THE BOURNE LEGACY, Jason Bourne : L'Héritage (Tony Gilroy)
Gros fossé qualitatif avec le précédent de Greengrass qui met d'autant plus en exergue, par défaut, d'une part les aspects forts de la saga, d'autre part la vision de cinéaste qu'elle appelle, arrivée au quatrième recyclage.
En gros cet épisode, signé du scénariste attitré de la série, sans être honteux, pêche par deux défauts majeurs et prévisibles : d'abord vouloir à tout prix exposer et développer par le dialogue (et non dans l'action) un tissu scénaristique alambiqué qui raccordera sans faillir nombreux personnages et sous intrigues de l'univers Bourne, le personnage emblématique en moins donc. Il était effectivement difficile d'embrayer tant la boucle semblait bouclée au terme du troisième épisode et Gilroy s'en tire comme il sait le faire : laborieusement.
Cela nous donne donc une première partie bavarde au possible, sans le moindre esprit de concision, avec des montages parallèles incessant histoire de bien nous laisser aux portes du film pendant une heure.
Vient ensuite la partie action... et là j'ai une pensée émue pour les détracteurs de Greengrass. Loin de moi l'envie de ressortir un vieux débat stérile, d'ailleurs je conçois toujours autant qu'on ne supporte pas le téléobjectif tremblant. Donc Gilroy la joue, lui, plus classique... sorte de compromis tièdasse entre la fluidité efficace de Liman et le cachet reportage de Greengrass. Malheureusement, apparence n'étant pas forme, et dénué du sens du rythme, du découpage, de la progression qui constituaient le nerf central (presque unique) du troisième épisode, Gilroy débouche sur l'ersatz type, jouant constamment du mimétisme pour intégrer un ensemble sans se chercher une identité (la séquence à Manille), comme si une bonne séquence d'action dans un Bourne se résumait précédemment à une bonne cascade effectuée dans une ville asiatique bondée. En clair, la deuxième partie du film donne l'impression d'un catalogue de vignettes opéré par un élève se voulant consciencieux mais qui n'aurait lu que le résumé du livre... on a donc la baston fulgurante sans le calme qui précède, les cascades sans l'oppression des poursuivants, le cache cache sans la topographie. Vignettes.
Le film n'est pas nul pour autant mais, par son incapacité flagrante à s'incarner dans l'action pure et la cartographie d'une fuite (ce qu'est devenue la saga passée la question identitaire du premier épisode), a le tort de faire ressortir les grosses ficelles connue et acceptées (ou non) qui font l'identité de cette saga, tout en livrant une copie tout juste digne d'un James Bond pépère tendance Brosnan.
Jeremy Renner s'en tire correctement avec pas grand chose... mais là encore, Gilroy croit dur comme fer que c'est en filmant l'humain qu'on va s'impliquer pour sa cause et néglige l'animal traqué.
Mon top à ce jour :
1- The Bourne Supremacy (8/10)
2- The Bourne Ultimatum (8/10)
3- The Bourne Identity (7,5/10)
4- The Bourne Legacy (5/10)