Gregory Peck (1916-2003)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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AtCloseRange
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :
Ann Harding a écrit :Gregory Peck est un acteur qui me laisse toujours sur ma faim. Dans To Kill a Mockingbird (1962), je le trouvais totalement dénué d'expressions. Ici, il reste également impavide; mais, il est certainement à sa place en américain moyen.
Mais justement, dans To kill a mockingbird, n'est-il pas encore plus censé incarner l'homme moyen, serein, que rien n'atteint ?? Vu par ses enfants, le père "parfait" n'est-il pas sans faille, droit dans ses bottes, toujours sur de lui et peu affecté par ce qui terrifie les enfants ? Pour ma part, j'avais trouvé que son jeu servait formidablement le film...
Je pense un peu la même chose qu'Ann Harding sur Gregory Peck, acteur souvent très figé mais To Kill A Mockingbird me semble une (rare) exception. Pas qu'il y soit plus expressif mais ça correspond parfaitement bien à ce merveilleux film.
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Ann Harding
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Ann Harding »

AtCloseRange a écrit :
cinephage a écrit :
Mais justement, dans To kill a mockingbird, n'est-il pas encore plus censé incarner l'homme moyen, serein, que rien n'atteint ?? Vu par ses enfants, le père "parfait" n'est-il pas sans faille, droit dans ses bottes, toujours sur de lui et peu affecté par ce qui terrifie les enfants ? Pour ma part, j'avais trouvé que son jeu servait formidablement le film...
Je pense un peu la même chose qu'Ann Harding sur Gregory Peck, acteur souvent très figé mais To Kill A Mockingbird me semble une (rare) exception. Pas qu'il y soit plus expressif mais ça correspond parfaitement bien à ce merveilleux film.
Il faut dire que To Kill a Mockingbird est un film qui ne m'a pas du tout convaincu non plus au niveau de la mise en scène. Beaucoup de scènes, comme celle de la tentative de lynchage, m'ont paru particulièrement peu crédibles (contrairement à une scène identique dans Stars in My Crown de Tourneur). Quant à Peck, il est tellement 'parfait' et impavide que franchement, j'ai complètement décroché. Son client noir qui était innocent a été tué et il reste impec, droit dans ses bottes. Bon, ensuite, tout est affaire de sensibilité personnelle. Personnellement, le film de Mulligan m'a laissé de glace.
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cinephage
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par cinephage »

Ann Harding a écrit :
AtCloseRange a écrit :Je pense un peu la même chose qu'Ann Harding sur Gregory Peck, acteur souvent très figé mais To Kill A Mockingbird me semble une (rare) exception. Pas qu'il y soit plus expressif mais ça correspond parfaitement bien à ce merveilleux film.
Il faut dire que To Kill a Mockingbird est un film qui ne m'a pas du tout convaincu non plus au niveau de la mise en scène. Beaucoup de scènes, comme celle de la tentative de lynchage, m'ont paru particulièrement peu crédibles (contrairement à une scène identique dans Stars in My Crown de Tourneur). Quant à Peck, il est tellement 'parfait' et impavide que franchement, j'ai complètement décroché. Son client noir qui était innocent a été tué et il reste impec, droit dans ses bottes. Bon, ensuite, tout est affaire de sensibilité personnelle. Personnellement, le film de Mulligan m'a laissé de glace.
J'aime beaucoup ces deux films, mais, pour ce qui est de la crédibilité et du réalisme,
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Je crois beaucoup plus réaliste la version de To kill a mockingbird. Dans le film de Tourneur, il faut accepter le postulat douteux que la foule en colère va prendre le temps d'écouter le laius du prêtre, alors que dans celui de Mulligan, la présence des enfants suffit à embarrasser les fous furieux, embarras accru lorsqu'ils en appellent un par son nom. Ca m'apparait comme plus crédible que le long monologue du prêtre (même si la scène est très réussie, elle m'apparait comme une fiction de cinéma, impossible dans la vraie vie, là om l'autre m'apparait comme envisageable)
Après, il est certain que le film de Mulligan est bourré de partis pris de mise en scène qui peuvent déplaire...
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Julien Léonard »

Ah, Gregory Peck... Un acteur que j'aime énormément. J'entends ou lis souvent que son jeu est figé, un peu étroit. Je ne partage pas ce point de vue : au contraire, je lui trouve un très important charisme et un jeu toujours juste. Qu'il soit le capitaine Horatio Hornblower du film éponyme de Raoul Walsh, le marin romantique de Le monde lui appartient du même Walsh, l'aventurier retord de La ville abandonnée de Wellman, ou l'avocat de Du silence et des ombres de Mulligan, il est à chaque fois excellent. Il affiche une palette de jeu que je trouve pour ma part très large et toujours prompte à coller aux personnages qu'il incarne de films en films. Il peut sans aucun problème être un meneur d'homme fonceur et réfléchi dans Les canons de Navarone (film de commando ô combien sous-estimé, même s'il a un peu vieilli par certains aspects), et ensuite devenir ce père de famille inquiet du sort des siens dans Les nerfs à vif. Certes, Mitchum y emporte le morceau, mais Peck ne démérite pas et s'en sort avec les honneurs : le film lui appartient presque autant qu'à Mitchum (qui crève l'écran une fois encore, on ne le dira jamais assez). Chacun joue dans sa catégorie, et ça leur va bien. N'oublions pas non plus La cible humaine, grand western psychologique d'Henry King, ou encore La femme modèle, l'une des meilleures comédies américaines des années 50... Peck y triomphe d'un talent de chaque instant. Mais la liste des films y correspondant pourrait être longue...

Les années 40 et surtout 50 ont été prolifiques pour lui, de même qu'une partie des années 60, où il pouvait sans aucun problème se mettre en posture ridiculement drôle dans un Arabesque bien meilleur que ce que l'on veut bien dire (une sorte de Charade complètement parodique et grotesque et où le maniérisme brille d'un humour constant). La fin des années 60 et les années 70 le verront dans de moins bons films, moins importants dira-t-on... Mais L'homme le plus dangereux du monde est un bon thriller et Ces garçons qui venaient du Brésil lui permet d'incarner un méchant de haute tenue. La malédiction de Donner lui permettra même une incursion intéressante dans le cinéma d'horreur. Et que Andrew V. McLaglen soit incapable de réaliser correctement (ou presque) Le commando de sa Majesté (avec un casting trois étoiles : Gregory Peck, David Niven, Roger Moore) reste bien dommage.

Du reste, en plus de son charisme et de son jeu fin et nuancé, je retiendrais de Peck son allure et ses quelques tics faciaux (ce qui est le cas chez nombre de grands acteurs) qui lui confèrent une sympathie que je ne lui renierais jamais : la manière qu'il a de lever le sourcil et de retrousser son menton en cas de situation délicate (dans quasiment tous ses films)... cela m'accroche toujours le sourire, pour de bonnes raisons.
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Jeremy Fox
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Jeremy Fox »

Oui, là où beaucoup parlent de fadeur, je trouve plutôt qu'il s'agit de retenue et de sobriété. A ce point de vue, il faut aussi voir Un homme de fer d'Henry King dans lequel je le trouve absolument admirable. Et il a prouvé qu'il pouvait aussi se lâcher comme dans La femme modèle de Minnelli. Dans the Yearling, il est tour à tour drôle et émouvant. Bref, comme pour Julien, il s'agit pour moi d'un très grand acteur.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par villag »

Et puis, dans le registre souriant, comment ne pas l'aimer dans VACANCES ROMAINES .....
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someone1600
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par someone1600 »

Bien d'accord aussi avec Julien. Un de mes acteurs préférés d'ailleurs. :wink:
Julien Léonard
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Julien Léonard »

L'homme au complet gris (The man in the gray flannel suit) - Réalisé par Nunnally Johnson / 1956 :

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Un mélodrame hollywoodien classique et sans grande originalité, efficacement mais impersonnellement réalisé par Nunnally Johnson. Pourtant, voilà un très bon film plutôt méritant. Tout d'abord parce que Gregory Peck reste, avec James Stewart, l'un des rares acteurs capables de jouer les américains moyens avec autant de vraisemblance et de vulnérabilité. S'il partage cet aspect avec Stewart, il n'en demeure pas moins très différent, car là où celui-ci pouvait jouer les gentils, les doux-dingues, les "beaufs" même parfois, bref, le bon père de famille sympathique et sans éclat particulier (l'une des très grandes forces de cet acteur), quoique doué d'une morale d'acier, Peck, lui, présente une autre armure, celle d'un travailleur sérieux, accompli, en accord avec ses idées, capable d'erreurs mais extrêmement adulte dans sa façon de les aborder. Et indéniablement, Gregory Peck le joue admirablement, avec une économie de moyens procédant d'une sobriété assez spectaculaire. Cette sobriété, il s'en est toujours servi avec plus ou moins d'audace, la laissant parfois tomber quand le cas se présentait (rappelons-nous du délicieux délire que constitue Arabesque, par exemple), mais en respectant vaille que vaille la justesse de jeu plutôt qu'une véritable démonstration ampoulée. Choix artistique qui a pu faire dire à certains qu'il était un acteur limité, alors qu'au contraire, il était affublé d'un talent hors-pair, demeurant encore de nos jours l'un des plus grands représentants d'Hollywood dans la deuxième partie de son âge d'or. Ici, Peck sait parfaitement manier le matériaux du mélodrame, rendant son rôle plus intéressant que de prime abord. Jennifer Jones n'est pas en reste, quoiqu'elle soit en retrait vis-à-vis de lui. Très bonne performance en tout cas. Ensuite, si le scénario n'a rien de très original et n'est pas sans rappeler le style de nombreux drames hollywoodiens de l'époque, il se caractérise par une grande justesse lui aussi. Seulement amoindri par la musique peut-être trop lourde de Bernard Herrmann (partition qui n'est pas sans rappeler celle, bien plus belle, de Vertigo d'Hitchcock qui verra le jour deux ans plus tard), l'ensemble du récit reste sur la frontière du larmoyant sans jamais totalement y tomber. Les rapports tendres et verbaux du couple, aussi bien dans les disputes que dans le réconfort, sans oublier les réactions très fines de Gregory Peck dès lors qu'il apprend ce qu'il a laissé derrière lui en Europe... Tout cela représente un joli alliage de cinéma, peu transcendé, certes, mais dignement défendu, suffisamment pour emporter l'adhésion du spectateur.

On est loin du génie d'un Henry King, cinéaste passionnant à qui l'on doit une superbe collaboration de 6 films avec Peck, mais on pourra tout de même se délecter d'un film intelligent, plutôt soft en matière de sentimentalisme, et donnant une image plus humaine et plus fragile du rêve américain : un foyer, un couple, des enfants... même si le schéma propre aux années 50 donne ici un peu trop de mesure dans les stéréotypes. Pas besoin de faire fortune en fin de compte. Bien vivre, vivre au mieux, voilà ce qu'il faut retenir. Le rêve américain n'est pas l'apanage d'une sorte d'hommes, mais de deux, entre l'ambition et l'humilité, en somme. Joli.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Wagner »

Je serais curieux de savoir pourquoi Atticus Finch retire ses lunettes afin de mieux viser et ne pas rater sa cible (le chien enragé)dans to kill a mockingbird.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par cinephage »

Wagner a écrit :Je serais curieux de savoir pourquoi Atticus Finch retire ses lunettes afin de mieux viser et ne pas rater sa cible (le chien enragé)dans to kill a mockingbird.
J'en avais déduit qu'il avait besoin de ses lunettes pour voir de près (lecture, tout ça), mais pas de loin. Mais je n'ai aucune connaissance en optique, donc je dis peut-être une énormité...
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par homerwell »

Quand tu penches la tête sur ton fusil pour épauler, tu te retrouves souvent à regarder au dessus de tes lunettes.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Wagner »

C'est quelque chose que j'ai souvent remarqué dans les films: des personnages ont besoin de voir quelque chose de loin, ou sont incrédules devant le spectacle qui s'offre à eux (comme le gros dans Jurassic Park), et ils enlèvent leurs lunettes pour mieux voir. Sachant qu'un myope qui enlève ses lunettes ne reconnaît pas sa mère à trois mètres.

Je veux bien qu'Atticus, qui porte ses lunettes constamment donc ne voit rien sans (un presbyte ne porte par définition pas de lunettes hors lecture de près), a besoin de les oter pour ajuster le fusil mais en faisant ça il ne voit plus le chien.
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par cinephage »

Wagner a écrit :C'est quelque chose que j'ai souvent remarqué dans les films: des personnages ont besoin de voir quelque chose de loin, ou sont incrédules devant le spectacle qui s'offre à eux (comme le gros dans Jurassic Park), et ils enlèvent leurs lunettes pour mieux voir. Sachant qu'un myope qui enlève ses lunettes ne reconnaît pas sa mère à trois mètres.

Je veux bien qu'Atticus, qui porte ses lunettes constamment donc ne voit rien sans (un presbyte ne porte par définition pas de lunettes hors lecture de près), a besoin de les oter pour ajuster le fusil mais en faisant ça il ne voit plus le chien.
Tout dépend de son degré de myopie. Personnellement, je fais exactement pareil (enfin, pour regarder dans des jumelles, je ne tire pas au fusil). Je n'ai pas besoin de lunettes au quotidien, ou pour voir de loin, juste quand je suis devant un écran, ou quand il fait sombre. Comme j'y passe 90 % de mon temps éveillé, j'ai toujours les lunettes sur le nez. Mais je les enlève lorsque je suis incrédule (authentique :oops: je dois trop voir de films), que je regarde quelque chose dans le lointain, ou quand je colle mon oeil à l'oeilleton d'un appareil photo ou de jumelles. Après, je suis myope et astigmate, je ne sais pas au juste ce que ça veut dire (on me l'a expliqué 20 fois, je l'oublie toujours), et tout le monde n'est pas dans ce cas-là. Mais ce cliché cinématographique peut trouver un exemple dans la vraie vie, puisque j'en suis un. J'ignore ce que font les autres binoclards quand ils regardent dans une paire de jumelles...

En revanche, c'est vrai que ce sont des gestes qu'on voit très souvent au cinéma.
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Sybille
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Sybille »

Quand on est myope, on voit bien de près et mal de loin, non ? :?

Quant à Atticus, il doit être hypermétrope (j'avais oublié le terme, j'ai confondu avec presbyte) : donc il voit mal de près et bien de loin, conséquence, il enlève ses lunettes pour viser le chien.

Mais, c'est confus tout ça...
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Re: Gregory Peck (1916-2003)

Message par Julien Léonard »

Tout ça pour dire que la scène est excellente en tout cas. :mrgreen: :wink:
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