Café Society (Woody Allen - 2016)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Demi-Lune »

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Blue a écrit :Encore un Allen mineur, mou du genou, avec un sérieux manque de rythme. Reste que c'est mis en lumière et cadré par ce génie de Vittorio Storaro, et c'est là la véritable valeur ajoutée de ce film (d'autres diront que c'est Kristen Stewart :oops: :mrgreen: ).
Je dois dire que le seul argument qui me motive prioritairement dans le cru 2016 du vieux Woody, c'est le retour aux affaires du Dieu Vittorio Storaro.
Au vu de ce que dit Blue, la rencontre a l'air d'avoir porté ses fruits, et pourtant, quand je regarde la bande-annonce, j'ai du mal à reconnaître la patte du plus grand des chefs op'. Le travail a l'air de se conformer simplement à l'esthétique des précédentes collaborations avec Darius Khondji (du jaune chaleureux). Il y a une vraie plus-value Storaro dans Café Society ?


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AtCloseRange
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par AtCloseRange »

Demi-Lune a écrit :Image
Blue a écrit :Encore un Allen mineur, mou du genou, avec un sérieux manque de rythme. Reste que c'est mis en lumière et cadré par ce génie de Vittorio Storaro, et c'est là la véritable valeur ajoutée de ce film (d'autres diront que c'est Kristen Stewart :oops: :mrgreen: ).
Je dois dire que le seul argument qui me motive prioritairement dans le cru 2016 du vieux Woody, c'est le retour aux affaires du Dieu Vittorio Storaro.
Au vu de ce que dit Blue, la rencontre a l'air d'avoir porté ses fruits, et pourtant, quand je regarde la bande-annonce, j'ai du mal à reconnaître la patte du plus grand des chefs op'. Le travail a l'air de se conformer simplement à l'esthétique des précédentes collaborations avec Darius Khondji (du jaune chaleureux). Il y a une vraie plus-value Storaro dans Café Society ?


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Pacaya a bien essayer de nous faire croire que le forum avait redémarré mais il y a un twist.
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Thaddeus
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Thaddeus »

Difficile de dire s'il y a une plus-value Storaro, mais l'exercice d'élégance plastique prouve une fois de plus que Woody Allen, en s'entourant des plus grands directeurs photo du monde (ici l'Italien donc, après Zsigmond ou Khondji), s'impose toujours une certaine exigence. Comme bien d'autres du réalisateur, le film joue à fond sur le scintillement glamour et fantasmé d'une certaine époque, et de ce point de vue le travail de Storaro s'avère sinon admirable, du moins parfaitement cohérent avec la démarche recherchée.

Sur le fond, je trouve qu'il s'agit d'un beau Woody Allen, certes en rien majeur ou révolutionnaire (qui pourrait le croire en y entrant ?), mais dont l'aisance tranquille et la finesse de touche garantissent un vrai plaisir. Dans son glissement progressif de la comédie vers la mélancolie, dans ce qu'il suggère d'un certain regret existentiel, dans cette love story en creux qui ne sera jamais vraiment concrétisée, dans sa propension à dénicher ce qu'il y a de plus valorisant chez tous ses personnages (celui secondaire de Blake Lively, tout à fait adorable, est caractéristique de ce regard), le film m'a séduit. Ceci dit je suis de ceux qui aiment à peu près tout ce que fait le réalisateur, donc méfiance : c'est une parole de vendu.
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Alexandre Angel
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Thaddeus a écrit :Dans son glissement progressif de la comédie vers la mélancolie, dans ce qu'il suggère d'un certain regret existentiel, dans cette love story en creux qui ne sera jamais vraiment concrétisée, dans sa propension à dénicher ce qu'il y a de plus valorisant chez tous ses personnages (celui secondaire de Blake Lively, tout à fait adorable, est caractéristique de ce regard),
Eh bien oui,c 'est d'elle dont je suis tombé amoureux. La scène où Jesse Eisenberg la drague dans son club ("Vous aimez le jazz?") est le sommet secret du film : Blake Lively y est géniale de naturel radieux et de réalisme dans le jeu (on croit voir un documentaire très court sur la meilleure façon de jouer, pour une comédienne, le plaisir émoustillé et fier d'être draguée).
Sinon, légère déception pour moi même si relative. C'est de ma faute, j'attends que Woody Allen me subjugue comme il l'avait fait avec Hannah et ses soeurs, Zelig, La Rose pourpre du Caire ou même Coups de feu sur Broadway : la lecture de la presse m'en donnait l'espoir. Le dernier Woody Allen qui m'aie donné un plaisir à peu près pur, sans que ce soit un chef d'oeuvre, mais tout de même une vraie comédie limpide, efficace, aérée (format) et digne des anciens (Lubitsch, Wilder) fut Magic in the Moonlight.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Thaddeus
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Thaddeus »

Alexandre Angel a écrit :(on croit voir un documentaire très court sur la meilleure façon de jouer, pour une comédienne, le plaisir émoustillé et fier d'être draguée).
Elle est aussi très lucide sur la situation dans laquelle elle se trouve à ce moment-là. Et cette même lucidité sur eux-mêmes est une caractéristique qui vaut pour tous les personnages (Eisenberg, Stewart, Carrel et Lively). Chacun sait le dilemme dans lequel il se trouve, ce qu'il a à perdre et à gagner, ce qu'il risque (ou non) à faire un choix ou un autre, et finalement est conscient de ce que ce choix l'a amené à sacrifier. Ce sont des êtres intelligents, perspicaces et touchants, parce qu'ils sont mus aussi par le souci de ne pas blesser l'autre (Carrel répète qu'il est mortifié à l'idée de faire du mal à son épouse à la quittant). Ce qui, mine de rien, est assez original dans une filmographie globalement placée sousr le signe de l'illusion ou de la méprise, sous quelque forme que ce soit. Chez Woody Allen, généralement, on se plante complètement sur soi-même et les autres, ou bien alors on recourt à des médiations diverses et variées (le cinéma, la magie, l'hypnose...) pour adoucir la dureté de l'existence, voire pour ne pas l'affronter. Ici, pas du tout : chaque situation est bien pesée et chaque choix assumé.
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Alexandre Angel
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Thaddeus a écrit :
Alexandre Angel a écrit :(on croit voir un documentaire très court sur la meilleure façon de jouer, pour une comédienne, le plaisir émoustillé et fier d'être draguée).
Elle est aussi très lucide sur la situation dans laquelle elle se trouve à ce moment-là. Et cette même lucidité sur eux-mêmes est une caractéristique qui vaut pour tous les personnages (Eisenberg, Stewart, Carrel et Lively). Chacun sait le dilemme dans lequel il se trouve, ce qu'il a à perdre et à gagner, ce qu'il risque (ou non) à faire un choix ou un autre, et finalement est conscient de ce que ce choix l'a amené à sacrifier. Ce sont des êtres intelligents, perspicaces et touchants, parce qu'ils sont mus aussi par le souci de ne pas blesser l'autre (Carrel répète qu'il est mortifié à l'idée de faire du mal à son épouse à la quittant). Ce qui, mine de rien, est assez original dans une filmographie globalement placée sousr le signe de l'illusion ou de la méprise, sous quelque forme que ce soit. Chez Woody Allen, généralement, on se plante complètement sur soi-même et les autres, ou bien alors on recourt à des médiations diverses et variées (le cinéma, la magie, l'hypnose...) pour adoucir la dureté de l'existence, voire pour ne pas l'affronter. Ici, pas du tout : chaque situation est bien pesée et chaque choix assumé.
Tiens ça me donnerait presque envie d'y refaire un tour, en ayant cet angle-là en tête.
J'ai été un poil gêné par tout ce qui tourne autour du frère gangster, qui m'a paru plaqué, superflu, possiblement hors-sujet. Mais peut-être à tort..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Blue »

Je me répète, mais il manque du rythme (narration, découpage) à tout ça pour en faire quelque chose de mieux qu'un sympathique film oubliable. J'ai vu quelques Lubitsch récemment, dont "Rendez-vous", et ça met assez en évidence ce petit truc qui manque aujourd'hui à Allen pour faire des comédies plus enlevées.

Par contre, Kristen Stewart éclairée par Storaro ferait se défroquer un pape.
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Alexandre Angel
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Blue a écrit : et ça met assez en évidence ce petit truc qui manque aujourd'hui à Allen pour faire des comédies plus enlevées.
Ce petit truc y était pour Magic in the Moonlight à mon sens, mais le film était plus léger..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Thaddeus
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Thaddeus »

Voilà. Je ne pense pas que Café Sociéty soit vraiment une comédie.
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Demi-Lune
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Demi-Lune »

Blue a écrit :J'ai vu quelques Lubitsch récemment, dont "Rendez-vous"
Et tu lui as mis 6/10.

Je balance. :mrgreen:
aelita
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par aelita »

Thaddeus a écrit :Voilà. Je ne pense pas que Café Sociéty soit vraiment une comédie.
Plutôt une comédie dramatique, alors. Un film plutôt doux-amer, mélancolique vers la fin , avec des moments très drôles tout de même (notamment grâce à la famille de Bobby - le dialogue des parents lorsqu'ils apprennent que Ben , le gangster, s'est converti au christianisme est génial et c'est lui qui a le plus fait rire le public à la séance où j'étais). D'ailleurs, j'ai trouvé les dialogues moins brillants et/ou enlevés que dans les précédents films. Très bons, mais peu de répliques marquantes.
Oui Kristen Stewart est épatante. Je l'ai d'ailleurs trouvée excellente dans tous les films où je l'ai vue : Sur la route, Sils Maria et Still Alice
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Strum »

J'ai trouvé toute la partie centrale avec Blake Lively (une actrice qui ne dégage rien) à la fois longue et plate ; elle est sans enjeu et illustrative. Elle n'est qu'un pont narratif entre la première et la troisième parties qui portent le véritable sujet du film, l'histoire d'amour entre Kristen Stewart et Jesse Eisenberg, qui est un rendez-vous manqué avec la vie ; les hésitations et la peur de l'incertitude leur sont fatales. Pour le reste, Woody tourne en rond, et le film, même dans ses éclairs d'inspiration, a des allures de pot-pourri de son cinéma, pot-pourri qui n'est évidemment pas sans charme et participe du caractère mélancolique de l'ensemble - le dialogue de trois minutes entre les parents sur le judaïsme et à la mort à la fin est hilarant et vaut à lui seul le déplacement, mais c'est un feu d'artifice solitaire. Quant à l'apport de Storaro (beaux jaunes, moins artificiels et plus émouvants que ceux de Khondji), il est réel, mais il ne règle pas le problème de fond de tous les Allen depuis le départ en 1998 de Susan Morse, sa monteuse historique : la perte de ce secret du rythme qui faisait pétiller ses meilleurs films, où les dialogues brillants s'appuyaient sur un montage formidablement enlevé. C'est la collaboration d'Allen et Morse qui était à l'origine du rythme si vif et fluide des grands Woody. Café Society reste heureusement bien meilleur que L'Homme irrationnel. Je développerai mon avis sur le film.
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Alexandre Angel
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Alexandre Angel »

Strum a écrit :J'ai trouvé toute la partie centrale avec Blake Lively (une actrice qui ne dégage rien) à la fois longue et plate ; elle est sans enjeu et illustrative. Elle n'est qu'un pont narratif entre la première et la troisième parties qui portent le véritable sujet du film, l'histoire d'amour entre Kristen Stewart et Jesse Eisenberg, qui est un rendez-vous manqué avec la vie
Pas trop d'accord avec ça, quand même. Outre que je trouve qu'elle dégage quelque chose (mais je l'ai déjà dit), elle apporte sa contribution à la mélancolie ambiante en y déposant la sienne. L'enjeu est tout simplement sa souffrance d'épouse qui sait ce que ressent son mari, et devine son histoire. Ce personnage-là, on l'a vu dans d'autres films. Je pense à Wynona Rider dans Le Temps de l'innocence. Même si chez Scorsese, c'était plus fouillé et ambivalent d'un point de vue scénaristique, le personnage de Blake Lively est aussi (potentiellement) la victime du "rendez-vous manqué avec la vie " que tu évoques.
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par Major Tom »

aelita a écrit :Oui Kristen Stewart est épatante. Je l'ai d'ailleurs trouvée excellente dans tous les films où je l'ai vue : Sur la route, Sils Maria et Still Alice
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aelita
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Re: Café Society (Woody Allen - 2016)

Message par aelita »

Question totalement inutile , puisque je cite les trois films où je l'ai vue.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (pensée shadok)
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