Joseph Pevney (1911-2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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riqueuniee
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Re: Joseph Pevney 1911-2008

Message par riqueuniee »

Jeremy Fox a écrit :
Lord Henry a écrit : Une fois installé derrière la caméra, il ne se soucia guère de faire preuve d'un talent qui lui faisait à l'évidence défaut.
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Au vu de son film à plus gros budget, c'est clairement démontré. Dans Brisants humains (Away All Boats), outre une mise en scène indigente se contentant d'aligner des plans les uns à la suite des autres sans aucune idée ni rythme, Pevney ne se donne même pas la peine de diriger ses acteurs qui se révèlent tous d'une rare fadeur... Même Jeff Chandler est loin de faire des étincelles dans ce film de guerre peu spectaculaire ; ça ne serait pas grave si nous éprouvions de la sympathie pour l'équipage mais tout le côté chronique, voire documentaire, fait preuve du même manque de conviction, de passion ou tout simplement de rigueur. Alignement de clichés (oh le ridicule flashback avec Julia Adams !), Le film de Pevney est extrêmement paresseux, sans intérêt et au final sacrément ennuyeux.
Je viens de voir le film. C'est effectivement très moyen comme réalisation (même si ce n'est pas aussi ennuyeux que tu le dis). Et le flashback est niaiseux comme ce n'est pas permis. Dommage de gâcher ainsi un sujet qui en valait bien d'autres.
Dans la petite présentation qui accompagnait le film (DVD acheté chez Noz...), il est dit que Clint Eastwood joue dans le film (quasiment de la figuration, donc pas repéré).
La légion du Sahara,dont il a été question un peu plus haut, c'est nettement plus intéressant. Pas un chef d'oeuvre non plus, mais c'est bien mieux mené.
Lord Henry
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Re: Joseph Pevney 1911-2008

Message par Lord Henry »

riqueuniee a écrit : La légion du Sahara
Celui-là, TCM l'a programmé dans une copie qui avait dû rester trop longtemps au soleil; un mélange entre Kismet et l'Atlantide, en quelque sorte,.
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riqueuniee
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par riqueuniee »

Vu il y a quelques semaines à la Cinémathèque. Si l'image était belle, le son était pourri, à tel point que la projection a failli être annulée. Ce film n'a décidément pas de chance, côté qualité des copies.
Pour le visuel, c'est en effet entre Kismet et l'Atlantide. Et entre cette dernière histoire et Horizons perdus, pour le côté cité idéale (enfin un tout petit peu seulement)
batfunk
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par batfunk »

J'ai enregistré le film sur TCM en me disant que le nom du réalisateur me parlait.

Merci de me rappeler que c'est le réalisateur "attitré" de la première série star trek.Et c'est un trekkie qui parle :oops:

Je n'ai pas trouvé le film ennuyeux,loin de là et le jeu d'acteur plus que correct(le capitaine est crédible).

Mais le film ne décolle pas vraiment ,puisqu'il retrace le quotidien d'un bateau sur toute la seconde guerre mondiale.

Seul la fin avec l'attaque japonaise et le sauvetage du bateau relève l'ensemble.

un film d'un réalisateur star trek avec eastwood en figurant ne peut qu'être un bon film au final :mrgreen:

Ps j'ai retrouvé le plan avec eastwood!!!!

http://wild-wild-western.over-blog.com/ ... 44930.html

C'est le dernier film du jeune eastwood avec universal.Un échec qui faillit être la fin de sa carrière.comme quoi...

http://clinteastwoodproject.blogspot.fr ... -grim.html
bruce randylan
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par bruce randylan »

Undercover girl (1950)

Une jeune femme cherche à s'engager dans les forces de l'ordre pour retrouver et se venger de l'assassin de son papa, policier. Devant sa motivation, un agent spécial lui propose justement une mission où elle devrait se faire passer pour une dealeuse afin de se rapprocher du malfrat en question

Un petit policier très inégal qui propose quelques éclats de violence assez surprenant. Entre la mort du père, la camée qui se fait tabasser puis tuer par la petite frappe qui lui sert de copain, le faux dentiste qui se devine condamner et tout le final dans la maison abandonnée, il y a des moments qui viennent réveiller agréablement le spectateur qui avait déclaré très vite forfait quant à s'attacher aux personnages. La psychologie est invraisemblable avec des évolutions presque incompréhensibles : l'histoire d'amour entre l'undercover girl et son supérieur, le chantage affectif sur dentiste et son enfant, la criminelle qui devient du jour au lendemain la meilleure amie d'une quasi inconnue...
D'où beaucoup, beaucoup, beaucoup de facilités/raccourcis au scénario qui viennent faire tomber le suspens qui commençait parfois à s'installer (le coup du retournement de veste du dentiste, c'est assez n'importe quoi). La médiocrité du casting n'aide pas non plus à croire à ce scénario improbable qui n'est pas dénué de bonnes idées sauf qu'elles ne sont que rarement abouties.

Sinon, la réalisation est plutôt correct même si ça manque beaucoup de nervosité, de punch et de relief.
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Profondo Rosso
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par Profondo Rosso »

L'Homme aux mille visages (1957)

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Né de parents sourds et muets, Lon Chaney (James Cagney) est rapidement devenu un prodige dans l'art de la pantomime. Alors qu'il se produit dans un théâtre de la côte Est des Etats-Unis, sa femme (Dorothy Malone) lui annonce qu’elle attend un enfant. Le couple décide alors de tenter sa chance à San Francisco. Après la naissance de son fils et un divorce, il travaille pour les studios Universal à Hollywood...

L'Homme aux mille visages s'inscrit dans ce retour sur soi et nostalgie ayant cours dans le cinéma hollywoodien, que ce soit dans une veine réellement acide avec les classiques Sunset Boulevard (1950) ou Les Ensorcelés (1953) ou plus calibrée avec une série de biopics d'icônes comme Valentino de Lewis Allen (1953) et donc le film de Joseph Pevney consacré à Lon Chaney. Le film est produit par Universal, studio où Chaney fit ses premières armes et connu la notoriété et le choix de James Cagney pour l'interpréter est particulièrement judicieux tant son jeu physique et expressif s'y prête. Lon Chaney c'est un destin romanesque à travers son histoire personnelle mais aussi un mystère tant sa personnalité s'effaçait derrière le transformisme de ses rôles, et il affirmait lui-même que "entre les images, il n’y a pas de Lon Chaney". Du coup tout en suivant assez fidèlement la chronologie de son ascension, le film se montre très romancé pour rendre plus dramatique ce mystère Chaney, que ce soit dans la présence chaleureuse de James Cagney ou certaines omissions et raccourcis dans les évènements. Ainsi on évoque uniquement les films Universal de Chaney tout en décrivant sa relation idyllique avec le patron du studio Irving Thalberg (alors que Chaney s'y considérait sous-payé) alors que la star s'épanouira également en partant à la MGM au contact de grands réalisateurs.

Malgré ces facilités le film se montre intéressant dans sa vision de l'art et la personnalité de Chaney. Ainsi son talent pour le pantomime né au contact de ses parents sourds-muets est particulièrement bien vu, tout comme son sentiment d'exclusion et attrait pour les figures monstrueuses et marginales. Ces deux facettes se ressentent dans ces relations intimes, à la fois chaleureuse et tumultueuse avec ses parents nourrissant cette différence et sa première épouse Cleva (Dorothy Malone) rejetant le handicap de sa famille et celui possible de leurs fils si le mal s'avérait héréditaire. Le jeu quelque peu outrancier de Dorothy Malone (la première rencontre avec les parents de Lon Chaney) et les situations forcées font sentir les coutures grossières du biopic balisé mais l'ensemble se laisse néanmoins suivre. L'aspect le plus réussi reste l'observation du système studio et la manière dont Lon Chaney y fait sa place. Les débuts théâtraux de Chaney donne l'occasion à James Cagney d'exploiter ses talents burlesques et de danseur (surtout vue dans des comédies musicales comme le Prologue de Busby Berkeley) avant de véritablement devenir Lon Chaney. Le brio de grimage et de mime servira à se faire une place dans les emplois de figurants avant les grandes créations que seront Quasimodo ou Le Fantôme de l'opéra. Une scène est particulièrement puissante, celle où il joue est handicapé miraculé dans The Miracle Man avec un Cagney passant de la souffrance habitée à la décontraction en un clin d'œil sous les applaudissements des figurants. Les quelques zones d'ombres fictives où réelle servent aussi cette vulnérabilité de Chaney dans les ressorts dramatiques les plus intéressants comme sa relation fusionnelle avec son fils. Joseph Pevney filme l'ensemble sans génie mais avec professionnalisme et en dépit des conventions ce biopic s'avère donc plutôt agréable à suivre. 4/6
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Rick Blaine
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par Rick Blaine »

Alors que je n'en attendais pas grand chose, la découverte de La Police était au rendez-vous édité récemment par Elephant fait plutôt figure de bon surprise. Récit de la destinée parallèle entre un flic destiné à une belle carrière et un jeune délinquant qui deviendra grand dans la vile de Boston, ce film fait preuve d'une véritable ampleur et d'une belle profondeur. Alors certes, ce n'est pas la mise en scène que l'on retient, essentiellement fonctionnelle mais toutefois émaillée de deux trois scènes plutôt inspirée, notamment pour l'ouverture du film, mais Pevney sait utiliser la très belle photo de William Daniels pour produire de jolies images, et surtout se mettre au service d'un remarquable scénario de Sidney Boehm, qui transforme ce qui pourrait être une histoire de gangster classique en un beau portrait de personnage. Il faut dire que Tony Curtis est très impressionnant dans le rôle principal, celui d'un jeune délinquant au visage d'ange qui noue un lien étrange avec un flic, tantôt indic, tantôt fils adoptif, parfois ami, parfois ennemi par les circonstances professionnels. L'acteur parvient à transmettre cette incroyable séduction qu'il exerce sur le flic, tout en convainquant de son côté irrécupérable. Une preuve du talent de Curtis, mais un fait à mettre certainement aussi au crédit de Pevney, dont la direction d'acteur est convaincante. En 1h30, on ressent la fresque temporel, les 20 ans qui passent, l'évolution des personnages ponctuée par quelques séquences d'actions rondement menées. Du bon film noir !!
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manuma
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par manuma »

MYSTERIOUS ISLAND OF BEAUTIFUL WOMEN (1979)

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Un titre qui claque, plein de jolies promesses, que ce dernier long métrage de Joseph Pevney, tourné pour la télévision, a beaucoup de mal à tenir. Le scénario, signé des réalisateurs Gary A. Sherman (Dead and buried) et Sandor Stern (Pin) possédait pourtant un petit potentiel d’aventure exotique décomplexée, et l’interprétation éveille l’attention sur le papier. Malheureusement la réalisation de Pevney, laborieuse, ne tire aucunement parti ni de l’un, ni de l’autre. J’espérais un brin d’extravagance, et, à un incongru plan gore près, je n’ai trouvé là que du filmage de feignasse en claquettes de plage. Plus proche de l’épisode de Fantasy Island que de l’un de ces sympas petits films en carton-pâte du Kevin Connor de la même époque, en résumé.
Dernière modification par manuma le 3 mai 24, 09:09, modifié 1 fois.
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manuma
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par manuma »

CONGO CROSSING (1956)

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Rien de mémorable, mais Pevney mène plutôt bien sa barque sur ce coloré petit mélange d'aventures exotiques et de romance, à l'arrière-arrière gout de Casablanca. C'est sans surprise, ça n'a rien de palpitant, mais ça se regarde sans ennui. Et l'on s'amuse autant de ce Congo de pacotille apparemment reconstitué en Floride que de la prestation décalée de Peter Lorre. Bref, je connais encore mal ce Pevney, mais s'il y a d'autres titres aussi sympathiques que celui-là dans sa filmo, je suis preneur...
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Profondo Rosso
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Re: Joseph Pevney (1911-2008)

Message par Profondo Rosso »

La police était au rendez-vous (1955)

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Des années 30 à 50, l'ascension d'un gangster de Boston qui a fort à faire face à un fonctionnaire de police besogneux. Une étrange amitié nait entre les deux hommes, mélange d'admiration et de crainte...


La fameuse structure "rise and fall" chère au film de gangster prend un tour très intimiste et touchant dans La Police était au rendez-vous. Le sentiment de fresque et du temps qui passe se ressent par les grands évènements (la Grande dépression, la mort de Dillinger, l'attaque de Pearl Harbor et l'entrée en guerre des Etats-Unis) qui jalonnent en arrière-plan l'amitié, l'ascension et l'opposition en parallèle du policier Gallagher (George Nader) et la petite frappe devenue gangster Jerry Florea (Tony Curtis). La première rencontre annonce la complexité de leur relation lorsque Gallagher, encore agent en uniforme abat Jerry jeune délinquant en fuite à la suite d’un vol. La culpabilité incite Gallagher à se rapprocher de Jerry et le prendre sous son aile dans l'espoir de l'éloigner de la voie criminelle, mais ce dernier sorti de ce lien quasi filial au policier semble être une irrécupérable mauvaise graine. Tout le récit voit l'amitié sincère des deux personnages vaciller alors que leurs statuts et compétences du côté et en dehors de la loi ne cesse de grandir. Joseph Pevney caractérise de bout en bout Florea comme un adolescent espiègle dont le crime est un terrain de jeu fertile, Gallagher faisant office de père de substitution (quand les vrais parents jetteront vite l'éponge) croyant indéfectiblement en la rédemption de son protégé.

Dans cette idée, tous les méfaits de Florea font figure de blague de sale gosse, l'illégalité des actes ne se délestant pas de la jubilation du personnage à duper son monde. Tony Curtis est un choix parfait dans ce registre, son numéro de charme laissant toujours croire à son interlocuteur le plus endurci qu'une réinsertion est possible. L'acteur (interprété adolescent par Sal Mineo) par touches subtiles fait passer toute cette nature d'homme-enfant, laissant entrevoir dans son regard la détresse et l'abandon lors des rares fois où Gallagher excédé l'abandonnera à son sort . De même l'ascendant filial ou fraternel de ce dernier se ressent quand Florea, dure à cuire craint de tous, trahit par sa gestuelle la crainte d'être frappé par son mentor -Pevney jouant plusieurs fois de cet ascendant dans sa mise en scène, ne différenciant pas les périodes d'adolescence et l'âge adulte. Ce n'est bien sûr par la peur de la confrontation physique qui se joue là, mais de la déception et du reniement que ses actes illicites pourraient provoquer chez Gallagher. Florea semble constamment en quête d'approbation quand il fait mine d'abandonner ses activités pour une vie rangée, ou lorsqu'il évite de commettre ses méfaits dans la ville de Boston et donc le secteur de Gallagher. Il reste cet enfant immature incapable d'éviter les "bêtises", et cherchant à les masquer pour éviter la punition. Dans le même ordre d'idée, Gallagher tel un père omniscient semble toujours deviner face aux crimes trop ingénieux que son protégé en est l'auteur. La prise de conscience finale est une sorte de passage tardif à l'âge adulte pour Floreal, placé face aux conséquences de ses actes non pas par leur risque pénal, mais par le fossé définitif que son terrain de jeu creuse face à ses proches.

La dynamique est immuable, seule les proportions et les conséquences évoluent. Sans jamais dédouaner Florea, un certain contexte xénophobe est néanmoins introduit (le rejet de son engagement militaire du fait de ses origines) et donne une dimension plus vaste au sentiment de rejet et à la quête d'acceptation du personnage. La communauté américaine le rejette et son lien à celle-ci ne tient qu'à la bienveillance d'un individu, Gallagher, quant au contraire le monde des gangsters l'accueille à bras ouvert même si paradoxalement il ne semble jamais y nouer d'amitié solide (la scène finale où ses acolytes se retournent contre lui). Tout cela est captivant, narré avec efficacité (1h36 pour un récit de cette ampleur) en alternant les vrais moments nerveux de polar avec une belle introspection. Les deux acteurs sont parfaits, exprimant avec nuances et continuité la trajectoire des personnages, le sentiment qui ne cessera jamais de les unir malgré les circonstances qui les éloignent. Une belle réussite revisitant la structure et les enjeux d'un classique comme Les Anges aux figures sales de Michael Curtiz. 5/6
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