N'est-ce pas !
A la poursuite de l'étoile (Camminacammina - 1980)
Un astronome est témoin du passage d'une comète qui indique selon lui l'endroit où se trouve le futur roi des rois. Suivi par des croyants, il entame un long périple et croise bientôt deux autres confrères qui se dirige vers le même but.
Pas vraiment convaincu par cette variation (pas très variée) des rois mages. On peut se demander même pourquoi il n'est pas rester sur la naissance du Christ... Peut-être pour éviter un tournage à l'étranger ? Du coup, il faut se satisfaire une "reconstitution" médiévale qui m'a apparu anachronique (historiquement et géographiquement parlant).
Pourtant ça commençait bien avec la présentation de l'assistant de l’astronome, un enfant qui ne comprend pas pourquoi on doit sacrifier un agneau innocent pour faire plaisir à un Dieu qui n'en manifeste pas la demande. On s'attend alors à une relecture plus réaliste de cette épisode de la Bible mais ce parti pris ne mènera pas bien loin à mon gout malgré un humour qui égratigne certaines superstitions et lâchetés (la traversée du pont).
Une fois que le personnage central rencontre ses homologue, je me suis désintéressé de cette histoire qui ne raconte en fait rien. Le potentiel est pourtant bien là...sauf que Olmi ne va jamais au fond des choses et passent à côté de son sujet. C'est dans les 10-15 dernières minutes que des enjeux un peu plus riches laissent deviner ce que le projet aurait pu être avec ces "mages" qui ont finalement fait un voyage inutile, pour ne pas dire tragique puisque nombres de leur fidèles ont été assassinés par le Roi du pays qui voit ce futur leader d'un mauvais œil. La responsabilité de ce voyage et de ces conséquences inévitables était trop grandes pour leur épaules et ils s'en rendent compte trop tard.
Il est rageant qu'esquisser si tardivement cette vision originale... Mais peut-être était-ce le cas au début puisque Olmi proposa une version de plus de 4h à la télévision. Ce montage qui ne fut jamais exploité est désormais perdu semble-t-il.
Dans sa durée de 2h20, j'ai trouvé le temps bien long, l'approche fade sans parler d'une photo assez moche.
A la rigueur,
Personaggi fortemente sospettabili , petit reportage de 11 minutes réalisé par Olmi lui-même sur les crèches (et évoquant ce long-métrage) était plus bien riche, profond et abouti visuellement entre un discours politique sur rôles des rois mages et des tableaux vivants autour de la nativité où les petits automates étaient très bien mis en valeurs par de jolis mouvements de caméra.
La génèse : la création et le déluge (Genesi : La creazione e il diluvio - 1994)
Dans un groupe de nomades, un vieil homme raconte la création du monde
Cet autre autre évocation de la Bible est plus réussi mais je suis loin de trouver l'enthousiasme de NotBillyTheKid.
Le premier tiers celà dit est une belle réussite avec une nature magnifiée par une caméra très "Malickienne" (avant l'heure) pour de très beaux plans de nature, de paysages, de flore, de cours d'eau... La photo comme le cadrage illuminent les premiers moments du monde, tandis qu'une nouvelle fois chez Olmi le narrateur, son audience et son histoire se confondent dans un beau mouvement de grâce.
Après, ça se gatte beaucoup plus quand le "conte" se fait plus narratif et qu'on se contente d'énumérer les événements au coeur du texte religieux : Abel et Cain, Noé, le déluge. On est alors dans la simple illustration sans jamais définir les personnages, décrire leurs états d'âmes, leur psychologie et leurs sentiments. Pourquoi Cain a-t-il tué Abel ? Que ressent Noé à savoir que l'humanité va disparaître et qu'il doit gérer ce lourd héritage ? Bah, rien. On ne saura jamais. Ca ne devient alors qu'une jolie coquille vide où on trouve tout de même toujours une réalisation soignée et une volonté de rester réaliste avec un arche uniquement composé des animaux domestiques et un déluge qui restera hors champ... Pas de quoi éviter malheureusement un ennui plombant sur sa deuxième moitié.
Malgré ses défauts évidents, je préfère l'approche d'un Darren Aronofsky qui prend des risques quitte à se planter (en beauté).