A la plupart de ses films, d'après la deuxième guerre mondiale pour l'essentiel. Crois-tu vraiment, pour prendre un exemple évident, que Ford pensait que l'Irlande telle qu'il la représente dans L'Homme Tranquille, où le Pays de Galles minier de Qu'elle était verte ma vallée (avant l'entrée en guerre des Etats-Unis celui-là) , ne sont pas idéalisés par lui ? Il est parfaitement conscient de leur caractère idéal et du fait qu'ils n'existaient pas ainsi. C'est l'origine de sa mélancolie, et la raison pour laquelle ses films sont si mélancoliques. Et évidemment la vie militaire de tous ses films se passant dans l'armée comme le souligne Jeremy. Une grande partie de la filmographie de Ford porte sur la dialectique entre réalité et légende, dévoilement et idéal, et pas seulement Liberty Valance qui n'est que l'aboutissement de sa réflexion sur le sujet.Supfiction a écrit :A part Liberty Valance qui évoque ce point, à quoi fais-tu référence ?
John Ford (1894-1973)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- n'est pas Flaubert
- Messages : 8464
- Inscription : 19 nov. 05, 15:35
- Contact :
Re: John Ford (1894-1973)
Dernière modification par Strum le 25 févr. 16, 10:11, modifié 1 fois.
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22225
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: John Ford (1894-1973)
Jeremy Fox a écrit : Beaucoup de ses films et notamment La Charge héroïque par exemple, description très "romantisée" (pour mon plus grand bonheur) de la vie militaire.
Cela ne me semble pas si évident que ça (et on ne peut pas dire que ses interviews aident beaucoup ), c'est pour ça que je pose la question.Strum a écrit :Crois-tu vraiment, pour prendre un exemple évident, que Ford pensait que l'Irlande telle qu'il la représente dans L'Homme Tranquille, où le Pays de Galles minier de Qu'elle était verte ma vallée, ne sont pas idéalisés par lui ?
Ce sont les relations humaines (familiales et communautaires parmi les mineurs, les soldats..) qu'il regrette (je ne crois pas qu'il les idéalise) pas la dureté de la vie ou la guerre bien entendu. Pour moi on ne peut pas être mélancolique d'une chose dont on pense qu'elle n'exitait pas.
-
- n'est pas Flaubert
- Messages : 8464
- Inscription : 19 nov. 05, 15:35
- Contact :
Re: John Ford (1894-1973)
Tu confonds nostalgie et mélancolie. Ce sont deux choses différentes. Savoir qu'une chose ne peut pas exister (ou n'existait) mais ne pas pouvoir s'empêcher d'y rêver ou de l'imaginer, c'est la cause précise de la mélancolie en art. Ne pas voir que Ford idéalise, c'est ne pas comprendre son cinéma à mon avis. Et pas besoin d'interview pour Ford (il détestait l'exercice notamment parce qu'il le trouvait superflu et incapable de restituer ce qu'il avait dit par l'image), tout est dit par la mise en scène.Supfiction a écrit :Ce sont les relations humaines (familiales et communautaires parmi les mineurs, les soldats..) qu'il regrette (je ne crois pas qu'il les idéalise) pas la dureté de la vie ou la guerre bien entendu. Pour moi on ne peut pas être mélancolique d'une chose dont on pense qu'elle n'existait pas.
Dernière modification par Strum le 24 févr. 16, 12:13, modifié 1 fois.
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99654
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: John Ford (1894-1973)
En art et dans la vraie vie d'ailleurs. Totalement d'accord avec toi.Strum a écrit : Tu confonds nostalgie et mélancolie. Ce sont deux choses différentes. Savoir qu'une chose ne peut pas exister (ou n'existait) mais ne pas pouvoir s'empêcher d'y rêver ou de l'imaginer, c'est la cause précise de la mélancolie en art. Ne pas voir que Ford idéalise, c'est ne pas comprendre son cinéma à mon avis.
- Supfiction
- Charles Foster Kane
- Messages : 22225
- Inscription : 2 août 06, 15:02
- Localisation : Have you seen the bridge?
- Contact :
Re: John Ford (1894-1973)
Je voulais dire nostalgique oui. Pour ce qui est des causes de la mélancolie je ne m'aventurerai pas sur ce terrain.Strum a écrit :Tu confonds nostalgie et mélancolie. Ce sont deux choses différentes. Savoir qu'une chose ne peut pas exister (ou n'existait) mais ne pas pouvoir s'empêcher d'y rêver ou de l'imaginer, c'est la cause précise de la mélancolie en art. Ne pas voir que Ford idéalise, c'est ne pas comprendre son cinéma à mon avis.Supfiction a écrit :Ce sont les relations humaines (familiales et communautaires parmi les mineurs, les soldats..) qu'il regrette (je ne crois pas qu'il les idéalise) pas la dureté de la vie ou la guerre bien entendu. Pour moi on ne peut pas être mélancolique d'une chose dont on pense qu'elle n'existait pas.
On peut ressentir le cinéma de Ford et l'aimer (c'est mon cas, je précise au cas où) sans l'intellectualiser. Heureusement pour ces films d'ailleurs, car dans le cas contraire il n'y aurai qu'une poignée de spécialistes pour les apprécier aujourd'hui (et pas que pour leur esthétique).
L'idéalisation du monde qu'il décrit tout le monde la voit. Mais dire que Ford "sait que ce n'est pas la réalité" et donc en quelque sorte qu'il ne croit pas à ce qu'il montre c'est autre chose. C'est une prise de distance qui ne saute pas forcement aux yeux à la simple vision du film. C'est bien d'ailleurs pour cela que beaucoup de spectateurs d'aujourd'hui font un rejet (partiel ou total) vis à vis de ces films.
Pour ma part je cherche toujours à comprendre, d'où ma question.
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 14078
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: John Ford (1894-1973)
J'ai du mal à intégrer qu'on puisse abhorrer John Ford. Qu'il laisse indifférent, ça, je le conçois plus du fait de la nature de son cinéma, qui est contemplative (donc potentiellement "chiante") ou d'un humour tellement connoté (la truculence irlandaise potentiellement lassante) que je peux juste imaginer que l'on ne s'y plaise pas forcément, que l'on ne s'y régale pas. Mais rejeter, dénigrer ou dézinguer (suivez mon regard!), je ne le comprends pas. Comme je ne le comprendrais pas s'agissant de Charlie Chaplin.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Re: John Ford (1894-1973)
Euh je ne vois pas en quoi on pourrait ne pas détester. Perso je déteste L'Homme qui tua Liberty Valence ... (et ce d'autant plus que c'est considéré comme un chef d'oeuvre, alors que je n'ys vois qu'un gros navet). Bon j'aime beaucoup La Prisonnière du désert ...
Et je n'ose regarder La Charge héroïque ... car il y a ça ( et ça va me donner des envies de balancer ma télé par la fenêtre ) :
Donc évidemment qu'on peut détester.
Et je n'ose regarder La Charge héroïque ... car il y a ça ( et ça va me donner des envies de balancer ma télé par la fenêtre ) :
Donc évidemment qu'on peut détester.
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99654
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: John Ford (1894-1973)
Quoi ça ? Par curiosité, qu'a t'elle cette image qui puisse autant te défroisser ? C'est pour moi l'une des plus belles scènes du cinéma.
Liberty Valance, un navet. Bon.
Liberty Valance, un navet. Bon.
- Alexandre Angel
- Une couille cache l'autre
- Messages : 14078
- Inscription : 18 mars 14, 08:41
Re: John Ford (1894-1973)
Là, tu es assez désarmant.Cololi a écrit :Euh je ne vois pas en quoi on pourrait ne pas détester. Perso je déteste L'Homme qui tua Liberty Valence ... (et ce d'autant plus que c'est considéré comme un chef d'oeuvre, alors que je n'ys vois qu'un gros navet). Bon j'aime beaucoup La Prisonnière du désert ...
Et je n'ose regarder La Charge héroïque ... car il y a ça,( et ça va me donner des envies de balancer ma télé par la fenêtre ) :
Donc évidemment qu'on peut détester.
Tout est possible, la preuve...On peut détester aussi l'œuvre de Leonard de Vinci, les travaux d'Albert Einstein ou le Grand Canyon. Bon...mais ça va limiter les échanges
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99654
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: John Ford (1894-1973)
J'ai compris ; tu n'as pas vu le même film mais un remake provincialCololi a écrit : Perso je déteste L'Homme qui tua Liberty Valence ....
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: John Ford (1894-1973)
Jeremy Fox a écrit :J'ai compris ; tu n'as pas vu le même film mais un remake provincialCololi a écrit : Perso je déteste L'Homme qui tua Liberty Valence ....
Re: John Ford (1894-1973)
Concernant cette image, si elle m'empêche de voir le film, c'est qu'elle semble symboliser tout ce qui m'horripile au cinéma : le nian-nian (studio semble t-il) le plus achevé.Jeremy Fox a écrit :Quoi ça ? Qu'a t'elle cette image qui te décroisse autant ? Est pour moi l'une des plus belles scènes du cinéma. Liberty Balance, un navet. Bon.
Et concernant Liberty Valance, je sais, oui, je suis presque seul à penser que c'est un navet (je veux dire par là que ça ne peut mettre mal à l'aise que moi du coup)
Je voulais juste dire, que si on peut détester (comme n'importe quel cinéaste ... même les plus consensuels en apparence)
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99654
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: John Ford (1894-1973)
Vois le et on en reparle. Cette scène n'a rien de gnangnan ; elle ferait verser des larmes aux plus endurcis... même si c'est devant une des toiles peintes les plus belles qui soit. Après je conçois qu'on puisse détester ; ce fut bien le cas de Johell.Cololi a écrit : Concernant cette image, si elle m'empêche de voir le film, c'est qu'elle semble symboliser tout ce qui m'horripile au cinéma : le nian-nian (studio semble t-il) le plus achevé.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24145
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: John Ford (1894-1973)
Ce n'est pas du tout le genre de qualificatif qui me vient à l'esprit quand je vois la Charge Héroïque. Juger un film sur une image, ça me semble un peu incongru d'ailleurs.Cololi a écrit :Concernant cette image, si elle m'empêche de voir le film, c'est qu'elle semble symboliser tout ce qui m'horripile au cinéma : le nian-nian (studio semble t-il) le plus achevé.Jeremy Fox a écrit :Quoi ça ? Qu'a t'elle cette image qui te décroisse autant ? Est pour moi l'une des plus belles scènes du cinéma. Liberty Balance, un navet. Bon.
(remarque, il fut un temps ou un forumeur notait des films sur leur bande annonce... )
Re: John Ford (1894-1973)
J'ai quand même l'intention de regarder un jour le film. Au moins parce que dans le western classique technicolor, l'image (sauf celle là ) le fait rêver ... (c'est le scénério et les dialogues qui en général me font fuir).Jeremy Fox a écrit :Vois le et on en reparle. Cette scène n'a rien de gnangnan ; elle ferait verser des larmes aux plus endurcis... même si c'est devant une des toiles peintes les plus belles qui soit.Cololi a écrit : Concernant cette image, si elle m'empêche de voir le film, c'est qu'elle semble symboliser tout ce qui m'horripile au cinéma : le nian-nian (studio semble t-il) le plus achevé.
Pour revenir au sujet : non Ford n'est pas "neutre" (ce qui est plutôt un compliment dans ma bouche), et donc on peut ne pas du tout aimer.