Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Wulfa
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Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

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Synopsis
Palme d'Or du Festival de Cannes 2023

Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

Bande-annonce


Quelques notes :
poet77 a écrit : 23 août 23, 17:25 Anatomie d'une chute: 8/10
santiago a écrit : 19 août 23, 23:51 Anatomie d'une chute : 6,5/10
Vic Vega a écrit : 28 mai 23, 16:32 Anatomie d'une chute de Justine Triet 5.5/10
Alibabass a écrit : 23 août 23, 20:59 Anatomie d'une chute : 9/10
lowtek a écrit : 24 août 23, 06:31 Anatomie d'une chute : 8,5 /10
Tina Quintero a écrit : 24 août 23, 17:51 Anatomie d'une chute 8/10
nobody smith a écrit : 24 août 23, 22:14 Anatomie d'une chute 7.5/10
Sigur-Cinéma a écrit : 25 août 23, 19:33 Anatomie d'une chute (Triet) : 8/10
Wulfa a écrit : 26 août 23, 14:58 Anatomie d'une chute, Justine Triet : 8/10.
Spongebob a écrit : 26 août 23, 21:00 Anatomie d'une chute : 8/10
Lohmann a écrit : 26 août 23, 23:29 Anatomie d’une chute 5/10
John Holden a écrit : 27 août 23, 21:14 Anatomie d'une chute : 7.5/10
El Dadal a écrit : 27 août 23, 22:05 ANATOMIE D'UNE CHUTE : 8/10
Coxwell a écrit : 28 août 23, 12:55 Anatomie d’une chute - 3/10
anne-claire a écrit : 29 août 23, 21:17 Anatomie d'une Chute 7/10
Jack Carter a écrit : 30 août 23, 12:39 Anatomie d'une chute (Justine Triet) : 7.5/10
Watkinssien a écrit : 30 août 23, 20:17 Anatomie d'une Chute = 7.5/10!!
douane eddy a écrit : 31 août 23, 00:03 Anatomie d'une chute : 8/10
Heliurl a écrit : 31 août 23, 23:44 Anatomie d'une chute de Justine Triet : 5,5/10
-Kaonashi Yupa- a écrit : 1 sept. 23, 09:22 Anatomie d'une chute : 8
Flol a écrit : 1 sept. 23, 22:00 Anatomie d'une chute : 7.5/10
Anna H. a écrit : 1 sept. 23, 23:10 Anatomie d'une chute : 8/10
Rockatansky a écrit : 3 sept. 23, 18:30 Anatomie d'une chute - Justine Triet - 6/10
Nestor Almendros a écrit : 3 sept. 23, 18:39 Anatomie d'une chute : 7/10
Jeremy Fox a écrit : 4 sept. 23, 20:21 Anatomie d'une chute : 8/10
Jack Burns a écrit : 6 sept. 23, 18:01 Anatomie d'une chute 8/10
damdouss a écrit : 8 sept. 23, 00:03 Anatomie d'une chute : 6/10
Arn a écrit : 8 sept. 23, 15:21 Anatomie d'une chute : 6/10
Boubakar a écrit : 9 sept. 23, 19:48 Anatomie d'une chute : 7,5/10
Zelda Zonk a écrit : 11 sept. 23, 14:19 Anatomie d'une chute (Justine Triet) : 7,5/10
ballantrae a écrit : 12 sept. 23, 15:29 Anatomie d'une chute de J Triet : 6/10
origan42 a écrit : 14 sept. 23, 19:40 Anatomie d'une chute : 9,5/10
cinéfile a écrit : 15 sept. 23, 08:46 Anatomie d'une chute 6/10
ed a écrit : 15 sept. 23, 11:25 Anatomie d'une chute (Triet) 6,5/10
Alexandre Angel a écrit : 24 sept. 23, 23:59 Anatomie d'une chute (Justine Triet) : 7/10
G.T.O a écrit : 25 oct. 23, 21:30 Anatomie d’une chute: 4/10

Quelques remarques :
Coxwell a écrit : 28 août 23, 13:45 Il y a effectivement 2 idées cinématographiquement à la hauteur : le père parlant avec la voix en mimétisme de son fils, et l’investigation de la police pendant qu’on suit le chien (:idea:). En revanche, je passerai sur la vulgarité et grossièreté de l’écriture, l’impossibilité d’émettre le moindre doute / questionnement quand on voit la balourdise de l’écriture convoquant le personnel de justice. Il ne s’agit pas vraiment de questionner mais d’asséner des vérités et de militer avec une fausse modestie de mise en scène qui est assez horripilante et presque racoleuse vis à vis d’un certain public cible.
anne-claire a écrit : 29 août 23, 21:17 Variation intello autour du film de procès
Heliurl a écrit : 31 août 23, 23:44 Vu les échos globalement positifs que ce soit des médias spécialisés ou de cinéphiles, je me sens un peu à côté de la plaque (ou bien ce sont les autres qui sont étrangement trop enthousiastes ?). De fait, j'ai trouvé l'amorce du film intriguante et plutôt originale, sachant instaurer une certaine ambiance dérangeante.
Mais par la suite ça se gâte, entre la reconstitution du drame assez commune, le procès qui n'est que fait de joutes verbales pas toujours pertinentes et intéressantes mais surtout j'ai été agacée par certaines facilités de mise en scène (dès le tout premier plan avec le chien et la balle chutant de l'escalier puis avec les motifs musicaux au piano probablement censés je suppose effrayer le spectateur mais que j'ai trouvé ridicules à force)

C'est un film reposant entièrement sur les performances de son actrice principale et de l'acteur jouant son jeune fils. Peut-être est-ce assez pour certains, personnellement je trouve qu'une Palme d'Or doit avoir d'autres atouts.
ballantrae a écrit : 12 sept. 23, 15:29 Anatomie d'une chute de J Triet a le privilège assez redoutable d'avoir le statut de palme d'or avec la question usuelle : la méritait-il? A l'évidence non car c'est un film certes intéressant mais très inégal. Le scénario est très bien écrit, certains acteurs sont remarquables mais le film souffre d'un côté atone notamment en termes de mise en scène. Parfois une superbe idée surgit (par exemple le texte dit par l'enfant sur le visage du père) mais elle détone par rapport à l'ensemble. Et cette photo terne ne sert pas vraiment le film:il manque un vrai chef op qui pourrait séduire un minimum l'oeil durant ces 2h30 mn.Néanmoins, la qualité du scénario mérite d'être saluée et c'eut été le prix idéal pour le film qui est le meilleur de sa réalisatrice. 6/10
[/b]
ed a écrit : 15 sept. 23, 11:25 Anatomie d'une chute (Triet) 6,5/10
Indéniablement, par rapport à ses films précédents, Justine Triet franchit un palier, et le film est assez magistral dans son écriture. Mais outre une grosse réserve sur une forme qui ne m'emballe pas des masses, j'ai fini par trouver que cette écriture, ô combien admirable, ne me laissait pas, en tant que spectateur, assez de place. Je vois trop où le film "veut en venir", j'y souscris la plupart du temps, mais j'aimerais bien de temps en temps qu'il me laisse davantage aller fureter ailleurs...
Flol a écrit : 17 sept. 23, 15:16 Sinon Karras, possible de passer ma note de Anatomie d'une Chute de 7.5 à 8/10 ? Je n'arrête pas d'y repenser et je suis obligé de me rendre à l'évidence : c'est l'un des films passionnants et intelligents que j'ai vus depuis longtemps.
Merci !
Alexandre Angel a écrit : 24 sept. 23, 23:59 Anatomie d'une chute (Justine Triet) : 7/10
Quand je vois un film comme celui-là, je suis sensible à une certaine originalité qui crée une impression d'étrangeté bienvenue. On sort des sentiers balisés et une netteté, une fluidité d'exécution affutent la perception d'un spectateur qui pourrait presque reprendre à son compte les paroles de Mister Candie dans Django Unchained : "Vous avez éveillé ma curiosité, vous avez maintenant mon attention".
Pour autant, je l'ai vu et je crois que je ne chercherais pas spécialement à le revoir. C'est l'affaire d'une fois. Donc, un peu d'accord avec Ballantrae.
G.T.O a écrit : 25 oct. 23, 21:30 Anatomie d’une chute: 4/10
Louchant du côté de Stephen King (couple en crise, la montagne, l’isolement, l’écriture et le gamin extralucide), un procès telefilmesque en film de long tunnel dialogué de 2h30 qui se rêve, par son contrechamp intime, en scalpel de la vie de couple à l’agonie. Binaire, inoffensif, volontariste: tous les attributs récents d’une palme.
Dernière modification par Wulfa le 26 oct. 23, 15:01, modifié 7 fois.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par nunu »

La partie procès est longue ou pas ? parce que j'ai horreur de ça et ça me retiens vraiment d'aller le voir
« Quand des hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Wulfa »

nunu a écrit : 23 août 23, 21:25 La partie procès est longue ou pas ? parce que j'ai horreur de ça et ça me retiens vraiment d'aller le voir
Oui, la partie du procès est longue, couvrant une grande partie du film. Cependant les scènes au tribunal (entrecoupées d'autres scènes), sont portées par des acteurs de haut vol (Antoine Reinartz en premier) et par un très bon rythme au montage. Même si, dans sa mise en scène, le film ne réinvente pas fondamentalement le genre, il s'en acquitte avec une belle efficacité. Au demeurant, c'est la qualité des dialogues qui emporte tout.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Alibabass »

Ce qui m'a frappé dans le film c'est le travail en vidéo de Simon Beaufils, qui donne au film un côté faussement suranné, comme si il y avait du Bergman dans l'idée ... et la "mise à nue" de la scène centrale m'a scotché, Sandra Huller possède un bagout de ouf. J'ai pensé à Sarabande de Bergman dans cette séquence. C'est vraiment impressionnant.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Flol »

Je crois que j'aime bien les films de procès. J'aime leur mécanique, leur façon de rentrer dans les moindres détails d'une affaire, le fait en tant que spectateur de ne pas savoir qui croire, que le doute soit toujours permis, peu importe les preuves plus ou moins convaincantes que l'on peut nous présenter. On est un peu dans le rôle de juré et oui, je crois que j'aime bien.
Encore faut-il que le film soit réussi. Là, on pense évidemment au quasi séminal Anatomy of a Murder de Preminger, auquel Triet rend indirectement hommage via le titre de son film. Et au-delà de l'écho évident entre les 2 titres, force est de constater que la Palme d'or 2023 n'a absolument pas à rougir aux côtés du monument de 1959.

Parce que j'ai trouvé ça absolument passionnant. En premier lieu grâce à l'évidence et ce qui frappe immédiatement pendant le visionnage : c'est EXTRÊMEMENT bien joué. Tout le monde, y compris les nobodys venant témoigner à la barre, joue juste. On connait Swann Arlaud, le mec ne déçoit jamais, il est trop fort et il est ici une nouvelle fois excellentissime.
On connait beaucoup moins le jeune Milo Machado Graner, et alors qu'on a trop l'habitude d'avoir des gamins qui jouent mal dans le cinéma français, il est lui formidable et d'un naturel confondant dans un rôle pourtant loin d'être simple (il m'a fait penser à Thomas Giori dans Jusqu'à la garde).

Et puis il y a Sandra Hüller. Là il va quand même falloir se poser 2 minutes et se rendre compte de la performance extraordinaire qu'elle réussit. Tour à tour touchante, détestable, complexe, charmante, désarmante, insupportable, c'est sur elle que repose toute la richesse et l'ambiguïté déployées par le film. Et il va aussi falloir se poser 3 minutes sur l'immense directrice d'actrices qu'est Justine Triet : après Laetitia Dosh dans La Bataille de Solférino, Virginie Efira dans Victoria et Sybil, c'est vraiment très très fort ce qu'elle parvient à tirer de ses comédiennes.

J'ai donc parlé de la richesse et de l'ambiguïté que déploie le film, et c'est ça qui m'ont rendu ces 150 minutes aussi impliquantes. Certaines séquences sont d'une tension extrême, en particulier celle de la dispute enregistrée, et notamment lorsque Triet nous coupe l'image.
Mais la séquence qui m'aura le plus tourneboulé, au point de détourner le regard, c'en est une autre. Les gens qui me connaissent devineront vite de quelle séquence je veux parler.

Pour autant, il me manque quelque chose. Quelque chose sur lequel je n'arrive à mettre ni les mots, ni le doigt, pour en faire un grand film.
Un jour, je trouverai peut-être réponse à ma question…mais en attendant, ça reste un film très fort et une bien belle Palme.
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Alibabass
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Alibabass »

Certaines séquences sont d'une tension extrême, en particulier celle de la dispute enregistrée, et notamment lorsque Triet nous coupe l'image.
Grave : opération PLS pour cette séquence.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ici c'est deux formes de réalité qui s'instaure : celle purement cinématographique de mettre de la mise en scène sur cette anatomie progressive de l'imperfection d'un couple. Elle est simple cette séquence, mais la plus difficile à mettre en place pour le couple Harari/Triet. Beaucoup de problématique, de trop plein à éviter, il fallait que cette séquence cisaille sec. Lucidité de l'autrice ici dans le film : elle place non pas l'humiliation sur son mari, mais cette chose entre le vrai et faux, la mise en perspective de la création et son ratage parce sa femme fait mieux que lui, elle est surtout sous les radars des critiques littéraires. C'est pas pour rien qu'il a enregistré en mode pirate pour l'aider à sa performance littéraire. Ici réalité du cinéma. Et paf, on revient dans le procès, on écoute cette "mise à nu", on passe par un plan écrit comme un script. C'est assez perfectionniste comme détail. Et là, paradoxe : l'avocat générale et sa justice ne donne pas une vérité, mais instaure une fiction. En réalité, depuis la palme d'or de Justine Triet, mais lu sur la revue AOC l'interview de la réalisatrice et des producteurs. J'avais donc non pas des spoilers, mais des pistes bien établie. Depuis le drame je savais que l'autrice n'était pas coupable. Et je me suis pas emmerdé, loin de là, car il y a une chose qui est parallèle entre le cinéma et la littérature : l'établissement progressive du vrai et du faux, de la fiction au réel. Et sur cela, Justine Triet, depuis Solferino est passionnante. Je vais le revoir le mois prochain de tout façon.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par UnMecRandom »

Flol a écrit : 2 sept. 23, 16:00 Je crois que j'aime bien les films de procès. J'aime leur mécanique, leur façon de rentrer dans les moindres détails d'une affaire, le fait en tant que spectateur de ne pas savoir qui croire, que le doute soit toujours permis, peu importe les preuves plus ou moins convaincantes que l'on peut nous présenter. On est un peu dans le rôle de juré et oui, je crois que j'aime bien.
Tu vas adorer le procès Goldman. Pas vu le Triet, mais le Kahn est un classique instantané du genre et de très loin le meilleur film de son cinéaste. Le travail sur la dialectique est phénoménal.
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Flol
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Flol »

J’en ai effectivement lu et entendu le plus grand bien, suite à sa présentation à Cannes. J’aime assez le cinéma de Kahn donc effectivement, ça devrait l’effectuer.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par anne-claire »

Sur le papier, un synopsis de téléfilm ou qui rappelle the Staircase (le documentaire ou la série), rien qui semble justifier une Palme d'Or a priori. Mais on n'est évidemment pas dans une production hollywoodienne scénarisée par Joe Eszterhas à la manière de A Double Tranchant ou Music Box. La réalisatrice s'amuse bien avec les codes du genre: le séduisant avocat qui en pince pour sa cliente, les révélations sur la vie sexuelle des protagonistes, le coup de théâtre de dernière minute avec un nouveau témoignage, l'unique témoin malvoyant, les effets de manche, la romancière qui avait déjà décrit ses pulsions dans un roman... Mais elle joue de ces codes en mode mineur, s'attachant à éviter tout sensationnalisme, et réussit à nous mettre dans la peau d'un juré pendant 2h30 et à maintenir une vraie tension et un suspens. On s'interroge face à la froideur et à la rigueur tout germanique de Sandra (Sandra Hüller) qui la rende assez peu aimable: a-t-elle précipité son mari du haut de leur chalet ou, pire, l'a-t-elle rabaissé et détruit psychologiquement au point qu'il préfère se suicider. Je pense que j'ai sans doute regardé le film trop au premier degré :D.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mais j'étais pour ma part persuadée qu'elle était coupable.
Ce drame procédural est aussi et surtout un drame psychologique très lourd où les failles d'un couple sont disséquées avec une précision chirurgicale. Face à Sandra Hüller, animal apparemment à sang froid, le personnage du mari semble le seul capable d'exprimer ses sentiments: pourtant il est quasiment absent à l'écran dans la première partie. Il est présent à travers la musique assourdissante qu'il a mis pour manifester son mal-être dans la scène d'introduction, cadavre dans la neige, un haut parleur et un chantier abandonné, une image sur les photos de famille. Il faut attendre la scène centrale de la dispute (quasiment le seul flash-back) du film pour qu'il soit là en chair et en os et que l'émotion, jusque là, maintenue le plus souvent à distance, touche le spectateur en plein coeur. C'est, pour moi, cette scène particulièrement éprouvante par ce qu'elle révèle des non-dits au sein du couple, magistralement interprétée, et tout le final avec le jeune Milo Machado Graner, vraiment bouleversant, qui font que le film sort de l'ordinaire (certes très bon).
Pour autant, il me manque quelque chose. Quelque chose sur lequel je n'arrive à mettre ni les mots, ni le doigt, pour en faire un grand film.
Un jour, je trouverai peut-être réponse à ma question…mais en attendant, ça reste un film très fort et une bien belle Palme.
Oui, tout pareil. Je sors de la salle, et, si on me disait que je devais revoir le film d'ici un mois, pas sûre que j'en aurais très envie. Je pense que ce qui me dérange c'est l'impression que la réalisatrice est dans le surcontrôle, qu'elle intellectualise trop sa façon de filmer le procès.

Enfin, je trouve curieuse cette date de sortie en plein été. C'est vraiment un film d'hiver pour moi.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Flol »

J’aime beaucoup tout ce que tu dis, Anne-Claire (je me suis permis de mettre des majuscules).
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par bocina »

Comme Candygirl.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Lohmann »

La Gêne Occasionnée signe son retour aujourd’hui avec un podcast dédiée à la Palme.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Flol »

Je viens justement de commencer à l’écouter. Je sens que Begaudeau a adoré.
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Lohmann »

Il a adoré, quitte à renier tout ce qu’il dit par ailleurs (ce qui me chiffonne un brin, mais ayant plus de constance que lui me rassure sur ma propre réception mitigée).
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Wulfa
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Re: Anatomie d'une chute (Justine Triet - 2023)

Message par Wulfa »

Flol a écrit : 2 sept. 23, 16:00 Je crois que j'aime bien les films de procès. [...] c'est EXTRÊMEMENT bien joué. [...] l'immense directrice d'actrices qu'est Justine Triet [...] Pour autant, il me manque quelque chose. Quelque chose sur lequel je n'arrive à mettre ni les mots, ni le doigt, pour en faire un grand film.
Je me retrouve dans tout ce que tu dis, ou presque, Flol, et je te remercie pour ton développement. Au-delà des grandes qualités du film, à tous niveaux, j'éprouve moi aussi quelques réserves à qualifier (pour l'instant) ce film de grand film, et Coxwell a trouvé une belle formule pour résumer mon sentiment :
Coxwell a écrit : 28 août 23, 13:45 Il ne s’agit pas vraiment de questionner mais d’asséner des vérités
Même si je ne souscris pas à la critique sévère qui entoure cette formule, je trouve l'idée assez juste. Le montage et l'écriture finissent par trop lever les ambiguïtés, à mon sens. J'ai lu que pour certains le personnage serait irrémédiablement coupable. J'ai eu le sentiment inverse tout au long du film. J'ai surtout l'impression que ce qui intéresse la réalisatrice et scénariste, c'est en premier lieu la dissection du couple en place publique et le lynchage médiatique de cette femme accusée, qui ne correspond pas tout à fait aux normes sociales. Même si Justine Triet se défend catégoriquement d'avoir fait un film à thèse, je trouve que l'ensemble finit par devenir une grande démonstration, un peu trop visible, et par là même, un peu trop artificielle par moments.
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