Maurice Tourneur (1876-1961)

[allen john]

Le paragraphe auquel tu fais référence dans The Parade's Gone By n'indique pas précisément le pourcentage du film réalisé par Brown. Il était l'assistant de Tourneur depuis plusieurs années et à même d'exécuter ses idées au mieux. Quand à ses propres muets, il vaudrait mieux le juger sur sa période pré-MGM. j'ai pu voir l'excellent The Goose Woman (Déchéance, 1925) qui est un film où l'on sent bien l'influence de Tourneur et qui mérite le détour. Smouldering Fires (La femme de 40 ans, 1925) est également très subtil et superbement photographié. Et finalement Kiki (1926) une comédie qui combine burlesque et sophistication. Ensuite, il devient un réalisateur MGM où règne le star-système et où son inventivité est plus 'cadrée'.

je n'ai, en effet, qu'une vision très parcellaire d'une carrière tombée un peu dans l'oubli, en raison peut-être d'un certain manque personnel d'enthousiasme du bonhomme à la fin de sa vie. Mais j'ai vu des films pré MGM (The light in the dark, The eagle) et post (The trail of 98) qui m'ont vraiment plu, mais pas passionné. J'aimerais bien voir The goose woman, j'en ai beaucoup entendu parler...

[allen john]

Lorna Doone (1922)
Il semble qu'après 1920, la carrière de Maurice Tourneur ait connu des revers sérieux. D'abord, Zukor et la Paramount ont refusé d'exploiter son film The glory of love, qui sortira finalement sous l'égide d'un obscur distributeur, et sous un nouveau nom en 1923: While Paris sleeps; il semblerait que ce film, le troisième et dernier avec Lon Chaney, ait disparu. Le froid avec Paramount résulta dans la fuite de Tourneur qui allait recommencer à tourner pour plusieurs studios, mais on le sait avec les carrières flucuantes de gens comme Neilan et Stroheim, les années vingt n'étaient pas une période rose pour les metteurs en scène épris d'indépendance. Lorna Doone, réalisé pour la First National, au milieu de tout cela, ressemble à une survivance de la décennie précédente dans bien des domaines. Le film peine à dépasser le charme de ses scènes: j'y ai vu des images sublimes, comme dans les autres, mais je me suis ennuyé. L'histoire, adapté d'un classique, concerne le destin presque tragique de Lorna, jeune fille de la noblesse recueillie par des brigands infâmes, la famille Doone. Pourtant elle va réellement être épargnée, et devenir la fille adoptive du "seigneur" des lieux, Ensor Doone. Plusieurs années après, le passé la rattrappe lorsque s'échoue (Littéralement) sur les terres des Doone son ami d'enfance, et entre les deux toutereaux l'amour va bientôt naitre, malgré la menace représentée par ces mafrats de Doone, tous plus dangereux les uns que les autres. Le film, donc, manque de rythme, et si les intérieurs délicatement illuminés sont une fois de plus convoqués, si Tourneur place encore ses personnages au coeur d'une nature souvent apparement authentique (pas toujours, le film n'a pas été tourné en Grande-Bretagne), c'est un joli film qui tourne un peu à vide. Madge Bellamy est bien jolie, mais elle n'insuffle pas à son rôle l'énergie qu'avait, disons, Barbara Bedford dans The last of the mohicans, ou la profondeur presque vécue de Seena Owen dans Victory. Le reste de la carrière de Tourneur, qui continuera à tenter de rester indépendant, mais finira par claquer la porte des studios Américains après un désaccord sur le plateau de The mysterious Island à la MGM, tendrait à confirmer l'impression que, décidément, le metteur en scène a fait son temps...


J'en ai, pour l'instant, fini de voir les films muets de Tourneur en ma possession.

[Nestor Almendros]

LES GAITES DE L'ESCADRON (1932)

Une curiosité et un film souvent très sympathique. C'est un peu du copié-collé, une suite de saynètes empilées pour faire un long métrage mais les running gags sont souvent amusants (notamment les apparitions "fil rouge" de Fernandel). Au détour d'un humour souvent caustique se détache une vision acérée du monde militaire. la hiérarchie y est oppressante et les gradés abusent sans vergogne de leur pouvoir sur les "pauvres" secondes classes soumis qui n'ont aucune chance de pouvoir répondre. Il y a également une guerre des chefs récurrente qui apparait souvent surréaliste, encore une fois par l'humour: les gradés se transmettant régulièrement des patates chaudes, des ordres désagréables venus de plus haut, et jouant presque tous de mauvaise foi.
On note évidemment un bon casting avec, en plus de Fernandel, un Gabin rebelle et un Raimu déjà attachant dans un rôle de vieux briscard bourru mais hautement sympathique.

Concernant les problèmes de son que soulignait Ann Harding page précédente, le Ciné-Club de France 2 a diffusé une version restaurée par Pathé avec image assez nickel (malgré quelques rayures et points blancs) et un son très clair (je me suis même fait la réflexion sur la qualité du son pour un film de cette époque pendant le visionnage).

[Ann Harding]

LES GAITES DE L'ESCADRON (1932)
Concernant les problèmes de son que soulignait Ann Harding page précédente, le Ciné-Club de France 2 a diffusé une version restaurée par Pathé avec image assez nickel (malgré quelques rayures et points blancs) et un son très clair (je me suis même fait la réflexion sur la qualité du son pour un film de cette époque pendant le visionnage).

Je suis drôlement contente qu'ils aient restaurés le son! Sur la vieille VHS René Chateau, c'était vraiment mauvais.

[Ann Harding]

Volpone (1940) avec Louis Jouvet, Harry Baur, Charles Dullin et Fernand Ledoux

Le marchand levantin Volpone (H. Baur) envoyé en prison pour dettes rencontre Mosca (L. Jouvet). Ce dernier va devenir son conseiller pour se venger de ses créditeurs Corvino et Corbaccio (C. Dullin et F. Ledoux)...

Avec cette adaptation de Ben Jonson revue et corrigée par Jules Romain, Maurice Tourneur nous livre du théâtre filmé bien loin des recherches esthétiques de ses premiers films. Je n'avais pas revu le film depuis plus de 20 ans. Il m'a encore amusé pour la prestation pince sans rire remarquable d'un Jouvet narquois. Par contre, j'ai trouvé qu'Harry Baur cabotinait outrancièrement (bien que je sois une grande fan de cet acteur). Charles Dullin est un usurier avaricieux superbe. Malgré tout, cela reste assez bavard et un peu décevant...

[Tom Peeping]

Volpone (1940) avec Louis Jouvet, Harry Baur, Charles Dullin et Fernand Ledoux

Et Temerson ? Tu ne parles pas des chuintements du génial Temerson ?

[Miguelito Loveless]

Volpone (1940) avec Louis Jouvet, Harry Baur, Charles Dullin et Fernand Ledoux

Je me suis toujours interrogé sur la fréquence de diffusion de Volpone, type même du "faux" classique. En effet, si l'on excepte l"intérêt de voir Jouvet et Dullin réunis ( et à ce moment-là, plutôt revoir Quai des Orfèvres...) le film est pour le moins bancal, de par la mollesse de mise en scène d'un Tourneur vieillissant, de par le mauvais goût des décors et des costumes (Jouvet ressemble au Joueur de Flûte des Silly Symphonies de Disney), un dialogue où on ne retrouve pas la patte de Jules Romains, et surtout, surtout, comme l'a souligné Anne, un Harry Baur au-delà du décevant, cabotinant à contre-sens, essayant de voler les scènes sans y parvenir, livrant une composition, pour le coup, aberrante, lui , qui, jusque-là, était souvent plus juste , dans des rôles "hénaurmes" qu'un Raimu, par exemple.
Certains biographes avancent un complexe d'infériorité de Baur vis-à-vis de Jouvet et Dullin, qui lui aurait fait perdre ses moyens. Hypothèse séduisante, si l'on considère que dans ses films suivants, qui seront ses derniers, Péchés de Jeunesse et L'assassinat du Père Noël entre autres, on retrouvera le Harry Baur au jeu pittoresque mais mesuré...

D'autre part , je suis d'accord avec Tom Peeping : dans le catalogue prestigieux des seconds rôles de l'avant-guerre, on oublie souvent le sympathique Temerson,à la voix reconnaissable entre mille, au jeu pétillant et malicieux, le mettant plusieurs coudées au-dessus des autres utilités "rondes" de l'époque...

[Ann Harding]

Volpone (1940) avec Louis Jouvet, Harry Baur, Charles Dullin et Fernand Ledoux

Et Temerson ? Tu ne parles pas des chuintements du génial Temerson ?

Euh...à vrai dire, je ne l'avais pas identifié. mais, maintenant que tu le mentionnes, je vois de qui il s'agit. Il est effectivement très sympa.

Pour en revenir à Volpone, c'est vrai que c'est un Tourneur mineurissime. Pourquoi est-il si souvent diffusé? Peut-être tout bêtement est-il disponible plus facilement que d'autres Tourneur chez René Chateau

[Nestor Almendros]

Je rejoins les déçus de VOLPONE. Si la trame, malgré un simplisme de fable presque enfantin, laisse poindre un potentiel lors de certaines scènes, l'ensemble reste très plat, manque cruellement de souffle. Même les dialogues semblent peu mis en valeur. Visuellement il y a de l'effort (sur les costumes) mais on est finalement trop dans le déguisement (Harry Baur ressemble à une vieille grand-mère). Les décors chiches font trop "studio". Reste, comme vous l'avez dit, un casting intéressant avec un Jouvet enlevé et un acteur que je n'avais jamais remarqué auparavant, et très bon ici: Charles Dullin.

Le master René Chateau était, par contre, d'excellente qualité.

[Tommy Udo]

Le lundi 20/09 à 21h00, TV5 diffusera l'ultime film de la carrière de Maurice Tourneur : IMPASSE DES DEUX-ANGES (1948), avec Simone Signoret et Paul Meurisse

[Watkinssien]

Le lundi 20/09 à 21h00, TV5 diffusera l'ultime film de la carrière de Maurice Tourneur : IMPASSE DES DEUX-ANGES (1948), avec Simone Signoret et Paul Meurisse

Merci pour ce conseil, un film que je n'ai toujours pas vu... le seul de sa dernière décennie de cinéma, qui comporte l'un des plus beaux films fantastiques du cinéma français : La Main du Diable.

[Ann Harding]

Le lundi 20/09 à 21h00, TV5 diffusera l'ultime film de la carrière de Maurice Tourneur : IMPASSE DES DEUX-ANGES (1948), avec Simone Signoret et Paul Meurisse

Un très bon Tourneur avec deux excellents acteurs. Enregistrez-le!

[Watkinssien]

Vu sans déplaisir Figures de Cire (1914) de Maurice Tourneur. Aujourd'hui le film paraît frustrant, car Tourneur arrive à distiller une atmosphère réellement terrifiante, rien que pour l'exposition des décors, avec des éclairages et une mise en place des accessoires efficaces. Reste qu'on aurait aimé voir un vrai Barnum de cauchemars et que nous ne voyons que le cas clinique de la naissance de la peur chez quelqu'un qui ne connaissait pas cette sensation et qui arrive à l'impardonnable. Mais cela reste quand même agréable à voir, malgré la qualité de la pellicule.

[Tommy Udo]

Le lundi 20/09 à 21h00, TV5 diffusera l'ultime film de la carrière de Maurice Tourneur : IMPASSE DES DEUX-ANGES (1948), avec Simone Signoret et Paul Meurisse

Un très bon Tourneur avec deux excellents acteurs. Enregistrez-le!

Je viens de vérifier mon enregistrement et il y a eu un film de Chabrol à la place
Et apparemment pas de nouvelle date prévue...

[Link Jones]

Un très bon Tourneur avec deux excellents acteurs. Enregistrez-le!

Je viens de vérifier mon enregistrement et il y a eu un film de Chabrol à la place
Et apparemment pas de nouvelle date prévue...

Selon le site de TV5MONDE
rediffusions mardi 28 septembre 2010 à 14h00 et mercredi 6 octobre 2010 à 1h20 (heure de Paris)
http://www.tv5.org/cms/chaine-francopho ... gnoret.htm