Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Je n'avais pas cliqué sur ce lien. Décidément, ce soir, entre le topic sur le western et celui-ci, je suis fatigué moi... Merci pour ces précisions en tout cas.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
VOYAGE A TILSIT (reise mach Tilsit) de Veit HARLAN -1939
avec Kristina SODERBAUM, Philip DORN
Un pêcheur trompe sa femme avec une jolie polonaise. Il décide d’assassiner son épouse lors d’un voyage pour Tilsit.
J’ignorais que l’aurore de Murnau, chef d’œuvre considéré par Truffaut comme le plus beau film de tous les temps avait fait l’objet d’un remake parlant en Allemagne par Veit Harlan , cinéaste très controversé. Sans posséder la magie, la poésie et la fascination du film muet, ce voyage à Tilsit est néanmoins une réussite, davantage axée sur une représentation réaliste de la vie de pêcheurs dans un village brumeux de la Baltique. L’atmosphère du foyer ou des cafés où se retrouvent les amants est fort bien rendue. Évidemment, Harlan profite du sujet pour brosser un film moralisateur où la maîtresse du mari est une étrangère comme par hasard. De là à trouver ce remake perfide comme l’ont dit certains critiques…En dépit de tout le mal qu’on peut penser , à juste titre, d’Harlan et de films aussi révoltants que le juif Süss, ce voyage à Tilsit est un film réussi, d’une beauté plastique certaine, et émouvant (les scènes tournées à Tilsit où le couple parvient en quelques heures à retrouver éclat de leur amour passé sont splendides) . Même si sa voix enfantine est parfois irritante, la poupine Kristina Soderbaum fournit une très bonne prestation en épouse modèle, effrayée par son mari. Celle qui fut surnommée la noyée du IIème Reisch échappe ici de peu à la noyade. L’acteur hollandais Fritz Van Dongen est très bien lui aussi. Juste à la fin du film, il quittera l’Allemagne pour Hollywood où il jouera toute une série de films anti-nazis sous le nom de Philip Dorn ( Escape, Passage to Marseille) et le gros succès "Prisonniers du passé" encore rediffusé rcemment à la télévision.
Dernière modification par Music Man le 5 janv. 13, 22:57, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
LA REINE DES MIDINETTES ( der unwiderstehliche )
de Geza Von Bovary 1937
Avec Anny ONDRA, Hans SOHNKER
Claudette, chef d’entreprise et « reine de la chaussure » est prise pour une simple mannequin par Mr André, fils oisif et libertin d’un industriel, qui fait ses classes à Paris. Pendant ce temps, elle se retrouve fiancée sans son consentement avec un marquis.
Film-opérette typique des années 30 (on chante beaucoup, à peu près une bonne moitié du film), la reine des midinettes est un spectacle léger très agréable. Comme souvent dans les films d’Anny Ondra (grande star tchèque des années 20-30), on joue sur les quiproquos et des situations farfelues (Ondra est arrêtée par la police alors qu’elle s’est enfuie de chez son amoureux, tout juste vêtue d’une nuisette et d‘une veste empruntée à ce dernier). Moins drôle que les films de son mentor Karl Lamac (qui jouait beaucoup sur les gags visuels), cette comédie située dans un Paris frivole (des nights clubs avec grands toboggans et balançoires au milieu de la salle ont-ils vraiment existés?) est mise en scène avec la légèreté adéquate. Elle rappelle parfois des comédies américaines de la même période.
Dernière modification par Music Man le 2 juin 10, 00:02, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Tout à l'heure en cherchant des critiques de films dans ma collec de vieux journaux / magazines, je suis tombé — dans un numéro en français de la revue de propagande allemande Der Adler — sur un article richement illustré présentant une belle photo de Hannelore Schroth* en vacances !
Ach ! Papa Schulz, z'était le bon fieux temps !
* Voir le posts consacrés à Unter den Brücken (par exemple)
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Dommage que le panneau final gache un peu le plaisir c'est vrai. Pendant tout le film au fond on a l'impression que c'est plus un état d'esprit qu'une nation qui est condamné (ou alors on peut s'illusionner peut-être ...). Mais sinon ces 90 petites minutes passent à la vitesse de l'éclair, grâce à un montage exemplaire de rigueur et de fluidité qui nous campe fortement (et rapidement) une galerie de personnages tous plus secs et égoïstes les uns que les autres. Pratiquement deux tiers du film sont consacrés au naufrage proprement dit, filmé de manière terrifiante, presque expressionniste avec toutes les qualités et les idées que souligne Music Man. Certaines séquences sont brutalement émotionnelles comme toutes celles avec Sybille Schmitz au physique particulier, aux traits hardis et masculins, mais d'une énergie très prenante. Un moment m'a particulièrement touché,Music Man a écrit :
TITANIC de Herbert SELPIN - 1943
Avec Sybille SCHMITZ, Karl SCHONBOCK, Kirsten HEIBERG, Claude FARELL
Le naufrage du Titanic en 1912
Il s’agit bien là d’un film de propagande anti-britannique destiné à démontrer que le naufrage du célèbre paquebot était la résultante de la cupidité de propriétaires britanniques. Tout le déroulement du film sert à étayer cette démonstration insistante, jusqu’au panneau final on ne peut plus clair.
Hormis ce coté détestable et sans doute historiquement faux sur de nombreux points, le film n’est pas inintéressant. Si la première partie confronte une série de personnages peu attachants, les scènes finales de catastrophe sont filmées de façon intelligente (angles de prise de vue des canots de sauvetage descendant vers la mer, scènes de panique dans la pénombre).
Le passage où les agents de surveillance séparent brutalement les hommes des femmes parmi les passagers de troisième catégorie fait vraiment froid dans le dos et m’a fait songer au sort subi par les victimes des persécutions nazies au moment du tournage.
En fait, je pense que si le climat cataclysmique est rendu avec une telle acuité, c’est que le climat de tension qui régnait en Allemagne au même moment imprègne le film entier. D’ailleurs, à sa sortie, il sera finalement interdit en Allemagne pour ne pas démoraliser la population et réservé à la France et d’autres occupés (histoire de nous saper le moral un peu plus!).
On remarquera que certaines situations totalement fictives de ce film, ont été reprises dans la version de James Cameron!
Sinon, en dehors du climat d’angoisse, les amateurs de camp se délecteront de la prestation over the top de Sybille Schmitz (Vampyr de Dreyer, dont le déclin fut évoqué dans le film Le secret de Véronika Voss), au curieux visage prognathe. Avec son maquillage appuyé, sa perruque et la veste du commandant sur sa robe de soirée, elle est incroyable, quand touchée par la grâce, elle essaie d’aider un maximum de passagers à se sauver. Une vraie reine de mélo!
Le réalisateur Herbert Selpin, qui s’était opposé à Goebbels sur le scénario, sera emprisonné et retrouvé pendu dans sa cellule.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Beaucoup de films sont disponibles en allemagne dans la collection "Deutsch film classik". Comme c'est en lien, d'après amazon, avec Warner home video, je me demandais s'il y avait des sous titres anglais ? (Ne parlant pas un mot d'allemand). Quelqu'un sait ?
Dernière modification par francesco le 9 juin 10, 11:31, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Je ne trouve pas... tu peux mettre un lien, s'il te plait ?francesco a écrit :Beaucoup de films sont disponibles en allemagne dans la collection "Deutsch film classik". Comme c'est en lien, d'après amazon, avec Warner home video, je me demandais s'il y avait des sous titres anglais ? (Ne parlant pas un mot d'allemand). Quelqu'un sait ?
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Par exemple :
http://www.amazon.de/s/ref=nb_sb_noss?_ ... &x=10&y=19
http://www.amazon.de/gp/product/images/ ... 4266&s=dvd
Rien n'indique des sta, hein, c'était juste une question au cas où !
Edit : je ne trouve plus aucune allusion à Warner ... j'ai dû me planter ... ou alors la folie me guette.
http://www.amazon.de/s/ref=nb_sb_noss?_ ... &x=10&y=19
http://www.amazon.de/gp/product/images/ ... 4266&s=dvd
Rien n'indique des sta, hein, c'était juste une question au cas où !
Edit : je ne trouve plus aucune allusion à Warner ... j'ai dû me planter ... ou alors la folie me guette.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Ces DVDs ne comportent pas de sous-titres optionnels sauf quelques uns en allemand pour les malentendants.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
J'ai vérifié quelques titres sur Cinefacts et Ofdb, les deux ne mentionnent aucuns sous-titres, certains films étaient sortis en DVD chez e-m-s quelques années auparavant et la collection s'appelait déjà Deutsch Film Klassiker. Les rééditions sont faites par Black Hill Pictures qui est distribué par Warner.francesco a écrit : Rien n'indique des sta, hein, c'était juste une question au cas où !
Edit : je ne trouve plus aucune allusion à Warner ... j'ai dû me planter ... ou alors la folie me guette.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Ah ... ouf je croyais avoir rêvé ...Tutut a écrit :J'ai vérifié quelques titres sur Cinefacts et Ofdb, les deux ne mentionnent aucuns sous-titres, certains films étaient sortis en DVD chez e-m-s quelques années auparavant et la collection s'appelait déjà Deutsch Film Klassiker. Les rééditions sont faites par Black Hill Pictures qui est distribué par Warner.francesco a écrit : Rien n'indique des sta, hein, c'était juste une question au cas où !
Edit : je ne trouve plus aucune allusion à Warner ... j'ai dû me planter ... ou alors la folie me guette.
Bon merci à vous tous ... pour ces tristes nouvelles
Et comment ils font, hein, les pauvres non germanophones ... (j'ai aussi une pensée pour les non francophones qui voudraient acheter du rené chateau).
PS : je sais bien que ce n'est la faute de personne, mais ça soulage de raler
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
T'as bien raison.francesco a écrit :
Et comment ils font, hein, les pauvres non germanophones ... (j'ai aussi une pensée pour les non francophones qui voudraient acheter du rené chateau).
PS : je sais bien que ce n'est la faute de personne, mais ça soulage de raler
Perso, je n'ai que de légers rudiments d'allemand... il m'est arrivé d'acheter quelques titres sous-titrés en allemand (dans ce cas-là, il est préférable de les désactiver, car cela perturbe énormément le visionnage... les yeux se portant instinctivement sur un texte que -- de toute façon -- on ne comprend presque pas) ou pas sous-titrés du tout. Dans tous les cas, cela ne m'a pas empêché de piger l'histoire. C'est clair qu'il y a un tas de détails qui nous échappent, mais le langage cinématographique est suffisamment universel pour qu'on finisse quand même par piger ce qui se passe.
Dans le cas de Alice dans les villes (Wim Wenders) que j'ai d'abord possédé sans sous-titres, la vision du film était quand même largement "contemplative". Quand j'ai eu la version française avec les sous-titres, il m'est arrivé de faire "Ah ouiiii, c'était donc ça !"
Mais il est clair que, sur ce plan (les sous-titres, tout ça), l'Union européenne nous a bien foutus dedans. Question "échanges culturels" c'est... "allez vous faire voir !" (et je suis poli)
PS : incidemment, j'en veux très fort à une entreprise comme le StudioCanal qui a des filiales au Royaume-Uni et en Allemagne, qui sort des classiques dans ces deux pays, et qui ne met JAMAIS de sous-titres ; même dans la langue locale. Comme, par ailleurs, ils n'éditent JAMAIS ces films en France, eh bien, on est marron, on doit se démerder.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
C'est vrai que parfois on a des surprises et l'impression d'avoir compris alors qu'en fait ... Je me rappelle plusieurs fois avoir "corrigé" des amis qui avaient vu des films en espagnol sans en comprendre un mot et avaient fini par faire de gros contre-sens. Du coup ça m'a un peu refroidi sur les tentatives purement visuelles. Bon d'un autre côté on peut simplement se dire qu'on fait marcher son imagination.
Je vais voir si je tente quand même, parce que certains mélos en alpha color me branchent beaucoup quand même.
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
Pour tous ceux qui s'intéressent au ciné allemand des années 40 (ou aux histoires de famille), je recommande absolument le long-métrage documentaire Harlan, réalisé en 2008. Il n'est pas tant sur les films de Veit Harlan (même si il en parle bien sûr, notamment des personnages interprétés par Kristina Söderbaum) mais sur les conséquences des choix artistiques et politiques du réalisateur pendant le nazisme sur les descendants actuels d'Harlan. Comment garder la tête haute et supporter le regard des autres quand on porte un nom si controversé ? Ses enfants, petits-enfants, cousins (dont la veuve de Kubrick) témoignent et c'est passionnant. La famille s'est déchirée, sans espoir de retour au dialogue on a l'impression, entre ceux qui essayent de comprendre et ceux qui ne le pourront jamais. Plein de documents d'époque, d'extraits de films et d'interviews. Un documentaire exceptionnel sur le cinéma, la mémoire, la transmission, les liens du sang et la culpabilité.
Le DVD allemand est excellent, avec des sous-titres anglais optionnels.
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... and Barbara Stanwyck feels the same way !
Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Re: Le cinéma allemand : de la crise au nazisme (1929-1945)
D'autant qu'ils ne veulent pas lacher les droits aux autres ( ou alors une véritable fortune ).Commissaire Juve a écrit :
PS : incidemment, j'en veux très fort à une entreprise comme le StudioCanal qui a des filiales au Royaume-Uni et en Allemagne, qui sort des classiques dans ces deux pays, et qui ne met JAMAIS de sous-titres ; même dans la langue locale. Comme, par ailleurs, ils n'éditent JAMAIS ces films en France, eh bien, on est marron, on doit se démerder.
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