Jean Negulesco (1900-1993)
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Johnny Belinda (1948)
Un docteur s'attache à une jeune femme sourde et muette de naissance. Celle-ci est violée et donne naissance à un garçon mais le village s'offusque qu'une jeune "handicapée" puisse s'occuper d'un bébé et désire lui retirer.
Jean-Negulesco réalise ici un superbe mélo en noir et blanc avec Jane Wyman dans le rôle de Belinda, cette jeune femme sourde et muette qui prend goût à la vie avec ce médecin qui lui apprend le langage des signes et à lire sur les bouches. Nous sommes ici totalement dans le mélo, avec la famille de la jeune fille qui ne la considère pas plus qu'une espèce d'animal qui ne comprend rien, la ville et ces vieiiles filles, la bonne du docteur qui en est amoureuse mais en épouse un autre, etc. Lors de la mort de son père, le mélo pourrait tourner un peu au grotesque avec la jeune femme qui se met à réciter en langage des signes le "Notre Père", mais l'interprétation somptueuse de Jane Wyman qui remporta d'ailleurs l'Oscar pour celle-ci évite cet écueil, elle est touchante en jeune fille naïve, qui ne connaît rien à la vie, se retrouve enceinte, sans même le comprendre, etc. Lew Ayres campe un attachant docteur, tout comme Charles Bickford un père bouleversant. Agnès Moorehead complète le casting en interprétant cette tante un peu odieuse qui finalement va elle aussi se transformer. Jean Negulesco filme magnifiquement bien ce petit village du Canada, et cette lande battue par les vents. Il rend aussi très bien l'évolution psychologique de cette jeune femme qui malgré son handicap est une femme comme une autre. Un très joli film dans tous les cas.
Un docteur s'attache à une jeune femme sourde et muette de naissance. Celle-ci est violée et donne naissance à un garçon mais le village s'offusque qu'une jeune "handicapée" puisse s'occuper d'un bébé et désire lui retirer.
Jean-Negulesco réalise ici un superbe mélo en noir et blanc avec Jane Wyman dans le rôle de Belinda, cette jeune femme sourde et muette qui prend goût à la vie avec ce médecin qui lui apprend le langage des signes et à lire sur les bouches. Nous sommes ici totalement dans le mélo, avec la famille de la jeune fille qui ne la considère pas plus qu'une espèce d'animal qui ne comprend rien, la ville et ces vieiiles filles, la bonne du docteur qui en est amoureuse mais en épouse un autre, etc. Lors de la mort de son père, le mélo pourrait tourner un peu au grotesque avec la jeune femme qui se met à réciter en langage des signes le "Notre Père", mais l'interprétation somptueuse de Jane Wyman qui remporta d'ailleurs l'Oscar pour celle-ci évite cet écueil, elle est touchante en jeune fille naïve, qui ne connaît rien à la vie, se retrouve enceinte, sans même le comprendre, etc. Lew Ayres campe un attachant docteur, tout comme Charles Bickford un père bouleversant. Agnès Moorehead complète le casting en interprétant cette tante un peu odieuse qui finalement va elle aussi se transformer. Jean Negulesco filme magnifiquement bien ce petit village du Canada, et cette lande battue par les vents. Il rend aussi très bien l'évolution psychologique de cette jeune femme qui malgré son handicap est une femme comme une autre. Un très joli film dans tous les cas.
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Re: Notez les films Naphtas-Mars 2009
Pas grand chose à ajouter ; agréable surtout (grâce surtout aux interprètes et à la superbe mélodie de la chanson titre) et dépaysant mais nous sommes loin du génie de Daves lorsqu'il filme l'Italie dans Rome Adventure ou de celui de Robert Mulligan dans Come September. Plaisant mais très loin d'être inoubliableCathy a écrit :La Fontaine des amours - Three coins in a Fountain (1954) - Jean Negulesco
Tout comme Comment épouser un millionnaire le film débute par un long prélude musical permettant d'entendre la chanson titre interprété par Frank SInatra (à noter que dans le DVD Fox zone 1, la chanson est traduite dans la version française ) et surtout de faire un long tour des fontaines de Rome (jardins de Tivoli, Palais Borghese, et naturellement la Fontaine de Trevi). On reprend également trois jeunes femmes, deux qui se connaissent bien et une troisième qui arrive pour travailler. Toutes les trois sont aussi à la "recherche" de l'amour, c'est en réalité l'arrivé de de la troisième Maggie McNamara qui va être l'élément déclencheur. Passionnée, elle va chercher à faire tomber dans ses filets le prince italien séducteur par excellence, va révéler à celle qu'elle remplace que le traducteur de la société est amoureux d'elle, la troisième plus âgée fera son chemin seule. Le scénario est donc un peu semblable, mais ici nous sommes plus dans le registre de la comédie "romantique, dramatique" que de la pure comédie, même si celle-ci est encore présente dans quelques scènes.
Jean Negulesco promène sa caméra dans les rues de Rome et de Venise, visiblement l'Italie avait la cote chez les réalisateurs américains, mais où Daves a magnifié l'Italie, Negulesco se contente de la photographier, sans grand génie. Le film est toutefois agréable et fait passer un bon moment, en grande partie grâce aux interprètes Dorothy McGuire en vieille fille amoureuse d'un Clifton Webb, écrivain misanthrope bourru, Louis Jourdan promène sa distance habituelle dans ce rôle de "dragueur", Maggie McNamara pétillante en petite chipie, Jean Peters et Rossano Brazzi en supposé amants, mais on sent que le discours libéraliste sexuel est encore très léger, contrairement aux mélos tournés seulement cinq ans plus tard.
Alors pour finir un charmant film touristique, sympathique, une jolie comédie romantique. Ce qui est amusant par contre, c'est la mise en avant dans les bandes annonces du son stéréophonique et du cinémascope plus large, plus profond !
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Je serais curieux de découvrir sa version de Fanny (je crois que c'est lui qui l'a réalisé) qui a mauvaise réputation.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Comment épouser un millionnaire (How to marry a millionaire, 1953)
Je n'attendais pas grand-chose de cette oeuvre, sinon passer un bon moment et voir ce que pourrait donner l'association de deux mythes hollywoodiens comme Monroe et Bacall. J'ai pris du plaisir sur ce point, Marilyn démontrant une nouvelle fois son talent comique face à une Lauren Bacall classieuse. Cependant, je dois dire que je n'ai guère apprécié le film. En effet, l'obsession puérile et pathétique qui guide les trois personnages féminins rend, à terme, ces héroïnes particulièrement irritantes (surtout la geignarde Betty Grable, insupportable). Si le réalisateur se moque au final de cette attitude cupide et opportuniste (quoique je trouve la toute fin assez ambiguë : est-ce en définitive le triomphe de l'argent ?), l'ensemble reste bien trop caricatural pour convaincre. Les touches humouristiques sont maintenant désuètes. Dommage pour ce film clinquant, aux costumes magnifiques, et intéressant pour son utilisation maîtrisée du balbutiant CinémaScope (malgré une lourde ouverture démonstrative)... mais hélas loin d'être inoubliable.
Je n'attendais pas grand-chose de cette oeuvre, sinon passer un bon moment et voir ce que pourrait donner l'association de deux mythes hollywoodiens comme Monroe et Bacall. J'ai pris du plaisir sur ce point, Marilyn démontrant une nouvelle fois son talent comique face à une Lauren Bacall classieuse. Cependant, je dois dire que je n'ai guère apprécié le film. En effet, l'obsession puérile et pathétique qui guide les trois personnages féminins rend, à terme, ces héroïnes particulièrement irritantes (surtout la geignarde Betty Grable, insupportable). Si le réalisateur se moque au final de cette attitude cupide et opportuniste (quoique je trouve la toute fin assez ambiguë : est-ce en définitive le triomphe de l'argent ?), l'ensemble reste bien trop caricatural pour convaincre. Les touches humouristiques sont maintenant désuètes. Dommage pour ce film clinquant, aux costumes magnifiques, et intéressant pour son utilisation maîtrisée du balbutiant CinémaScope (malgré une lourde ouverture démonstrative)... mais hélas loin d'être inoubliable.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Il faut que je redécouvre le cinéma de Negulesco. Le seul souvenir tenace que j'ai du bonhomme est sa coréalisation non créditée du remarquable River of no Return avec Otto Preminger.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Découverte également hier soir, et même déception globale, tant les personnages me semblent peu intéressants. Vu la portée sociale relativement limitée, je trouve dommage que les possibilités comiques aient été si peu exploitées, le film se reposant sur l'abattage (inégal) des comédiennes mais ne faisant preuve d'aucune vraie verve d'écriture. Multiplier les intrigues sentimentales permet à peine de maintenir un petit rythme à l'ensemble. J'en viens vraiment à me demander si le destin tragique de Marylin n'est pas le coup de pouce le plus important pour la notoriété du film, réellement anecdotique. Dommage.Demi-Lune a écrit :Comment épouser un millionnaire (How to marry a millionaire, 1953)
Je n'attendais pas grand-chose de cette oeuvre, sinon passer un bon moment et voir ce que pourrait donner l'association de deux mythes hollywoodiens comme Monroe et Bacall. J'ai pris du plaisir sur ce point, Marilyn démontrant une nouvelle fois son talent comique face à une Lauren Bacall classieuse. Cependant, je dois dire que je n'ai guère apprécié le film. En effet, l'obsession puérile et pathétique qui guide les trois personnages féminins rend, à terme, ces héroïnes particulièrement irritantes (surtout la geignarde Betty Grable, insupportable). Si le réalisateur se moque au final de cette attitude cupide et opportuniste (quoique je trouve la toute fin assez ambiguë : est-ce en définitive le triomphe de l'argent ?), l'ensemble reste bien trop caricatural pour convaincre. Les touches humouristiques sont maintenant désuètes. Dommage pour ce film clinquant, aux costumes magnifiques, et intéressant pour son utilisation maîtrisée du balbutiant CinémaScope (malgré une lourde ouverture démonstrative)... mais hélas loin d'être inoubliable.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Les femmes mènent le monde, Woman's World (1954)
Le Directeur d'une grande firme automobile doit remplacer le directeur du siège de New York, il convie les trois prétendants et leurs épouses afin de les juger, et notamment leurs femmes, car ce sont les femmes qui font les hommes.
Negulesco réalise ici une comédie sympathique menée par un casting d'enfer, trois couples différents s'affrontent, le premier vient du Kansas, le mari est sans doute le meilleur candidat, mais sa femme est empotée, maladroite et sa famille compte plus que le travail. Le second couple est en crise, le mari au contraire du premier ne vit que pour son job, et sa femme le lui reproche. Enfin le troisième couple semble mené par la femme, qui vampe tous les hommes. Le film suit donc les différentes évaluations des couples que ce soit du mari ou de la femme, à travers plusieurs réceptions, ou au contact de l'usine. Chaque femme est un atout et un handicap pour son mari.
Le casting réunit June Allyson parfaite en petite américaine moyenne qui ne rêve que de son Kansas, et ne souhaite absolument pas venir à New York, Cornel Wilde est particulièrement bon dans le rôle de ce mari exemplaire amoureux et qui multiplie les attentions pour sa femme. Lauren Bacall et Fred MacMurray forment le couple en crise, elle toujours aussi belle, dans son rôle de femme réfléchie mais qui peut paraître froide et distante, il campe un attachant forçat du travail, rongé par les ulcères, le dernier couple est formé par la volcanique Arlene Dahl à la plastique superbe et au tempérament évident, et Van Heflin dont le rôle est assez effacé, en mari totalement soumis, excellent lui aussi. Il y a aussi Clifton Webb en directeur cynique.
La fin de l'histoire paraît quand même macho vu que c'est le candidat qui saura "tuer" sa femme qui aura le poste. Negulesco montre qu'il sait particulièrement bien filmer ces histoires de couples avec de petites touches très bien vues notamment dans le couple le plus simple. La mise en scène est sobre mais efficace vu qu'on suite avec plaisir les péripéties de ces couples, notamment June Allyson avec son côté gauche et maladroite. La scène du magasin de soldes est aussi excellente dans sa vision de ses femmes prêtes à tout pour avoir déjà des robes de couturier, à moindre prix. Un film typique des années 50 fort agréable, sans oublier la chanson générique elle aussi typique de cette époque.
Le Directeur d'une grande firme automobile doit remplacer le directeur du siège de New York, il convie les trois prétendants et leurs épouses afin de les juger, et notamment leurs femmes, car ce sont les femmes qui font les hommes.
Negulesco réalise ici une comédie sympathique menée par un casting d'enfer, trois couples différents s'affrontent, le premier vient du Kansas, le mari est sans doute le meilleur candidat, mais sa femme est empotée, maladroite et sa famille compte plus que le travail. Le second couple est en crise, le mari au contraire du premier ne vit que pour son job, et sa femme le lui reproche. Enfin le troisième couple semble mené par la femme, qui vampe tous les hommes. Le film suit donc les différentes évaluations des couples que ce soit du mari ou de la femme, à travers plusieurs réceptions, ou au contact de l'usine. Chaque femme est un atout et un handicap pour son mari.
Le casting réunit June Allyson parfaite en petite américaine moyenne qui ne rêve que de son Kansas, et ne souhaite absolument pas venir à New York, Cornel Wilde est particulièrement bon dans le rôle de ce mari exemplaire amoureux et qui multiplie les attentions pour sa femme. Lauren Bacall et Fred MacMurray forment le couple en crise, elle toujours aussi belle, dans son rôle de femme réfléchie mais qui peut paraître froide et distante, il campe un attachant forçat du travail, rongé par les ulcères, le dernier couple est formé par la volcanique Arlene Dahl à la plastique superbe et au tempérament évident, et Van Heflin dont le rôle est assez effacé, en mari totalement soumis, excellent lui aussi. Il y a aussi Clifton Webb en directeur cynique.
La fin de l'histoire paraît quand même macho vu que c'est le candidat qui saura "tuer" sa femme qui aura le poste. Negulesco montre qu'il sait particulièrement bien filmer ces histoires de couples avec de petites touches très bien vues notamment dans le couple le plus simple. La mise en scène est sobre mais efficace vu qu'on suite avec plaisir les péripéties de ces couples, notamment June Allyson avec son côté gauche et maladroite. La scène du magasin de soldes est aussi excellente dans sa vision de ses femmes prêtes à tout pour avoir déjà des robes de couturier, à moindre prix. Un film typique des années 50 fort agréable, sans oublier la chanson générique elle aussi typique de cette époque.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Le moineau de la Tamise, The Mudlark (1950)
En 1875, après 15 ans de réclusion suite au décès du prince Albert, l'intrusion d'un garçonnet à Windsor va transformer la vie de la reine Victoria
Nous sommes ici dans un film curieux, une production anglo-américaine réalisée par Negulesco sur un scénario de Nunnally Johnson, mais qui sonne bien plus anglaise qu'américaine de par l'atmosphère brumeuse de Londres, de sa banlieue et les décors d'intérieur que ce soit ceux de Windsor ou de la tour de Londres. Au départ, on a l'impression que le film va évoquer la vie misérabiliste de ces jeunes anglais orphelins qui pillent les cadavres, se battent pour leur butin, avec cette lutte pour récupérer un portrait de Victoria qu'un des garçonnets a trouvé.
Mais non, nous sommes à la fois dans une fable politique avec les confrontations de la souveraine qui veut voir sa politique appliquée et de Disraeli son premier ministre qui fait tout pour la satisfaire mais ne cherche qu'une chose, la faire sortir de sa vie de recluse, mais aussi dans une comédie avec les personnages de Brown, un écossais alcoolique qui lui sert de confident, de serviteurs et aussi de l'histoire d'amour contrariée entre une dame de compagnie de la reine et un officier de la garde, ce qui permet des scènes charmantes de fuites sous la pluie ou la neige. Et puis il y a cette histoire de petit garçon qui tombe sous le charme d'un portrait et veut voir où vit la Reine, s'introduit dans le palais et va chambouler la vie politique du rouame. La confrontation tant attendue entre les deux arrive de manière assez inattendue.
Curieusement certaines scènes sont bavardes, pleines de bons sentiments et d'un discours politique convenu, mais le film délivre un charme évident. Sans doute est-ce du à la composition magistrale d'Irene Dunne, méconnaissable, en Victoria à la silhouette alourdie, ou Alec Guiness impressionnant Disraeli. Il y a aussi Finlay Currie qui est truculent en vieil alcoolique en kilt, et évidemment Andrew Ray charmant gamin des rues. Negulesco a réussi à faire un film à l'ambiance parfaitement anglaise, toutes les scènes se déroulent à l'intérieur ou de nuit. Les scènes d'extérieurs sont très peu nombreuses et noyées par la brume ou la neige, la reconstitution de Windsor est assez impressionnante. Seule la parade de la reine deviendra lumineuse ! Un petit film sans prétention mais au charme indéniable fort agréable.
En 1875, après 15 ans de réclusion suite au décès du prince Albert, l'intrusion d'un garçonnet à Windsor va transformer la vie de la reine Victoria
Nous sommes ici dans un film curieux, une production anglo-américaine réalisée par Negulesco sur un scénario de Nunnally Johnson, mais qui sonne bien plus anglaise qu'américaine de par l'atmosphère brumeuse de Londres, de sa banlieue et les décors d'intérieur que ce soit ceux de Windsor ou de la tour de Londres. Au départ, on a l'impression que le film va évoquer la vie misérabiliste de ces jeunes anglais orphelins qui pillent les cadavres, se battent pour leur butin, avec cette lutte pour récupérer un portrait de Victoria qu'un des garçonnets a trouvé.
Mais non, nous sommes à la fois dans une fable politique avec les confrontations de la souveraine qui veut voir sa politique appliquée et de Disraeli son premier ministre qui fait tout pour la satisfaire mais ne cherche qu'une chose, la faire sortir de sa vie de recluse, mais aussi dans une comédie avec les personnages de Brown, un écossais alcoolique qui lui sert de confident, de serviteurs et aussi de l'histoire d'amour contrariée entre une dame de compagnie de la reine et un officier de la garde, ce qui permet des scènes charmantes de fuites sous la pluie ou la neige. Et puis il y a cette histoire de petit garçon qui tombe sous le charme d'un portrait et veut voir où vit la Reine, s'introduit dans le palais et va chambouler la vie politique du rouame. La confrontation tant attendue entre les deux arrive de manière assez inattendue.
Curieusement certaines scènes sont bavardes, pleines de bons sentiments et d'un discours politique convenu, mais le film délivre un charme évident. Sans doute est-ce du à la composition magistrale d'Irene Dunne, méconnaissable, en Victoria à la silhouette alourdie, ou Alec Guiness impressionnant Disraeli. Il y a aussi Finlay Currie qui est truculent en vieil alcoolique en kilt, et évidemment Andrew Ray charmant gamin des rues. Negulesco a réussi à faire un film à l'ambiance parfaitement anglaise, toutes les scènes se déroulent à l'intérieur ou de nuit. Les scènes d'extérieurs sont très peu nombreuses et noyées par la brume ou la neige, la reconstitution de Windsor est assez impressionnante. Seule la parade de la reine deviendra lumineuse ! Un petit film sans prétention mais au charme indéniable fort agréable.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Et un bide énorme à sa sortie, les américains ayant Helen Hayes au théâtre dans le rôle et les anglais Anna Neagle en tête. Dommage parce que je suis entièrement d'accord avec toi : un film charmant et chaleureux, un peu convenu, mais formidablement bien joué (Dunne est, comme d'habitude, géniale, composition ou pas !).
Par contre j'ai vu le film en anglais sans st : je suppose qu'un sacré collection d'accents est pratiquée parce que moi qui en principe me débrouille à peu près pour comprendre un film américain là ça m'a vraiment tué !
Par contre j'ai vu le film en anglais sans st : je suppose qu'un sacré collection d'accents est pratiquée parce que moi qui en principe me débrouille à peu près pour comprendre un film américain là ça m'a vraiment tué !
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
L'affiche est étonnante : on reconnait bien Dunne alors qu'elle ne se ressemble pas dans le film, puisqu'elle est lourdement grimée.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
J'ai eu beau essayer de reconnaître Irene Dunne, je n'y suis pas arrivée, hormis une fulgurance dans son profil lors de la toute dernière scène. L'affiche était mensongère, mais voir l'actrice telle qu'elle apparaît dans le film aurait sans doute encore moins séduit la foule. Sinon je confirme qu'il y a de bons accents anglais, mais bon la copie que j'avais enregistré sur Classic possédait des stf !
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Re: Jean Negulesco
Découvert hier via Cinecinema Classic. Le moment ne fut pas désagréable mais j'en suis sorti loin de cet enthousiasme. Je loue moi aussi la qualité de la photo et des décors (vraiment crédibles alors que tout est en studio) mais je regrette un peu que le scénario soit si attendu, si prévisible. Comme avec l'escapade de Widmark à la chasse, par exemple, qui laisse le champ libre à la romance des futurs amants et qui annonce le final au fusil. On se doute très vite du caractère revanchard de Widmark et ses rires glaçants rappellent trop ceux de DARK CORNER tourné quelques mois plus tôt. J'aime beaucoup Widmark mais sa prestation ici est trop calquée sur du "déjà vu".joe-ernst a écrit :La femme aux cigarettes (Road House, 1948).
L'ouverture de ce topic m'a poussé à regarder ce film récemment acquis et je ne l'ai pas regretté. C'est du tout bon, ou comment faire d'un scénario somme toute banal un film prenant de bout en bout. Le quatuor de stars y est pour beaucoup : Ida Lupino est sublime, tour à tour femme fatale, séductrice (la scène au bowling est géniale), bonne copine, amoureuse, femme enfant, et sa manière de chanter, et cette façon de prendre une cigarette, de la rouler très brièvement entre ses doigts mais avec quelle sensualité avant de la porter à ses lèvres, bref une composition mémorable. Richard Widmark, dans un rôle de psychopathe à la Tommy Udo, ricanements et rire de fou compris, est hypnotisant et terrifiant à souhait. Face à eux deux, Cornel Wilde, dans le rôle du bon gars, fait ce qu'il peut mais avec talent. Enfin Celeste Holm, modèle d'élégance morale et de dévouement, lucide et généreuse sans jamais tomber dans la mièvrerie. La mise en scène est excellente, avec une dernière partie rappelant The Most Dangerous Game, et soutenue par une photo splendide, notamment dans la scène de la première chanson. Si l'on ajoute que les dialogues sont efficaces et caustiques, on tient là sans doute un des meilleurs films de Negulesco.
Le twist du procès m'a paru également trop attendu et trop facile (dédié à l'efficacité de la séquence finale): on sait bien que Widmark en profitera pour abuser de son ancien ami à la première occasion. L'excuse du scénario ne fait pas tout: la victime n'anticipe visiblement pas autant que le spectateur (même si les notions utilisées sont plutôt bien vues).
Reste donc un bon casting, l'ambiance "noir feutrée" provinciale et une histoire du quotidien qui bascule soudain dans le thriller.
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
DVDClassik met aujourd'hui en ligne la chronique d'un film rare de Jean Negulesco, Captives à Borneo. Wild Side en est l'éditeur dans sa collection Vintage Classics.
Et c'est notre collaborateur Fred Mercier qui se livre à une intéressante analyse du film.
Captives à Borneo
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Captives à Borneo
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Très content de voir que Fred Mercier partage mon enthousiasme pour l'un de mes coups cœurs naphta de l'an dernier.
Par contre, vu la copie du DVD, je vais conserver mon enregistrement ciné classics
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Re: Jean Negulesco (1900-1993)
Titanic (1953)
Tout le monde connaît l'histoire du célèbre navire, et de plus on fête cette année, et plus précisément le 14 avril, les 100 ans de la catastrophe. L'histoire a été immortalisée pour beaucoup par James Cameron, mais plusieurs fois auparavant, l'histoire avait été abordée notamment par Jean Negulesco puis cinq ans plus tard par Roy Ward Baker dans A night to remember. Le film de Negulesco suit le même postulat scenaristique que le film de Cameron à savoir une histoire d'amour et de haine sur fond de catastrophe. Le film ne dure qu'1h30 et la catastrophe ne tient qu'en une petite demi-heure. Ce qui est le nerf central du film, même si l'iceberg responsable de l'accident est montré en pré-générique se détachant de la banquise, et qu'un panneau avertit que les faits sont ceux consignés dans le rapport officiel de l'enquête qui a suivi le naufrage, est l'histoire d'une famille. Cette famille est une famille en crise, une femme qui a décidé de quitter son mari pour aller vivre aux USA et empêcher sa fille d'être baladée comme elle de pays en pays, d'hotels en hotels. Nous sommes dans le plus pur mélo finalement avec ce fils fou de son père, mais qui va le rejeter
Tout le monde connaît l'histoire du célèbre navire, et de plus on fête cette année, et plus précisément le 14 avril, les 100 ans de la catastrophe. L'histoire a été immortalisée pour beaucoup par James Cameron, mais plusieurs fois auparavant, l'histoire avait été abordée notamment par Jean Negulesco puis cinq ans plus tard par Roy Ward Baker dans A night to remember. Le film de Negulesco suit le même postulat scenaristique que le film de Cameron à savoir une histoire d'amour et de haine sur fond de catastrophe. Le film ne dure qu'1h30 et la catastrophe ne tient qu'en une petite demi-heure. Ce qui est le nerf central du film, même si l'iceberg responsable de l'accident est montré en pré-générique se détachant de la banquise, et qu'un panneau avertit que les faits sont ceux consignés dans le rapport officiel de l'enquête qui a suivi le naufrage, est l'histoire d'une famille. Cette famille est une famille en crise, une femme qui a décidé de quitter son mari pour aller vivre aux USA et empêcher sa fille d'être baladée comme elle de pays en pays, d'hotels en hotels. Nous sommes dans le plus pur mélo finalement avec ce fils fou de son père, mais qui va le rejeter
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