Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Boubakar
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Boubakar »

Visuels des dvd et BR à venir :

Image
(version Fnac)

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(version Amazon)

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edit ; cliquez pour voir les visuels, l'affichage ne fonctionne pas :oops:
Dernière modification par Boubakar le 26 sept. 09, 20:58, modifié 2 fois.
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Demi-Lune
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Demi-Lune »

Les liens ne fonctionnent pas chez moi, Boubakar, on me dit qu'ils sont corrompus. :idea:
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Boubakar
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Boubakar »

Critique du dvd, plutôt bien fourni pour une édition "simple" :

http://www.dvdrama.com/rw_fiche-11871-.php
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Demi-Lune
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Demi-Lune »

Boubakar a écrit :Critique du dvd, plutôt bien fourni pour une édition "simple" :

http://www.dvdrama.com/rw_fiche-11871-.php
Pas de director's cut pour l'édition française, donc :| Je sens que je vais à nouveau me rabattre sur le zone 1.
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Blue »

C'est une DC à la Michael Mann ? Quelqu'un connait la durée de cette version par rapport à la version cinéma ?
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Boubakar »

Michel Homme revient sur la photo du film, et compte passer à la 3D :
(ecranlarge)
Désormais spécialiste de la photographie dégueu, Michael Mann souhaite franchir une nouvelle étape en se lançant dans le cinéma 3D. En tout cas, il a affirmé que l'idée le tentait fortement.
« Oui, j'adorerais tourner un film en 3D, a-t-il expliqué, c'est quelque chose qui me fascine ! Plus l'audience est plongée au cœur de l'œuvre, mieux c'est ! »
Dans le même entretien, Mann justifiait son utilisation de la photographie digitale pour Public enemies en affirmant que cette technique donne un rendu « d'époque » au film. Les essais avec une caméra classique donnaient à l'œuvre des allures trop « contemporaines ».
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Major Tom
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Major Tom »

Boubakar a écrit :
Michael Mann souhaite franchir une nouvelle étape en se lançant dans le cinéma 3D.
'Manquait plus que ça. :lol:
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Demi-Lune
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Demi-Lune »

Désormais spécialiste de la photographie dégueu
Du journalisme clair et impartial :lol:
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Major Tom
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Major Tom »

Demi-Lune a écrit :
Désormais spécialiste de la photographie dégueu
Du journalisme clair et impartial :lol:
Cela dit, c'est vrai. :)
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Jordan White »

Une intro formidable qui ne passe pas par quatre chemins pour nous permettre d'entrer dans le vif du sujet avec une évasion de prison mise en scène de façon millimétrée. J'aurais adoré le film si tout avait été de cette tenue. Malheureusement, plus le film avance plus l'ennui m'a étreint avant de me laisser sur un sentiment d'éreintement et de perplexité devant le fossé qualitatif qui sépare l'ouverture de son final. Trop long, Public Enemies porte pour moi les mêmes défauts que L'étrange histoire de Benjamin Button : ceux de la reconstitution enfermée dans le formol, avec des personnages se résumant à des poses, des intrigues étirées inutilement en longueurs, et une approche du cinéma qui me plaît de moins en moins. Tout a été dit et écrit sur la photo du film, mais j'y reviens juste en quelques mots : autant certains plans sont très beaux comme celui de l'ouverture et certains plans larges d'extérieur comme lors du dernier braquage de banque, avec une précision sur les visages qui laisse apparaître le grain de peau, autant d'autres ont un blanc crâmé, avec une image inconstante, brûlée, aux contours beaucoup moins précis. Les costards tirés à quatre épingles ne s'en sortent pas avec les honneurs, il y a du halo, et l'impression globable reste celle d'une image au rendu video très granuleux à l'exception de quelques plans très bien ciselés. D'une scène à l'autre il arrive aussi que la luminosité baisse drastiquement sans aucune cohérence. On passe ainsi d'extérieurs au rendu argentique probant à des scènes d'intérieur qui semblent avoir été filmées par une caméra du Dogme. Le grain c'est très bien, même en HD. Mais là certains plans sont trop bruités et c'est extrêmement rédhibitoire à mes yeux, d'autant plus qu'un plan sur deux dans la deuxième partie (avec un sommet d'irrégularités et d'imprécisions lors de la fusillade dans la forêt au refuge) souffre de ce grain persistant, très visible sur support HD où chaque défaut surgit et (m'a) fait quasiment décrocher du film. Je ne suis pas sûr que le choix de la vidéo HD soit un choix très pertinent pour restituer le visuel des années 30, l''argument de Mann me semble d'ailleurs à ce sujet plutôt bancal mais bon c'est son choix et j'ai l'impression qu'il est difficilement discutable, quand je vois un résultat qui se rapproche souvent d'un direct-to-video. Je n'aime pas ce choix esthétique, l'abandon de la pellicule et les tics qui en découlent, déjà très présents sur Miami Vice : cadrages cut dans les scènes mouvementées, focus sur un visage avec un arrière-plan lisible arrivant à chaque fois comme un gimmick technique déjà vu, ralenti malheureux dans le final avec une utilisation grotesque des effets digitaux.

A cela s'ajoute une narration très lente, une interprétation à la limite de la désincarnation, surtout pour Bale et une grande partie des seconds rôles masculins. Marion Cotillard est transparente. Elle a travaillé son accent, et son personnage se regarde comme une figure vaporeuse, très oubliable. Le problème réside je trouve dans le style ultra aride du film. Mann ne vise vraisemblablement pas l'identification aux personnages, il scrute et décortique l'existentiel, mais d'une façon beaucoup moins convaincante que dans Collateral, à la forme parfois assez proche sur le plan de la photo, mais plus convaincant en terme de jeu d'acteurs. Mann filme des silhouettes, s'accroche comme d'habitude à leurs basques, filme en très gros plans des moments de flottement. Il filme aussi la nuit comme un terrain de jeu, et le jour en recourant à l'artificialité des éclairages. D'aucuns trouveront ce langage cinématographique révolutionnaire. Il me fait personnellement baîller aux corneilles. Et c'est d'autant plus dommage, frustrant voire rageant qu'il y a un potentiel de départ, un potentiel de thriller, de film d'action et de polar qui se perd dans une mise en scène théorique avec des expérimentations sur le son et l'image qui le laissent sur le bas côté. Les scènes de braquage sont brutes mais au milieu, mais trop souvent portées caméra à l'épaule, ce qui laisse peu de place à une utilisation de la largueur du Scope. La facture plastique m'a semblée au final très télévisuelle, déjà vieillotte. C'est tout de même un comble quand on écoute le réalisateur parler d'un support de cinéma qui s'annonce comme le futur. La pellicule de L'échange, ses décors, et son interprétation me semblent tellement plus réalistes et pour le coup vibrantes que ces 140 interminables minutes de Public Enemies. On retrouve la montée en tension du final, à l'image du Dernier des Mohicans. Les plans d'intérieur avec une dominante froide comme dans Miami Vice, et le score musical m'a par moments fait penser à celui de Bienvenue à Gattaca de Michael Nyman. Mann filme des figures lointaines qui savent déjà qu'elles se dirigent vers leur mort dans une forme DV repoussante.

Heureusement qu'il y a Johnny Depp, avec sa froideur inédite, son jeu minimaliste. Parce qu'autour de lui, il n'y a grand pas chose à regarder et encore moins pour être un tant soi peu touché par l'histoire, la banalité des situations, la répétitivité du dispositif de mise en scène : braquages, gros plans, scènes intimistes, courses-poursuites, etc. Une boucle classique qui se termine dans un cinéma, sans avoir pu insuffler une quelconque originalité. Hormis Ali et Révélations malgré des moments trop appuyés, Michael Mann est un cinéaste dont le cinéma, semble devenir à mes yeux de plus en plus distant, de plus en plus théorique, trop abstrait. Je serai au rendez-vous pour le prochain film, non pas par masochisme, mais parce qu'il faut juger sur pièce son travail. Même pas une douche froide, même pas une déception. Juste un film insipide à mes yeux.
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Demi-Lune
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Demi-Lune »

Enorme déception.
Si les gunfights (et en particulier la fusillade/poursuite dans la forêt) sont d'une maîtrise impressionnante, Mann, à l'instar de son Miami Vice, opte pour des choix esthétiques très discutables bien qu'audacieux, et fait passer le visuel, très souvent laid (les mouvements rapides des acteurs sont systématiquement flous), au détriment de l'émotion et de l'épaisseur (l'âme serais-je tenté de dire) de son récit qui convoque tous les classiques du genre sans y apporter une quelconque originalité. En résulte, comme pour son opus précédent, la méchante impression que le cinéaste ne s'intéresse plus qu'à la forme et se contrefout du fond. Au bout d'une demi-heure, malgré une mise en scène vive – et même nerveuse, la caméra tremblante étant elle-même rapidement agaçante – je commençais à m'ennuyer sévèrement, le film étant porté par des comédiens complètement atones et monolithiques voire, dans le cas de Marion Cotillard, mal castés, incarnant des personnages laissés à l'état schématique, et récitant des dialogues dont la pauvreté elle-même paraît être un signe de la singulière perte d'inspiration de Mann-scénariste. En l'état, le film roule moins des mécaniques comme pouvait le faire le poseur Miami Vice, mais en conserve cependant toute la froideur, froideur qui ne permet jamais au spectateur de s'intéresser à l'histoire et aux personnages, et à vibrer avec eux. Mann aurait-il voulu adopter une démarche similaire à celle de De Palma pour Le Dahlia Noir, et traiter ses figures comme de glaciales réminescences d'un genre cinématographique populaire et maintes fois visité ? Difficile à dire. Je n'ai jamais eu l'impression que Public Enemies proposait un niveau de lecture allant chercher plus loin que le simple entertainment et l'expérimentation visuelle. Le film achevé, reste le souvenir d'un rendu immersif lors des combats armés et d'une jolie reconstitution d'époque ; le reste, malheureusement, est déjà oublié.
Anorya
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Anorya »

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La vie de John Dillinger (Johnny Depp), criminel des années 30 des Etats-Unis au moment de la grande dépression, de la création du F.B.I, du dernier grand amour de sa vie et d'une chasse à l'homme tournée contre lui, l'ennemi public numéro 1...


J'aime beaucoup Michael Mann donc je ne pouvais décemment pas louper son dernier opus et comme je ne pus aller bien souvent au cinéma en 2009, il était dit que je me le prendrais donc en vidéo, histoire d'en ajouter un autre à ma collection. Je n'attendais rien du film, aussi la déception fut moins forte que si j'avais nourri un long sentiment d'espoir, mais voilà, même si le dernier Mann contient des moments grandioses (qui prouvent là une maîtrise technique sans faille qui ne peut que laisser admiratif), c'est sans doute la première fois que je me suis un peu ennuyé en regardant l'un de ses films et ce pour plusieurs raisons.

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(capt. A et B. - Public Ennemies)
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(Capt. C et D. - Miami Vice)

Dans la continuité de Collateral et surtout Miami Vice (images C et D), Mann recrée un univers aussi fidèle que possible à la réalité de l'époque du début des années 30. Il s'agit d'insérer le film d'époque dans une teinte contemporaine. Mêmes images d'un monde où la pauvreté cotoîe des trafiquants comme des gangsters, visions où le clochard désoeuvré se remarque dans le rétroviseur adossé à un lampadaire (B) comme une mère démunie qui héberge Dillinger et ses hommes pour avoir un peu d'argent (A), quitte même à demander à ce qu'on l'emmène. Tout pour changer de vie. Dillinger était apprécié du peuple à l'époque, ce n'était pas un tueur et Mann le sait. Face aux autres acteurs, Depp emporte la mise, porte le film sur ses épaules (la personnalité du personnage est la plus aboutie de toutes dans le film) face à une Cotillard qu'on voit peu et un Bale qui hérite d'un personnage un peu effacé une fois de plus (depuis quelques temps Bale semble en perte de vitesse. Fatigué Christian ?). Le souci de réalisme est tellement poussé que les rares moments où quelque chose ne va pas, on le remarque malheuresement. Je veux parler du vide en tant qu'esthétique mais aussi problème apparent à l'image.

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(E et F. - Public ennemies)

Dans de courts plans, les rues sont vides alors qu'elles étaient chargées de badauds, de policiers qui tirent l'instant d'avant, on ne croise aucune voiture en sens inverse, personne qui se cacherait de justesse derrière un pilier. Beh ? Michael, où sont les figurants ? Il manquait des costumes ? On pourrait m'objecter que depuis ses derniers films, Mann est rentré dans une stylisation qui tend à l'abstraction, je suis d'accord. Mais pour que l'abstraction marche, il faut voir sa matière à l'écran ou sur la toile (toile de cinéma comme toile de peinture), il faut lui laisser de quoi se développer. Certains plans ainsi étonnent (G : la prison avec personne aux vitres qui coupe l'image en une étrange diagonale) quand Mann ne peint pas le paysage directement à l'instar de Miami Vice (H : la campagne filmée... comme la mer !).

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(G et H - Public ennemies)

Pourquoi une comparaison avec Miami Vice ? Sur la forme et le fond essentiellement. Comme pour Miami Vice, Mann filme en DV haute résolution pour bénéficier d'une immersion par l'image (comme le son). Procédé mis en place à moitié sur Collatéral où les séquences de jour étaient filmées avec une pellicule argentique à la différence des séquences de nuit, traduisant là un battement irréel lié à la nuit, à la mission de Vincent, au tueur lui-même. Sur Miami Vice comme ici, le numérique est utilisé de jour comme de nuit mais plus ou moins de bonheur. Si Miami Vice restait ici toujours lisible puisque Mann essayait de livrer un fond homogène et cohérent où le bleuté (de la mer, du ciel, de la nuit) se disputait à l'orange et l'ocre (des phares, d'une explosion, de colis, de sang) --voir plus bas, captures K,L,M--, il n'en est pas de même sur Public Ennemies face à la grisaille bétonnée des années 30. En extérieurs, le rendu est magnifique, en intérieur (capture I) ou face à une source de lumière trop puissante (capture J), soit l'on ne voit presque rien, soit la rétine se décolle tellement ça fait mal (et c'est parfois très moche pour certaines séquences en intérieur aussi).

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(Captures I et J - Public Ennemies)

L'autre rapport avec Miami Vice, c'est dans la construction de figures de personnages qui servent plus à assoir la stylisation de Mann. Les détracteurs de ce dernier n'ont pas manqués d'ironiser sur les personnages de Jamie Foxx, Gong Li ou Colin Farrell. C'est vrai qu'on pourrait simplifier Miami Vice (comme Public ennemies) en résumant l'histoire à un Boy meets girl, they fall in love but they can't be together. Mais ce serait un brin cynique et réducteur quand on connaît les films de Mann et son romantisme qui imprègne de nombreuses scènes (rappelez-vous les adieux déchirant entre Val Kilmer et sa compagne dans Heat par exemple, le dilemme et la méprise de Dollarhyde dans Manhunter...). Figures donc simplifiées, ramenées à leur substance première mais ne manquant pas de s'aimer, de s'humaniser au contact de l'autre (je pense à De Niro dans Heat... Quand le solitaire laisse tomber la carapace, magnifique moments). Il y avait une profonde empathie et mélancolie dans Miami Vice, amplifiées par le ciel et la mer, tableaux vivants en reflets des sentiments humains comme ces instants où Sonny regardait au loin la mer, s'apprêtant à faire une nouvelle fois un travail lassant, fatiguant et dangereux.

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(captures K, L, M, N : Miami Vice)

Miami Vice tendait à choir vers une idée d'absolu. Si les cieux où la mer révélaient un infini d'où l'humain était moins que rien (voir l'avion ou le hors-bord tout petits en K et M) qui l'excluait, ce dernier pouvait au moins se raccrocher à de profond sentiments d'amitié (envers son coéquipier) et d'amour. Public Ennemies évacue curieusement ces moments en proposant un fond qui ne magnifie pas tellement une histoire basique. On aimerait ressentir plus d'empathie pour Dillinger, craindre pour lui, ressentir un certain respect pour ses deux tigres qui se livrent une lutte mortelle, mais non. L'avenir, le fait d'aller en avant dans un avenir inconnu comme le déclare Dillinger à Billie (Marion Cotillard), sa compagne est bien typique des personnages de Mann mais on s'y bute comme à un mur. Pas de ciel, pas d'échappatoires, pas d'espoir sans doute. Et une fatalité qui évacue l'attachement aux personnages aussi bons que soient les acteurs. Pas d'enjeux non plus ou rien qui pourrait être proposé comme un cartel de drogue à démonter, un tueur en série à retrouver ou à arrêter, juste une fuite en avant. Une chute en avant. Mais là où Heat ménageait la respiration, la surprise, l'ouverture, l'inattendu; la reconstitution ici embaume le film au lieu de le laisser vivre. Et Mann ne s'autorise visiblement aucune fantaisie comme pourrait les lui donner les fictions précédentes.

Image
(captures O et P - Public ennemies)

Pourtant la maîtrise de Mann reste exemplaire. Les gunfights sont millimétrés, la gestion du background comme du premier plan font merveilles (Comme dans les plans O et P où l'homme de main de Dillinger tape un coup de crosse contre la porte pour le prévenir de l'arrivée de la police. Depp/Dillinger tourne juste la tête pour comprendre que ça va barder et qu'il faut finir le braquage à tout prix. Puis on repasse au premier plan sur le visage contrarié de celui qui prendra bientôt en otage un policier...), les bruits percutent et certaines séquences sont clairement à la limite du génie. Tel ces moments où Dillinger regarde un film qui le met en scène et comprend à la vision qu'il ne s'en sortira pas, que bientôt il se fera faucher, qu'il ne fera bientôt plus de vieux os. Ou bien la visite impromptue du comissariat où les agents du bureau fédéral ont élu domicile. Une voiture qui s'en va après un désastre avec l'amertume sur les lèvres (capture Q). Un regard figé dans le temps (capture R). Dans ces plans, l'économie et la sobriété de l'instant élèvent le film vers des sommets.

Image
(Captures Q et R - Public Ennemies)

En soi, le dernier film de Michael Mann n'est pas mauvais. Il n'est pas moyen non plus. Mais il est juste bon à mes yeux. La stylisation l'a cette fois emporté sur la narration, au détriment du spectateur. Un film à revoir donc sans doute pour encore mieux l'apprécier mais qui laisse sur un sentiment mitigé d'avoir vu des fragments sublimes au milieu d'autres, bien plus mornes.

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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :Mais ce serait un brin cynique et réducteur quand on connaît les films de Mann et son romantisme qui imprègne de nombreuses scènes (rappelez-vous les adieux déchirant entre Val Kilmer et sa compagne dans Heat par exemple, le dilemme et la méprise de Dollarhyde dans Manhunter...). Figures donc simplifiées, ramenées à leur substance première mais ne manquant pas de s'aimer, de s'humaniser au contact de l'autre (je pense à De Niro dans Heat... Quand le solitaire laisse tomber la carapace, magnifique moments).
Le fait est que le romantisme et l'humanité des personnages des oeuvres que tu cites ne trouve plus d'écho dans les dernières oeuvres en date du cinéaste. La schématisation était déjà ce qui caractérisait les personnages de Miami Vice, mais dans Public Enemies, celle-ci est tellement poussée qu'on touche presque à l'abstraction ! Et le résultat, loin d'être heureux, en est d'autant plus frustrant puisque justement, Mann a maintes fois prouvé dans le passé qu'il était tout à fait capable de soigner ses personnages et de leur donner une grande authenticité. Dans ces conditions, il m'est vraiment difficile d'être indulgent envers un Mann qui semble se tamponner royalement du fond parce qu'il a flashé sur sa caméra DV.
Anorya a écrit :Il y avait une profonde empathie et mélancolie dans Miami Vice, amplifiées par le ciel et la mer, tableaux vivants en reflets des sentiments humains comme ces instants où Sonny regardait au loin la mer, s'apprêtant à faire une nouvelle fois un travail lassant, fatiguant et dangereux.
Moi j'y vois plus un mec que la conversation emmerde et qui regarde vite fait par la fenêtre pour passer le temps... :fiou: :uhuh:
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Anorya »

Demi-Lune a écrit :
Anorya a écrit :Mais ce serait un brin cynique et réducteur quand on connaît les films de Mann et son romantisme qui imprègne de nombreuses scènes (rappelez-vous les adieux déchirant entre Val Kilmer et sa compagne dans Heat par exemple, le dilemme et la méprise de Dollarhyde dans Manhunter...). Figures donc simplifiées, ramenées à leur substance première mais ne manquant pas de s'aimer, de s'humaniser au contact de l'autre (je pense à De Niro dans Heat... Quand le solitaire laisse tomber la carapace, magnifique moments).
Le fait est que le romantisme et l'humanité des personnages des oeuvres que tu cites ne trouve plus d'écho dans les dernières oeuvres en date du cinéaste. La schématisation était déjà ce qui caractérisait les personnages de Miami Vice, mais dans Public Enemies, celle-ci est tellement poussée qu'on touche presque à l'abstraction ! Et le résultat, loin d'être heureux, en est d'autant plus frustrant puisque justement, Mann a maintes fois prouvé dans le passé qu'il était tout à fait capable de soigner ses personnages et de leur donner une grande authenticité. Dans ces conditions, il m'est vraiment difficile d'être indulgent envers un Mann qui semble se tamponner royalement du fond parce qu'il a flashé sur sa caméra DV.
Donc tu admets que sur ce point, Miami Vice est mieux que Public ennemies ? :mrgreen: :D
Demi-lune a écrit :
Anorya a écrit :Il y avait une profonde empathie et mélancolie dans Miami Vice, amplifiées par le ciel et la mer, tableaux vivants en reflets des sentiments humains comme ces instants où Sonny regardait au loin la mer, s'apprêtant à faire une nouvelle fois un travail lassant, fatiguant et dangereux.
Moi j'y vois plus un mec que la conversation emmerde et qui regarde vite fait par la fenêtre pour passer le temps... :fiou: :uhuh:
Ce n'est qu'un exemple, il y en a d'autres. Sur le bateau qui transporte la drogue, Sonny est "perdu" aussi dans la mer pendant qu'on fait un dernier briefing. Et à la fin, Sonny et Isabella sont cette fois tous deux avec le regard perdu sur l'océan, quelque chose d'irrémédiablement brisé. Sonny est comme Dillinger quelqu'un qui va de l'avant, mais il ne le clame pas ouvertement comme le gangster à Billie pour moi. :D ;)
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Re: Public Enemies (Michael Mann - 2009)

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :
Demi-Lune a écrit : Le fait est que le romantisme et l'humanité des personnages des oeuvres que tu cites ne trouve plus d'écho dans les dernières oeuvres en date du cinéaste. La schématisation était déjà ce qui caractérisait les personnages de Miami Vice, mais dans Public Enemies, celle-ci est tellement poussée qu'on touche presque à l'abstraction ! Et le résultat, loin d'être heureux, en est d'autant plus frustrant puisque justement, Mann a maintes fois prouvé dans le passé qu'il était tout à fait capable de soigner ses personnages et de leur donner une grande authenticité. Dans ces conditions, il m'est vraiment difficile d'être indulgent envers un Mann qui semble se tamponner royalement du fond parce qu'il a flashé sur sa caméra DV.
Donc tu admets que sur ce point, Miami Vice est mieux que Public ennemies ? :mrgreen: :D
Pour moi, Public Enemies fait tellement de peine à voir qu'à côté de lui, Miami Vice regorge de qualités. :mrgreen: :fiou: :arrow:
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