Robert Siodmak (1900-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Ann Harding a écrit :Voilà une oeuvre empesée au possible et terriblement mal jouée par Peck qui est figé comme une bûche.... :? Aucun des personnages ne prend vie face à la caméra à part pour quelques instants, Ethel Barrymore. Quand on a une distribution royale avec Walter Huston, Ethel Barrymore, Melvyn Douglas, Gregory Peck, Ava Gardner & Agnes Moorehead...c'est vraiment dommage!!!
Je vais prêcher pour ma paroisse, mais ce jeu "figé" ne me choquerait pas à priori puisque ces personnages sont comme robotisés dès qu'ils entrent dans le monde du jeu. Ils perdent tout sens commun, seulement guidés par leur instinct primitif pour le jeu. On pourrait presque dire (pour rejoindre tes arguments) qu'ils ne sont plus vivants, comme des zombies...
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Mais, je ne crois pas que ce jeu 'figé' soit le résutat d'une intention particulière du metteur en scène. Il est bien plutôt le résultat d'un remontage et surtout d'un scénario mal construit qui ne permet pas aux personnages de vivre ni d'évoluer....
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Mollenard
j'avais un peur de tomber sur film d'aventures exotique viellot au vu des premières scènes, je me suis retrouvé devant un un petit bijou d'un pessimisme absolu, tellement noir et desespéré que la dernière demi-heure en devient presque éprouvante de douleur et de cruauté.
Harry Baur magnifique dans le rôle d'un capitaine coupé de son univers qui n'attend que la mort et l'ambiance ( poisseuse des ports ; claustrophobique une fois en France ) font de ce Mollenard une merveille
à éviter les jours de déprime.

Les rats
C'est tout aussi sombre mais j'ai moins accroché en partie du à l'interprêtation de Maria Schell capable ici du meilleur comme du pire. Bien sur le rôle s'avère trés délicat mais malgré quelques moments ( notament la première scène ), elle a du mal a transmettre avec crédibilité l'évolution du personnage. Elle n'est malheureusement pas la seule fautive du semi-ratage de ces rats qui traine a aller à l'essentiel tout en faisant l'impasse sur des points importants pour mieux faire avaler la pillule à un happy-end du plus mauvais effet.
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Jihl
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Message par Jihl »

Watkinssien a écrit :
Nestor Almendros a écrit :LES TUEURS

Excellente redécouverte.

L'introduction marque, impressionne, par sa tension, son suspense. On est scotchés dès le départ. Le film est très bien (de)structuré et utilise au mieux les procédés de flashbacks, sans jamais perdre le spectateur. Quelle bonne idée, également, de substituer le traditionnel détective par cet agent d'assurance. Un petit côté original qui ajoute peut-être en réalisme. Siodmak excelle dans le visuel, le rythme. Je me souviens encore de ce surprenant plan séquence du hold up, par exemple.

Beau casting également, avec un Lancaster extrêmement efficace et surtout très convaincant dans ses gros plans (qui m'ont plus impressionné que ses textes). Ava Gardner, belle de sa pleine jeunesse, est vénéneuse à souhait dans ce récit décidément très prenant.

Après avoir découvert récemment BRUTE FORCE et THE NAKED CITY, je continue d'explorer la filmographie du producteur Mark Hellinger, au palmarès ponctué de quelques classiques.

Je commence à peine à parcourir les bonus de cette belle édition Carlotta. Un régal...
+1 ! Un des plus beaux films noirs des années 40 (et y en a eu des beaux), où la maîtrise de Siodmak est incontestable ! Et Ava, madre de dios ! :twisted: :twisted:
Dans l'ensemble, c'est un très bon film avec une des plus belles scènes d'ouverture que je connaisse. La tension crée au départ est énorme, mais je trouve que le film paye alors un peu sa construction scénaristique en flash back répétés qui coupent la tension comme peut le faire par exemple une voix off. Le film repose alors beaucoup sur un scénario parfois un peu lourd, des mouvements d'appareils souvent brillants, une interprétation pas si bonne que celà (Edmond o'Brien est assez monolithique et Ava Gardner est surtout très belle, Lancaster un peu caricatural dans son jeu) et la fin n'est pas au niveau du début (euphémisme). Reste quelques très belles scènes, d'excellents seconds rôles, une magnifique photo et une très belle musique.
Donc globalement c'est évidemment à découvrir, mais je trouve le film un peu hétérogène et légèrement surcôté par rapport à sa réputation.6.5/10
Dernière modification par Jihl le 13 déc. 09, 12:01, modifié 2 fois.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Je pense que sa "position" dans le genre n'est pas usurpée par rapport à l'application esthétique des codes qui ont été mis en oeuvres dans les fleurons qui le précèdent. Siodmak prend les "leçons" de Wilder, de Welles, de Hawks ou encore de Preminger pour forcer les particularités dramaturgiques de l'oeuvre, comme son début intrigant et les personnages plus en représentation qu'en véritables êtres humains.
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Message par Jihl »

Watkinssien a écrit :Je pense que sa "position" dans le genre n'est pas usurpée par rapport à l'application esthétique des codes qui ont été mis en oeuvres dans les fleurons qui le précèdent. Siodmak prend les "leçons" de Wilder, de Welles, de Hawks ou encore de Preminger pour forcer les particularités dramaturgiques de l'oeuvre, comme son début intrigant et les personnages plus en représentation qu'en véritables êtres humains.
Ce qui me gêne un peu dans Les Tueurs, c'est ce manque d'humanité et d'émotion qui vient selon moi du fait que les personnages sont des archétypes. Mais il ne me semble pas que le film noir impose celà dans sa définition, au hasard The asphalt Jungle, The big heat ou Les Forbans de la nuit me semblent avoir des personnages plus complexes, moins caricaturaux.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Jihl a écrit :
Watkinssien a écrit :Je pense que sa "position" dans le genre n'est pas usurpée par rapport à l'application esthétique des codes qui ont été mis en oeuvres dans les fleurons qui le précèdent. Siodmak prend les "leçons" de Wilder, de Welles, de Hawks ou encore de Preminger pour forcer les particularités dramaturgiques de l'oeuvre, comme son début intrigant et les personnages plus en représentation qu'en véritables êtres humains.
Ce qui me gêne un peu dans Les Tueurs, c'est ce manque d'humanité et d'émotion qui vient selon moi du fait que les personnages sont des archétypes. Mais il ne me semble pas que le film noir impose celà dans sa définition, au hasard The asphalt Jungle, The big heat ou Les Forbans de la nuit me semblent avoir des personnages plus complexes, moins caricaturaux.
Mais les films que tu cites sont postérieurs au film de Siodmak !
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Message par Jihl »

Watkinssien a écrit :
Jihl a écrit : Ce qui me gêne un peu dans Les Tueurs, c'est ce manque d'humanité et d'émotion qui vient selon moi du fait que les personnages sont des archétypes. Mais il ne me semble pas que le film noir impose celà dans sa définition, au hasard The asphalt Jungle, The big heat ou Les Forbans de la nuit me semblent avoir des personnages plus complexes, moins caricaturaux.
Mais les films que tu cites sont postérieurs au film de Siodmak !
Mais, je ne dis pas le contraire, je dis juste que ces films là appartiennent au genre film noir et que je préferre leur point de vue plus nuancés sur les personnages. C'est tout.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Non, c'est juste par rapport à ce que tu pensais, que le "film noir n'impose pas [ce que j'ai dit] dans sa définition"

Et je prenais des exemples forcément antérieurs au film de Siodmak, pour montrer sa place au panthéon des films noirs.

Après il est vrai que le film de Huston lui est supérieur, par exemple ! :wink:
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Message par Jihl »

Watkinssien a écrit :Non, c'est juste par rapport à ce que tu pensais, que le "film noir n'impose pas [ce que j'ai dit] dans sa définition"

Et je prenais des exemples forcément antérieurs au film de Siodmak, pour montrer sa place au panthéon des films noirs.

Après il est vrai que le film de Huston lui est supérieur, par exemple ! :wink:
Ok, j'ai compris :wink:
frédéric
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Message par frédéric »

LES RATS

Un mélo honnête et pas du tout déshonorant. C'est pas le meilleur Siodmak, mais le film vaut effectivement par le jeu de Maria Schell, Jürgens et des autres acteurs.
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siodmak

Message par sebastien »

j'ai raté "un acte d'amour" sur fr3.
quelqu'un sait il comment se procurer une copie?
frédéric
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Message par frédéric »

L'AFFAIRE NINA B

Une curiosité ce film qui part un peu dans tous les sens et mélange plusieurs genres. C'est pas inintéressant, mais bizarre et je suis resté un peu sur ma fin. On sait pas trop ce que devient le chauffeur, le personnage principal du film.
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Cobra Woman de Robert Siodmak (1944)
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Film assez atypique dans la carrière de Siodmak (destiné à montrer patte blanche et son savoir faire aux studio) et qui vaut surtout pour son raffinement visuel : technicolor somptueux, magnifique décors kitsch rococo, superbes effets speciaux notamment les matte paintings de toutes beautés... A côté de ça le tout est un peu entaché par une intrigue de serial un peu passe partout, une interprétation anecdotique (Maria Montez aussi belle que son jeu est catastrophique, Jon Hall insipide en héros, seul Sabu surnage grâce à son charisme et sa bonne humeur) le tout dans l'ensemble assez gentillet et propret (malgré quelques éclairs de sadisme) destinant le film plutot aux enfants. Ca a le mérite d'être court et de dégager une naïveté et une candeur pas désagréable non plus. 3/6
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

PHANTOM LADY

La 1ère moitié m'a bien plu. Malgré une intrigue qui prend le temps de s'installer, une fois que c'est en place c'est assez agréable à suivre, notamment quand l'accusé retrouve ses témoins et que ceux-ci nient l'avoir vu avec une femme.

Malheureusement j'ai un peu déchanté dans la 2e moitié. Cela concorde à peu près avec l'apparition de Franchot Tone. Peut-être était-ce une déception vis à vis de l'intrigue, en tout cas j'ai clairement senti jusqu'à la fin du film un rythme très bancal, un jeu des comédiens parfois approximatif ou "too much" (la belle héroine ne m'a pas parue si convaincante quand elle se déguise en pépée pour aller draguer le batteur, par exemple, ou bien ce flic que j'ai trouvé d'abord peu crédible, et ce dès sa 1ère scène: il se fait allumer son cigare par un tiers, je l'ai vraiment pris pour un caid dans les premières secondes), de trop longues scènes de dialogue, ajouté à une certaine tendance à faire la pose, de temps en temps. Je précise aussi que le manque de musique se fait grandement sentir sur la fin, ajoutant encore dans l'impression d'un manque de rythme de certaines scènes.
C'est mon impression, je sais que certains ici ont beaucoup plus apprecié que moi, mais j'ai quand même pris un certain plaisir.

Notamment grâce aux effort de Siodmak, en particulier dans le visuel. C'est très riche de ce côté-là et on sent vraiment une volonté d'habiller du mieux possible un scénario honnête mais pas génial pour le rendre encore plus attractif. Je note, par exemple, le petit boeuf de jazz quand l'héroine suit le batteur dans une sorte de cave pour jouer de la musique. L'ambiance est très bizarre, oppressante et nerveuse (les plans du batteur excité aux yeux exorbités). C'est un brusque sursaut, assez unique dans le film.

Je me permets de poster les avis de camarades "Dame Tartiniens" glanés ici et là:
AtCloseRange (le 20 août 2007) a écrit :Phantom Lady - Robert Siodmak
Un film noir comme je les aime. Esthétiquement splendide avec son noir et blanc contrasté (la filature du barman, la scène de la répétition de jazz avec un Elisha Cook en "transe" sont un vrai régal pour les yeux) avec pas mal d'humour, de mystére et une héroïne que je ne connaissais pas mais qui vient de rentrer dans mon panthéon cinéphilique, la très belle (et convaincante) Ella Raines.
Il faut vraiment que je me penche sur le reste de la filmo de Siodmak dont je n'ai vu que Les Tueurs et Le Joueur (un peu en-dessous quand même).
Joe Wilson (le 16 avril 2007) a écrit :Un très bel exercice de style, adapté de William Irish. L'intrigue n'est évidemment que prétexte et le happy-end final s'avère bien prévisible et convenu....Siodmak s'attache à nouer une ambiance poisseuse de mystère et d'étrangeté, dans un style qui doit logiquement beaucoup à l'expressionnisme allemand et au cinéma muet. Les personnages sont avant tout des ombres silencieuses et fascinantes cheminant dans une ville obscure et inquiète. Le travail sur la lumière est également une belle réussite à travers des contrastes marqués qui ne font que renforcer l'expression dramatique.
Les archétypes du film noir sont nombreux, du psychopathe raffiné et manipulateur aux femmes fatales, en passant par les piteux hommes de main. Mais Siodmak détourne souvent cette imagerie, notamment avec l'ambiguité des trois principaux personnages féminins, qui semblent représenter un écho permanent...et la remarquable fadeur de l'apparent héros, qui se révèle finalement n'être qu'un pion du film, contribue à cette séduction troublante.
Si Siodmak joue finalement sur un faux-suspense et désamorce toute surprise aux deux-tiers du film, c'est pour mieux insister sur des détails apparemment secondaires, empruntant des voies de traverse pour tisser un objet plastique d'une grande maîtrise.
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