charme deux stéréotypes féminins : la femme volontaire, canaille et libre d’un coté, la femme au foyer tendance romantique de l’autre. Chacune des deux ne se laisse faire par son guignol de mari.
Les deux hommes en prennent plein leur grade, ils sont nuls et ridiculisés.
Au dela de la mécanique lubitschienne à l’oeuvre, ce type de film ne peut fonctionner que par la capacité des acteurs à incarner ces personnages superficiels.
Ils et elles s’en acquittent parfaitement, arrivant par touches subtiles à donner vie à ses pantins.
Au coeur du film on a droit à un bal effréné avec concours de charleston. La vulgarité extravagante de l’ensemble est pointée par Lubitsch via l’accumulation de plans de jambes nues gainées de soies, voire d’entrejambes sciemment exhibés par les danseuses.
Je ne peux m’empêcher de rapprocher ce passage de celui, remarquable, du bal dans Maman Colibri de Duvivier, où c’est la dynamique du désir qui est énoncée, pas plus ambiguë sur le fond mais disons plus civilisée.
Chez Sternberg, c’est la dynamique ludique qui l’emporte via les costumes extravagants. C’est la fête.
Ici c’est brut et cash : on abandonne ses oripeaux de civilisation pour l’orgie.

D’ailleurs en y pensant, le couple du debut se met lui même en scène dans l’archetype d’une autre civilisation, non occidentale, et l’affaire tourne court quand on en vient à la question des corps :
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Le mari n’arrive pas à porter sa femme dans ses bras et lui fait remarquer qu’elle est trop lourde. Celle ci n’a aucun problème à le porter et affirme ainsi sa supercherie physique sur lui. Elle vas passer son temps à l’envoyer balader au sens propre.
Cette approché physique du couple se retrouve bien sur dans le burlesque, mais ici l’homme est volontiers séducteur, c’est d’ailleurs la vue de son torse nu qui déclenche l’intrigue. La femme quand à elle n’a rien de la marâtre volumineuse. On aurait du mal à la qualifier de « forte ».

Un petit Lubitsch fort sympathique, on s’ennuie pas !

Bel copie du bluray Grapevine . Merci à eux d’avoir rendu ce film disponible. Bluray dezonné.
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