C'est le risque. Pour précision, j'étais tout à fait prêt à me laisser embarquer dans le trip (encore que j'ai du mal à voir dans Under the skin un réel film-trip). Les débuts énigmatiques et la première séquence abstraite avec la flaque noire allaient dans ce sens, en termes d'immersion. Ça ne me laissait pas hermétique, à ce moment. J'étais intrigué, j'attendais la suite quoi, ça me paraissait prometteur même si je sentais que ça allait être raide en termes d'investissement émotionnel.aurelien86 a écrit :Après, sur le côté poseur, je crois que dès qu'un film sort un peu de l'ordinaire, s'approchant parfois d'un "trip", soit on y rentre et ok; soit on reste hermétique, et on va presque automatiquement le qualifier de poseur.
Sauf qu'à partir de là, le film se met justement à végéter, victime de ce déficit général d'enjeux qui se mesurera au fur et à mesure dans la partie "chasse" comme dans la partie initiatique. Je radote, mais ce qui pouvait passer pour intrigant la première fois m'est devenu gonflant et particulièrement chiant à regarder à force de systématisme (au bout du troisième gus en érection qui coule, c'est bon, stop) et de ronronnements (la seule fois que le film se remet à vibrer formellement, c'est avec l'implosion qui renoue très brièvement avec la fibre expérimentale de l'ouverture). On a l'impression d'avoir déjà tout clés en main au bout de vingt minutes, ce qui est le comble du paradoxe pour un tel projet. Il se creuse un tel écart entre la gravité tendance autiste de l'exécution et la pauvreté de l'histoire que oui, l'ambition de Glazer s'est mutée dans mon appréciation en pose. Terme un peu fourre-tout qui me permet de qualifier faute de mieux mon indisposition face à cette mise en scène qui se donne les atours de quelque chose de supérieur sans que ça ne se concrétise dans le traitement et ses développements. Au méta, le film serait quasiment pour moi une mise en abyme sur la notion de coquille vide...
Tiens, j'y pense, encore un truc qui m'a fatigué : ces surimpressions tellement fades (Scarlett couchée fondue dans la forêt dans le vent, son profil fondu dans ce torse noir dont on ne comprendra que bien plus tard ce qu'il signifie, etc).
Enfin, thématiquement, entre la réincarnation de Birth et là la combinaison dermique de l'ET (épouvantable, d'ailleurs, le sort réservé à ses victimes), il y a un parallèle quand même pas inintéressant sur la notion de corps et d'identité.