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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 13 mai 12, 20:44
par Rick Blaine
Flavia a écrit : Avec La vérité sur Bébé Donge Henri Decoin a offert à Danielle Darrieux un de ses plus beaux rôles.
J'ai oublié de le citer celui-ci, superbe également!

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 13 mai 12, 22:30
par Jeremy Fox
Fusion accomplie :wink:

Battement de coeur et Premier rendez vous sont parmi les films les plus délicieux du cinéma français. Pourquoi faut-il que le seul que j'ai eu à chroniquer ait été Casablanca nid d'espions :(

J'écrivais d'ailleurs

Comment l’auteur de films aussi délicieux que Battement de cœur ou Premier rendez-vous, aussi sensible que Les amants du pont Saint-Jean, aussi passionnant que Au grand balcon, aussi jouissif que Entre onze heures et minuit, comment l’homme qui a su si intelligemment adapter Simenon avec Les inconnus dans la maison et surtout La vérité sur Bébé Donge a-t-il pu en fin de carrière nous pondre un tel nanar "kitchissime" ?

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 3 sept. 12, 06:29
par Jeremy Fox
Razzia sur la chnouf était sorti chez Gaumont en DVD et Bluray

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 5 sept. 12, 23:10
par Federico
Jeremy Fox a écrit :Razzia sur la chnouf était sorti chez Gaumont en DVD et Bluray
Chouette critique d'un des meilleurs (et surtout un des plus réalistes) polars français des 50's.
Je suis bluffé d'apprendre que Lila Kedrova n'avait alors que 35 ans, tellement son personnage apparait ravagé et hors d'âge. Même si cette comédienne a toujours fait plus que le sien avec ses traits assez durs (cf la comtesse semi-clodo du Rideau déchiré d'Hitchcock ou la terrible Mme Sophie de La lettre du Kremlin). Sa performance a du faire un sacré effet à l'époque.
Intéressant aussi d'apprendre que Ventura était un temps retourné à son métier d'organisateur sportif après Touchez pas au grisbi. Quelle chance qu'il ait finalement choisi de continuer dans sa nouvelle voie ! :D

Mais ce n'est pas la première fois qu'un film met en scène un flic infiltré. Le premier précédent qui me vient c'est le personnage interprété par Edmund O'Brien dans L'enfer est à lui de Walsh (1949) et il y en a certainement eu encore avant. Je me demande si dans les années 40 Albert Préjean n'avait pas joué un rôle similaire...
Tiens, je viens de trouver d'autres exemples sur ce site qui évoque deux films noirs de William Keighley : Guerre au crime de 1936 et La dernière rafale de 1948 ainsi que Borderline de William A. Seiter (1950).

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 6 sept. 12, 09:34
par Roy Neary
Je pense que Nestor voulait parler d'une première pour un film policier français.

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 6 sept. 12, 22:06
par Nestor Almendros
Exact :wink:

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 7 sept. 12, 11:28
par Federico
OK alors oubliez ce que j'ai écrit... :wink:

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 7 sept. 12, 11:35
par Nestor Almendros
Federico a écrit :OK alors oubliez ce que j'ai écrit... :wink:
je vais quand même faire la modif' dans la chronique, pour qu'il n'y ait pas de confuse :fiou:

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 20 sept. 12, 15:53
par Alligator
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http://alligatographe.blogspot.fr/2012/ ... hnouf.html

Razzia sur la Chnouf (Henri Decoin, 1955)

Cette immersion dans le milieu interlope des trafiquants de "la" drogue, comme l'écrit un journal qui situe formidablement bien l'époque, est une belle occasion de retrouver la verve d'Auguste Le Breton. Encore a-t-on le privilège de rencontrer l'écrivain lui même en voyoucrate expert en jeu de dés monnayable.

Le film ne s'arrête pas à cette exceptionnelle participation, il donne aussi l'occasion de découvrir pour la 2e fois la tronche fermée d'un catcheur promis à un très grande carrière cinématographique, aussi grande que sa carrure l'imposait : Lino Ventura fait ses débuts dans l'ombre du "vieux" dans un rôle de méchant cette fois. Lui qui disait ne pas vouloir jouer les salops s'en va violer la femme d'un inconvenant!

Pour continuer dans le casting, il faut noter le rôle très effacé de Magali Noël. Les femmes font tapisserie dans ce film. La seule qui a osé bravé la dépendance des hommes, Lila Kedrova, est tombée dans celle de la came et ses turpitudes. Elle a un rôle difficile de loque humaine, dépouillée de toute dignité, allant jusqu'à gangbanguer dans un bouge antillais sous les volutes de marie-jeanne, pour oublier sa souffrance quotidienne, dans une des scènes les plus extrêmes du film.

Car "Razzia sur la chnouf" est un film très violent, malgré le fait que Henri Decoin essaie d'édulcorer à l'image le propos, par l'ellipse ou le contre-champ. Il s'agit, comme nous le dit d'entrée un petit carton pré-générique, d'édifier les masses sur les ravages de la drogue, nouvelle peste moderne.

Les codes d'honneur traditionnels d'avant-guerre chez les loulous chers à Auguste Le Breton (encore qu'on puisse s'interroger sur la validité de cette mythologie?) est battue en brèche par cette nouvelle donne que représente la coke. Les gros bras ont le coup de flingue facile, la confiance est plus difficilement acquise et on entre dans l'organisation pour n'en jamais sortir. Cette fracture dans les rapports entre voyous est bien dessinée, à tel point qu'on hésite à parler de voyous, terme par trop gentillet pour définir l'absolutisme généré par les sommes dégagées.

Si le film n'avait à s'enorgueillir que de son propos et de sa distribution, ce serait d'ores et déjà pas mal, mais en plus, il met en valeur tout ces éléments avec une photographie et des décors superbes. Par moments le travail du chef-opérateur Pierre Montazel atteint au sublime. Les décors des studios marseillais de la Gaumont sentent encore parfois le carton pâte et la peinture d'avant-guerre, ce réalisme à la française, à la Trauner, mais il s'en dégage une atmosphère suffocante, très "noir", un avant-goût de l'enfer, où les êtres paraissent déjà morts, zombies cachés par les autres productions de l'époque.

Ce Paris parallèle, ces trognes si antipathiques, où même les flics ont des gueules de taulards, plongent le spectateur dans une réalité glauque, celle des bas-fonds, ça sent la pisse et le sang, réalité interdite en temps normal. Le film met les mains dans le moteur et les doigts en ressortent plein de merde. Où es-tu, pauvre humanité? Peut-être dans le regard de Jean Gabin, mais tout de même, on le sent las, désabusé, fragile. Le film n'épargne rien ni personne au fond. La course à la vilenie n'est pas encore gagnée par la police, comme il sera possible plus tard dans d'autres productions. On sent cependant que la frontière entre pègre et flicaille ne tient plus qu'à un tout petit fil, ce n'est plus aussi net qu'auparavant.

Un vrai bon film noir à la française, avec la gouaille saillante de Le Breton, ça ne se refuse pas.

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 24 déc. 12, 14:00
par daniel gregg
Les amants du pont Saint Jean est un film que je recommande chaudement à Père Jules pour le plaisir indescriptible et jubilatoire de voir une nouvelle fois Michel Simon promener sa nonchalance anarchisante, après L'Atalante et Boudu sauvé des eaux.
Ce film, comme le dit Lourcelles, est inclassable qui écarte tous les écueils du genre avec ce jeune couple faussement romantique formé par Nadine Alari (la fille de Noël Noël dans Le père tranquille) et Marc Cassot qui va se séparer sans remous, le couple Gaby Morlay (la grande classe Madame Morlay !) et Michel Simon qui se flanque des volées à longueur de journée mais néanmoins inséparable, le maire cafetier interprété par Paul Frankeur, grande gueule au coeur d'artichaut et Pauline Carton sous les attributs d'une ...religieuse !
Le scénario de Jean Aurenche et René Wheeler est si bien ficelé qu'il permet à toutes ses figures pittoresques d'exister sans caricatures excessives.
Une belle découverte.
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Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 24 déc. 12, 14:03
par Jeremy Fox
daniel gregg a écrit :Les amants du pont Saint Jean est un film que je recommande chaudement à Père Jules pour le plaisir indescriptible et jubilatoire de voir une nouvelle fois Michel Simon promener sa nonchalance anarchisante, après L'Atalante et Boudu sauvé des eaux.
Ce film, comme le dit Lourcelles, est inclassable qui écarte tous les écueils du genre avec ce jeune couple faussement romantique formé par Nadine Alari (la fille de Noël Noël dans Le père tranquille) et Marc Cassot qui va se séparer sans remous, le couple Gaby Morlay (la grande classe Madame Morlay !) et Michel Simon qui se flanque des volées à longueur de journée mais néanmoins inséparable, le maire cafetier interprété par Paul Frankeur, grande gueule au coeur d'artichaut et Pauline Carton sous les attributs d'une ...religieuse !
Le scénario de Jean Aurenche et René Wheeler est si bien ficelé qu'il permet à toutes ses figures pittoresques d'exister sans caricatures excessives.
Une belle découverte.
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Je plussoie et je conseille aussi vivement

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 24 déc. 12, 14:05
par Père Jules
Ça m'a l'air effectivement tout à fait chouette. Mais pas de dvd... :(

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 24 déc. 12, 14:07
par daniel gregg
Ce serait bien d'ailleurs de le voir éditer en dvd car mon vieil enregistrement commence à fatiguer. :|

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 24 déc. 12, 16:40
par Rick Blaine
Je serai pour une édition DVD également, car il me semble que ça pourrait me plaire, d'autant que j'aime beaucoup Decoin de manière générale.

Re: Henri Decoin (1890-1969)

Publié : 7 mars 14, 15:48
par Frances
ENTRE ONZE HEURES ET MINUIT (1949) d’Henri Decoin avec Louis Jouvet, Madeleine Robinson, Robert Arnoux.
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Un film agréable à suivre avec de belles inspirations malheureusement trop irrégulières pour nous combler totalement. Ca commençait bien, sur une ouverture originale : le décalage des horloges parisiennes précédant le public sortant de la dernière séance de cinéma. Plans obliques, caméra au raz du sol filmant une multitude de jambes à la lumière des réverbères. Voix off insistant sur trois films ayant pour thème le double : Copie conforme, Toute la ville en parle, Le dictateur.

S’en suit un meurtre dans un tunnel des Ternes et nous voilà en plein film noir. Idem avec le métro qui éclaire de la lumière de ses wagons un appartement plongé dans l’obscurité.
L’inspecteur Carrel (Louis Jouvet) découvre que la victime lui ressemble comme deux gouttes d’eau et va profiter de cette étrange ressemblance pour ressusciter le mort et infiltrer le milieu.

Le scénario est un peu cousu de fil blanc mais fait la part belle à l’interprétation de Jouvet, flic dans la peau d’un voyou déterminé à démasquer le coupable par tous les moyens.
Dommage que les deuxièmes couteaux ne soient pas au niveau du grand Jouvet et de Madeleine Renaud, on aurait alors tenu là une vraie perle noire. 6.5/10