Before Sunrise/Sunset/Midnight (Richard Linklater-1995 / 2004 / 2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Flol »

Blue a écrit :
Ratatouille a écrit :Je suis pas sûr que ce soit prévu.
J'ai le DVD de "Waking Life" qui m'attend, histoire de prolonger avec Delpy/Hawke. Ca a l'air assez spécial.
C'est tout aussi bavard (sinon plus), et bien plus abscons. Certaines séquences sont fascinantes, mais dans l'ensemble, faut quand même s'accrocher.
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Supfiction
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Supfiction »

Jack Griffin a écrit :
Dunn a écrit :Question: Peut-on voir le 3éme sans avoir lu les précédents?
Ne risque-t-on pas de passer à côté du vécu des personnages?
Le problème se pose-t-il déjà en voyant le 2 sans le 1?
Il vaut mieux les voir avant...Remarque j'avais vu le 2 avant le 1 à sa sortie et j'avais beaucoup apprécié (y'a pas de souci de compréhension, tu loupes peut être des choses émotionnellement).
Mais c'est dommage. Tout comme il est dommage de ne pas attendre 9 ans entre chaque film et de voir vieilli les personnages/acteurs. Cette sortie et ce projet de Linklater n'en est que plus unique. :)
C'est exactement ce que j'ai fait en voyant le premier en 1994 au cinéma (à 20 ans, grosso modo l'âge des personnages), film qui avait marqué toute une génération de jeunes adultes, puis le second également au cinéma, en 2005, que j'avais trouvé encore meilleur (de fait dans mon Top 5 de 2005), peut-être aussi parce-que j'avais vieilli en même temps que les personnages et que le premier opus (revu en vidéo) me semblait désormais un peu trop romantique.
Avec ce troisième film, adieu à tout romantisme, le couple est face à face avec les réalités..

En ce sens je dirai que cette trilogie s'apprécie pleinement en voyant chaque film à l'âge des personnages (ou presque), au long cours.
Blue corrobore d'ailleurs mes propos un peu plus haut après avoir découvert Before Sunrise :
Blue a écrit :J'aurais peut être plus adhéré aux deux premiers tiers du film il y a quelques années, en étant plus jeune et plus en phase avec les personnages, du coup je me suis senti comme un vieux con de pas avoir adoré le film avant ..
Je fait partie des chanceux qui ont grandi en même temps que Celine et Jessie et peuvent découvrir les moments clefs de leur vie au fur et à mesure comme on prend des nouvelles de vieux amis.

Pour ceux qui n'ont encore vu aucun des films, finalement, je ne pense pas qu'il faille à tout prix connaître les précédents pour aller voir celui-ci. Je me demande même quel effet cela pourrait faire de découvrir les trois quasiment en même temps, dans la foulée. J'ai peur que cela fasse un effet contraire à celui escompté, comme une overdose de travelling arrière :uhuh: .. ou alors il faut espacer les visions sur plusieurs mois ou même plusieurs années (mission impossible!).

Il n'y a aucune information indispensable pour apprécier Before midnight, sinon le fait que ce film commence là ou d'autres s'arrêtent: après le fameux "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants".

Before Sunset reste mon préféré, mais ce Before midnight est très réussi, bien que le film mette du temps à rentrer dans le vif du sujet.
Dernière modification par Supfiction le 2 juil. 13, 22:16, modifié 1 fois.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Blue »

Supfiction a écrit : Avec ce troisième film, adieu à tout romantisme, le couple est face à face avec les réalités..
Je ne serais pas aussi catégorique. Il y a quelque chose de très romantique dans ce que fait Jesse à la fin pour recoller les morceaux.

Et ça ne m'a pas gêné de découvrir les trois films en trois jours, mais je comprends que le projet de Linklater doit être encore plus stimulant pour ceux qui comme toi ont suivi l'histoire depuis 94.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Supfiction »

Oui tu as raison pour le romantisme (in extremis) du troisième.
J'ai oublié de parler de la (jolie) poitrine de Julie Delpy ...
Je trouve assez courageux de sa part, à 45 ans, de se dénuder ainsi, aussi longtemps. C'est très rare à l'écran, passé 35-40 ans chez les actrices, il me semble.
Quoiqu'il en soit, ça m'a pas mal déconcentré pour lire les sous-titres correctement :uhuh:.

Julie Delpy n'est d'ailleurs jamais meilleure que lorsqu'elle se dénude au sens figuré, parce qu'elle est scénariste et/ou réalisatrice.
Je trouve que sa carrière est un peu décevante au regard de ses capacités (les sommets étant cette trilogie, Blanc et le chef-d’œuvre de comédie qu'est 2 days in Paris), et je me dit que le meilleur est peut-être encore à venir pour elle.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par hansolo »

Please; ne vieillit pas "ma" Julie!
Elle a à peine 43 ans ;-)

Sinon, j'ai un mauvais souvenir de 2 days in Paris ...
Dernière modification par hansolo le 4 juil. 13, 09:23, modifié 1 fois.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Frances »

J'ai bien envie d'aller le voir mais je n'ai pas vu les 2 premiers opus. Ca risque d'être un handicap ou le film peut s'apprécier seul sans les références précédentes ?
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Blue »

Tu peux aller le voir. Un spectateur ne devrait pas avoir à se priver de le faire. Ce serait une forme d'élitisme sinon. Linklater est assez intelligent dans son écriture pour ne pas laisser sur le bord du rail tous ceux qui voudront se raccrocher au dernier wagon. Mais essaye de te procurer les deux autres car pour ma part je considère que l'ensemble est encore plus puissant que les 3 parties prises individuellement.
Dernière modification par Blue le 4 juil. 13, 08:59, modifié 1 fois.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Frances »

Je te remercie blu. Je vais me laisser tenter alors :wink:
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tenia
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par tenia »

Bon bah c'était très bien. Je m'y suis même presque plus retrouvé que dans les 2 précédents.

Je lis ci et là que le principal reproche fait au film, c'est que le "romantisme des 2 1ers films est parti". Sauf que c'est oublié que ce qui faisait la force des 2 1ers films, et aussi du 3e, ce n'est pas tant un certain romantisme qu'un profond réalisme. Il suffit de voir Le monde : l'amour retrouvé de Before Sunset les a fait rêver, les disputes de Before Midnight les fait écrire (en gros) "à quoi bon aller avoir au cinéma ce qu'on a à la maison ?" Ca c'est de l'argument choc...

Ce qui choque dans les 3 films, c'est la cohésion réaliste des situations et des dialogues, à un point où c'est tellement naturel qu'on croirait que tout est improvisé, alors que chaque ligne est scriptée. Before Midnight suit cette lancée, la désillusion en plus, les espoirs en moins. Evidemment, ça fait moins rêver, mais ça n'en reste pas moins une étude formidable de ces petits riens, mais aussi de ces grands compromis, qui minent peu à peu une relation.

Au milieu de tout ça, il y a donc la finesse et la justesse d'une écriture, pas toujours parfaite, et créant une structure ô combien prévisible, mais qui se retrouve transcendée par la mise en scène minimaliste et surtout 2 acteurs qui ont probablement trouvé dans ces 3 films leur plus belle aventure. Dans leur gestuelle, leur façon d'interagir, il y a quelque chose qui dépasse le cadre du cinéma et permet au spectateur de se projeter directement dans les situations dont le film parle (en tout temps, perso, ça m'a travaillé tout le film).

Jamais Jesse n'aura autant dit à Céline qu'il l'aime, et pourtant, jamais ils ne se seront autant écharpés, régurgitant des années de non-dits, de sacrifices, de compromis ravalés comme autant de défaites face à l'autre, face à la vie réelle, toujours pardonnées mais jamais oubliées, fermentant jusqu'à devenir la plus rance des biles.

Mais au final, est-ce que le couple, ce n'est pas aussi ça ? Les soirées qui dégénèrent pour un rien, la passion qui se fane, les incompréhensions, les mauvais timings, la routine chronophage (le film donne d'ailleurs à mort envie de faire des gamins :D ). Est-ce pour autant suffisant pour tuer l'amour d'un couple ?

Les retrouvailles sont évidemment difficiles vu la tournure que prennent les événements, mais on ne peut qu'attendre avec impatience la suite pour savoir ce qu'il advient d'eux (même si la fin du film laisse peu de doutes sur le fait qu'il y aura probablement un 4e film).

9/10
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Supfiction »

En lisant le texte de tenia, je ne sais pas pourquoi mais j'ai tout de suite pensé à "Scènes de la vie conjugale". Je n'avais jusqu'à maintenant pas fait le rapprochement entre les deux films et pourtant cela me parait une évidence maintenant (même sentiment de naturel et d'improvisation des dialogues). Peut-être qu'on tient là deux des films les plus réalistes sur le couple..
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Blue »

J'ai failli citer le Bergman. C'est un cran au-dessus artistiquement (Nykvist rules !) mais effectivement Linklater s'en rapproche furieusement sur la pertinence des rapports de couple.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par 7swans »

D’une certaine manière, Before Midnight est aussi une belle synthèse de plusieurs films/marottes de Richard Linklater.
Si Deply, par sa personnalité envahissante, a l’air de cannibaliser leurs collaborations de film en film, le réalisateur est bien présent, dans sa mise en scène évidemment, mais aussi dans ses thématiques.
Quand Ethan Hawke discute de son nouveau livre en gestation avec ses amis grecs, il s’interroge sur l’impact sinueux du temps qui passe et surtout notre perception de ce temps (à travers le sentiment de « déjà vu », la perte de mémoire, etc…), dans une sorte de monologue/démonstration passionnante qui trouverait facilement un écho dans Waking Life. Waking Life dans lequel on retrouvait le temps d’une courte scène, Jessie et Céline qui s’interrogeait déjà sur l’(in)temporalité (la distorsion du temps)d’un rêve.
Difficile aussi de ne pas penser à Tape, lors de la dernière grosse séquence de Before Midnight.
Tape, ce huit clos dans une chambre d’hôtel tourné en DV, dans lequel Robert Sean Leonard, Ethan Hawke (déjà) et Uma Thurman se déchiraient lors d’une nuit mouvementée. Si à l’époque, Linklater s’appuyait sur des rouages propres aux genres (le thriller manipulatoire) pour faire monter une tension palpable, il n’a plus besoin d’artifice pour son Before Midnight, et laisse parler les êtres, leurs blessures et leurs rêves brisés.

Je ne dis rien, vraiment, sur le film en lui-même qui m’a beaucoup touché (même si je lui préfère toujours la tonalité et le fragile travail d’équilibriste de Before Sunset). Parce qu’il devient, déjà, avec le temps un objet très personnel et qu’il me faudra du temps (encore) pour en parler complétement.

Mais je suis déjà persuadé que le film vieillira mieux qu’un Blue Valentine (l’exemple est un peu gratuit, même si lui aussi voyait son couple d’acteurs principaux se morceler lors d’une nuit d’hôtel sensée être «magique»), parce qu’au bout du tunnel Midnightien, il y a l’espoir, parce qu’il y a ce juste équilibre fantastique entre tragique et comique, entre légèreté et gravité. Just like life.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Strum »

Before Sunrise est une très belle réussite car c'est un film qui trouve toujours un équilibre entre ses divers composants - équilibre entre les personnalités des deux personnages/acteurs. Equilibre entre l'attention portée aux dialogues, et l'attention portée au lieu (l'atmosphère hors du temps de Vienne est bien rendu) ; à ce titre, la dernière série de plans rendant hommage aux lieux traversés montre l'importance de ces derniers dans l'éclosion des sentiments amoureux entre les personnages. Equilibre entre les sentences un peu intellectualisantes ou abstraites des personnages et l'émotion que le film finit par dégager. Equilibre entre le souci du romantisme et le souci du réalisme. Un très joli film.

Exploitant et delayant ce canevas de départ, Before Sunset et, dans une moindre mesure, Before Midnight sont tous deux des films bien inférieurs au premier. Before Sunset ne fonctionne que par référence au premier film - en lui-même, c'est un film assez vide, qui regarde derrière lui, vers un passé plus beau, plus riche, plus cinématographique que le présent. Nous aussi regardons le passé et nous languissons du premier film. C'est un film plus bavard et étroit dans son champ d'investigation. Assez égocentrique en somme ; la caméra ne prête d'ailleurs guère attention aux lieus traversés contrairement au premier film. Les personnages ont perdu le charme de la jeunesse qui faisait qu'on écoutait avec indulgence certains dialogues au long cours de Before Sunrise. L'équilibre du premier film entre les deux personnages est perdu au profit de Céline/Delpy qui tire le film vers elle en laissant bien peu d'espace à Jesse/Hawke. Trait d'union entre le passé et le futur, le film est comme un présent fuyant et insaisissable, manquant de substance au-delà de l'argument de départ, jamais tout à fait là. Comme s'il n'était qu'un présent de dialogues et de ressassement, et non un présent de chair (et quand il parait prêt à se faire chair, ce film inachevé s'arrête).

Dans Before Midnight, l'égocentrisme du second film se transforme en complaisance pendant toute la première partie du film, qui égrène une série de dialogues assez superficiels et marqués par des clichés répétés sur les américains/les français/les grecs. Globalement, sur la durée, je n'ai pas beaucoup aimé cette première partie qui m'a paru me dérober par une certaine futilité, malgré la qualité des dialogues, ce temps précieux dont parle le film. Heureusement, la deuxième partie du film est parfaite - la mécanique de la dispute s'enclenche avec le plus grand naturel, les comédiens bien servis par d'excellents dialogues se renvoient les répliques sans céder de terrain (on retrouve l'équilibre du premier film entre les deux personnages). Et puis le lieu (la chambre d'hotel) sert à nouveau l'argument du film, comme dans Before Sunrise (caractéristique qui s'était perdue dans Before Sunset). Quant à la fin, elle a un goût de pièce de théâtre (qui sied à la Grèce) : le rideau tombe sur un futur incertain, qu'un Acte IV viendra peut-être éclairer.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par Supfiction »

Belle analyse même si je ne partage pas totalement ton avis sur le second film. En revanche, comme toi, j'ai trouvé que Before Midnight avait du mal à démarrer et qu'il fallait attendre la sortie vers l’hôtel pour que le film reprenne au même niveau que les précédents.
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Re: Before Sunrise/Sunset/Midnight (R. Linklater-1995/2004/2

Message par tenia »

Ce que je retrouve ici, c'est que quoiqu'on fasse, le film amoureux est plus beau que le film de rupture. C'est assez amusant. D'un côté, c'est très intéressant, de l'autre, c'est "le mal" (pour faire simple) parce que ça regarde derrière soi, ça ressasse, ça renvoie les casseroles à la tête.

Ce qui était intéressant, dans Before Sunset, c'était précisément cet entre-deux. J'ai trouvé Sunrise trop "simple" par rapport à Sunset, parce qu'il est très 1er degré dans son rapport principal : 2 personnes en train de tomber amoureuse. Voilà. C'est ultra 1er degré, très directif dans sa narration, et je m'étais dit que ce qui faisait le sel du film, c'était l'écriture fine qui permettait d'y croire. A chaque instant (j'insiste sur le "chaque"), le film pourrait basculer dans le documentaire que ça ne me choquerait pas. Ca sonne ultra réel. Mais passé cela ? La plus simple des bluettes (nuit d'amour sous la belle étoile en ellipse incluse).

A contrario, Sunset joue l'équilibriste de la 2e rencontre, la 2e chance, et déjà, les esprits s'échauffent, les souvenirs se tordent en fonction du point de vue. Et c'est ça aussi un des thèmes principaux des 3 films : le rapport à la réalité face aux espérances de chacun. D'un côté, Jesse embellit complètement son amourette à travers le prisme de l'écriture (la "romance", ou le "romanesque", en fait), de l'autre Céline a foi dans une histoire et des idéaux qui vont l'amener à faire de nombreux sacrifices, à essayer de changer celui qu'elle a rencontré, et au final, à s'ennuyer.

Sunset n'en est pas encore là, il en est juste avant, au moment où les doutes montent et les certitudes s'effondrent dans des tests futiles et puérils (que n'aurait certainement pas renié ma copine dans nos 1ers mois de relation...). C'est un vrai travail d'équilibriste du doux amer qui essaie doucement d'amener vers quelque chose qui, dès le 2e film, implique des choix importants, des ruptures nettes qui, en fait, ne le sont pas.

Alors effectivement, toute la 1er partie de Midnight met un temps fou à décoller et se perd dans des méandres de discussions futiles autour d'une table, majoritairement à parler de cul, ce qui m'a surpris parce que les 2 1ers films en parlaient immensément moins. Ici, rien ne nous est épargné, les vieux demandent aux jeunes s'ils baisent via Skype, font des blagues de cul à base de fellation, etc etc. Wou hou, la grande classe.

Mais il n'empêche qu'il y a, derrière, une intéressante thématique, très classique certes, sur la vision du couple de l'un et de l'autre partenaire. Ca aurait pu être bien plus fin, et plus court, mais ce n'est pas, je pense, si inintéressant. En tout cas, j'ai bu ça comme du petit lait.

Quoiqu'il en soit, je trouve Sunset bien plus nuancé et large dans ce qu'il brasse que Sunrise, que je trouve trop "primaire" dans sa direction. Evidemment, ça n'est que mon avis perso. :wink:
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