innaperfekt_ a écrit : ↑19 févr. 24, 15:18
D'autant que j'ai l'impression qu'elle a séduit même ici.
Je confirme et en profite pour repost l'avis que j'avais laissé à la découverte de la saison 1:
Eh bah c'est du lourd !
On a maté les 5 premiers d'une traite et donc la suite en deux fois qui aurait pû en être une seule. Je précise parceque maintenant que c'est fini, je pense que l'idéal c'est de tout regarder one shot.
Après
A vif de Wells,
Pig de Sarnoski,
The Bear nous présente une fois de plus un chef à fleur de peau (on s'attend à ce que
Jérémy Allen White, excellent, se foute en l'air à tout moment avec sa trogne dépitée et son mutisme émotionnel), dont les origines du mal prennent racine à la fois dans le terreau du trauma personnel (le suicide de son frère) et dans son parcours en cuisine gastro ayant fini d'abîmer ses capacités de communication dans le cadre du taf comme de la vie perso.
J'ai trouvé l'ambiance d'une cuisine admirablement bien restituée, avec une grande justesse.
Tout sonne vrai, les personnages qu'on peut y croiser, la dureté du milieu, les gestes, les craquages en plein service... Bien sûr tout cela vient illustrer le malaise de Carmen, une âme sous haute pression ne demandant qu'à se libérer du poids du stress qu'implique la gestion de cette équipe, de ce lieu, de cette cuisine, mais aussi du poids de la colère et de la tristesse que laisse le suicide de son frère, pour enfin commencer le deuil et faire de ses souvenirs autre chose qu'un objet de souffrance.
La mise en scène est ultra efficace, j'ai un peu flippé au début avec ces gros plans de découpages frénétiques et cette engueulade qui dure tout un épisode (toute la série ?), mais je trouve ça en fait assez génial et plein de subtilités, ces moments d'accalmie, les regards qui s'attardent où on peut presque deviner les pensées de Carm, enfermées dans cette bulle du fourneau et dans son passé (les flash backs dans "le meilleur resto du monde", miam de justesse once again).
Les persos sont tous très bien écrits et interprétés, mention spéciale à
Ebon Moss Bacharach en connard raté insupportable qui réussit malgré tout à devenir attachant et qui amène aussi un extérieur avec ces scènes de gérant de la street dans ce quartier de Chicago (l'avant dernier ou dernier épisode s'ouvre d'ailleurs sur le morceau Chicago de Sufjan Stevens, petite pensée pour Flol si tu me lis), et à
Ayo Edebiri en sous chef revenant elle aussi du front de la cuisine étoilées voulant à tout prix faire ses preuves et mettre en avant la magie de ce que doit être un restaurant, un lieu où les gens prennent du plaisir à manger.
Un final magistral avec un dénouement à la hauteur de tout ce bordel. On est loin de la féerie d'un
Ratatouille de Bird ou de la légèreté du
Chef de Favreau, un regard plus réel tout aussi appréciable.
À voir et à revoir.
J'ai depuis vu la deuxième saison qui m'a autant embarqué que la premiere. Ni plus ni moins.
J'ai, comme Bocina, hâte de découvrir la 3eme avec quelques craintes également concernant les capacités des scénaristes à trouver d'autres perspectives sans tomber dans le déjà vu. Mais bon, ils ont bien réussi une fois alors pourquoi pas deux.