JUILLET 2023
FILM DU MOIS:
Nishant, de Shyam Benegal (1975) 9/10 - Un film dense, qui fonctionne à la fois en allégorie et en récit circonstancié. On comprend que le réalisateur ait placé un carton pour signaler que "toute ressemblance avec des personnes réelles serait purement fortuite" en ouverture du film. La mise en scène est précieuse et riche, le récit rude et implacable, et surtout d'une grande vérité humaine. Le genre de film qui fait qu'on a envie de discuter après l'avoir vu...
FILMS DECOUVERTS:
Cloaca, de Willem van de Sande Bakhuyzen (2003) 7/10 - visible sur Netflix, ce classique du cinéma néerlandais décrit les relations d'un groupe de copains de 20 ans, lors d'une crise. L'un quitte sa femme, l'autre doit restituer des tableaux de valeur, le dernier sort d'une clinique psychiatrique...
Shiawase no kiiroi hankachi /
Les mouchoirs jaunes du bonheur, de Yoji Yamada (1977) 8/10 - Un road movie attachant qui lie 3 laissés pour compte de la vie, le temps d'une virée en voiture. Gros succès populaire au Japon en 77, bien compréhensible.
Elemental, de Peter Sohn (2023) 8,5/10 - Excellente surprise, un Pixar graphiquement très riche, narrativement inventif et bourré d'idées visuelles.
Le travail /
Baara, de Souleymane Cissé (1978) 7,5/10 - Portrait du Mali de 1979, parcouru de luttes sociales entre un conservatisme nauséabons et une jeunesse qui peine à trouver moyen de vivre. Très bien mis en scène et chouette photo pour ce récit qui se suit volontiers...
Indiana Jones et le Cadran de la destinée, de James Mangold (2023) 7,5/10 - Bien fichu, un film qui parvient à ressusciter l'esprit de l'archéologue pour un dernier tour de manège, mais les héros sont fatigués, et les réalisateurs aussi. Au final, des retrouvailles sympathiques, mais sans éclat, et un bon divertissement. Ca m'a fait penser à une réunion d'anciens, on est content de se revoir, on a tous évolué, et c'est sympa de faire le point sur son parcours en voyant celui des autres, mais bon, ça ne va pas recréer les amitiés ou fonder de nouvelles choses...
Insidious: The Red Door, de Patrick Wilson (2023) 7,5/10 - Curieuse idée que de faire un bond en avant de 9 ans, mais finalement, le film fonctionne bien, et Wilson se révèle tout à fait compétent. Plaisir d'amateur de genre, même si la saga Insidious a toujours un peu les mêmes limites depuis le début...
Asteroid City, de Wes Anderson (2023) 8/10 - Le réalisateur aura beau poursuivre dans la même veine, je prends toujours un grand plaisir devant son cinéma stylisé, son jeu de mise en abyme, son parterre de comédiens joueurs, ses BO somptueuses, et sa façon virtuose de carte-postaliser un lieu, un temps, un espace, en quelques vignettes hautement signifiantes.
The Poughkeepsie Tapes, de John Erick Dowdle (2007) 6/10 - Ce documenteur de Dowdle, écrit avec sa femme et produit entre amis, restera peut-être le meilleur film de ce metteur en scène pas toujours très doué. Mais bon, ici on s'amuse pas mal, entre pastiche et moments faussement malaisants, à recréer un "mythe" le temps d'un film. Une curiosité, loin d'être incontournable, mais plutôt rigolote.
The Pirate, de Vincente Minnelli (1948) 6,5/10 - Si je reste hermétique au genre de la comédie musicale, et que l'argument de ce film me parait un peu futile, certains tableaux m'ont plutôt plu et la grace de Gene Kelly force l'admiration.
The Great Muppet Caper, de Jim Henson (1981) 6/10 - Jim Henson dirige mieux ses muppets que ses comédiens, et ici, au vu d'une intrigue inexistante, c'est gênant. Les tableaux chantés et dansés sont réussis et techniquement assez audacieux, mais peu d'humour, pas d'histoire, et des comédiens qui s'ennuient.
Schyzo Dream /
Pin, de Sando Stern (1988) 8/10 - Fortement inspiré par Psychose, un film bien fichu, assez angoissant. En gros, un enfant fait une fixette sur un écorché dans le bureau de son père... Ce mannequin parle-t-il vraiment ? Est-il animé ? En tout cas une belle surprise (et un titre français honteux).
A cry in the dark, de Fred Schepisi (1988) 8,5/10 - Récit du procès le plus médiatique des années 80 en Australie. Assez passionnant et remarquablement incarné par Sam Neill et Meryl Streep, un film qui témoigne aussi de l'emprise des média sur l'actualité juridique.
Viejo calavera, de Kiro Russo (2016) 4/10 - Film à la limite du documentaire qui suit un jeune en déshérence qui va travailler dans la mine et ainsi découvrir un monde rude et solidaire. L'argument fictionnel est léger, le rythme lancinant, la forme très moyenne, j'aurais préféré un documentaire.
Zan boko, de Gaston Kabore (1988) 8/10 - Portrait du Burkina Faso, avec son développement urbain sauvage, et le contraste entre la vie campagnarde et la vie citadine. Le film trace le récit d'un agriculteur envahit par la ville en pleine croissance, et ses difficultés à garder la terre de ses ancêtres... Un film puissant.
The Love Eterne /
Liang Shan Bo yu Zhu Ying Tai, de Han Hsiang Li (1963) 9/10 - Superbe comédie musicale tirée d'un récit classique chinois (dont Tsui Hark fera, notamment, The Lovers). Le fait de faire jouer les deux personnages par des femmes ajoute un sous-texte au film (pas forcément volontaire, à l'époque le cinéma chinois attribue souvent des rôles de jeune homme à des femmes), et la beauté de certaines séquences est d'un charme de dingue. Probable film du mois.
Les chemins de la terreur /
Labyrinth des Grauens, de Michael Curtiz (1921) 6/10 - Un film-feuilleton rocambolesque assez fade, dont la partie la plus intéressante est sans doute un final très spectaculaire, dans lequel Curtiz révèle un savoir-faire pour filmer les séquences d'action.
Les vertes années /
Os Verdes Anos, de Paulo Rocha (1963) 7,5/10 - Film phare de la nouvelle vague portugaise, dont le récit d'un jeune provincial largué dans le Lisbonne moderne s'efface derrière une approche formelle très travaillée et souvent belle.
The Bus /
Otobüs, de Tunç Okan (1975) 7/10 - Un film intrigant sur l'immigration et le cynisme des passeurs, qui n'a rien perdu de sa pertinence aujourd'hui... Mais dans ce récit d'immigrés qui n'osent pas sortir de leur bus garé en plein centre ville, Okan place quelques délicieux moments de poésie, qui restent sans doute les meilleurs séquences du film.
Djeli, conte d'aujourd'hui, de Fadika Kramo-Lanciné (1981) 7/10 - Variation sur un amour interdit, et le conflit avec un père qui veut maintenir son autorité en imposant aux enfants le respect des traditions. Un film charmant, un peu faible dans les moments de tension, assez mordant dans ses dépictions du quotidien du village et des réunions solennelles des anciens.
Oppenheimer, de Christopher Nolan (2023) 8,5/10 - Film de procès plus encore que biopic, de la belle ouvrage, portée par un ensemble de comédiens impeccables, et une BO mémorable.
Holy Shit ! de Lukas Rinker (2022) 4/10 - Film concept et comédie policière, qui vaut surtout pour son idée de départ (toute l'action se déroule dans une toilette de chantier dans laquelle le héros est enfermé). Hélas, mal mis en scène et tristement banal, le film ne s'élève jamais au dessus de son postulat potache et s'afflige en plus de comédiens gesticulants et plus mauvais encore que l'odeur du décor du film...
Master Gardener, de Paul Schrader (2022) 8/10 - Bien joué et remarquablement mis en scène, ce film de rédemption me frappe par ses correspondances avec
Taxi Driver, comme une réponse apaisée, 40 ans plus tard, proposant la nature en opposition à la ville, et le caregiving en alternative à la violence de Bickle, comme meilleur accès à une seconde chance...
Barbie, de Greta Gerwig (2023) 7,5/10 - Un remarquable travail formel pour offrir un monde de jouets qui fonctionne à l'écran, un casting en or, et une comédie particulièrement sympathique, même si la problématique féministe enfonce pas mal de portes ouvertes et surprend peu.
Funny Face, de Stanley Donen (1957) 8,5/10 - Un film ludique qui parodie la France des années 50, le mouvement beatnik, mais avec le charme fou d'Audrey Hepburn et un formidable score de Gershwin, la magie fonctionne fort bien. Coup de coeur.
Touch me not, de Adina Pintilie (2018) 5/10 - Un film étrange sur la sexualité et l'intimité des corps, entre introspection et voyeurisme complaisant, difficile de trancher et de se positionner. Mention à la photo, superbe, malgré un traitement glacial de l'action, mais le choix de la fiction, alors que les gens se jouent eux-mêmes, est ici douteux. Berlin lui a donné l'ours d'or, je ne l'aurais probablement pas fait.
La femme du fossoyeur /
Guled & Nasra, de Khadar Ayderus Ahmed (2021) 7,5/10 - A la fois histoire d'amour et grand récit social somalien, ce film bénéficie d'une grande beauté formelle. La résolution ne me satisfait pas vraiment, mais le film est globalement très intéressant et visuellement réussi.
L'innocent, de Louis Garrel (2022) 7,5/10 - Une comédie policière réussie, qui doit beaucoup au charme de son casting, et au choix de Garrel de tirer parti de son image de raleur bougon. L'ensemble fonctionne bien.
Le manoir hanté /
Haunted Mansion, de Justin Simien (2023) 7,5/10 - En se concentrant sur l'esprit de l'attraction Disney, et en laissant ses comédiens s'amuser, le réalisateur parvient à faire un film fort distrayant, ce qui est toujours bon à prendre.
The First Slam Dunk, de Takehiko Inoue (2022) 7,5/10 - Anime sur le basketball à l'intrigue assez banale, le film saisit surtout par sa gestion d'une 3D dynamique qui permet de suivre le match avec d'étonnants mouvement de caméra, très réussis.
Farang, de Xavier Gens (2023) 7/10 - Film de baston efficace tourné en Thailande, le film a pour lui quelques belles séquences d'anthologie très réussies, et un Olivier Gourmet surprenant en bad guy...
Les meutes, de Kamal Lazraq (2023) 6,5/10 - Une histoire de cadavre trimballé par deux bras cassés, et surtout une occasion d'explorer les bas-fonds nocturnes de Casablanca dans un bal de tête assez saisissant.
La maison du mal /
Cobweb, de Samuel Bodin (2023) 7,5/10 - Je n'ai pas vu Marianne, mais connaissais sa mauvaise réputation. J'allais donc voir le film avec quelques réserves. Du coup, ce dernier se révèle une excellente surprise, un film qui jongle avec quelques clichés mais sans trop en pâtir, qui instille un malaise persistant et qui finit avec une séquence finale qui a bien fait se tortiller la salle. Pas mal du tout, le p'tit frenchie !!
Ha-Lahaka, de Avi Nesher (1978) 7,5/10 - Variation israélienne, et donc militaire, sur les sous-doués, avec une popularité à peu près équivalente, je crois. On suit une troupe musicale, jeune, qui ne pense que blagues et sexe, tandis qu'ailleurs, des gens meurent au front. Drole et la musique est chouette, une belle découverte.
FILMS REVUS:
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Janvier 2021 = Tian mi mi / Comrades: Almost a Love Story, de Peter Chan (1996)
Février 2021 = Une famille syrienne, de Philippe Van Leeuw (2017)
Mars 2021 = Peking Opera Blues, de Tsui Hark (1986)
Avril 2021 = Den Enfaldigen Morderen, de Hans Aldredsson (1982)
Mai 2021 = La loi de Téhéran, de Saeed Roustayi (2019)
Juin 2021 = Les enfants nous regardent, de Vittorio de Sica (1944)
Juillet 2021 = Titane, de Julia Ducornau (2021)
Aout 2021 = Kladivo na carodejnice / Witchhammer, de Otakar Vávra (1970)
Septembre 2021 = La divine croisière, de Julien Duvivier (1929)
Octobre 2021 = The Last Duel, de Ridley Scott (2021)
Novembre 2021 = Historias extraordinarias, de Mariano Llinas (2008)
Decembre 2021 = Don't look up, d'Adam McKay (2021)
Janvier 2022 = Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson (2021)
Février 2022 = Here comes Mr Jordan, d'Alexander Hall (1941)/
Mars 2022 = Szürkület / Twilight , de György Fehér (1990)
Avril 2022 = Encanto, de Jared Bush, Byron Howard & Charise Castro Smith (2021)
Mai 2022 = Great day in the morning, de Jacques Tourneur (1956)
Juin 2022 = Men, d'Alex Garland (2022)
Juillet 2022 = Les corneilles / Wrony, de Dorota Kedzierzawska (1994)
Aout 2022 = I remember Mama, de George Stevens (1948)
Septembre 2022 = Hinterland, de Stefan Ruzowitzky (2021)
Octobre 2022 = Le mariage des moussons, de Mira Nair (2001)
Novembre 2022 = Krzyzacy / Les chevaliers teutoniques, d'Alexander Ford (1960)
Decembre 2022 = Avatar: the way of water, de James Cameron (2022)
Janvier 2023 = La dernière étape/ Ostatni etap, de Wanda Jakubowska (1948)
Février 2023 = RRR, de S.S. Rajamouli (2022)
Mars 2023 = L'étreinte du serpent, de Ciro Guerra (2015)
Avril 2023 = Victim, de Basil Dearden (1961)
Mai 2023 = Guardians of the Galaxy Volume 3, de James Gunn (2023)
Juin 2023 = Ashani Sanket / Tonnerres lointains , de Satyajit Ray (1973)