Ringo Lam (1955-2018)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Shin Cyberlapinou
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Re: Ringo Lam

Message par Shin Cyberlapinou »

Le temple du lotus rouge est effectivement très sympa, mais je pense que son côté fun tient surtout à son producteur Tsui Hark, alors en plein dans sa période film de sabre bondissant. Ringo Lam a apporté sa patte avec une ambiance assez morbide, mais c'est plus du travail de (bon) artisan qu'autre chose... A noter que le film fut en son temps un bide sévère.
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nobody smith
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Re: Ringo Lam

Message par nobody smith »

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Guerres de l’ombre est apparemment considéré comme un Lam mineur, voir très mauvais (Hellrick ne s’en est apparemment toujours remis d’avoir perdu son argent). Vu qu’il n’était qu’à 50 centimes sur cdiscount, j’allais pourtant pas faire la fine bouche face à cette production internationale où se balade la charmante Olivia Hussey et cette bonne trogne de Vernon Wells. Et bon, si je n’ai pas encore trouvé ça déplorable, c’est vrai que c’est pas byzance non plus. Dans sa présentation, Dionnet évoque la manière dont Lam a montré le terrorisme dans toute son horreur. Son style brut de décoffrage (bien qu’assez vieillissant dans ce cas précis) s’accorde bien à une telle ambition. Les deux premières scènes d’action sont d’ailleurs assez incroyables en orchestrant de véritables massacres lors d’un baptême et d’un enterrement. Dommage que les scènes d’action suivantes prennent place dans des environnements plus basiques et moins frappants pour les esprits. Elles remplissent néanmoins correctement leur office, notamment la fusillade dans l’escalier qui se conclut par un numéro d’équilibriste sur un échafaudage. Tout juste de quoi faire passer un script sans grand intérêt et assez lourd à suivre. Vite vu, vite oublié.
"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
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nobody smith
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Re: Ringo Lam

Message par nobody smith »

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Avec victim, Ringo Lam s’essaie au film de fantôme post-ring. Sauf que comme le dit Dionnet en intro, Lam est un athée qui ne croit absolument pas au fantastique. Forcément, ça risque de poser quelques problèmes pour ce type de production. Et bien que nenni. Lam invite dès le départ à prendre de la distance par rapport au surnaturel. L’intrigue met ainsi en avant des personnages qui font constamment l’objet de méprise (du gardien de parking de la scène d’ouverture à l’anniversaire du flic, les exemples sont légions). La mise en scène va quant à elle utiliser la distanciation par la télésurveillance et surtout un jeu régulier avec les miroirs. Le fantastique n’est donc pas à prendre pour acquis comme le laisse sous-entendre des détails bizarres employés plus pour leurs portées symboliques que leurs caractères effrayants. Mais chassez le naturel et il revient au galop. Après 45 minutes de ce petit jeu, Lam retourne au polar pur et dur qui lui est cher. Le résultat est un développement d’intrigue passionnant et d’une extrême efficacité. Lam ressert avec joie tous les poncifs du genre de la course poursuite en bagnole à l’interrogatoire musclée jusqu’à un plan final brouillant la frontière entre drame social et fantastique. Une conclusion pourtant fort discutable à posteriori au regard de la complexe construction qu’aura entretenue Lam durant tout le film (ce dernier affirme d’ailleurs sur le DVD qu’il s’agit d’une idée des producteurs). En l’état qu’importe, victim reste un polar riche et brillant.
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Jericho
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Re: Ringo Lam

Message par Jericho »

Je l'ai en dvd celui là, pas encore vu, mais ça ne saurait tarder !
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nobody smith
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Re: Ringo Lam

Message par nobody smith »

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Troisième et ultime collaboration de Ringo Lam avec JCVD. On peut facilement comprendre à la vision de ce In Hell pourquoi Lam n’a pas poursuivi le partenariat avec la star de bloodsport. Les muscles de Bruxelles était son véhicule pour Hollywood mais la popularité du bonhomme déclinant sévèrement avec le temps, la stratégie le conduit désormais vers l’impasse du DTV. In Hell a en effet du mal à cacher son statut de pur produit Millennium (ça vaut mieux que du Nu Image mais quand même). La production s’est réfugiée dans un pauvre coin d’Europe de l’Est, la photographie manque de teneur, la musique fait pitié et les CGI agacent. Le film fait donc terriblement fauché mais a pourtant réussi à me séduire. Tout d’abord parce que Lam ne se décourage et affirme une mise en scène brutale toujours autant attractive. De manière plus surprenante, il y a aussi un côté parcours intérieur assez intéressant. Le script prend au pied de la lettre son titre et construit un récit où la prison devient un condensateur de tourments à la fois physique que psychologique. En dépit de détails embarrassants (les apparition de la femme décédée du héros), il y a un degré de réflexion métaphorique non négligeable pour ce qui se voudrait une simple série B construit autour d'action vénère. Je trouve même bonnard le dernier acte où les détenus se rebellent contre le système en appliquant les bons vieux préceptes du communisme. Pas une grande réussite mais bien sympathique en tout cas.
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El Dadal
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Re: Ringo Lam

Message par El Dadal »

Viens de découvrir Guerres de l'ombre / Undeclared War. C'est pas peu dire que je suis en opposition totale avec les quelques avis lus ici. Je crois même qu'il s'agit de mon Lam favori (toujours pas vu School on Fire ni Wild Search).
C'est toujours aussi radical, violent et désespéré, mais c'est également une étude fabuleuse sur les différents degrés de violence qui frappent HK alors, et les conceptions que les cultures qui s'affrontent en ont. Quand le personnage du flic joué par Danny Lee avoue à son comparse US "On a jamais connu ce genre de violence à HK", c'est à un double choc culturel que l'on est confronté: celui qui atteint chacun au quotidien, et dont les attaques terroristes sont ressenties comme des incarnations de ce que la rétrocession pourra proposer. Mais aussi en termes de cinéma, cette conception de la violence devient double (voir à ce titre les séquences de torture pratiquées par les "sales amerloques" qui semblent en effet sortir tout droit d'un polar US). On sait déjà que Ringo Lam n'a pas son pareil pour démonter les institutions gangrenées, mais là j'ai vraiment été pris par la précision de la mise-en-scène, parfois assez éloignée de l'effervescence bordélique dont il est coutumier, mais ainsi donc plus canalisée, le tout dans un film qui me semble être un galop d'essai vers ses œuvres internationales (toutes bien moins contrôlées que cette guerre non déclarée, chaude et moite, mais aussi si froide et implacable). Et puis Vernon Wells chez Ringo Lam, mazette!! :D
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nobody smith
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Re: Ringo Lam

Message par nobody smith »

Je profite de la remontée du topic pour rappeler qu'In Hell passe demain soir sur NRJ12. Avis aux amateurs :wink:
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AtCloseRange
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Re: Ringo Lam

Message par AtCloseRange »

City on Fire 1987
L'idée d'un flic undercover autour d'un casse d'une bijouterie, 2 plans et un dialogue et C'est donc ça que Tarantino aurait outrageusement pompé?
Les gens sont définitivement devenus fous... Quant à la qualité de ce machin, et bien, c'est juste complètement nul (je suis allé au bout juste pour faire mon bon élève) à une ou 2 scènes près.
Mieux vaut regarder un épisode de New York District...
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hellrick
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Re: Ringo Lam

Message par hellrick »

AtCloseRange a écrit : Quant à la qualité de ce machin, et bien, c'est juste complètement nul (je suis allé au bout juste pour faire mon bon élève) à une ou 2 scènes près.
:shock:
City on Fire c'était quand même très bon dans mon souvenir, faudrait que je le revois mais c'est un film qui a toujours eu une excellente réputation chez les amateurs de ciné HK. De Ringo Lam je préfère quand même son Full Alert et je prends beaucoup de plaisir un Full contact, une cat3 bricolée, complètement bancale mais d'une vulgarité assez plaisante. Et puis ses 3 films avec Van Damme sont excellents, en particulier Risque Maximum qui est un vrai plaisir.
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AtCloseRange
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Re: Ringo Lam

Message par AtCloseRange »

A la limite si je m'attendais au scénario pourri (cette première scène ridicule... la relation avec sa fiancée) et à un jeu d'acteur nullissime (au bout d'un moment, il faut arrêter le discours sur une culture différente donc un jeu différent - c'est juste abominablement joué), au minimum j'espérais une certaine virtuosité mais même à ce niveau, c'est franchement décevant.
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Re: Ringo Lam

Message par Borislehachoir »

hellrick a écrit :
AtCloseRange a écrit : Quant à la qualité de ce machin, et bien, c'est juste complètement nul (je suis allé au bout juste pour faire mon bon élève) à une ou 2 scènes près.
:shock:
City on Fire c'était quand même très bon dans mon souvenir, faudrait que je le revois mais c'est un film qui a toujours eu une excellente réputation chez les amateurs de ciné HK.
Et pour cause : c'est un très bon film. J'en disais ça à l'époque :

Un truand est assassiné dans la rue par des braqueurs, qui avaient découvert qu’il s’agissait d’un flic infiltré. Le chef de la police envoie alors son neveu Chow ( Chow Yun-Fat ) s’infiltrer à son tour dans le gang, et ce en dépit des fortes réticences de Chow qui vit très mal le fait d’avoir, lors d’une précédente mission, du trahir un de ses amis. Chow se lit avec Fu ( Danny Lee ), l’un des gangsters, tout en devenant à son tour suspect aux yeux de la police qui le soupçonne de jouer double jeu.
Encore une influence de Tarantino, et une sur laquelle on a écrit tout et surtout n’importe quoi. En effet City on fire est une histoire d’amitié entre un gangster et un flic infiltré, qui se termine par un braquage simultané à quatre et un aveu du flic blessé. Et c’est tout, tout, tout ce que le film possède comme point commun avec Reservoir Dogs, étant pour le reste beaucoup plus linéaire ( pas de flashbacks en dehors des mauvais rêves de Chow Yun-Fat, une narration chronologique ), plus conventionnel ( on voit le braquage, le braquage multiple n'aboutit pas, on se tape une intrigue amoureuse sans grand intérêt autour du personnage de Chow Yun-Fat ) et au final moins fort que la relecture tarantinesque. Le duo d’acteurs fonctionne bien mais pas de manière aussi étincelante que dans The Killer, l’histoire est intéressante mais le scénario est perfectible ( on peine à comprendre comment en deux scènes Chow Yun-Fat et Danny Lee nouent une amitié aussi puissante ) mais heureusement la sécheresse de l’ensemble, la réussite des scènes d’action et le refus du happy end final font que City on fire, faute d’être le grand film revendiqué par certains pseudo-puristes du cinéma de Hong-Kong, est une vraie bonne série B d’action qui ne transcende pas tout à fait son sujet. A noter une intéressante bifurcation du scénario sur la guerre des polices, dont l’attitude envers Chow Yun-Fat justifie en partie l’amitié de celui-ci pour Danny Lee.
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hellrick
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Re: Ringo Lam

Message par hellrick »

Je ne me souviens plus pour les acteurs :oops:
Etant un grand fan de Chow Yuen Fat il me semble pourtant qu'il était bon...enfin c'est son numéro habituel de cabot très premier degré, très outré, sans beaucoup de nuance, je le trouve en tout cas très charismatique, c'est un des seuls acteurs HK que j'apprécie vraiment. Mais c'est une caractéristique du cinéma HK, c'est toujours comme ça, très "j'en fais un peu trop je vous le met quand même". Pareil pour les scénarios, ils sont souvent très naïfs et n'hésitent pas à en faire trop, avec souvent un souci de vraisemblance qui n'est pas leur qualité première. Je comprends très bien qu'on puisse ne pas accrocher du tout, moi-même je suis beaucoup moins indulgent avec le cinéma HK que voici une dizaine d'années, d'ailleurs honnêtement je n'en regarde plus des masses.

Tu penses quoi des films d'action HK plus "abordables" (ou grand public) comme les Infernal Affairs, les Syndicats du Crime, The Killer ou les Johnny To des années '90 ?
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Re: Ringo Lam

Message par AtCloseRange »

hellrick a écrit :Je ne me souviens plus pour les acteurs :oops:
Etant un grand fan de Chow Yuen Fat il me semble pourtant qu'il était bon...enfin c'est son numéro habituel de cabot très premier degré, très outré, sans beaucoup de nuance, je le trouve en tout cas très charismatique, c'est un des seuls acteurs HK que j'apprécie vraiment. Mais c'est une caractéristique du cinéma HK, c'est toujours comme ça, très "j'en fais un peu trop je vous le met quand même". Pareil pour les scénarios, ils sont souvent très naïfs et n'hésitent pas à en faire trop, avec souvent un souci de vraisemblance qui n'est pas leur qualité première. Je comprends très bien qu'on puisse ne pas accrocher du tout, moi-même je suis beaucoup moins indulgent avec le cinéma HK que voici une dizaine d'années, d'ailleurs honnêtement je n'en regarde plus des masses.

Tu penses quoi des films d'action HK plus "abordables" (ou grand public) comme les Infernal Affairs, les Syndicats du Crime, The Killer ou les Johnny To des années '90 ?
Je n'ai globalement vu que les John Woo que j'aimais pas mal mais j'ai essayé de revoir le Syndicat du Crime il n'y a pas si longtemps et ça s'est moyennement passé. Enfin, ça reste très supérieur à ce City on Fire.
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Alphonse Tram
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Re: Ringo Lam

Message par Alphonse Tram »

Pas plus tard qu'il y a deux jours je me suis planté devant ma collec et justement mon choix s'est porté sur ce film (c'était ça ou school on fire). Pas de pb particulier, c'est toujours bon. Moi aussi j'ai toujours eu une réticence sur la manière de jouer à l'asiatique (en plus de la prononciation que je trouve geignarde à cause de la nasalisation), mais j'essaye de passer outre, et avec l'habitude ça passe. En tout cas c'est une autre manière de faire du cinéma, c'est sûr. D'où les adaptations occidentales.
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- « Il y aura toujours de la souffrance humaine… mais pour moi, il est impossible de continuer avec cette richesse et cette pauvreté ». - Louis ‘Studs’ Terkel (1912-2008) -
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Re: Ringo Lam

Message par Borislehachoir »

Alphonse Tram a écrit :Pas plus tard qu'il y a deux jours je me suis planté devant ma collec et justement mon choix s'est porté sur ce film (c'était ça ou school on fire). Pas de pb particulier, c'est toujours bon. Moi aussi j'ai toujours eu une réticence sur la manière de jouer à l'asiatique (en plus de la prononciation que je trouve geignarde à cause de la nasalisation), mais j'essaye de passer outre, et avec l'habitude ça passe. En tout cas c'est une autre manière de faire du cinéma, c'est sûr. D'où les adaptations occidentales.
Par curiosité, comment as-tu vu School on fire ? Je le cherche depuis pas mal de temps.
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