Supfiction a écrit :On ne parle peut-être pas texto de "vieux livres" ou de "vieilles peintures" mais le ressenti n'est pas si different.
Allez faire lire du Rabelais ou du Montaigne à des lecteurs de stieg larsson ou Jk rowling.
Idem pour la peinture : ce qui marche en expo, ce sont surtout les peintures "récentes" de la fin du XIX et du XXéme. C'est juste l'échelle de temps qui est differente, il me semble (en dépit de quelques exceptions intemporelles). Avec le temps va tout s'en va..
C'est tout de même assez récent, tout ça. Pendant des siècles, on devait lire Rabelais ou Montaigne si on s'intéressait à la littérature.
Pour la peinture, pas sur de te suivre quand on essaie de visiter un musée à Florence (les Offices ou le Palazio Pitti), ou même le Louvres, c'est vraiment toujours, toujours plein. Certes, tous ceux qui y passent ne ressortent pas fans de Della Francesca, mais on ne peut pas en sortir totalement comme on y est entré, le regard y apprend forcément des choses...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Ce qui est intéressant dans les appellations, c'est que les films plus anciens sont notés comme "patrimoine", alors qu'en littérature ou en peinture, ce sont les oeuvres récentes qui sont pointées comme contemporaines ou modernes.
C'est lié à une hiérarchisation culturelle des arts qui demeure très présente dans notre bagage culturel : dans l'art "majeur" qu'est censée être la littérature, l'antériorité dans le temps confère une supériorité qualitative intrinsèque, tandis que les déclinaisons récentes sont jugées forcément inférieures aux classiques prestigieux adoubés par l'Académie - du moins tant qu'elles n'ont pas été frappées du sceau de la respectabilité.
Son prochain documentaire, We blew it !, a l'air très intéressant, avec des tas de noms prestigieux (je parie que ce sera le film de l'année pour mannhunter) :
Pas sûr d'être complètement d'accord avec son analyse sur la disparition totale des classes moyennes aimant le cinéma - mais Thoret a de toute manière souvent pratiqué les jugements à l'emporte-pièce.
Qu'il y ait un clivage grandissant entre d'un côté un public de masse consommant des produits formatés et marchandisés et de l'autre une population cinéphile moins nombreuse qu'auparavant qui aime à se voir en réserve indienne, voire en village d'irréductibles Gaulois, je n'en disconviens point. Mais Thoret caricature à force de polariser : les pratiques des personnes qui vont au cinéma ne sont pas aussi monolithiques et simplistes que ça, et je vois un nombre non négligeable de gens autour de moi aller ingurgiter du blockbuster US à l'UGC Ciné-Cité des Halles avant d'emmener ensuite les enfants voir West Side Story ou La fureur de vivre dans une salle Art et essai.
Pas sûr d'être complètement d'accord avec son analyse sur la disparition totale des classes moyennes aimant le cinéma - mais Thoret a de toute manière souvent pratiqué les jugements à l'emporte-pièce.
Qu'il y ait un clivage grandissant entre d'un côté un public de masse consommant des produits formatés et marchandisés et de l'autre une population cinéphile moins nombreuse qu'auparavant qui aime à se voir en réserve indienne, voire en village d'irréductibles Gaulois, je n'en disconviens point. Mais Thoret caricature à force de polariser : les pratiques des personnes qui vont au cinéma ne sont pas aussi monolithiques et simplistes que ça, et je vois un nombre non négligeable de gens autour de moi aller ingurgiter du blockbuster US à l'UGC Ciné-Cité des Halles avant d'emmener ensuite les enfants voir West Side Story ou La fureur de vivre dans une salle Art et essai.
D'accord avec ca, aimer le ciné c'est autant aimer aller voir un gros blockbo en multiplex qu'une sortie dans une salle art et essai, mettre l'un au dessus de l'autre (surtout en lui collant l'étiquette "intellectuel" dessus) c'est du snobisme ou pire de l'élitisme.
Tiens, j'ai fait un test un chouïa condescendant à la JB Thoret, hier au bureau, j'ai sorti le topic "Meilleurs films du XXIeme siecle" et cité quelques films à une dizaine de personne. Aucun n'avait jamais entendu parlé de Mulholand Drive ni même de David Lynch. Ni des autres films, à part peut-être Chihiro.
Petit échantillon de parisiens, non représentatif statistiquement bien entendu, mais quand même.
Combien là dedans estiment s'intéresser au cinéma ?
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
Michel2 a écrit :je vois un nombre non négligeable de gens autour de moi aller ingurgiter du blockbuster US à l'UGC Ciné-Cité des Halles avant d'emmener ensuite les enfants voir West Side Story ou La fureur de vivre dans une salle Art et essai.
Michel2 a écrit :je vois un nombre non négligeable de gens autour de moi aller ingurgiter du blockbuster US à l'UGC Ciné-Cité des Halles avant d'emmener ensuite les enfants voir West Side Story ou La fureur de vivre dans une salle Art et essai.
Paris centrisme.
J'allais le dire. Si 5% (allez 10) de la population française a déjà franchi le seuil d'un cinéma Art et Essai, ce serait déjà bien.
Rockatansky a écrit :Combien là dedans estiment s'intéresser au cinéma ?
Aucun. Des consommateurs de films occasionnels lambda comme la plupart des gens.
Billy Budd a écrit :
Michel2 a écrit :je vois un nombre non négligeable de gens autour de moi aller ingurgiter du blockbuster US à l'UGC Ciné-Cité des Halles avant d'emmener ensuite les enfants voir West Side Story ou La fureur de vivre dans une salle Art et essai.
Paris centrisme.
Oui. Des enfant qui vont voir West Side Story ou La fureur de vivre dans une salle Art et essai, ça doit être aussi rare qu'un canard mandarin dans l'île de Ré.
Je ne sais pas, il y a un programme école et cinéma avec les écoles primaires, cette année ils ont vu Robin des bois de Curtiz en salle, le Kid de Chaplin, donc je pense que ça existe, après faut continuer ça
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
Rockatansky a écrit :Je ne sais pas, il y a un programme école et cinéma avec les écoles primaires, cette année ils ont vu Robin des bois de Curtiz en salle, le Kid de Chaplin, donc je pense que ça existe, après faut continuer ça
Oui mais ça c'est autre chose. Qui y va de lui-même?
Pour faire une comparaison qui me semble parlante, à peu près tout le monde connaît David Bowie. Combien connaissent Orson Welles?
Dans la jeune génération David bowie c'est personne.
Clear Eyes, Full Hearts Can't Lose !
« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky