Je ne pense pas du tout que ce qui est critiqué dans le « c’était mieux avant » soit la volonté de retourner à un passé idéalisé, en tout cas pas principalement.Arn a écrit : Moui je trouve que tu mélanges deux choses. Ce qui est critiqué bien souvent dans le "c'était mieux avant" c'est la volonté de retourner à un passé souvent idéalisé (qu'on retrouve d'ailleurs chez Thoret). En revanche pour la gauche il ne doit pas avoir de soucis à dire que la situation se dégrade. Le progrès ne va pas en ligne droite, surtout dans nos sociétés. C'est un peu la base des différentes gauches normalement (bon elles n'ont plus beaucoup de "bases" aujourd'hui). Sauf que la solution n'est pas un retour dans le passé, mais de dépasser la situation actuelle. Pour moi ça n'a rien à voir.
Ce qui ne passe pas dans cette phrase et qui produit cette espèce de réflexe stupide dès qu’elle est prononcée (« Attention, alerte »), c’est la possibilité qu’on, que la société, que ceux qui dans la société ont accompagné ou provoqué le changement-progrès, se soient trompés et aient produit une vie moins bonne.
Remettre en cause 40 ans de pédagogisme où l’on crachait sur la dictée et le ba = ba d’un air entendu seulement parce que le résultat de cette révolution pédagogiste progressive est une catastrophe et qu’aujourd’hui un bachelier fait 100 fois plus de fautes qu’un paysan de 1930 ? Pas question. Alors on proclame sans preuve qu’avant ce n’est jamais mieux, et toutes les copies d’élèves, tous les signes ne changent rien : le réel n’a pas lieu parce que je ne veux pas en être tenu comptable.
Thoret, pour revenir à lui, n’ose pas aller au bout : il voit que dans tel ou tel domaine aujourd’hui c’est pire et que c’était mieux avant. Mais il ne peut pas prononcer la phrase. Car sinon qu’est-ce que cela dirait de ses croyances ? De ses adorées années 70 ? Qu’il y a eu erreur quelque part ? Qu’il s’est trompé à tel ou tel carrefour ?
J’ajoute que j’ai deux ou trois amis exactement dans le même état que Thoret : ils voient mais ne peuvent pas encore franchir le pas et répètent comme une formule magique « Ce n’était pas mieux avant, ce n’est pas possible, ça a toujours été comme ça... ou alors je deviens un horrible nostalgique / vieux con / réactionnaire [insérer ici le synonyme qu’on veut]. »
Pour revenir à l’interview, oui, je l’ai trouvée moins intéressante que d’autres, plus approximative. Il manquait sans doute un vrai interviewer / contradicteur.