LA MAISON DE BAMBOU
Bon polar que je viens de terminer et qui m'étonne encore par différents aspects. Le plus surprenant venant de cette nonchalence, de ce rythme si lent pour un film policier. En effet ici on prend son temps, on ne court pas tout le temps partout (il y a quelques scènes d'actions, mais rares). C'est d'autant plus étrange que l'intrigue est très prenante et qu'on ne s'ennuie jamais. C'est une façon de faire le polar plutôt parallèle mais efficace.
C'est aussi un polar de jour. L'image est très lumineuse et le contexte japonais très présent renforce l'originalité du sujet. Sans aller très loin dans les descriptions des traditions japonaises, elles sont montrées ici de façon illustrative mais respectueuse. Le quotidien au japon est montré de façon très réaliste, très détaillée (par ces illustrations de traditions, entre autres). La sous-intrigue romanesque est aussi relativement passionnante et les quelques scènes intimistes prouvent que Fuller savait mettre en scène autre chose que la violence. Le final me fait penser aux films d'Hitchcock de l'époque avec ces monuments gigantesques (ici c'est un globe géant dans une fête foraine).
Un petit point que j'ai repéré mais qui n'engage à rien (car je peux me tromper):
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Stack dit à un moment soupçonner Robert Ryan d'être un général (à moins qu'il parle de son autorité, je ne sais plus). Si c'est le cas, c'est très intéressant car Ryan fait deux grosses erreurs de jugement. La première concerne la jeune japonaise qui a été surprise dans un hotel avec un autre homme occidental. Plutôt que de soupçonner un complot, l'attirance de Robert Ryan vers Stack va lui faire penser qu'elle a un autre amant. Ainsi la couverture policière n'est pas découverte. 2e boulette: Ryan tue son bras droit, Griff, pensant qu'il est le traitre alors que c'est Stack. En plus de tout ça, Ryan dit à un moment "j'ai toujours raison". On pourrait y voir, en cherchant loin , une critique de l'armée américaine trop sûre d'elle même et qui ne voit pas ses erreurs.
Il y a plus certainement une réflexion à chercher à propos de ces américains (peut-être militaires si Ryan en a été un) qui viennent exploiter un pays faible, en reconstruction (le Japon), par des manoeuvres peu honnêtes.
Pour une fois, dans les bonus de Brion, j'ai appris des choses. Notamment que c'est le remake de LA DERNIERE RAFALE de William Keighley (découvert au cinéma de minuit il y a quelques années, et que je dois bientôt revoir en dvd).
Master absolument somptueux proposé par Carlotta. En plus d'un Scope énorme, le télécinéma est splendide, rendant justice aux belles couleurs japonaises. Définition précise et contrastes bien gérés. Une réussite tout simplement.