Les Comédies musicales

[Cathy]

Annie (1982) - John Huston



Adaptation cinématographique du comic racontant les aventures de la petite orpheline Annie adoptée par Olivier Warbuck, milliardaire

John Huston a voulu faire aussi sa comédie musicale et a donc adapté la bande dessinée mais surtout le musical de Broadway à la scène. Il bénéficie d'une très bonne musique avec de nombreuses chansons sympathiques ou emblématiques comme le fameux "Tomorrow" ! On pourra certes reprocher un côté un peu papy "vicieux" dans certaines prises de vues de "culottes" de petites filles ou même des trois femmes que ce soit la secrétaire du milliardaire, la directrice de l'orphelinat ou sa belle soeur ! On pourra aussi reprocher le survol final en "autocoptère" où la ville semble être celle actuelle ou alors fait trop maquette. Mais c'est du détail ! John Huston s'amuse aussi à rendre hommage aux grands numéros de girls dans "Let's go to the movie".
Le rythme est soutenu et on suit avec plaisir les aventures de la petite Annie et de son chien Sandy ! Albert Finney semble s'éclater en Daddy Warbuck, Ann Reinking crève l'écran, Caroll Burnett en fait des tonnes en directrice bourrée à longueur de temps, détestant les enfants qu'elle garde, mais cela passe. Quant à la petite Aileen Queen, elle est charmante en Annie, évitant le cabotinage souvent lié aux jeunes acteurs. Les autres jeunes interprètes sont très bien, et certaines ont des voix incroyables pour leur âge.
Annie est donc une comédie musicale absolument charmante, au charme suranné mais si agréable.

[Cathy]

Oliver ! (1968) - Carol Reed



Adaptation cinématographique de la comédie musicale de Lionel Bart sur les aventures d'Oliver Twist, jeune orphelin anglais au XIXème siècle.

Chef d'oeuvre, que dire de plus ! Oliver est un véritable chef d'oeuvre du genre. Carol Reed qui lui aussi veut signer sa comédie musicale réalise ici un film quasi parfait déjà sur le plan esthétique. Que dire de ces scènes aux dominantes grises et blanches du début à l'orphelinat avec juste un ou deux points de couleurs, ou des scènes plus colorées de Londres mais qui se ternissent dès que l'on arrive dans le repaire de Fagin ou à la taverne et enfin lumineuses et ensoleillées à Bloomsbury. Chaque scène est une merveille de composition à ce niveau-là, cette utilisation des couleurs, sans parler de la reconstitution minutieuse de Londres, de ses rues malfamées ou au contraire de ses squares ! Les prises de vue sont aussi un véritable plaisir pour tout amateur de cinéma, comme celle encore de l'orphelinat et ses rangées de gamins demandant à manger, la scène de l'enterrement et ce jeu de blanc, et noir, le grand solo de Nancy "As long as he needs me". Reed a su rendre à merveille cette atmosphère londonienne du XIXè siècle.
Quant au côté musical, la partition est un véritable bonheur et permet des tableaux joyeux aux nombreux participants comme "Consider Yourself" ou "Who will buy ?", les scènes avec Nancy ou Fagin comme "Oum Pah Pah", "I'd Do anything" ou "Pick a pocket or two", etc Les scènes s'enchainent comme dans le musical, beaucoup de chansons. Côté interprétation, Mark Lester (Oliver) est sans doute un peu limité au niveau jeu, et ses scènes sont plus liées à la présence certes lumineuse qu'à un véritable jeu, côté enfant Jack Wild crève l'écran en Dodger. N'ayant pas lu le roman de Dickens, je ne sais pas si le côté "caricatural" des personnages est souhaité par l'auteur ou si c'est la comédie musicale qui a accentué ceux-ci, mais Ron Moody est parfait en Fagin, le chef des pickpockets, qui aime finalement ses "enfants", Shani Wallis me semble plus à l'aise vocalement dans les chansons d'atmosphère que dans son grand solo où sa voix manque d'un petit quelque chose, Oliver Reed est détestable à souhait en Bill Sikes.
Oliver est réjouissant d'un bout à l'autre, malgré sa longueur et le fameux découpage en Ouverture, Entr'acte et Exit music. On sort de là heureux, triste que le spectacle soit déjà fini. Carol Reed a réalisé un travail magnifique sur ce film qui a largement mérité ses six Oscars dont celui du meilleur film, et du meilleur réalisateur, tant le film offre autre chose qu'une simple transposition cinématographique d'un succès de Broadway.

[Music Man]

Je partage totalement ton enthousiasme. J'ai découvert ce film tout petit et je l'aime toujourrs autant à chaque visionnage. Les chansons de Lionel Bart sont merveilleuses.

[Cathy]

Comme en ce moment, je suis dans un cycle visionnage grande comédie musicale post age d'or, j'ai eu un véritable coup de coeur pour Oliver, car non seulement la musique est bonne, les chorégraphies sont pleines de vie, mais il y a vraiment un travail esthétique sur le film qui m'a enthousiasmée, ces éclairages, ce jeu sur les couleurs, sur les tonalités des scènes, bref gros coup de coeur !

[Jordan White]

Argh, perso j'avais détesté la comedie musicale Oliver !.
Seule la première séquence chantée à la cantine m'avait enthousiasmé. J'ai trouvé le reste très long, très pénible, ultra caricatural et pesant. Comme c'est un DVD que Music Man m'avait prêté je ne l'ai évidemment pas jeté par la fenêtre, mais s'il avait été mien, il n'y aurait pas échappé...

J'exagère, mais ce n'est pas du tout ma tasse de thé. Et je ne trouve pas le film spécialement joli visuellement parlant et les chansons m'ont vite saoulé. Cela dit, une voix contre deux, vous l'emportez haut la main, Cathy et Music Man, mais sachez que si la bataille est perdue, la guerre n'est pas gagnée...lol.

[Cathy]

Comme je l'ai dit, il y a un côté caricatural dans le film, mais est-ce la comédie musicale ou le roman de Dickens. En tous les cas, j'ai beaucoup aimé, mais je comprends qu'on trouve le temps longuet par moment. Je dirai paradoxalement que c'est la première scène de la cantine que j'ai le moins appréciée, la chanson m'ennuyant quelque peu, mais le côté visuel ce jeu sur les beiges et les gris, un côté film noir et blanc avec quelques touches de couleurs m'a emballée.
Maintenant c'est vrai que ce style de comédie musicale, il faut tout de suite adhérer la musique pouvant être saoulante, car elle est très présente. Même si Carol Reed a réussi à en faire un véritable film grâce à ses prises de vues, cela n'en reste pas moins une adaptation de musical avec une succession de numéros coupés par des dialogues assez minimalistes !

[francesco]

Une voix de plus ! Moi j'ai été absolument conquis à la fois par la musique et par la mise en scène. Le réveil d'Oliver avec toute la rue qui s'anime m'a semblé être à la fois un sommet de chorégraphie et une démonstration d'un sens de l'espace et d'un souffle visuelle assez remarquable, mais, ce qui me concerne, toutes les scènes sont à citer. Par contre je comprends que si on apprécie pas à la base ça puisse devenir épuisant, parce que tout est basé sur une surenchère d'effets, d'images, de mélodies.

[Music Man]

Argh, perso j'avais détesté la comedie musicale Oliver !.
Seule la première séquence chantée à la cantine m'avait enthousiasmé. J'ai trouvé le reste très long, très pénible, ultra caricatural et pesant. Comme c'est un DVD que Music Man m'avait prêté je ne l'ai évidemment pas jeté par la fenêtre, mais s'il avait été mien, il n'y aurait pas échappé...

Tu me rappeleras ton adresse; Comme ça , je passerai de temps en temps sous ton balcon, pour récupérer quelques chefs d'oeuvre.

[Jordan White]

Argh, perso j'avais détesté la comedie musicale Oliver !.
Seule la première séquence chantée à la cantine m'avait enthousiasmé. J'ai trouvé le reste très long, très pénible, ultra caricatural et pesant. Comme c'est un DVD que Music Man m'avait prêté je ne l'ai évidemment pas jeté par la fenêtre, mais s'il avait été mien, il n'y aurait pas échappé...

Tu me rappeleras ton adresse; Comme ça , je passerai de temps en temps sous ton balcon, pour récupérer quelques chefs d'oeuvre.

Je te chanterai d'abord une saudade sur le bonheur perdu...

[Cathy]

Star (1968) - Robert Wise



Vie romancée de Gertrude Lawrence, vedette de musicals à Londres et à New York

La même année que Oliver, chef d'oeuvre absolu du genre, Robert Wise réalise une autre comédie musicale, au scénario original cette fois avec sa star Julie Andrews qu'il avait déjà fait tournée dans Sound of Music. Star est 'un biopic à l'ancienne alternant histoire de la vedette qui fut une des muses du musicien Noel Coward, mais vedette également de Cole Porter, ou George Gershwin.
La manière dont le film est réalisé est pourtant sympathique, déjà l'ouverture à la manière d'un musical avec ce rideau de scène où sont inscrites toutes les créations de Gertrude Lawrence (Oh Kay, Nymph Errant, Susan and God, Private Lifes, etc.) et aussi cette mise en scène où la vedette assiste à une évocation de sa vie sous forme "d'actualités" reconstituées. Le travail de Wise sur ces fameuses actualités est une magnifique reconstitution, le tout est naturellement mêlé aux souvenirs de l'actrice. Le premier problème qui peut expliquer l'échec de ce film est le peu d'empathie que suscite cette femme, même si Julie Andrews est une interprète exemplaire, aussi bien au niveau jeu que naturellement au niveau chant. La femme n'est pas sympathique, partagée entre tous ses amours et sa carrière.
L'autre problème est que le film est trop long et les numéros ne sont pas enthousiasmants, déjà les chansons de Noel Coward ne sont guère emballantes. Les extraits choisis sont souvent trop longs et bizarrement mis en valeur, l'extrait de Tonight at 8h30 est bizarre longue chanson puis extrait joué. Les meilleurs morceaux du film sont l'extrait de The Nymph Errant de Cole Porter ou les chansons de Gershwin "Do, do, do" ou naturellement "Someone to watch over me" sans oublier ce magnifique final de l'histoire de Jenny de Kurt Weill et Ira Gershwin avec son monde coloré du cirque. On entend aussi Limehouse blues qui avait été illustré à merveille par Minnelli dans Ziegfeld Follies.
Il n'y a rien à redire au niveau interprétation, notamment Daniel Massey est un magnifique Noel Coward à l'accent so "british", ou Richard Crenna campe un fort séduisant banquier.
Quelque part nous sommes dans une comédie musicale à l'ancienne ce qui a sans doute contribué à l'échec du film surtout que la mode était à l'adaptation des grands musicals de Broadway même si la reconstitution est très belle, l'utilisation de transparence déservant quand même quelque peu certaines scènes.

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Hello Dolly (1969) - Gene Kelly




Adaptation du musical racontant la rencontre d'un riche vendeur de graine et d'une entremetteuse qui va bouleverser sa vie ainsi que celle de ses employés

Si Star manque de numéros musicaux enthousiasmants, Hello Dolly souffrirait plutôt sur la mise en scène routinière de Gene Kelly. Si les scènes dansées sont particulièrement bien filmées, danseur oblige, le reste est assez plat. Barbra Streisand campe une Dolly Levi sans doute trop jeune pour le rôle, mais sa voix est particulièrement mise en valeur dans la chanson titre naturellement mais aussi dans le fameux "Before the parade". Elle est entourée de Walter Matthau séduisant dans son rôle de riche ronchon, mais aussi des fringants Michael Crawford et Danny Lockin, très bon danseur. La musique est particulièrement entrainante, et les numéros dansés fort bien exécutés. Malgré la mise en scène, le film n'en demeure pas moins très agréable !

[Ducdame]

Oliver ! (1968) - Carol Reed

Chef d'oeuvre, que dire de plus !

Je partage totalement ton enthousiasme.

Argh, perso j'avais détesté la comedie musicale Oliver !.

Vu il y a quelques mois déjà, je n'irai pas jusqu'à parler de détestation mais, quand même, il faut être lucide.

Avec le recul donc....j'oserai dire que hypertrophié et pachydermique sont les termes appropriés. Malgré une indéniable volonté de bien faire, il faut reconnaître que Reed et ses scénaristes ont échoué totalement à transcender/transposer l'oeuvre de Dickens. Quelques (très) rares scènes suscitent l'émotion, le reste est péniblement ennuyeux et appliqué. Partition et lyrics peuvent, si vous le voulez, séduire l'oreille; quant aux ballets, ils fleurent bon, par certains aspects, le meilleur de la chorégraphie soviétique .
On peut apprécier ce résultat plus indigeste qu'inégal, je n'en disconviens pas à condition que l'on reconnaisse la lourdeur du résultat, et qu'en aucun cas on ne pense à mettre cela sur le dos de Dickens.
Une comédie musicale on stage y trouverait peut être une substance, un film y perd une âme. Ce n'est pas rien ici.

Mais en tout état de cause, ceux qui s'installent devant l'écran doivent oublier impérativement que Carol Reed c'est aussi The Third Man et Odd Man Out.

[francesco]

Tout à fait lucidement nous sommes donc à trois contre deux !

Celui qui n'est pas avec moi/Olivier est contre moi/Olivier

[Cathy]

Je ne reviendrai pas sur mon coup de coeur sur Oliver, mais ta remarque sur le côté soviétique des ensembles m'a fait bondir. Là c'est l'amatrice de danse qui parle.

La chorégraphie ne sent absolument pas une soviétisation ! Effectivement si tu penses sovietisation, parce que les ensembles sont réglés au cordeau, c'est ce qui caractérise les deux écoles ! Par ailleurs connais tu vraiment la véritable chorégraphie soviétique qui n'est absolument pas de ce style, et étant très spectaculaire non par les ensembles qui ont toujours été l'apanage de la danse russe et française (il ne faut pas oublier que le plus grand chorégraphe russe est français) mais par des pas de deux aux portés à une main, à des acrobaties, etc. Justement il n'y a rien de tout cela dans Oliver, mais une chorégraphie des plus américaines ! On a le même style d'ensemble dans Hello Dolly, réglé au cordeau !

[Miss Nobody]

Ma soeur est du tonnerre – My sister Eileen

My sister Eileen est à l'origine une série de nouvelles autobiographiques publiées dans Le New Yorker dont une pièce de théâtre ne tarde pas à naître quelques années plus tard. En 1942, sa première adaptation cinématographique, avec Rosalind Russell et Janet Blair, est un succès et, bientôt, une comédie musicale reprenant l'histoire d'Eileen voit le jour sur les planches de Broadway. C'est alors qu'un remake musical est mis en chantier à la Columbia. Cependant, compte tenu de son prix élevé, le studio refuse de payer les droits de la prestigieuse partition de Léonard Bernstein parolée par Betty Comden et Adolph Green: le film sera alors mis en musique par Jule Styne et Léo Robin, deux artistes de moindre renommée (bien qu'à l'origine de la célèbre bande originale des hommes préfèrent les blondes) qui nous offrent malgré tout une série de chansons fort sympathiques.

My sister Eileen est une des rares comédies musicales mettant en vedette Betty Garrett, une excellente actrice dont le potentiel comique est ici magnifiquement exploité. Définitivement attendrissante dans le rôle de Ruth, elle ne peine pas à faire de l'ombre à sa partenaire Janet Leigh, pourtant irrésistible en belle ingénue. Elle forme par ailleurs un couple assez surprenant avec Jack Lemmon, cabotin mais charmant, qui pousse la chansonnette avec une voix de crooner que l'on ne lui connaissait pas.
L'intrigue du film est assez légère mais il en coule une certaine mélancolie mêlée de tendresse qui me l'a rendue particulièrement émouvante. Si l'histoire en tant que telle n'est pas très vraisemblable, la galerie de personnages qui la compose est très intéressante, car pourvue de multiples facettes où peuvent se refléter la « vraie vie ».
Une des grandes forces du film réside également dans l'étonnante fluidité avec laquelle les numéros musicaux sont intégrés dans l'ensemble. Mis en scène de manière sobre et appliquée, ils mettent très bien en valeur les chorégraphies du jeune Bob Fosse, tantôt dynamiques, tantôt délicates, mais toujours pleines de charme. Parmi les plus spectaculaires, on retiendra particulièrement l'impressionnant duel entre les deux prétendants d'Eileen (incarnés par deux danseurs exceptionnels, Tommy Rall et Bob Fosse lui-même) ainsi que l'excellent Give me a band and my baby dans le kiosque à musique. Enfin, il sera difficile d'oublier un numéro final totalement euphorique et surréaliste, où une armée de marins lubriques dansent une conga enflammée, qui préfigure assez bien les loufoqueries d'un Blake Edwards que l'on n'est pas surpris de retrouver au générique.

[Music Man]

TORRENTS DE DESIR de Law CHUN -HONG KONG - 1969
Avec Jenny HU, Chiao CHUANG

Un jeune homme richissime, noceur et alcoolique, se range en épousant une jeune fille dont son meilleur ami est épris en secret. Pensant être stérile, il devient fou quand sa femme lui apprend qu’elle est enceinte et la soupçonne de le tromper avec son ami.

Compte tenu de quelques jolis chansons venues émailler le film (un peu comme dans certains films de Bollywood), j’ai classé dans ce topic ce remake chinois d’Ecrit sur du vent, le chef d’œuvre de Douglas Sirk. Ici, on est en plein mélodrame flamboyant : l’image est incandescente et le début du film, filmé de façon assez originale, comme un tourbillon pour évoquer le débauche du héros, est de bonne augure. Mais très vite, le film s’enlise comme un médiocre soap opéra , interprété de façon ridicule. Angela Yu, futur star chinoise du film érotique (elle a d’ailleurs quelques scènes topless osées pour l’époque) est catastrophique dans le personnage de sœur débauchée si brillamment joué par Dorothy Malone dans la version d’origine.
Ici, les personnages n’ont aucune profondeur et on ne comprend pas bien pourquoi le jeune marié bascule dans la folie et sombre à nouveau dans l’alcool.
L’histoire a été remaniée : à la fin tout s’arrange , la jeune femme garde son bébé et son mari, raisonné par le médecin de famille, comprend son erreur et revient près d’elle. Un happy end qui vient rajouter un coté roman photo à 4 sous.
Coté chansons et musiques, le film est très occidental. Jenny Hu est fort joliment doublé par une soprano qui interprète entre autre un air classique du folklore napolitain en chinois et plusieurs ballades.