John Sturges (1910-1992)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Jeremy Fox »

Lord Henry a écrit :
Personnellement, chaque fois que l'on évoque ce cinéaste, je ne puis qu'inviter à se pencher sur ses premières années à la Columbia et la MGM, où se nichent ses meilleures réalisations, dont celle-ci:
Je ne connais pas assez son début de carrière mais le peu que j'en ai vu m'a effectivement beaucoup plu.

Watkinssien, mise en scène contemplative pour les 7 mercenaires, ne penses tu pas que paresseuse soit un terme plus approprié car je ne pense pas que Sturges ait voulu faire du Ozu :mrgreen: :wink:
homerwell
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par homerwell »

Watkinssien a écrit : C'est drôle, je l'ai revu récemment aussi et je te trouve très dur !

La mise en scène de Sturges est exemplaire, plastiquement le film ne cherche pas une certaine originalité mais témoigne d'un sens du cadre qui a souvent fait la force du cinéma de Sturges.D'ailleurs pour l'anecdote, Kurosawa avait beaucoup apprécié le "remake" de ses Sept Samouraïs et je suis d'accord pour dire que le film donne au genre une certaine "ritualisation" qui préfigurera les westerns italiens de Leone.
Que ce soit la caractérisation des personnages, les séquences d'action, le respect de l'œuvre originale sans oublier la mise en scène contemplative et indéniablement efficace de Sturges, je considère The Magnificent Seven comme un grand western et il suffit de voir ses suites pour se rendre compte des nombreuses qualités de ce film.
Je plus plus... Il faut citer la musique aussi...
Et dans les suppléments du dvd, il y a un commentaire qui parle d'un excès de testostérones dans chaque plan. Cette galerie de tronches qui prend la pose, pistolet à la hanche, pour un oui ou pour un non, c'est carrément jubilatoire ! 8)
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Jeremy Fox
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Jeremy Fox »

homerwell a écrit :
Je plus plus... Il faut citer la musique aussi...
Et dans les suppléments du dvd, il y a un commentaire qui parle d'un excès de testostérones dans chaque plan.
La musique (superbe signée Elmer Bernstein) pourrait effectivement nous faire croire à cet excès de testostérones mais pour le reste je trouve au contraire qu'il en manque un peu de partout (excepté aussi chez les acteurs qui jouent bien le jeu même si Eli Wallach m'agace pas mal). Bref, ce n'est pas demain que nous serons d'accord sur ce film que par ailleurs je suis loin de trouver mauvais non plus ; juste moyen :wink:
homerwell
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par homerwell »

Oui, mais j'ai bien écrit que ce sont les acteurs qui font monter le taux de testostérones, pas la musique. La difficulté pour Sturges a justement été de garder la main sur son film en dirigeant une telle armée de personnalités. Cela donne un film qui a les défauts de ces qualités, moi je n'en garde que les bons côtés, la fausse nonchalance, les chapeaux portés sur les yeux, les poses de crâneurs, la défense de la veuve et de l'orphelin... :wink:
Dernière modification par homerwell le 12 juin 09, 18:37, modifié 1 fois.
Julien Léonard
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Julien Léonard »

Revu Les sept mercenaires ce matin :

Je rectifie quelque peu mon jugement. Car c'est un bon western, relativement bien construit, avec une distribution plus que quatre étoiles... Mais pour ma part, je trouve que cela aurait pu être mieux. Steve McQueen est cool, oui... Et Yul Brynner a un sacré charisme. Les cinq autres mercenaires ont de la gueule, on ne va pas aller chercher les défauts là-dessus non plus. Reste un Eli Wallach too much... C'est bizarre, je le trouve bien, mais sans plus. Sturges compose de belles scènes d'action et façonne bien la dramaturgie de son récit, mais que l'on est loin de Règlement de comptes à OK Corral et Le dernier train de Gun Hill ! Le duo Lancaster-Douglas dans le premier, ou le duo (antagoniste) Douglas-Quinn dans le second, dégage plus d'énergie que les sept mercenaires réunis au grand complet. Pour moi qui ne l'avais pas vu depuis quelques années, la magie s'est en partie envolée, emmenant avec elle le souvenir de perfection que j'en avais. Et la musique de Bernstein est belle... mais, je sens que je vais me faire tirer dessus, je préfère ses compositions pour The scalphunters, The sons of Katie Elder ou encore Big Jake. En l'état, cela reste pour moi un bon film, un bon western, avec un joli lot de qualités (le casting, la reprise d'un excellent scénario, l'action efficace) et également un certain lot de défauts (l'ombre du Kurosawa plane dangereusement au-dessus, nettement supérieur à tout point de vue, la testostérone trop forcée -du genre à qui pissera le plus loin- et qui, malheureusement depuis que j'ai vu le documentaire sur le film, me saute aux yeux de façon artificielle...). Certains gestes des deux têtes d'affiches me paraissent par ailleurs un peu forcés, comme si l'on assistait un peu à un concours de qui aura la petite idée en plus la plus remarquable (cf la séquence du corbillard)... Mais je serais bien injuste de relever ceci afin d'en rajouter gratuitement, tant le film demeure un classique qui, sans aucun doute, mérite sa place d'une certaine manière. Un peu déçu, oui, mais pas trop quand même. Du coup, si je le revois prochainement, j'y prendrais peut-être un peu plus de plaisir, maintenant que le film est plus frais dans mon esprit et que je m'attend à ne pas retrouver l'extrême maitrise de plusieurs autres films de Sturges. :)
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Jeremy Fox
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit : Et la musique de Bernstein est belle... mais, je sens que je vais me faire tirer dessus, je préfère ses compositions pour The scalphunters, The sons of Katie Elder ou encore Big Jake.
Pas par moi en tout cas car même si elle est d'une belle efficacité, ma préférence va aussi à celles que tu cites (sauf Big Jake qui ne me revient pas en tête) notamment le thème entêtant et entrainant de Katie Elder.

Sinon ton avis rejoint en gros ce que j'en pense. Idem pour la grande évasion que j'adorais étant plus jeune.
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par O'Malley »

J'ai durant quelques précédentes visions eu le même avis mitigé que vous sur Les sept mercenaires, avis dementi depuis une dernière vision, l'été dernier.
Ce qui m'a le plus frappé, outre la science du cadre toujours intact de Sturges qui, je trouve, utilise merveilleusement les splendides paysages mexicains, c'est la modernité de l'ensemble, qui rompt avec le syle qui a empreint le genre jusuqu'alors: ambiance décontractrée qui participe à la venue d'un héros nouveau genre, "cool attitude" (à rapprocher avec le médiocre L'inconnu de Las Vegas de Lewis Milestone tourné la même année), le fait qu'il n'y ait plus un ou deux personnages principaux mais un collectif d'individus, bénéficiant tous d'une gueule et d'une caractérisation prononcée (qui plus est, annonce toute la fine fleur des durs à cuire américains des années 60 et 70), musique d'Elmer Bernstein totalement moderne et utilisation de cette musique assez innovante par Sturges (dans la manière de jouer sur le rythme d'une séquence par exemple). Et puis le film influence assez fortement il me semble La horde sauvage de Pekinpah avec ce groupe d'individus qui doivent défendre un village qui subit le joug de la force : la manière dont Sturges et son scénariste jouent sur les différentes implications morales, interrogeant finalement dans la même direction le spectateur sur la notion d'engagement, n'hésitant pas à flirter avec le cynisme, annonce le film de Peckinpah.
Les sept mercenaires est donc incontournable, pour ma part. :wink:
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par someone1600 »

J'avais bien appricié quand je l'ai vu, mais la vous me faites peur... enfin, j'ai tellement de films a voir que ca ira dans longtemps avant que je revois celui-la... :roll:
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Watkinssien
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Watkinssien »

someone1600 a écrit :J'avais bien appricié quand je l'ai vu, mais la vous me faites peur... enfin, j'ai tellement de films a voir que ca ira dans longtemps avant que je revois celui-la... :roll:
Ah non, n'aie pas peur, c'est définitivement un grand film !
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Dominique
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Dominique »

Les films de Sturges (John) me font aimer les westerns barillas ... :shock:
Jean Itard
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Jean Itard »

Agréable redécouverte de Règlement de comptes à O.K. Corral, dont je n'avais plus que très vagues souvenirs.

J'avouerais tout de même quelques réserves sur la longueur un peu excessive du film, qui mise beaucoup sur l'attente...

Une attente amplement récompensée malgré tout, car le final, soutenu par la musique de Tiomkin, est passionnant. Je garde en tête l'image puissante des frères Earp avançant en rang, accompagnés de Doc Holliday et bravant la mort... :D


Découverte aussi d'Un homme est passé, servi par une excellente distribution, et d'une efficacité totale. Un très bon moment de cinéma !
someone1600
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par someone1600 »

Watkinssien a écrit :
someone1600 a écrit :J'avais bien appricié quand je l'ai vu, mais la vous me faites peur... enfin, j'ai tellement de films a voir que ca ira dans longtemps avant que je revois celui-la... :roll:
Ah non, n'aie pas peur, c'est définitivement un grand film !
Un jour... lol. D'autant que j'ai le vieux dvd MGM widescreen mais dans un cadre 4:3... par contre je crois avoir downloader un HDTV rip de ce film... faudrait que je trouve... :roll:
Jean Itard
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Jean Itard »

Découverte ce matin du Trésor du pendu, une réalisation solide et une très agréable surprise.

L'interprétation est convaincante, en particulier Widmark, qui parvient à ne pas verser dans la caricature. Le scénario, somme toute très classique, est enrichi par des dialogues assez percutants et fort bien écrits, qui n'excluent pas l'humour.
La réalisation de Sturges prend son temps dans une première partie et sait être contemplative, accompagnant ses personnages de mouvements de grue discrets. Puis, le montage devient nerveux et rythmé. Tout cela est très bien maîtrisé, je trouve, et tout à fait convaincant.

Le caractère plus ramassé du récit me le fera préférer, je crois, au Règlement de comptes à O.K. Corral qui, je le répète, possède un final très réussi.
Bon western ! 8)
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cinephage
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par cinephage »

J'avais également été fort séduit par ce film. Il y a quelque chose de passionnant à suivre ces hommes engager une espèce de parcours en forme de régression, en arrière, partant d'un état de droit (la ville et sa loi qui condamne les criminels), à une nature d'abord accueillante, puis jusqu'à un espace de plus en plus sauvage, primitif, et cruel, pour aboutir, finalement,
Spoiler (cliquez pour afficher)
à la tombe
La structure du film est vraiment très solide, et les dialogues n'ennuient jamais. Richard Widmark reste pour moi un grand "méchant de cinéma" bien supérieur aux héros qu'il a pu camper par ailleurs (ou alors ils convainquent s'ils sont faibles, comme dans les Démons de la nuit)...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: John Sturges (1911-1992)

Message par Jeremy Fox »

Je profite de la remontée du topic pour y rajouter quelques-uns de mes avis écrits pour les conseils TV

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Un homme est passé (Bad Day at Black Rock, 1955)

Stupéfaction à Black Rock, petite ville perdue au beau milieu du désert californien : pour la première fois depuis quatre ans, l’express de Santa Fe fait une halte. En descend un manchot que personne ne connaît et qui désire rencontrer un certain Komako. Un étrange mutisme l’accueille à ce seul nom ; un secret semble lier tous les habitants qui ne souhaitent qu’une seule chose, que l’étranger retourne chez lui très vite... John Sturges, réalisateur d’un bon nombre de très grands films durant les années 50 (dont ses westerns entre autres), signe ici son œuvre la plus souvent citée par la critique. Sur un scénario millimétré, tendu et resserré au maximum (l’action se déroule en 24 heures), le cinéaste nous offre un mélange de western (pour les décors), de film noir et de suspense parfaitement équilibré, monté au cordeau, superbement filmé (rarement à l’époque le Cinémascope aura été aussi utilisé avec autant de virtuosité) et bénéficiant d’un casting d’enfer. Un Spencer Tracy seul contre tous, parfait malgré son aversion de départ pour le personnage et qui obtiendra le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, face à une belle brochette de "Bad Guys" interprétés par non moins que le fin du fin en ce qui les concerne : Robert Ryan, Ernest Borgnine, Dean Jagger et Lee Marvin. Rajoutez-y le toujours excellent Walter Brennan et la toujours craquante Anne Francis, laissez-vous flatter l’œil par la magnifique photographie de William C. Mellor, et laissez-vous bercer l’oreille par la puissante partition d’André Prévin. Avec tous ces éléments parfaitement agencés, il va être difficile de résister à ce très beau film sur la lâcheté collective. Une sorte de petit chef-d’œuvre.
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Règlements de comtpes à OK Corral (Gunfight at Ok Corral, 1957)

Frontier Marshall d’Allan Dwan, La Poursuite infernale (My Darling Clementine) de John Ford, Sept secondes en enfer (Hour of the Gun) de John Sturges, Tombstone de George Pan Cosmatos, Wyatt Earp de Lawrence Kasdan : où l’on peut constater que le fait historique constitué par le fameux ‘Gunfight’ a été une grande source d’inspiration pour les réalisateurs de westerns ! Beaucoup d’éléments font même penser que l’iconoclaste et étonnant Forty Guns de Samuel Fuller ait voulu aussi évoquer la bataille rangée entre les Earp et les Clanton. Wyatt Earp et Doc Holliday furent aussi les personnages principaux d’autres films tels que le superbe Un Jeu risqué (Wichita) de Jacques Tourneur ou le Doc Holliday de Frank Perry et firent des apparitions savoureuses dans Les Cheyennes de John Ford. Autant dire que les amateurs devraient être en terrain connu avec cette histoire mais aussi que les autres ont de grande chance d’apprécier ce western psychologique de prestige et de qualité. John Sturges nous conte dans son film les quelques jours d’attente et de tensions qui ont précédé le fameux règlement de comptes. Il en profite pour nous livrer une belle méditation sur la mort, la puissance de l’argent, la loi et l’amitié (entre deux hommes que tout oppose mais qui se respectent infiniment, Earp, le shérif incorruptible et Holliday, l’aristocrate déchu à la vie dissolue) sur un scénario d’une très grande richesse psychologique écrit par l’auteur d’Exodus, Leon Uris. Le réalisateur, qui n’en était pas à sa première réussite dans le western, mène tout ça de main de maître avec sa science habituelle du cadrage et sa parfaite direction d’acteurs. Ces derniers sont tous formidables, de Burt Lancaster en passant par John Ireland, Jo Van Fleet, Lee Van Cleef, la belle rousse Rhonda Fleming sans oublier celui qui tire la couverture à lui, l’inoubliable Holliday atteint d’une maladie incurable interprété par un immense Kirk Douglas. L’équipe technique de la Paramount engagée par Hal Wallis fait des merveilles que ce soit au niveau des costumes, des décors, de la chaude photographie brunâtre et la chanson-thème que Dimitri Tiomkin a composée pour l’occasion devient très vite entêtante. Devant l’énorme succès (amplement mérité) remporté par le film, le western retrouva une nouvelle légitimité auprès des non amateurs du genre et les producteurs décidèrent de mettre en chantier plus de westerns à gros budget au détriment de la série B. Le studio décida aussi de mettre en chantier avec la même équipe, Le Dernier train de Gun Hill qui atteint presque le même niveau de réussite. Gunfight at OK Corral et son splendide classicisme constitue l’un des plus beaux fleurons qui soit dans le domaine du western.
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Le Trésor du pendu (The Law and Jake Wade, 1958)

Wade, ancien hors-la-loi devenu shérif, vient faire échapper de prison Hollister, son ancien coéquipier qui, sans cela, aurait fini au bout d’une corde. Après ça, il retourne dans sa petite ville auprès de sa fiancée espérant y retrouver la tranquillité. En effet, il pense désormais en avoir fini avec ses dettes, Hollister lui ayant aussi auparavant sauvé une fois la vie. Mais ce dernier n’a pas oublié que Wade avait caché le butin d’un de leurs anciens hold-up et espère le lui faire restituer... Tourné dans la filmographie westernienne de John Sturges entre les superbes Règlements de comptes à OK Corral et Le Dernier train de Gun Hill, Le Trésor du pendu ne possède pas la force de ces deux grands films par la faute de personnages pour lesquels nous éprouvons un peu moins d’empathie, que ce soit les protagonistes masculins ou féminins (le rôle que tient Patricia Owens ne servant ici que de faire-valoir) et d’un scénario chargé d’une moindre charge émotionnelle. Ceci étant dit et malgré sa froideur, nous nous trouvons une nouvelle fois devant un western de très grande classe, brillamment mis en scène, photographié et interprété. John Sturges nous confirme sa science de l’espace et du cadrage et n’a décidément pas son pareil pour mettre en boite d’efficaces scènes de batailles ; après celle de Fort Bravo puis le fameux Gunfight à OK Corral, il nous délivre ici une nouvelle séquence anthologique, celle de l’attaque indienne nocturne dans un village fantôme. Sinon, une intrigue tendue et pleine de suspense dans laquelle évoluent des personnages troubles et ambigus, que ce soit le bad guy, rôle dévolu à un Richard Widmark en grande forme, ou celui interprété par Robert Taylor (tout de noir vêtu comme il l’était déjà dans Le Réfractaire) ; le scénariste William Bowers nous fait rapidement comprendre que ces deux ex-associés ne devaient pas être liés que par l’amitié ce qui rend leurs relations encore plus fortes et complexes. Ajoutez à ça des décors naturels sauvages et grandioses, une très belle partition (étonnamment, le compositeur n’apparaît pas dans le générique) et quelques savoureux seconds rôles comme l’inquiétant Henry Silva ou le "Docteur McCoy" de la série originale de Star Trek, DeForest Kelley ; tout ces ingrédients parfaitement agencés et vous voilà devant l’un des très bons westerns psychologiques des années 50, ceux que certains ont nommés les "sur-westerns".
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Le Dernier train de Gun Hill (Last train From Gun Hill, 1959)

Matt Morgan, shérif de la petite localité de Pawnee, s'est juré de retrouver les deux assassins de sa jeune épouse, une Indienne qui vient d’être violée avant d'être abattue. Son fils, témoin du meurtre, ayant réussi à s'échapper, est revenu sur un cheval appartenant à l'un des coupables. La selle porte la marque d'un vieil ami de Matt, Craig Belden, un gros propriétaire devenu le maître d'une petite ville voisine, Gun Hill. La vérité se fait vite jour : l’un des coupables est le propre fils de Craig qui refuse de le livrer à la justice… Suite au succès colossal et mérité recueilli par le précédent western de Sturges, Règlement de comptes à OK Corral, Hal Wallis décide de réunir deux ans plus tard à peu près la même équipe gagnante et, si son résultat au box office fut bien moindre, la réussite artistique est de nouveau au rendez-vous.. Un modèle d'écriture (scénario extrêmement tendu et resserré) et de mise en scène (précision des cadrages, topographie superbement appréhendée, séquences urbaines ou de grands espaces tout aussi réussies....) pour une véritable tragédie au casting parfait et utilisant à merveille un budget assez important que l'on sent dans le luxe de détails apportés aux décors et aux costumes. Même Dimitri Tiomkin, compositeur pas toujours d’une finesse immodérée, était dans un de ses très bons jours se préparant à nous sortir son chef d'œuvre musical, celui de Alamo. Kirk Douglas est extraordinaire dans ce rôle ambigu d’un homme que la vengeance fait devenir limite plus sadique que les meurtriers (voir l’étonnante séquence au cours de laquelle il décrit à son prisonnier l’enfer qu’il va vivre lorsqu’il va être condamné à la pendaison). Une superbe réussite.
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Sept secondes en enfer (Hour of the Gun, 1967)

Certainement le meilleur film de John Sturges après sa prestigieuse décennie des années 50. Hour of the Gun débute là ou finissait Gunfight at OK Corral mais le ton en est totalement différent. Rythme lent, action dédramatisée pour un western dépressif au scénario plus qu'intéressant sur la politique de l'époque en arrière-fond et sur une vengeance dissimulée sous couvert de la loi, et au cours de laquelle son plus digne et son plus célèbre représentant, Wyatt Earp, la bafoue allègrement. Le très beau score de Jerry Goldsmith accentue le caractère plutôt nostalgique de ce western crépusculaire dans lequel les personnages n'expriment pas leurs sentiments et où l'on note une absence totale de présence féminine. James Garner est impeccable, tout en underplaying et le film comporte son lot de fulgurances sèches comme le "meurtre" de Warshaw par Wyatt Earp ou le duel final entre Earp et Clanton. L'émotion point par en-dessous, s'agissant de l'amitié que l'on sent bien présente entre Earp et Doc Holiday, lui aussi interprété avec talent par Jason Robards. Du classicisme crépusculaire comme avait pu l'être le sublime Coups de feu dans la Sierra de Peckinpah sans que jamais Sturges ne lorgne sur le western italien qui avait beaucoup de succès à l'époque. Une intéressante réussite qui n'atteint cependant pas le niveau de ses cinq westerns des années 50.
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