Jean Grémillon (1898-1959)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Flol
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Re: Jean Grémillon (1898-1959)

Message par Flol »

Alexandre Angel a écrit : 8 nov. 22, 14:03
beb a écrit : 8 nov. 22, 11:56 Seulement 8 pages pour Grémillon sur le forum
Eh tu sais quoi ? Il y a seulement 8 pages aussi pour John Cassavetes
Ils avaient qu'à faire plus de films de super-héros, aussi. :o
beb
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Re: Jean Grémillon (1898-1959)

Message par beb »

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Dernière modification par beb le 30 mars 23, 19:21, modifié 1 fois.
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Thaddeus
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Re: Jean Grémillon (1898-1959)

Message par Thaddeus »

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Gueule d’amour
En même temps que Renoir et juste avant Carné, Grémillon humanise le mythe de Jean Gabin en lui offrant une fragilité, une proximité émotionnelle qu’il aura rarement l’occasion d’exprimer avec une telle latitude durant sa carrière. Glissant de la frivolité à la gravité, mêlant au plus grand réalisme des élans de jeu portés par une authentique poésie, l’acteur trouve ici l’un de ses plus beaux rôles. Mais il ne doit pas faire oublier tout le reste, et notamment les pupilles de chat et le visage acéré de Mireille Balin, la beauté allusive d’une mise en scène qui rend sensible le poids d’une passion tragique, la verve de répliques tour à tour suaves ou vénéneuses, et l’inexorabilité d’une spirale dramatique dictée par le mépris et l’humiliation sociale, dont seules les vertus de l’amitié resteront préservées. 5/6

Remorques
Tourné dans des conditions difficiles au début de la guerre, ce superbe mélodrame se démarque nettement du réalisme poétique en vigueur, échappe aux mythes préfabriqués et compose véritable une tragédie du devoir et du désir. La mer, espace fluide fait de scintillation, d’eau létale, de vent et de nuages, s’y révèle un protagoniste majeur : plus qu’un lieu dramatique, elle est l’expression physique de la continuité matérielle du monde réel. Elle motive de manière très concrète l’évolution d’une intrigue qui se déroule sur deux plans confondus : d’une part un conflit psychologique, le naufrage annoncé d’un couple qui se défait malgré les apparences, d’autre part le dilemme amoureux d’un homme partagé entre deux femmes, et dont la lucidité de s’être aveuglé rejoint la solitude. 5/6
Top 10 Année 1941

Lumière d’été
La Haute-Provence, décor rocailleux, solaire et angoissant. Un couple est installé, un autre arrive. Confrontations, remise en cause, chassés-croisés et allers-retours sentimentaux avec au centre du dispositif un point d’ancrage réaliste qui affirme vigoureusement une lutte des classes : la construction d’un barrage dans les environs, les ouvriers au travail. Règne de la métaphore en action, le film est animé par les soubresauts de la vie, chacun étant confronté à une inadéquation – désir non réciproque, incapacité d’aimer, vision romantique de l’amour ou mort sur la conscience. Malgré les dialogues affectés de Prévert, l’artifice des conventions, il peut se voir comme celui d’une qualité française vaincue sur son propre terrain, progressivement débordée et contaminée par un mouvement plus fort qu’elle. 4/6

Le ciel est à vous
Grémillon a beau s’inspirer de l’exploit authentique d’Andrée Dupeyron, épouse d’un garagiste qui battit en 1937 le record féminin de vol en ligne droite, l’aviation ne reste pour lui qu’un prétexte. Il ne cherche pas à glorifier l’esprit d’aventure, seulement à montrer qu’il convient de posséder une foi hors de soi-même. Le sujet est édifiant, mais la grandeur du film tient à son ton anti-épique, à son approche du quotidien, à sa profonde sympathie pour les natures fortes, défiant le cours du destin même si celui-ci a raison de leur obstination. Annonçant un néoréalisme à la française, parlant en claire parabole du Front populaire défunt et de la victoire à venir, il donne à éprouver la tension invisible entre le matériel et le spirituel et offre un beau rôle à Madeleine Renaud, vibrante, touchante, exaltée. 5/6
Top 10 Année 1944


Mon top :

1. Remorques (1941)
2. Gueule d’amour (1937)
3. Le ciel est à vous (1944)
4. Lumière d’été (1943)

De ces films tournés à une période tourmentée de l’Histoire de France émane l’expression d’un homme de gauche, doté d’un sens social aiguisé et d’une haute conception de la condition humaine. Chants d’amour et d’amitié, de révolution morale et de passion amoureuse, les œuvres de Grémillon comptent parmi les plus belles et poétiques de leur époque.
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