Luise Rainer

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

francesco
Accessoiriste
Messages : 1631
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Luise Rainer

Message par francesco »

En profitant de l'intégrale TCM (qui propose 7 de ses 9 films tournés à Hollywood. Manquent encore son tout premier Escapade ... remake d'un classique autrichien et le dernier, tourné pour la Paramount en 43) ...

Froufrou (The Toy Wife) de Richard Thorpe (1938) est l'adaptation d'une pièce française de Meilhac et Halevy (1869) qu'elle reprend fidèlement au cadre près, puisque l'intrigue se déroule en Louisiane et non plus à Paris. La seule explication à cette décision est sans aucun doute la préparation d'Autant en Emporte le Vent et l'adaptation Warner de L'Insoumise avec Bette Davis. Le Sud des Etats Unis au temps des crinolines semble à la mode. Malheureusement le film est un échec public et critique à la fois, ce qui étonne et déçoit les producteurs. C'est la première fois que Rainer, extrêmement populaire auprès des critiques, reçoit des remarques négatives sur son jeu, jugé "trop féminin" (ce qui me semble absolument grotesque, au vu du personnage).
Contrairement à GWTW il ne s'agit absolument pas d'un film épique, mais bien d'une oeuvre délicate sur la psychée féminine qui évoquera plutôt, par exemple, La Vieille Fille de Goulding (1939), Le Démon de la Chair d'Ulmer ou, d'une certaine manière In This our Life de John Huston (1942) voire même les moutures hollywoodiennes d'Anna Karenine. On retrouve en particulier l'opposition classique entre une femme sage et bonne, mais un peu fade (remarquablement interprétée sans une once de miévrerie par la toujours fascinante Barbara O'Neil) et une autre plus légère et égoïste mais qui attire bien plus les hommes (la femme enfant du titre anglais). Ici elles sont soeurs. Un point intéressant cependant : au lieu d'être un personnage plus ou moins monstrueux Luise Rainer campe une femme fatale innocente, inconsciente des ravages qu'elle produit et finalement positive et attachante dans les dernières séquences. Comme souvent le héros (Melvyn Douglas, parfait) choisit et épouse "la mauvaise". On aboutit à une situation impossible entre Froufrou (Gilberte, comme chez Proust), Louise, le mari déçu, l'enfant perdu, le trop séduisant ami de la famille (Robert Young), avec la dose idéale d'amour, d'espoir, de jalousie, de rancoeur et de malentendues. Avec, au coeur de l'intrigue, une de ces scènes explosives, dont Hollywood a toujours eu le secret, qui confronte avec violence les deux soeurs (on appréciera le contraste entre la retenue inquiétante de Barbara O'Neil et l'hystérie caressante de Rainer). Insensiblement le film, qui a commencé sur un ton léger, vire au mélo, puis au drame, introduisant les thèmes habituels des films sudistes : sens de l'honneur et crainte du scandale. Au niveau de la production c'est parfait : Adrian s'est surpassé (ce n'est pas peu dire) pour habiller Froufrou, la musique effectue des variations autour de ... Au clair de la lune, les décors sont enchanteurs et par un tour de passe passe le scénariste nous explique l'invraissemblable accent viennois de l'actrice principale. Reste la réalisation, qui nous fait un peu regretter le talent d'un Goulding ou d'un Rapper. Le montage, en particulier, est parfois maladroit, coupant une scène à un mauvais moment pour effectuer un racord plaqué sans fluidité. Au demeurant ça n'est pas réellement génant le film restant avant tout un film de production construit autour de ses interprètes et de son scénario. Et de ce point de vue c'est un incontestable réussite, à mon sens.
Pour revenir à Rainer elle interprète avec beaucoup de brio (quitte à en faire un peu trop) son personnage, un peu difficile, de jeune fille candide et frivole, pas très intelligente, sans arriver tout à fait à la hauteur d'une Bette Davis qui, dans Mr Skeffington jouait un caractère similaire en amusant plus qu'en agaçant. Aujourd'hui on trouve difficilement supportable ce type de personnage qui, c'est la thèse des auteurs de la pièce, rencontrait pourtant un franc succès auprès de la gente masculine au XIXème. Mais progressivement Rainer gagne, très subtilement et sans rompre avec le personnage du début, une stature et une dignité qui nous réconcilient avec elle.
Dernière modification par francesco le 22 avr. 11, 12:56, modifié 2 fois.
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par Ann Harding »

Pour les fanas de Miss Rainer, je vous recommande cette interview enregistrée en 2010 alors qu'elle fêtait ses 100 ans:
http://andthewinneris.blog.com/2010/01/12/rainer/
Ils y a pas de mal de clips audio à écouter. Quelle forme à 100 ans! :D
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Luise Rainer

Message par riqueuniee »

Si elle n'est pas la seule à avoir été récompensée plusieurs fois, elle reste la seule actrice à avoir obtenu deux Oscars consécutifs : en 1937 pour son rôle dans Le grand Ziegfeld et en 1938 pour Visages d'Orient. Et ce, malgré une carrière hollywoodienne très brève.
Lord Henry
A mes délires
Messages : 9466
Inscription : 3 janv. 04, 01:49
Localisation : 17 Paseo Verde

Re: Luise Rainer

Message par Lord Henry »

Quelle forme à 100 ans!
Et encore, tu verrais ses parents!
Image
francesco
Accessoiriste
Messages : 1631
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par francesco »

Pour être précis elle les a reçus en 37 et en 38 (années des cérémonies effectives) MAIS pour les années 36 (Grand Ziegfield) et 37 (Visages d'Orient).

La carrière hollywoodienne a duré concrètement 3 ans en fait (36,37 et 38, date de la fin de son contrat avec la MGM, suite à l'échec de Dramatic School). Pour les oscars beaucoup de choses rentrent en compte, ce n'est pas nécessairement un gage de qualité (par contre ça écarte en général les prestations insignifiantes) et c'était encore un temps où certains points étaient moins fixés en fait, où les règles "officieuses" étaient moins pregnantes (aujourd'hui ça n'arriverait plus je pense, alors que dans les années 30 Spencer Tracy a été récompensé également deux années de suite).
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
francesco
Accessoiriste
Messages : 1631
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par francesco »

Ann Harding a écrit :Pour les fanas de Miss Rainer, je vous recommande cette interview enregistrée en 2010 alors qu'elle fêtait ses 100 ans:
http://andthewinneris.blog.com/2010/01/12/rainer/
Ils y a pas de mal de clips audio à écouter. Quelle forme à 100 ans! :D
Au nombre de 1 sur le forum je pense :mrgreen:
Mais merci beaucoup :wink:
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
riqueuniee
Producteur
Messages : 9706
Inscription : 15 oct. 10, 21:58

Re: Luise Rainer

Message par riqueuniee »

Ca n'empêche pas Tom Hanks d'avoir renouvelé l'exploit en 93 et 94. Les cérémonies étant toujours le bilan d'une année écoulée, je n'ai pas cru bon de préciser le dcalage entre l'année du film et celui de la récompense. Ce n'est pas forcément un critère de qualité, mais c'est un bon indicateur de la cote d'un acteur à un moment donné.
francesco
Accessoiriste
Messages : 1631
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par francesco »

Ah oui, merci, j'avais oublié le cas de Tom Hanks. :oops:

Je crois que ça montre aussi beaucoup les choix d'investissement qu'un studio reportait sur un interprète. Par exemple la MGM n'a jamais pensé qu'il était nécessaire de faire campagne pour Joan Crawford (Il était une fois), Hedy Lamarr (Best Supporting Actress pour Boom Town) ou Lana Turner (Les Ensorcelés) parce qu'elles étaient considérées comme des stars, des actrices glamours et qu'elles n'avaient pas besoin des lauriers de l'Académie pour attirer le public. Dans le cas de Luise Rainer il était manifestement question d'en faire "l'actrice dramatique de talent" du studio. Cela dit, sans être nécessairement la meilleure interprète de l'année 37 (Garbo dans Camille ou Dunne dans cette Sacrée Vérité était des candidates très valables pour rester dans les nommées) elle est vraiment remarquable dans Visages d'Orient. Dans le Grand Ziegfield le problème est un peu autre : le rôle semble court par rapport à la longueur du film, ça avait beaucoup fait discuter mais le studio ne voulait pas faire campagne dans le registre "Best Supporting Actress" qui était réservé à des rôles moins glamour et à des actrices de caractère. Cela dit elle est très bonne dans le film, dans un rôle proche de celui qu'elle joue dans Froufrou d'ailleurs et sa fameuse "scène de téléphone", qu'on peut trouver avoir mal vieilli, a vraiment été considérée comme un standard d'interprétation "sensible", un peu comme le monologue de Bette Davis dans L'Emprise a longtemps été perçu comme le modèle de la crise d'hystérie au cinéma.
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par Cathy »

En plus, elle est insupportable dans The Great Ziegfeld, notamment dans la fameuse grande scène du téléphone qui aurait inspîré la voix humaine. Cela sonne horriblement faux. Je sais qu'elle m'a horripilée quand j'ai revu le film l'été dernier, et pourtant j'ai adoré le film :) !
francesco
Accessoiriste
Messages : 1631
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par francesco »

Son personnage (c'est un peu pareil dans Froufrou, d'ailleurs) me semble assez insupportable à moi aussi c'est vrai : elle joue vraiment les évaporées, pas futées pour deux sous, aussi obstinées qu'un flocon de neige, pleines de langueurs, très molles et surtout geignardes. Après justement c'est là où je la trouve très bonne parce que ce que je pense que certaines femmes ont pu vraiment, à la Belle Epoque, être comme ça (pour ne pas remonter aussi loin ma grand mère pratiquait clairement ce genre de séduction, quand je vois la manière, dont même âgée, elle s'adressait à mon grand-père). Pour le téléphone c'est tout ou rien : ou tu adhères complètement à ce qu'elle fait (c'est mon cas) et tu es touché, voire ému aux larmes, ou alors tu sens que la technique de jeu a atrocement vieilli et tu trouves ça ridicule et très faux. En tout cas ça ne laisse pas indifférent !
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par Cathy »

Toute la ville danse, The Great Walz (1938) - Julien Duvivier

Image

Evocation romancée de la vie de Johan partagée entre sa passion pour une cantatrice et son amour pour sa femme, qu'il connaît depuis l'enfance.

Bon alors passons les points qui fachent, alors si on s'attend à une vie de Johann Strauss, passez votre chemin, car si le fond est vrai, tout est romancé et nous assistons plus à une "opérette" à la manière de Strauss qu'à autre chose, une sorte de Chauve Souris réelle, où le mari dissipé reviendra inexorablement vers sa femme. Passons aussi sur les arrangements de Hammerstein et surtout sur les interprétations de Miliza Korjus, soprano colorature qui abondent dans les suraigus qui sont certes justes, mais plus forcément très écoutables aujourd'hui. Passer ces points, il faut constater que Julien Duvivier a un vrai sens de la mise en scène et sa caméra valse comme ses interprètes, notamment dans la scène où Johann Strauss crée sa première valse, la scène est admirable avec cette salle vide qui se remplit, ces gros plans sur différents endroits de la place avec la population qui écoute, puis ces mêmes endroits vidés car les habitants ont rejoint la salle de concert et cette succession de gros plans. La scène de valse est admirablement filmée et se conclue très habilement sur le retour aux quadrilles traditionnels. On retrouve cette même virtuosité dans plusieurs scènes, notamment celle où Poldi la femme de Strauss arrive dans la salle de Concert, et contrairement à de nombreux films où l'action se resserre sur l'interprète concerné, ici les prises de vue s'élargissent sur chaque accord pour montrer combien finalement le cas de cette épouse bafouée est finalement qu'une infime partie de ce qui se passe à Vienne. Il y a aussi la fameuse scène où Strauss et la cantatrice "composent" les fameuses légendes la forêt viennoise qui se termine finalement par une grande valse endiablée autour d'un kiosque. On retrouve la même maîtrise dans la succession de plans illustrant la célébrité du Beau Danube bleu à travers le monde.

Ce qui est curieux c'est de voir une telle maîtrise technique et finalement un sujet traité très légèrement avec des personnages quelque peu grotesques comme les amis de Strauss et puis le manque de contexte historique. On y parle de révolution, mais quid. On voit Strauss mener les émeutiers mais on s'attache à sa fuite avec la cantatrice. Côté interprétation, Fernand Gravey (Gravet pour le film - sans doute pour ne pas être prononcé Gravy aux USA), campe un Strauss très séduisant, Miliza Korjus en fait des tonnes en diva capricieuse que ce soit vocalement ou au niveau des mimiques. Ceci étant Luise Rainer n'est pas en reste et pour son quasi dernier grand rôle nous ressert la grande scène des larmes et de la séparation surjouée. Elle est beaucoup plus juste en jeune fille amoureuse ou dans sa scène de confrontation avec sa rivale. Toute la ville danse est donc un film admirable au niveau de la mise en scène, qui montre bien la magie de la valse, maintenant, il y a quelque chose d'insatisfaisant dans ce traitement de la vie de Strauss, même si le spectateur est mis en garde sur la véracité des faits.
Dernière modification par Cathy le 24 avr. 11, 09:46, modifié 2 fois.
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par Ann Harding »

J'ai pensé à peu près la même chose que Cathy en voyant le film l'année dernière. Mais, Milizia Korjus et les arrangements sur la musique m'ont encore plus irritée. :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par Cathy »

Certes certains arrangements sont limites, mais cela ne me choque pas outre mesure. En plus je me souvenais de ta critique donc j'étais prévenue et n'ai pas appréhendé le film de la même façon, maintenant visuellement parlant, "Toute la ville danse" est une admirable leçon de technique de cinéma ! Je n'ai pas trouvé die Fledermaus massacrée, cela ressemble plus à un "pot-pourri" destiné à montrer les grandes pages de l'oeuvre aux américains. Par contre le cancan m'a semblé totalement déplacé :) !
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par Cathy »

Le secret des chandeliers ou les Chandeliers de l'Empereur, The Emperor's Candlesticks (1937) - Georg Fiztmaurice

Image

Le fils du tsar est enlevé par des polonais. Deux chandeliers, deux espions, le premier cache la lettre de demande de libération d'un polonais dans un chandelier, la seconde cache les lettres indiquant que le premier est un espion dans l'autre chandelier. Les chandeliers sont volés, et les deux espions les recherchent tout en tombant amoureux .

George Fitzmaurice réalise ici une petite comédie policière qui débute à la manière du grand film hollywoodien avec cette reconstitution de bal masqué viennois et ses mulitples invités, ses déguisements. D'ailleurs le fils du tsar déguisé en Roméo sera enlevé grâce à Juliette, de même que son tuteur déguisé en Hamlet. Pourtant le reste du film sera assez intimiste avec ce baron et cette comtesse espions respectivement pour le compte de la Pologne et de la Russie qui se croisent à la poursuite des fameux chandeliers à travers l'Europe, notamment Paris et Londres. Le film repose surtout sur son casting William Powell en tête qui est dans son genre de prédilection, la comédie "policière", même si ce Baron est bien loin de Nick Charles, Luise Rainer se montre une bonne surprise dans ce rôle léger, loin de ses gémissements habituels à ses autres rôles. Elle se montre tout à fait futile et légère, et apte à ce genre si spéciale à la comédie. On trouve aussi Robert Young en jeune fils du tsar courtisant très vite une Maureen O Sullivan ravissante, et puis il y a Frank Morgan savoureux en tuteur dépassé par les frasques de son pupille. Le film est léger et agréable, malgré une petite baisse de régime, entre l'enlèvement du prince et le départ des deux espions pour Saint Petersbourg.
francesco
Accessoiriste
Messages : 1631
Inscription : 28 juin 06, 15:39
Localisation : Paris depuis quelques temps déjà !
Contact :

Re: Luise Rainer

Message par francesco »

Le Secret des Chandeliers est l'adaptation d'un roman de la Baronne Orczy, surtout célèbre pour son Mouron Rouge. On retrouve d'ailleurs le thème, sans doute cher à l'auteur, de la tête de linotte qui se révèle utiliser sa réputation de fat ou de coquette pour masquer des activités secrètes (ici l'espionnage). Après le succès du film anglais avec Leslie Howard et Merle Oberon tiré des aventures du Mouron la MGM a sans doute voulu emprunter la voie charmante du film d'aventure romanesque (ça sent un peu son Michel Strogoff parfois) et sentimental. D'ailleurs la coiffure bouclée, les sourcils arqués et les pommettes accentuées par le maquillage de Rainer ont manifestement pour but d'accentuer sa ressemblance avec Oberon.
Fiztmaurice n'est pas un génie mais a tourné quelques années plus tôt une Mata Hari avec Greta Garbo, autre histoire d'amour et d'espionnage. Cela suffit d'ailleurs, le film étant, comme souvent, un film de firme, certainement pas d'auteur. Au demeurant on ne sera jamais géné par les découpages hasardeux du Thorpe de Froufrou et quelques scènes sont absolument délicieuses, en particulier celles du marivaudages entre les deux espions, au son d'une musique prétendument hongroise (ils sont coincés dans une espèce d'auberge à la frontière). D'autres sont plûtôt ratées, comme celle du pardon de l'empereur (c'est La Clémence d'Alexandre !) affreusement conventionnelle et mal jouée (tous sont raides comme des piquets sauf Rainer qui en fait trois fois trop à ce moment là). On pardonnera vite ces petits péchés et un scénario invraissemblable qui tient du livre pour adolescent ou en tout cas du roman populaire (on n'a jamais vu autant de coïncidences monstrueuses en 1h25 de projection) au profit de la grâce de l'ensemble. La scène du bal masqué est réussie, certe, mais c'est la manière dont le baron et la comtesse se rencontrent, se croisent, se retrouvent, se disputent en ayant l'air de ne pas y toucher qui fait d'abord le prix du film, Fitzmaurice semblant particulièrement inspiré par le visage de son actrice principale, qui n'a jamais été aussi bien photographiée. On fera crédit à Rainer d'un investissement vraiment exceptionnel, que le film révèle plus que jamais : en comtesse russe elle est aussi crédible qu'en paysanne japonnaise ou en chanteuse française. Avec un chic et un charme qu'on ne lui imagine pas et qu'elle s'est inventée pour le rôle (certains petits gestes sont vraiment délicieux, je pense à la manière dont elle laisse retomber sa main après que le baron l'ait baisée). Les autres interprètes sont plutôt des silhouettes (l'idylle improbable entre Maureen O'Sullivan et Robert Young est vraiment traitée en deux plans) que des personnages, à part Powell évidemment, qui n'a pas, à mes yeux, le raffinement européen espéré pour un tel rôle ... Edit : [bon heureusement que Cathy est là pour voir mes erreurs].
Bref, selon l'humeur, on verra surtout les défauts (le film est vraiment trop léger) ou les qualités (le film est vraiment délicieusement léger) de ce typique produit Hollywoodien ... ou plutôt de ce typique produit MGM.

Le film eut un succès mesuré, pour ne pas dire médiocre, et ce sera le dernier des trois que Powell (qui l'avait recommandé pour être sa Anna Held) et Rainer tourneront ensemble.
Dernière modification par francesco le 25 avr. 11, 21:52, modifié 1 fois.
Spoiler (cliquez pour afficher)
June Allyson
Mary Astor
Carroll Baker
Leslie Caron
Joan Collins
Joan Crawford
Bette Davis
Doris Day
Irene Dunne
Edwige Feuillère
Greer Garson
Betty Grable
Gloria Grahame
Susan Hayward
Miriam Hopkins
Betty Hutton
Jennifer Jones
Zarah Leander
Gina Lollobrigida
Jeanette MacDonald
Anna Magnani
Jayne Mansfield
Sara Montiel
Maria Montez
Merle Oberon
Anna Neagle
Lilli Palmer
Eleanor Parker
Rosalind Russell
Lizabeth Scott
Norma Shearer
Lana Turner
Jane Wyman
Loretta Young
Répondre