Les Comédies musicales

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Music Man
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Re: Les Comédies musicales

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LA ROSE SAUVAGE (the wild wild rose)- de Tia Ling WANG - HONG KONG -1961
Avec Grace CHANG, Yang ZHANG

Un jeune pianiste sérieux et honnête tombe dans les griffes d’une chanteuse frivole et infidèle, au grand désespoir de sa fiancée. Sa passion destructrice le mènera à commettre l’irréparable.

Cette adaptation chinoise de Carmen est certainement une des réussites du cinéma musical de Hong Kong du début des années 60 et le meilleur rôle de Grâce Chang, la magnétique « mambo girl ». Loin de ses rôles habituels de gentilles jeunes filles , elle brille dans ce personnage complexe de fille facile et dévergondée qui cache en fait un coeur d’or. Evidemment, on pourra reprocher aux acteurs d’en faire parfois un peu trop (la scène où le vieux musicien se dispute avec sa femme alitée, qui refuse de prendre ses médicaments pendant que les enfants pleurent est plus risible que dramatique), mais pour le reste le film sonne souvent juste, notamment lors du passage où la sensuelle chanteuse fait tomber le pianiste dans ses filets : tout est dans les gros plans et les regards. Même sans les passages musicaux, le film se laisserait suivre avec intérêt.
Grace Chang interprète plusieurs airs ultra connus de l’opéra occidental : la habanera de Carmen, la veuve joyeuse, Mme Butterfly revus et corrigés en version rumba, mambo et jazzy, voire parodique. C’est vraiment étonnant et souvent très réussi. L’étendue vocale de la chanteuse lui permet aussi de chanter un blues avec beaucoup de talent.
Une très bonne découverte.

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STAND UP AND CHEER de H MACFADDEN -USA - FOX - 1934
Avec Warner BAXTER, Madge EVANS, John BOLES, Shirley TEMPLE

Un artiste est nommé secrétaire d’Etat du ministère du divertissement pour tenter de rendre un peu de moral aux concitoyens en pleine crise

Pas beaucoup d’intrigue dans ce film court (mais parait il tronqué d’une bonne quinzaine de minutes) , largement coupé de sketchs et de numéros de revues assez sympas, dans un genre qui rappelle les films Warner de la même époque. (girls escaladant des gratte-ciels en carton pâte).
Les passages comiques ne sont pas toujours terribles, notamment ceux de l’acteur black Stepin Fetchin, comme toujours, dans un rôle de débile. La grande parade finale un brin martiale, avec les girls haut la main, m’a un peu dérangé aussi.
Le clou du spectacle , c’est bien sûr la toute petite Shirley Temple : pour ma part, je ne l’ai jamais vue aussi jeune. Elle est absolument craquante et son court numéro dansé avec James Dunn bluffant même 75 ans après. La gamine est devenue célèbre du jour au lendemain avec ce film, et c’est vrai qu’elle fait forte impression.
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Cathy
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Message par Cathy »

Three Smarts Girls (1936) - Henry Coster

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Trois jeunes filles qui vivent en Suisse avec leur mère divorcée décident de se rendre à New York pour empêcher le remariage de leur père avec une coureuse de dots.

Ce film est le tout premier de la jeune Deanna Durbin, enfant prodige à la voix de rossignol, concurrente directe de la révélation MGM Judy Garland à la voix jazz et qui furent opposés la même année dans Every Sunday, dont on peut voir un extrait dans That's entertainment. Deanna Durbin est donc la jeune Penny, jeune fille agaçante au possible et que l'on met en valeur à travers deux/trois numéros musicaux, une chanson d'ouverture juste après le générique se terminant sur le titre "et la jeune révélation d'Universal" , elle interprète également le Bacio d'Arditi permettant de montrer l'étendu de ses capacités lyriques.Tout tourne autour de cette jeune fille qui sera bien meilleure par la suite, sachant évoluer, même si on met toujours en valeur sa voix. Curieusement, elle est moins dans la soprano légère spécifique de l'époque, avec une voix vraiment plus lyrique, plus "corsée". Charles Winniger campe un charmant père de famille dépassé par les évènements. Un des intérêts de ce film réside surtout dans le fait de voir le jeune Ray Milland dans un rôle de jeune premier et non dans celui du héros tourmenté. Mischa Auer prête son physique si particulier à un comte hongrois alcoolique. Binnie Barnes complète le casting dans le rôle de cette coureuse de dots coachée par sa mère Alice Brady ainsi que Nan Grey et Barbara Reed, les deux autres "Smart girls". Le tout forme un film agréable, très typique de cette époque avec ces comédies sur fond de riche famille un peu "excentrique".

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Something in the Wild (1947) - Irving Pichel


Une jeune chanteuse, animatrice à la radio se voit confrontée à une famille de millionnaires qui la prend pour la maîtresse du patriarché décédé.

Ce film est l'avant dernier de l'actrice Deanna Durbin et montre son évolution. De la jeune fille, un peu singe savant de Three smarts Girls, il ne reste plus rien, et nous sommes ici devant une charmante jeune femme dont la voix mélange fort agréablement sonorités jazz et classiques, comme dans three smarts girls, elle est confrontée à un grand numéro classique et son partenaire n'est autre que le célébrissime ténor Jan Peerce dans le fameux "Miserere" du Trouvère. Donald O Connor, jeune enfant prodige de l'écran également lui est confronté et montre déjà ce qui fera son succès dans SIngin' in the rain et son fameux "Make 'm laugh" avec sa bouche élastique. John Dall campe le jeune premier de service avec une certaine fadeur. On retrouve Charles Winniger en vieil oncle peu scrupuleux. Là encore, pas un chef d'oeuvre, mais une charmante petite comédie qui permet de découvrir une autre Deanna Durbin qui a su totalement évoluer !

Merci à Music Man de m'avoir fait découvrir cette actrice à la voix singulière, avec ce côté rossignol chantant à la Kathryn Grayson, mais avec une véritable voix lyrique et un côté jazz fort agréable.
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Trois petits mots (Richard Thrope)

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« Trois petits mots » est un délicieux biopic musical consacré au parolier Bert Kalmar et au compositeur Harry Ruby, un duo relativement méconnu dont quelques chansons ont néanmoins accédé à la postérité (essentiellement « I wanna be loved by you » grâce à la reprise de Marilyn Monroe et « Who's sorry now? » rendue celèbre par Connie Francis).
L'intrigue est donc basée sur l'association des deux artistes, sur leur vies respectives et leurs oeuvres communes, chaque scène étant prétexte à mettre en valeur leur répertoire (heureusement plutôt sympathique et varié). La destinée des deux personnages a beau être plutôt ordinaire, jamais elle n'ennuie, et toute banale qu'elle puisse être, elle parvient même à émouvoir quelque fois. Pour donner du rythme à l'ensemble, il est à noter que de nombreuses libertés ont cependant été prises avec la réalité: la vie des deux hommes est largement romancée et le scénario oublie quelque peu la chronologie des chansons composées. Bien qu'il ne soit pas un biopic très minutieux, le film reste un charmant hommage, chargé de bonne humeur et servi par de très bons interprètes.
Les rôles principaux ont été distribués à Fred Astaire et à Red Skelton, qui, une fois n'est pas coutume, cabotine assez peu (si on excepte les scènes de base-ball, heureusement assez courtes, mettant en avant ses habituelles pitreries) et se révèle même étonnamment bon acteur dans l'ensemble.
Au niveau des numéros, le réalisateur a parfaitement évité l'effet « catalogue » qui nuit si souvent aux oeuvres du même genre. Ceux-ci s'intègrent très bien dans l'intrigue et sont mis en scène de manière sobre et efficace. On pourra peut-être regretter l'absence de numéros mémorables ou vraiment spectaculaires, bien que les quelques séquences dansées de Vera-Ellen ne manquent ni de virtuosité ni de panache. Mais on peut sans peine dissimuler ce regret derrière le grand bonheur que procure cette comédie musicale, toujours élégante et infiniment attachante.

7,5/10



Au sujet des costumes (je m'en délecte toujours dans les comédies musicales), j'ai été un peu déçue de revoir portée, dans une scène très similaire qui plus est, la robe d'Ann Miller dans Parade de Printemps. Il était évidemment de mise à l'époque de récupérer des éléments de décors et de costumes pour différents films, mais bon là... c'est un peu trop flagrant quand même...
Et que penser de la robe à panier dont est affublée la pauvre Vera-Ellen dans cette même scène. Je ne crois pas avoir jamais vu portée une telle robe à cette époque. :o
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It started with Eve (1941) - Henry Koster

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Un milliardaire sur son lit de mort demande à son fils rentré de toute urgence de lui présenter sa fiancée. Celui-ci ne la trouvant pas présente à son père l'employée dun hôtel. Celle-ci redonne au vieil homme une seconde jeunesse.

Ce n'est pas une comédie musicale, à proprement parler, mais la vedette en étant Deanna Durbin, il est plus logique de laisser cette "critique" ici. Henry Koster est un des réalisateurs phares dans la carrière de Deanna Durbin, il la retrouva plusieurs fois depuis ses débuts dans Three Smart Girls. Ici il signe une délicieuse screwball comedy portée par l'interprétation de Charles Laughton, irrésistible en vieil homme aux vêtements trop larges, obsédé par les cigares et la bonne chair. Quand même quel talent, pour cet homme d'une quarantaine d'années de se spécialiser dans les rôles de "vieillards" excentriques. Il est secondé par Robert Cummings qui est ici à son aise en jeune premier dépassé par les évènements. Quant à Deanna Durbin elle est tout à fait charmante en jeune femme voulant absolument rencontrer Leopold Stokowsky ou Sasha Heiffetz afin de lancer une carrière musicale, ainsi elle peut entonner deux mélodies, une première qui n'est autre que l'adaptation chantée de la Grande valse de la Belle au bois dormant de Tchaïkovsky bien avant le film de Disney et une très jolie mélodie espagnole. Certes le film n'est pas un chef d'oeuvre, mais vraiment une agréable comédie portée par ses interprètes !

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First Love (1939) - Henry Koster

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Adaptation moderne de Cendrillon, une jeune orpheline est recueillie par son oncle et sa tante

Henry Koster retrouve une nouvelle fois Deanna Durbin et réalise ce film sur mesure pour la jeune vedette âgée de 18 ans. Ici, il ne faut rien chercher de plus qu'une adaptation moderne de Cendrillon avec la marraine qui se retrouve incarnée par les gens de maison, la marâtre n'est certes ici qu'une obsédée de l'astronomie, par contre les méchantes soeurs sont jouées par la fille autoritaire et le fils complètement fainéant et qui passe son temps affalé dans son fauteuil. Deanna Durbin montre ici encore l'étendue de ses talents vocaux avec une reprise d'Anapola, d'une valse de Strauss ou encore l'adaptation anglaise du fameux "Un bel di vedremo" de Madame Butterfly. Contrairement aux rossignols aux voix acidulées de l'époque, elle montre une voix beaucoup plus consistante une fois encore. Robert Stack campe un prince charmant ridicule à souhait au sourire béat. Eugene Pallette, un des grands seconds rôles de l'époque est une fois encore succulent dans son rôle de père qui ne recherche que le silence. Bref une charmante petite comédie sans autre prétention que celle de mettre en valeur la vedette d'Universal.
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Jeremy Fox
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Revu ce soir pour en faire la chronique pour le site, sachez dès à présent pour ceux qui n'achètent que du zone 2 que le DVD Montparnasse (qui sort le 08 septembre) est une très belle réussite. Et le film, à la revision, est toujours aussi bon (je l'ai même préféré cette seconde fois). Un biopic tendre et émouvant qui n'a rien à voir dans le style avec les films précédent du duo et que je recommande justement à ceux qui y étaient un peu réfractaires. On l'a déjà dit et redit mais Ginger Rogers étaient décidément, en plus d'être une danseuse hors pair, une très grande actrice.
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Message par Cathy »

Can't Helph Singing (1944) - Frank Ryan

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A l'époque de la ruée vers l'or, la fille d'un sénateur part pour retrouver celui qu'elle aime un lieutenant de l'armée. Elle joint une caravane en route vers la Californie.

Le seul intérêt de ce film est de voir Deanna Durbin en couleur arborer plusieurs tenues différentes et chanter une ou deux chansons fort peu mémorables. Ce western sans grand intérêt est totalement dispensable, même s'il est vrai que l'on ne passe pas un mauvais moment, mais la fin du film est un peu du grand n'importe quoi, ce qui devrait être un feu d'artifice "drôle" tombe à plat. On retiendra juste la chanson Californi-ay et surtout la jolie ballade que chante Deanna Durbin sur fond de paysages magnifiques. Le reste est terne, à commencer par Robert Paige, jeune premier fade au possible.

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Lady on a train (1945) - Charles David

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Une jeune femme passionnée de romans policiers assiste via la fenêtre de son train au meurtre d'un homme. A son arrivée à New York, elle décide de retrouver l'assassin avec l'aide de l'auteur des livres qu'elle adore.

Ce film est vr'aiment très agréable, ce n'est pas du tout une comédie musicale, même si pour les besoins de son enquête l'héroine devient chanteuse de Night club, ce qui lui permet de chanter un Night and Day "lyrique". Elle susurre aussi un charmant "Holly Night' via son téléphone. Je poste ici le commentaire car Deanna Durbin en est l''héroïne. Ce film est un charmant divertissement policier, avec une Deanna Durbin survoltée et un tout jeune Ralph Bellamy fort séduisant en auteur quelque peu ridicule. Le film est rythmé, même si l'intrigue est quelque peu téléphonée et le meurtrier peu surprenant, on est pris par le charme des interprètes. Bref avec "It started with Eve" l'autre bon film de ce coffret certes sucré mais fort agréable consacré à Deanna Durbin. A noter aussi la présence d'Edward Everett Horton, grand second rôle de l'époque.
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Message par Best »

Jeremy Fox a écrit :Image

Revu ce soir pour en faire la chronique pour le site, sachez dès à présent pour ceux qui n'achètent que du zone 2 que le DVD Montparnasse (qui sort le 08 septembre) est une très belle réussite. Et le film, à la revision, est toujours aussi bon (je l'ai même préféré cette seconde fois). Un biopic tendre et émouvant qui n'a rien à voir dans le style avec les films précédent du duo et que je recommande justement à ceux qui y étaient un peu réfractaires. On l'a déjà dit et redit mais Ginger Rogers étaient décidément, en plus d'être une danseuse hors pair, une très grande actrice.
En voilà un qui va trouver place dans ma dvdthèque :D
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Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit : Bref avec "It started with Eve" l'autre bon film de ce coffret certes sucré mais fort agréable consacré à Deanna Durbin.
Dans ce coffret, je n'ai aimé que Three Smart Girls ; les autres m'ont au mieux ennuyé, au pire agacé ; je l'ai d'ailleurs revendu aussi sec :oops:
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Re: Les Comédies musicales

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :
Cathy a écrit : Bref avec "It started with Eve" l'autre bon film de ce coffret certes sucré mais fort agréable consacré à Deanna Durbin.
Dans ce coffret, je n'ai aimé que Three Smart Girls ; les autres m'ont au mieux ennuyé, au pire agacé ; je l'ai d'ailleurs revendu aussi sec :oops:
Pourtant "It started with Eve" est vraiment sympa, mais tu n'es pas très client de la screwball :) !
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The Story of Irene and Vernon Castle - La Grande Farandole (1939) de H.C. Potter RKO

Seulement six ans après le très agréable Carioca (Flying Down to Rio), le couple qui fit les beaux jours de la RKO et des spectateurs du monde entier décide de s’arrêter, chacun des deux souhaitant désormais voler de ses propres ailes. La Grande farandole marque donc la fin de cette remarquable collaboration avant que le couple ne fasse, dix ans après, un ultime come-back en Technicolor pour la MGM dans le très moyen Entrons dans la danse (The Barkleys of Broadway). En 1939, le public commençait à se lasser des comédies musicales et The Story of Vernon and Irene Castle en pâtit ; ce sera le plus gros échec des neufs films du duo Astaire/Rogers pour le studio RKO. De plus, les fans ne supportaient pas l’idée de devoir assister à la mort de Fred Astaire à l’écran, ce qui ne lui était encore jamais arrivé. Car en effet, le film est un biopic narrant l’histoire vraie d’un célèbre couple de danseurs du début du 20ème siècle ayant ‘sévi’ à Paris tout en lançant quelques modes non seulement dans la danse mais aussi vestimentaires et autres ; tout le monde était donc déjà au courant que Vernon Castle s’était tué accidentellement lors d’une démonstration aérienne après s’être engagé dans l’armée lors de la Première Guerre Mondiale et que le film allait probablement se conclure sur son décès. Dès 1936, la RKO avait mis la main sur les mémoires d’Irene Castle avec l’idée bien arrêtée d’en faire un véhicule pour ses deux poulains. La danseuse s’était toujours opposée à ce que Ginger Rogers l’incarne à l’écran mais les producteurs réussirent à lui faire penser à autre chose en l’évinçant discrètement des plateaux de tournage ; bien leur en a pris puisque l’actrice prouvait une nouvelle fois à cette occasion qu’elle n’était pas seulement une formidable danseuse mais aussi une comédienne géniale arrivant dans la même minute à nous faire rire et pleurer. Fred Astaire, moins cabotin qu’à l’habitude (rôle oblige), même s’il est un acteur au registre moins varié que sa partenaire, se révélait à nouveau à la hauteur et le duo fonctionnait à merveille. Irene Castle, qui avait tourné une vingtaine de films muets entre 1915 et 1924, avait interprété son propre rôle dans l’un d’entre eux aux côtés de son époux. Racontant déjà leur carrière, de nombreux éléments de ce film furent repris pour écrire le script de la présente version.

Il faut savoir que La Grande farandole diffère beaucoup des huit précédents films de la collaboration Astaire/Rogers, une des autres raisons pour laquelle les amateurs ne suivirent pas leurs idoles sur cette nouvelle voie. Fini le style ‘téléphone blanc’ d’où l'absence de décors art-déco (mais néanmoins des intérieurs et extérieurs très bien photographiés) ; fini les quiproquos mais une solide histoire bien charpentée ; fini les seconds rôles ‘clownesques’ même si les formidables Walter Brennan et Edna May Olivier se révèlent souvent très amusants ; fini les chorégraphies sophistiquées mais à la place de simples (et néanmoins admirables) danses de salon ; quasiement fini les chansons (excepté la superbe ‘Only when You’re in my Arms’ de Kalmar et Ruby) mais presque uniquement de la danse. Mais le plus grand changement provient des relations entre les deux personnages principaux qui ne sont plus forcément basées sur le sarcasme à la ‘Screwball’, le couple se ‘haïssant’ pendant tout le film pour mieux tomber dans les bras l’un de l’autre au final, mais sur une complicité et une tendresse inédite qui hausse le film vers quelques beaux pics d’émotion. En une petite heure et demie, H.C. Potter (surtout connu pour avoir réalisé le cultissime Hellzapoppin) nous livre un biopic sans prétention mais extrêmement bien enlevé (le réalisateur jouant de l’ellipse avec talent), correctement réalisé (avec de superbes idées de mises en scène comme ce plan d'ensemble très éloigné en contre plongée filmant les danseurs évoluer sur une carte géante des USA pour nous montrer leur parcours sur le continent) et oh combien charmant ! Plus de la moitié du film est consacré à la rencontre de ces deux ‘cabotins’ rêvant de danser, de leur coup de foudre mutuel (séquence de la demande en mariage à la fois drôle et touchante), de leurs galères avant de trouver le succès grâce à un ‘mécène’ féminin joué à merveille par Edna May Olivier (superbe la même année dans Sur la piste des Mohawks de John Ford) dans son rôle bien rôdée de femme acariâtre au grand cœur. Les dernières vingt minutes seront consacrées à l’entrée en guerre de l’Angleterre et aux conséquences qu’elle aura pour le couple. Au final, un film que l’on pourrait qualifier de plutôt routinier mais que le manque de prétention ne rend jamais indigeste et qui se révèle au contraire constamment plaisant grâce aussi aux séquences musicales toujours aussi délicieuses de par le génie de nos deux danseurs émérites, jamais ennuyeux grâce à un scénario bien écrit et qui file à 100 à l’heure ; même si Tavernier et Coursodon sont impitoyables avec lui, il est néanmoins permis de le préférer aux plus réputés Top Hat, Swing Time ou autres Shall we Dance. Une délicieuse comédie musicale !
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :
au fait as-tu reçu Mad Miss Manton, vu que tu chroniques les nouveautés EM ?
Je viens de le voir ce soir et franchement sa rareté peut se justifier ; il aurait pu aisément rester dans les cartons de la RKO :oops: Une comédie policière languissante et sans aucun suspense, inutilement emberlificotée, pas drôle une seule seconds (les tentatives de gags ou de bons mots tombant tous à plat), sans aucun intérêt, sans aucune saveur ni aucun charme, les deux acteurs principaux faisant ce qu'ils peuvent (à vrai dire pas grand chose) pour sauver les meubles. Pour tout dire, j'ai trouvé ce film franchement nullissime et même pas mis en scène !
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Re: Les Comédies musicales

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :
Cathy a écrit :
au fait as-tu reçu Mad Miss Manton, vu que tu chroniques les nouveautés EM ?
Je viens de le voir ce soir et franchement sa rareté peut se justifier ; il aurait pu aisément rester dans les cartons de la RKO :oops: Une comédie policière languissante et sans aucun suspense, inutilement emberlificotée, pas drôle une seule seconds (les tentatives de gags ou de bons mots tombant tous à plat), sans aucun intérêt, sans aucune saveur ni aucun charme, les deux acteurs principaux faisant ce qu'ils peuvent (à vrai dire pas grand chose) pour sauver les meubles. Pour tout dire, j'ai trouvé ce film franchement nullissime et même pas mis en scène !
Décidement tu n'aimes pas les comédies de ce style :fiou: :D , j'adore ce film et je n'avais qu'une hâte c'est qu'il sorte pour l'acheter. J'avais été déprimée de voir qu'il ne sortait plus aux USA que dans les Warner Archive alors qu'ils avaient prévu une sortie officielle !
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Cathy a écrit :
Décidement tu n'aimes pas les comédies de ce style :fiou: :D
S'il est vrai que ce n'est pas mon genre de prédilection, j'aime néanmoins beaucoup de films entrant dans cette catégorie, certains de la même époque signés Cukor, Hawks, McCarey, Leisen, La Cava, Lubitsch, Wilder, Sturges... Mais j'y trouve aussi pas mal de déchets dont ce film de Leigh Jason. Les comédies pas drôles, je ne connais rien qui m'ennuie plus. :oops:
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Re: Les Comédies musicales

Message par Cathy »

Jeremy Fox a écrit :
Cathy a écrit :
Décidement tu n'aimes pas les comédies de ce style :fiou: :D
S'il est vrai que ce n'est pas mon genre de prédilection, j'aime néanmoins beaucoup de films entrant dans cette catégorie, certains de la même époque signés Cukor, Hawks, McCarey, Leisen, La Cava, Lubitsch, Wilder, Sturges... Mais j'y trouve aussi pas mal de déchets dont ce film de Leigh Jason. Les comédies pas drôles, je ne connais rien qui m'ennuie plus. :oops:
Pour continuer dans le HS, je pense que l'humour est avant tout une question de ressenti personnel. Tu aimes visiblement l'humour du Bal des Sirènes, alors que je le trouve indigeste au possible, tu n'aimes pas It started with Eve, si j'ai bien compris, alors que j'ai trouvé cette comédie charmante et drôle, tout comme Mad Miss Manton. Il faut que je le revois et j'attendais avec impatience sa sortie, car j'en ai gardé un bon souvenir :oops: !
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