La citation d'Hegel vient à point nommé : à pensée obscure, mots obscurs. (Hegel est souvent à la limite du lisible)NotBillyTheKid a écrit :Ce que tu viens de m'écrire, ce sont les mots, ton lexique, qui te permettent de le penser. Ce n'est pas qu'en littérature, c'est la base du langage : il n'est pas créé par la pensée, mais la pensée est créée par le langage. D'où la conception de la littérature que je défends.
"c'est dans les mots que nous pensons" Hegel
"La pensée se fait dans la bouche" T. Tzara
C'est l'histoire de la poule et de l'oeuf [edit : cinephage m'a précédé dans l'usage de cette image ]. Qui vient avant ? Il est évident que quand je formule une pensée ou une émotion, j'utilise des mots. Les mots sont donc des moyens, des signes (enfin, on ne va pas non plus quitter le terrain béni de la littérature pour celui aride de la sémiologie). Tu le dis toi-même, les mots "permettent" de penser. Le mot "permettre" appartient au champ lexical du moyen. Sans mot, pas de traduction possible de l'émotion et de la pensée. Mais par là, tu vois bien qu'on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de pensée ou d'émotion avant les mots. Cela ne marche pas. Tout au plus pourrait-on parler d'opérations concomitantes, se nourrissant mutuellement. Mais le fond du débat est qu'un écrivain est la résultante d'une vie passée à vivre, découvrir, etc... On vit avant d'être écrivain. Puis on écrit mu par quelque impérieux mouvement. Le mouvement qui meut l'écriture est fait de pensée et d'émotion. Le temps qui passe, c'est du mouvement. On pense, on est ému, avant d'écrire. En tout cas, on ne fait pas l'un sans l'autre.