Under the Skin (Jonathan Glazer - 2013)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par Demi-Lune »

aurelien86 a écrit :Après, sur le côté poseur, je crois que dès qu'un film sort un peu de l'ordinaire, s'approchant parfois d'un "trip", soit on y rentre et ok; soit on reste hermétique, et on va presque automatiquement le qualifier de poseur.
C'est le risque. Pour précision, j'étais tout à fait prêt à me laisser embarquer dans le trip (encore que j'ai du mal à voir dans Under the skin un réel film-trip). Les débuts énigmatiques et la première séquence abstraite avec la flaque noire allaient dans ce sens, en termes d'immersion. Ça ne me laissait pas hermétique, à ce moment. J'étais intrigué, j'attendais la suite quoi, ça me paraissait prometteur même si je sentais que ça allait être raide en termes d'investissement émotionnel.
Sauf qu'à partir de là, le film se met justement à végéter, victime de ce déficit général d'enjeux qui se mesurera au fur et à mesure dans la partie "chasse" comme dans la partie initiatique. Je radote, mais ce qui pouvait passer pour intrigant la première fois m'est devenu gonflant et particulièrement chiant à regarder à force de systématisme (au bout du troisième gus en érection qui coule, c'est bon, stop) et de ronronnements (la seule fois que le film se remet à vibrer formellement, c'est avec l'implosion qui renoue très brièvement avec la fibre expérimentale de l'ouverture). On a l'impression d'avoir déjà tout clés en main au bout de vingt minutes, ce qui est le comble du paradoxe pour un tel projet. Il se creuse un tel écart entre la gravité tendance autiste de l'exécution et la pauvreté de l'histoire que oui, l'ambition de Glazer s'est mutée dans mon appréciation en pose. Terme un peu fourre-tout qui me permet de qualifier faute de mieux mon indisposition face à cette mise en scène qui se donne les atours de quelque chose de supérieur sans que ça ne se concrétise dans le traitement et ses développements. Au méta, le film serait quasiment pour moi une mise en abyme sur la notion de coquille vide...
Tiens, j'y pense, encore un truc qui m'a fatigué : ces surimpressions tellement fades (Scarlett couchée fondue dans la forêt dans le vent, son profil fondu dans ce torse noir dont on ne comprendra que bien plus tard ce qu'il signifie, etc).

Enfin, thématiquement, entre la réincarnation de Birth et là la combinaison dermique de l'ET (épouvantable, d'ailleurs, le sort réservé à ses victimes), il y a un parallèle quand même pas inintéressant sur la notion de corps et d'identité.
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par mannhunter »

Demi-Lune a écrit :Je radote, mais ce qui pouvait passer pour intrigant la première fois m'est devenu gonflant et particulièrement chiant à regarder à force de systématisme (au bout du troisième gus en érection qui coule, c'est bon, stop) et de ronronnements
cette impression que le film durerait 1H de plus ou de moins que ça ne changerait rien au récit proposé...là se pose la question des choix (discutables) de montage et d'écriture, et j'en reviens à la conclusion
Demi-Lune a écrit :On a l'impression d'avoir déjà tout clés en main au bout de vingt minutes, ce qui est le comble du paradoxe pour un tel projet.
...que ce projet aurait été sûrement plus valide sous forme de court-métrage.
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AtCloseRange
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par AtCloseRange »

Demi-Lune a écrit :particulièrement chiant à regarder à force de systématisme (au bout du troisième gus en érection qui coule, c'est bon, stop)
Je ne vais pas revenir (pour l'instant) sur le reste mais là-dessus, tu vois 3 cas identiques quand les 3 amènent des évènements très différents: le premier nous initie au processus, le 2ème (qui est le seul vraiment en érection - soyons précis :mrgreen:) nous montre le processus qui se passe une fois l'individu absorbé, quant au 3ème personnage (le seul à nous être vraiment présenté dans une scène très émouvante d'ailleurs - qui va d'ailleurs contre l'idée de froideur du film), son sort ne nous est alors pas indifférent, ce qui crée un 3ème cas d'espèce.
Il me semble que chacune de ces scènes a une justification.
Sinon, juste quelques mots sur la formidable scène de la plage (j'ai eu peur pour les cascadeurs sur le coup) et sa coda avec le gosse terrifié dans la nuit, plan terrifiant d'une dureté inouïe.

Autre point, je me demande si Glazer n'a pas vu Beyond the Black Rainbow dont il me semble reprendre quelques motifs visuels (tout en étant beaucoup plus réussi)
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par ballantrae »

Ce film semble fascinant mais qu'est-ce exactement?
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par mannhunter »

AtCloseRange a écrit :Je ne vais pas revenir (pour l'instant) sur le reste mais là-dessus, tu vois 3 cas identiques quand les 3 amènent des évènements très différents: le premier nous initie au processus, le 2ème (qui est le seul vraiment en érection - soyons précis :mrgreen:) nous montre le processus qui se passe une fois l'individu absorbé, quant au 3ème personnage (le seul à nous être vraiment présenté dans une scène très émouvante d'ailleurs - qui va d'ailleurs contre l'idée de froideur du film), son sort ne nous est alors pas indifférent, ce qui crée un 3ème cas d'espèce.
il y a peut-être des variations dans le processus décrit, mais est-ce si impliquant pour autant au niveau narratif et/ou
émotionnel?
La scène avec le 2ème cas, visuellement parlant, c'est la scène la plus (vaguement) troublante je dirais.
Je trouve la rencontre avec le 3ème personnage très discutable , même si y émerge enfin un soupçon d'incarnation et d'émotion...je ne retiens du film deux jours après la vision que quelques compositions ici et là, quelques plans, même pas des scènes. :(
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par phylute »

Perso, depuis ma première vision du film (en janvier je crois), toute une série de scènes me trottent en tête, me hantent. Très rares sont les films ces dernières années qui m'obsèdent autant, dont les images impressionnent ainsi durablement la rétine. En revoyant le film le mois dernier, j'ai pu échapper un peu à cet état d'hypnose et m'intéresser à la construction du film, que je trouve d'une précision, d'une intelligence rare. Et tout ça ne tourne pas en rond, c'est une fantastique réflexion sur l'empathie, sur notre rapport à l'autre et derrière son aspect froid et clinique, ce film est pour moi un sommet d'émotion. Je retourne le voir ce week-end d'ailleurs, et avoir envie de revoir un film trois fois en quelques mois, à part Le Quattro Volte et Take Shelter, ça ne m'arrive plus si souvent :P
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Demi-Lune
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par Demi-Lune »

AtCloseRange a écrit :tu vois 3 cas identiques quand les 3 amènent des évènements très différents: le premier nous initie au processus, le 2ème (qui est le seul vraiment en érection - soyons précis :mrgreen:) nous montre le processus qui se passe une fois l'individu absorbé, quant au 3ème personnage (le seul à nous être vraiment présenté dans une scène très émouvante d'ailleurs - qui va d'ailleurs contre l'idée de froideur du film), son sort ne nous est alors pas indifférent, ce qui crée un 3ème cas d'espèce.
Entre le 1er et 2e cas, je suis quasiment persuadé qu'il y a au moins une voire deux répétitions du processus, sans qu'on en voie plus.
Il faut également citer le cas du "ratage" où Scarlett entraîne dans la maison une proie, sans réussir à l'absorber (elle bugue en restant plantée là de dos, et le sol reste en briques et ne devient pas cette flaque noire infinie).
Même s'il y a une justification, la manière dont c'est mis en scène (et mis en musique) est tellement programmatique que ça devient une épreuve à regarder.
Quant au cas de l'Elephant man, qui fait douter Scarlett dans sa mission, ça me laisse toujours avec un arrière-goût désagréable, limite malsain. Ce n'est sûrement pas innocent si la découverte de l'empathie (ou du moins de la possibilité d'empathie) par Scarlett intervient avec cette rencontre particulière, je pense que c'était l'intention de Glazer, mais d'un autre côté le parallèle implicite entre la difformité de cet être humain qui vit au ban et l'"alieneté" de Scarlett me gêne pour lui. Entre d'autres termes, il subsiste un doute pour moi : Scarlett le sauve-t-il parce qu'elle voit et découvre d'autant mieux l'humanité en lui, ou seulement parce que son physique la renvoie à sa propre différence ?
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par G.T.O »

mannhunter a écrit :
AtCloseRange a écrit :Je ne vais pas revenir (pour l'instant) sur le reste mais là-dessus, tu vois 3 cas identiques quand les 3 amènent des évènements très différents: le premier nous initie au processus, le 2ème (qui est le seul vraiment en érection - soyons précis :mrgreen:) nous montre le processus qui se passe une fois l'individu absorbé, quant au 3ème personnage (le seul à nous être vraiment présenté dans une scène très émouvante d'ailleurs - qui va d'ailleurs contre l'idée de froideur du film), son sort ne nous est alors pas indifférent, ce qui crée un 3ème cas d'espèce.
il y a peut-être des variations dans le processus décrit, mais est-ce si impliquant pour autant au niveau narratif et/ou
émotionnel?
La scène avec le 2ème cas, visuellement parlant, c'est la scène la plus (vaguement) troublante je dirais.
Je trouve la rencontre avec le 3ème personnage très discutable , même si y émerge enfin un soupçon d'incarnation et d'émotion...je ne retiens du film deux jours après la vision que quelques compositions ici et là, quelques plans, même pas des scènes. :(

Pour une fois, qu'un film te fait réagir. On avait pas vu ça depuis Argento. À la bonne heure... :mrgreen:
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par mannhunter »

G.T.O a écrit :Pour une fois, qu'un film te fait réagir.
Normal parce que le film m'a couté un billet de train et deux heures de ma vie. :mrgreen:
Mais c'est toujours amusant de voir des opinions aussi opposées selon les sensibilités de chacun...et encore plus amusant les réactions de ceux qui commentent ces opinions alors qu'ils n'ont pas vu le film et se basent sur des à priori! :wink:
Dernière modification par mannhunter le 28 juin 14, 12:01, modifié 1 fois.
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par aurelien86 »

Demi-Lune a écrit : Il faut également citer le cas du "ratage" où Scarlett entraîne dans la maison une proie, sans réussir à l'absorber (elle bugue en restant plantée là de dos, et le sol reste en briques et ne devient pas cette flaque noire infinie).
Même s'il y a une justification, la manière dont c'est mis en scène (et mis en musique) est tellement programmatique que ça devient une épreuve à regarder.
Je crois que ce "ratage" dont tu parles, c'est le cas de l'elephant man non ?
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par Demi-Lune »

aurelien86 a écrit :
Demi-Lune a écrit : Il faut également citer le cas du "ratage" où Scarlett entraîne dans la maison une proie, sans réussir à l'absorber (elle bugue en restant plantée là de dos, et le sol reste en briques et ne devient pas cette flaque noire infinie).
Même s'il y a une justification, la manière dont c'est mis en scène (et mis en musique) est tellement programmatique que ça devient une épreuve à regarder.
Je crois que ce "ratage" dont tu parles, c'est le cas de l'elephant man non ?
Non non, c'est un mec qu'elle lève juste avant. Elle l'amène dans cette maison, et ça ne marche pas, elle bugue. Le mec repart dans le noir.
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par G.T.O »

mannhunter a écrit :
G.T.O a écrit :Pour une fois, qu'un film te fait réagir.
Normal parce que le film m'a couté un billet de train et deux heures de ma vie. :mrgreen:
Mais c'est toujours amusant de voir des opinions aussi opposées selon les sensibilités de chacun...et encore plus amusant les réactions de ceux qui commentent ces opinions alors qu'ils n'ont pas vu le film et se basent sur des à priori! :wink:

Tu devrais me comprendre, non ? :mrgreen: :D
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... =3&t=33759
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par mannhunter »

J'avais un à priori plutôt favorable sur le Glazer parce que j'avais trouvé "Birth" pas inintéressant...après j'ai vu "Under the skin" sur le seul nom de son réalisateur (rien lu sur le film, même pas regardé la bande-annonce), j'ai rédigé un (bref) avis dessus ici et j'ai consulté sur ce forum (et celui de Mad Movies :) ) les critiques des internautes, et je me suis reconnu dans l'opinion de ses détracteurs...fin de l'histoire!
Mais ce qui va importer pour toi au bout du compte c'est le "buzz" autour du film ou le résultat que tu percevras à l'écran? :wink:
Dernière modification par mannhunter le 28 juin 14, 12:30, modifié 1 fois.
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par G.T.O »

mannhunter a écrit :J'avais un à priori plutôt favorable au Glazer parce que j'avais trouvé "Birth" assez intéressant...après j'ai vu "Under the skin", j'ai dit ce que j'en pensais et j'ai consulté sur ce forum (et celui de Mad Movies :) les critiques des internautes...fin de l'histoire!
Mais j'ai l'impression que toi c'est plus le phénomène autour du film qui t'intéresse, plus que le film en lui-même, ou je me trompe? :wink:

Oui, je comprends. Tu as le droit de ne pas aimer manny, bien sur. Y a pas de souci. :wink:
Ce n'est pas le phénomène qui m'attire mais bien le film. Etant donné que j'aime beaucoup ce que fait Glazer, j'ai, évidemment, de grosses attentes concernant ce film qui, je le constate, ne fait pas l'unanimité ici; contrairement à ce qu'en dit, dans l'ensemble, la presse. Il y a un putain d'écart qui me rappelle celui d'Holy motors; film que je n'aime guère. Si le film me fait le même effet que le dernier Malick, cinéaste que j'adore au demeurant, je risque d'être déçu et n'hésiterai pas à le dire. Mon fanatisme a des limites, tout a priori positif que j'ai.
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Re: Under the Skin (Jonathan Glazer - 2014)

Message par mannhunter »

G.T.O a écrit :ce film qui, je le constate, ne fait pas l'unanimité ici; contrairement à ce qu'en dit, dans l'ensemble, la presse. Il y a un putain d'écart qui me rappelle celui d'Holy motors; film que je n'aime guère.
Oui mais ce ne sera ni la première ni la dernière fois cette divergence dans la réception critique...pas évident de rester vierge d'infos quand on aime la lecture mais de plus en plus ce qui m'attire ce n'est pas ce que pense la presse (internet ou papier) d'un film mais le nom d'un réalisateur, d'un acteur, d'un technicien, l'évocation du "pitch" et du genre dans lequel s'inscrit une oeuvre...l'opinion des médias, je me la réserve souvent après la vision d'un film.
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