Eve (Joseph L. Mankiewicz - 1950)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jack Sullivan
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Message par Jack Sullivan »

Boubakar a écrit :Cette chronique, ainsi qu'une a faite Roy, est parmi les meilleures que j'ai lu sur DVDCLASSIK.
N'insiste pas, je n'ai pas d'argent à prêter :lol: par contre je vendrais bien ma maman, là de suite, et pour pas cher en plus...
Boubakar a écrit : Jack, tu comptes faire d'autres critiques ?
Yep 8)
Howard Hoax
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Message par Howard Hoax »

Boubakar lit très vite
Jipi
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Eve (Joseph L. Mankiewicz, 1950)

Message par Jipi »

Récit d’une ascension égoïste sans structures morales ni reconnaissances "Eve" est un impitoyable réquisitoire sur le septième art et ses consommables éternellement reconstitués. Un processus d’élimination reconductible à l’infini alimentant constamment de nouveaux visages un environnement festif sans garde-fou.

Une star en chasse une autre par un principe que les deux partis acceptent dans un mélange de convoitise et d’orgueil. Cela ressemble à un processus temporel incontournable, Une jeune ambitieuse pousse vers la sortie une actrice aigrie que le système abandonne peu à peu.

Margot Shanning star incontestée entend soudainement la quarantaine frapper à sa porte ce qui entraîne une consommation plus importante de verres et de cigarettes.

Doutes et premiers bilans sont habilement scrutés par Eve jeune arriviste au dernier degré, manipulatrice, méprisant l’humanité, prête à tout pour s’imposer, programmée pour vaincre et exterminer par n’importe quel moyen celle qui l’a recueillie, hébergée et nourrie, aucune pitié envers une vedette charitable à l'écoute sur le retour comblée en son temps par le circuit mais entamée par les ravages du temps.

Pendant que Margot coule gentiment Eve prend de l’envergure dans un métier ou la détermination et l’absence de rides sont porteurs de quelques années de succès à condition de n’avoir que cela en tête sans oublier le retour de flamme du mécanisme qu’il faudra accepter consistant à son tour à être convoiter puis broyer par son propre concept de départ rajeuni de quinze ans.

« Eve » remarquable règlement interne d’un environnement sans espoir actionne en boucle une trinité répétitive, Ambition, succès et chute se succèdent sur la planète spectacles remplissant à ras bord un réservoir d’étoiles filantes ou non tombées au nom d’un processus de divertissement possédant des règles particulièrement cruelles.
angel with dirty face
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Re: Eve (Joseph L. Mankiewicz)

Message par angel with dirty face »

Jipi a écrit : "Eve" est un impitoyable réquisitoire sur le septième art et ses consommables éternellement reconstitués.
Plutôt le théâtre en particulier, et le monde du spectacle en général...

Sinon la même année, on avait droit à Sunset Boulevard (1950) de Billy Wilder... "impitoyable réquisitoire sur le septième art" pour reprendre tes mots :wink:
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AlexRow
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Message par AlexRow »

Merci d'avoir rajouté les dates :wink:
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cinephage
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Message par cinephage »

Si beaucoup de choses me plaisent dans Eve, à commencer par la richesse des dialogues, j'en garde surtout l'image de ce dernier plan, où une nouvelle fan arriviste est accueillie, et que son reflet dans le miroir est démultiplié.

Les miroirs et Mankiewicz ont une certaine affinité en général, mais ici plus particulièrement, ce plan est une épatante conclusion cinématographique au récit qui nous a été fait, puisqu'il en reprend allégoriquement le thème.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

Et les personnages comme le sublime Addison DeWitt! C'est le film qui m'a fait découvrir le grand George Sanders...

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cinephage
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Message par cinephage »

angel with dirty face a écrit :Et les personnages comme le sublime Addison DeWitt! C'est le film qui m'a fait découvrir le grand George Sanders...


My name is Addison DeWitt. My native habitat is the theater. In it I toil not, neither do I spin. I am a critic and commentator. I am essential to the theatre - as ants to a picnic, as the boll weevil to a cotton field.
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Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Cette dernière séquence est épatante mais un tout petit peu trop symbolique pour moi. Je préfère le bagoût de tous ces brillants personnages: Addison de Witt (je me repasse souvent son engueulade finale avec Eve, j'en ai la chair de poule à chaque fois...) Margo Channing bien sûr, et son fiancé qui est tout aussi interessant.

Jipi! Tu t'affoles en cuisine! Viens donc prendre un peu de bon temps avec tes invités!
Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

cinephage a écrit :
angel with dirty face a écrit :Et les personnages comme le sublime Addison DeWitt! C'est le film qui m'a fait découvrir le grand George Sanders...


My name is Addison DeWitt. My native habitat is the theater. In it I toil not, neither do I spin. I am a critic and commentator. I am essential to the theatre - as ants to a picnic, as the boll weevil to a cotton field.
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Message par cinephage »

Une autre réplique (que je replace dès que j'en ai l'occasion), qui n'est pas de DeWitt mais bon :
There comes a time that a piano realizes that it has not written a concerto.
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Message par Nomorereasons »

cinephage a écrit :Une autre réplique (que je replace dès que j'en ai l'occasion), qui n'est pas de DeWitt mais bon :
There comes a time that a piano realizes that it has not written a concerto.
C'est Hugh marlowe? je veux dire celui qui joue le mari de Celeste Holm?
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Message par cinephage »

yaplusdsaisons a écrit :
cinephage a écrit :Une autre réplique (que je replace dès que j'en ai l'occasion), qui n'est pas de DeWitt mais bon :
There comes a time that a piano realizes that it has not written a concerto.
C'est Hugh marlowe? je veux dire celui qui joue le mari de Celeste Holm?
Il faut que je le revoie pour la replacer exactement... Il me semble que c'est le metteur en scène, ou le mec de Margo, je ne sais plus.

Tu n'es pas le premier à trouver trop appuyé ce dernier plan. S'il venait en cours de film, je serais d'accord. Mais là, il s'agit d'un épilogue ironique et, certes, un chouia appuyé, mais c'est le dernier plan, que tu gardes en tête en sortant de la salle. Dans ce cadre-là, je le trouve très bien trouvé.
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andrino
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Message par andrino »

cinephage a écrit :Si beaucoup de choses me plaisent dans Eve, à commencer par la richesse des dialogues, j'en garde surtout l'image de ce dernier plan, où une nouvelle fan arriviste est accueillie, et que son reflet dans le miroir est démultiplié.

Les miroirs et Mankiewicz ont une certaine affinité en général, mais ici plus particulièrement, ce plan est une épatante conclusion cinématographique au récit qui nous a été fait, puisqu'il en reprend allégoriquement le thème.

Ce dernier plan m'a aussi tres impressionné; ai revu le film hier sur Tcm, en vo avec le dernier discours d'Eve, sussurant son texte comme Raminagrobis, je ne sais ce que cela donne en vf!; et puis la voix de G Sanders!!!!!Un superbe film en vérité!
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Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Tu as raison, en fait il me semble aussi que c'est le metteur en scène (Gary Merrill)
Pour la dernière séquence je chipote :wink: je trouve quand même qu'elle coupe le souffle. Tranchante, minérale, comme le miroir; et puis si je faisais le compte de toutes les pirouettes qui concluent un film, je n'aurais pas fini!
A la rigueur je la trouve un tout petit peu mal amenée, en fait. L'admiratrice d'Eve, au moment où celle-ci manifeste des signes de fatigue et de mauvaise humeur (un petit pas vers l'humanité et le desespoir), je trouve qu'elle arrive de façon trop évidente et un peu allégorique. Mais je chipote, c'est un de mes vingt films et je lui mets 20.
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