Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
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Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…
Un mot très court sur cette proposition de ciné immersive en temps réel, primée notamment aux derniers Festival de Berlin et de Beaune. On ne déflorera rien en révélant le procédé employé par Sebastian Schipper, à savoir une prise unique de près de deux heures et quinze minutes censée accroître la sensation de proximité et de prise sur le vif. L'histoire colle aux basques de Victoria, une jeune Espagnole un peu esseulée à Berlin qui rencontre, à la sortie d'une boîte de nuit, une bande de quatre garçons bien éméchés. Elle se lie rapidement avec eux, particulièrement avec le dénommé Sonne, hâbleur et fanfaron, et pendant une heure un peu erratique le film joue la carte du marivaudage guilleret, s'attardant dans les rues et sur les toits où la joyeuse équipe s'amuse à siroter les bières de fin de soirée. À mi-parcours, l'intrigue bascule complètement et vire dans le polar dopé d'adrénaline. Je dois avouer que cette seconde partie m'a bien scotché, d'une part parce qu'elle témoigne d'une maîtrise du suspense assez bluffante, d'autre part parce qu'elle ouvre sur certains enjeux (la solidarité, notamment) qui la densifient et la boostent considérablement. Le plus grand intérêt du film reste sans doute le beau portrait qu'il fait de son héroïne, embarquée malgré elle dans une cavale sanglante et fatale, mais pendant laquelle elle va témoigner de ressources insoupçonnées. J'ajoute que si on n'en tombe pas au moins un peu amoureux de Laia Costa, faut consulter.
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
J'avais bien envie de découvrir ce film, malheureusement je n'ai pas encore eu le temps et j'ai un doute sur le fait qu'il reste bien longtemps en salle
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
J'ai bien aimé ce film, mais pas autant que je l'aurai voulu, la faute à un certain nombre d'incohérences (
Cela dit, le fait d'avoir réalisé le film en un seul plan le rend clairement immersif et constamment surprenant. J'ai notamment beaucoup aimé la rupture qui se crée à la moitié du film, et qui le fait basculer dans un suspense assez éprouvant. Mais cette deuxième partie, qui de mon point de vue accumule certaines facilités et raccourcis, m'a largement moins séduit que la première partie, magnifique errance nocturne dans les rues de Berlin.
Et comme Thaddeus, je trouve que Laia Costa dans le rôle-titre est géniale.
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Cela dit, le fait d'avoir réalisé le film en un seul plan le rend clairement immersif et constamment surprenant. J'ai notamment beaucoup aimé la rupture qui se crée à la moitié du film, et qui le fait basculer dans un suspense assez éprouvant. Mais cette deuxième partie, qui de mon point de vue accumule certaines facilités et raccourcis, m'a largement moins séduit que la première partie, magnifique errance nocturne dans les rues de Berlin.
Et comme Thaddeus, je trouve que Laia Costa dans le rôle-titre est géniale.
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
locktal a écrit :
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
Thaddeus a écrit :locktal a écrit :
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
Ohlala.Thaddeus a écrit :J'ajoute que si on n'en tombe pas au moins un peu amoureux de Laia Costa, faut consulter.
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
Pas totalement convaincu. Comme beaucoup, j'ai largement préféré la 1ère partie. Cette errance au petit matin dans un Berlin désert est ce qu'il y a de mieux dans le film.
Par la suite, j'ai été beaucoup moins concerné par la partie thriller du film. Comme locktal, j'ai eu du mal à croire en certains événements du récit, qui sentent un peu trop pour moi le procédé scénaristique qui arrange bien le réalisateur, mais qui s'avèrent peu crédibles.
Techniquement, rien à dire : c'est assez ébouriffant. Mais malheureusement, et je ne sais pas trop pourquoi, je n'ai jamais ressenti ce côté immersif et éprouvant que le réalisateur aurait tellement aimé m'infliger. Je suis pourtant généralement client de ce genre de procédés, mais peut-être est-ce dû au fait que ce plan-séquence ne soit jamais montré de manière ostentatoire, avec très peu de beaux plans léchés, peu de transitions chiadées pour bien montrer la difficulté de tourner tout cela en 1 seule fois. Résultat : on oublie très vite cette audace formelle, ce qui est à la fois une qualité (ce n'est pas qu'un pur exercice de mise en scène) et un défaut (filmé autrement, de manière plus conventionnelle, j'aurais paradoxalement été peut-être plus immergé dans cette course folle).
Je pense aussi que le film aurait gagné à être plus condensé, certaines scènes sont vraiment étirées pour rien (l'instant piano dans le café, la fin dans la chambre). Chose que je n'aurais pas ressentie si j'avais été scotché à mon siège pendant plus de 2h (ce à quoi je m'attendais, je dois bien l'avouer).
Mais chapeau bas au chef op', qui a heureusement droit à être cité en 1er dans le générique de fin. J'ose même pas imaginer le boulot de dingo nécessaire pour filmer ces 130mn.
6/10 (principalement pour la beauté du geste)
Par la suite, j'ai été beaucoup moins concerné par la partie thriller du film. Comme locktal, j'ai eu du mal à croire en certains événements du récit, qui sentent un peu trop pour moi le procédé scénaristique qui arrange bien le réalisateur, mais qui s'avèrent peu crédibles.
Techniquement, rien à dire : c'est assez ébouriffant. Mais malheureusement, et je ne sais pas trop pourquoi, je n'ai jamais ressenti ce côté immersif et éprouvant que le réalisateur aurait tellement aimé m'infliger. Je suis pourtant généralement client de ce genre de procédés, mais peut-être est-ce dû au fait que ce plan-séquence ne soit jamais montré de manière ostentatoire, avec très peu de beaux plans léchés, peu de transitions chiadées pour bien montrer la difficulté de tourner tout cela en 1 seule fois. Résultat : on oublie très vite cette audace formelle, ce qui est à la fois une qualité (ce n'est pas qu'un pur exercice de mise en scène) et un défaut (filmé autrement, de manière plus conventionnelle, j'aurais paradoxalement été peut-être plus immergé dans cette course folle).
Je pense aussi que le film aurait gagné à être plus condensé, certaines scènes sont vraiment étirées pour rien (l'instant piano dans le café, la fin dans la chambre). Chose que je n'aurais pas ressentie si j'avais été scotché à mon siège pendant plus de 2h (ce à quoi je m'attendais, je dois bien l'avouer).
Mais chapeau bas au chef op', qui a heureusement droit à être cité en 1er dans le générique de fin. J'ose même pas imaginer le boulot de dingo nécessaire pour filmer ces 130mn.
6/10 (principalement pour la beauté du geste)
- Thaddeus
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
Ah ? Ah.
Bon je sens que je vais être l'un des rares à avoir préféré la deuxième partie à la première.
Bon je sens que je vais être l'un des rares à avoir préféré la deuxième partie à la première.
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
L'instant piano c'est un des rares moments où j'ai été un peu touché par l'histoire et le personnage principal, le film se pose enfin un peu...j'ai trouvé le film bien trop long pour ce qu'il raconte, et pas fan non plus de la caméra tremblotante (surtout au 2ème rang )Ratatouille a écrit :Je pense aussi que le film aurait gagné à être plus condensé, certaines scènes sont vraiment étirées pour rien (l'instant piano dans le café, la fin dans la chambre).
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
Performance technique ? Assurément.
Performance logistique ? Bien entendu.
Performance sportive ? Tout à fait.
Intérêt artistique ? Quasi nul.
Si j'évacue le travail du chef op et de son équipe, il me semble qu'il ne reste plus rien de bien remarquable dans cet exercice de style. L'intrigue est banale, et ne m'a surpris que par ses incohérences : l'héroïne qui se transforme en Lara Croft en moins de 3 heures, le braquage le moins préparé et le plus facile de l'univers, la capitale de l'Allemagne totalement vide à 6h du matin, la police qui raterait Salah Abdeslam dans une nurserie parce qu'il est déguisé en baby-sitter.
Hormis Victoria et Sonne, les autres personnages sont juste fonctionnels, à peine ébauchés en caricature. D'ailleurs les dialogues sont d'une pauvreté rare, qu'on ne trouve guère plus que dans les scripts de Bibi Naceri (ce qui, j'en conviens, doit néanmoins éviter les trous de mémoire dans un rush de 3 heures). La photo est assez laide (mais après tout, on peut s'en foutre), en revanche la mise en scène est aussi ambitieuse que celle de tonton Michel et son camescope lors des dernières vacances à la Baule. Je demande pas du Johnnie To compte tenue de la durée, m'enfin bon, au bout du compte je ne suis pas certain que ce soit plus couillu que ce qu'avait fait Hitchcock avec La Corde et ses moyens de l'époque.
Pour tenter de finir sur une note positive, Laia Costa joue merveilleusement ce rôle absurde, qui atteint selon moi son sommet lors de sa Mephisto Waltz de Listz au piano. Malheureusement, alors que cette "scène" aurait pu être le vrai morceau de bravoure de cet exercice, Costa ne joue pas le morceau elle-même, et est doublée en post-prod. Du fake, de la poudre aux yeux, de l'épate, comme l'est finalement tout le film.
Performance logistique ? Bien entendu.
Performance sportive ? Tout à fait.
Intérêt artistique ? Quasi nul.
Si j'évacue le travail du chef op et de son équipe, il me semble qu'il ne reste plus rien de bien remarquable dans cet exercice de style. L'intrigue est banale, et ne m'a surpris que par ses incohérences : l'héroïne qui se transforme en Lara Croft en moins de 3 heures, le braquage le moins préparé et le plus facile de l'univers, la capitale de l'Allemagne totalement vide à 6h du matin, la police qui raterait Salah Abdeslam dans une nurserie parce qu'il est déguisé en baby-sitter.
Hormis Victoria et Sonne, les autres personnages sont juste fonctionnels, à peine ébauchés en caricature. D'ailleurs les dialogues sont d'une pauvreté rare, qu'on ne trouve guère plus que dans les scripts de Bibi Naceri (ce qui, j'en conviens, doit néanmoins éviter les trous de mémoire dans un rush de 3 heures). La photo est assez laide (mais après tout, on peut s'en foutre), en revanche la mise en scène est aussi ambitieuse que celle de tonton Michel et son camescope lors des dernières vacances à la Baule. Je demande pas du Johnnie To compte tenue de la durée, m'enfin bon, au bout du compte je ne suis pas certain que ce soit plus couillu que ce qu'avait fait Hitchcock avec La Corde et ses moyens de l'époque.
Pour tenter de finir sur une note positive, Laia Costa joue merveilleusement ce rôle absurde, qui atteint selon moi son sommet lors de sa Mephisto Waltz de Listz au piano. Malheureusement, alors que cette "scène" aurait pu être le vrai morceau de bravoure de cet exercice, Costa ne joue pas le morceau elle-même, et est doublée en post-prod. Du fake, de la poudre aux yeux, de l'épate, comme l'est finalement tout le film.
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Re: Victoria (Sebastian Schipper - 2015)
Contrairement à pas mal ici, j'ai eu du mal avec les 40 premières minutes d'installation, mais au final elles s'avèrent importante pour justifier tout le reste du film, les réactions de Victoria, emportée par son attachement d'une nuit à Sonne. Le tour de force visuel du film renforce pour moi la tension dramatique et fait ressortir la performance des acteurs notamment l'héroine principale.
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