Un cinéaste que je trouve très intéressant. Deux avis que j'avais posté il y a quelques temps :
The Blue Lamp (
Police sans Armes/
La Lanterne Bleue - Basil Dearden, 1950)
Dans l'immédiat après guerre, le quotidien des policiers de Paddington Green, dont l’expérimenté George Dixon et la recrue Andy Mitchell. Mal préparé à affronter une nouvelle génération de délinquants, Dixon tombe sous les balles du jeune truand Tom Riley après le casse d'un cinéma.
The Blue Lamp est un film criminel que l'on pourrait classer dans la catégorie 'procedural'. Toute la première partie du film est consacré au quotidiens des bobbies de New Scotland Yard, leur rondes et leurs taches classiques : chiens perdus, enfants fugueurs, vendeurs à la sauvette,... Cette première partie a un aspect documentaire très marqué, proposant une intéressante peinture de l’Angleterre de l’immédiat après guerre et nous rendant éminemment sympathique ces policiers. D'ailleurs, l'ensemble du film est une ode aux policiers, le scénario étant écrit par un ex-policier, T. E. B. Clarke, avec la collaboration d'Alexander Mackendrick.
En parallèle, Dearden dépeint également le quotidien de petites frappes, menées par l'excellent Dirk Bogarde et insiste sur leur décalage avec le milieu classique, qui les trouve incontrôlable. C'est ce décalage qui est illustré lors de la mort de Dixon, qui marche sur le truand armé sans conscience du danger. Ces gangsters qui ne répondent plus aux codes classiques sont le symbole d'une Angleterre qui change et d'une police dépassé par un banditisme aveugle. Les relations dans le groupe criminel se détériorent d'ailleurs rapidement après le casse, évoquant en cela, de manière mineur, ce que l'on avait pu voir dans
Payroll.
A la chronique quotidienne s'ajoute alors la peinture habile de l’enquête policière, qui se conclut par une course poursuite remarquable d'intensité.
Tout au long du film, Dearden fait preuve d'un grand sens esthétique, entre documentaire et film noir. La composition des cadres, notamment en extérieur, est remarquable et participe nettement à la réussite documentaire du film.
L’enquête en elle même est finalement secondaire, elle est la conséquence d'une peinture sociale réussie, éloge de la police mais également constat de son impuissance. En ce sens, le titre français
Police sans Armes est pour une fois intelligent.
The Blue Lamp se regarde comme une chronique du quotidiens de personnages attachants, traitée avec beaucoup d'humour (notamment une sympathique chanson inventée par Dixon), qui rend d'autant plus touchante la mort du principal personnage. Cela n’empêche évidement pas le changement de vitesse de Dearden dans le final, qui, dans une atmosphère très noire, est une réussite exceptionnelle.
The Blue Lamp est également porté par une excellent casting, avec au dessus du lot Jack Warner (George Dixon), Jimmy Hanley (Andy Mitchell) et surtout un Dirk Bogarde remarquable en petite frappe instable.
Superbe film 'socio-criminel',
The Blue Lamp est une nouvelle preuve, après ma découverte il y a quelques jours de
The League of Gentlemen, du talent visuel et narratif de Dearden. Un réalisateur aussi brillant sur le terrain criminel ne peut que m’intéresser au plus haut point, je vais continuer à creuser son œuvre dans les plus brefs délais.