Robert Altman (1925-2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Robert Altman (1925-2006)

Message par Alexandre Angel »

En tout cas, The Last Show (dont il faut se souvenir qu'il n'est que le titre français :roll: ) est un chouette point final. Pas tout à fait du niveau des Gens de Dublin (pour le déloger celui-là..) mais tout de même..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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manuma
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Re: Robert Altman (1925-2006)

Message par manuma »

Finalement, j'ai dû repousser la vision d'Images, mais l'échange mérite d'être replacé ici :
manuma a écrit : 1 déc. 23, 18:22 Je vais peut-être me laisser tenter par cet Altman que je traine depuis un moment (très fan du score de Williams déjà) :

Image
Alexandre Angel a écrit : 1 déc. 23, 19:01 C'est tout à fait marrant mais ce soir....je comptais écouter le score de John Williams dans le cadre de mon exploration du coffret The Legend.
Coffret qui me donne d'ores et déjà bien des satisfactions bien que Williams ne soit pas tout à fait mon compo préféré.
MJ a écrit : 1 déc. 23, 19:06 Image
Toujours bien, qd Altman s'intéresse à la schizophrénie... se retrouve peut-être indirectement dans le côté diffracté de ses films choraux.
EliWallou a écrit : 1 déc. 23, 20:08 En parlant d'Altman, j'hésitais à regarder son Buffalo Bill pour un autre regard sur l'histoire de l'amérique et des natifs après le Scorsese, mais il a l'air assez mal aimé…
Watkinssien a écrit : 1 déc. 23, 20:16
EliWallou a écrit : 1 déc. 23, 20:08
En parlant d'Altman, j'hésitais à regarder son Buffalo Bill pour un autre regard sur l'histoire de l'amérique et des natifs après le Scorsese, mais il a l'air assez mal aimé…
Ah bon?

En tout cas, c'est un Altman que je conseille.
Alexandre Angel a écrit : 1 déc. 23, 21:04 Et tu as bien raison.
Il n'y a aucun Altman à déconseiller : il y en a qui sont tordus, arides, pas vus ( :mrgreen: ), spéciaux, tout ce qu'on voudra.

Mais à déconseiller, certainement pas : c'est un cinéaste aventurier (et aventureux) qu'on ne perd jamais à fréquenter.
AtCloseRange a écrit : 2 déc. 23, 00:02
Alexandre Angel a écrit : 1 déc. 23, 21:04
Et tu as bien raison.
Il n'y a aucun Altman à déconseiller (...)
Soit tu n'as pas vu Beyond Therapy soit tu fais comme avec Woody de l'auteurisme aggravé.
Alexandre Angel a écrit : 2 déc. 23, 06:19 C'est vieux mais je crois que je l'ai vu.
Y a pas d'"auteurisme" chez moi et il ne s'agit pas de dire que tout se vaut chez les intéressés. Concernant Altman (qui est un cas différent de Woody Allen), je dis juste que le coup des films à déconseiller est une chimère à condition bien entendu de "goûter" à son style. Bien sûr, il y en a pour lesquels on a eu qu'un intérêt poli et on est pas obligé de tout aimer (Dr T et les femmes, c'est bof dans mon souvenir) mais si on étudie et si on s'intéresse au cinéma d'Altman, je ne vois pas en quoi on aurait raison de déconseiller tel ou tel film, comme si c'était une évidence. Un peu comme pour Boorman, on va orienter le néophyte vers les titres les plus célébrés, les plus évidents mais si il adhère, il peut aller explorer le reste.
Eliwallou a raison de dire que Buffalo Bill et les Indiens est mal aimé, mais ce n'est pas devant une croute, un nanar ou un naufrage qu'il va se retrouver mais devant un Altman qui contribue à enrichir la filmo.
C'est ça que je veux dire, plutôt que : "attention, auteur! Pas toucher!"

Quant à Woody Allen, oui, là, je serais plus radical. Au risque d'une certaine routine (c'est là que ça diffère), on a un ensemble parfaitement homogène dont on peut juste dire qu'il comporte des sommets, des périodes particulièrement riches mais qui ne démérite jamais du fait même de cette homogénéité.
Même To Rome With Love, qui est le plus routinier de tous les Woody Allen, n' a rien, mais alors rien d'un navet, d'un film à fuir. Je dirais que le seul Woody dont la greffe n'a jamais vraiment pris chez moi est Stardust Memories. Mais pour le reste, je l'ai déjà dit et je le redirais autant de fois qu'il le faudra, dire qu'il y a de mauvais Woody Allen équivaut à prétendre qu'il y a de mauvaises pièces de Marivaux, de Plaute ou de Goldoni et il n'y a que toi (même si ce n'est évidemment pas juste statistiquement :mrgreen: ) pour penser le contraire.
Je pense juste qu' Altman comme Woody Allen (pour ne prendre que ces deux exemples) sont deux très fortes personnalités artistiques qui expriment leur art sans détour, sans réelle compromission avec le système, et dans un contexte qui favorise, bon an, mal an, la liberté de créer.
Tout bien considéré, je suis peut-être "auteuriste" finalement.. ça tombe bien : j'ai affaire à des auteurs.
Assez d'accord avec Alexandre : Compliqué de déconseiller un Altman (et pourtant je n'ai pas du tout aimé son Buffalo Bill...)
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nunu
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Re: Robert Altman (1925-2006)

Message par nunu »

Pas déconseillé mais quand même Quintet est bien bancal, trop long et le jeu qui donne son nom au film est incompréhensible.
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Alexandre Angel
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Re: Robert Altman (1925-2006)

Message par Alexandre Angel »

nunu a écrit : 2 déc. 23, 07:54 Pas déconseillé mais quand même Quintet est bien bancal, trop long et le jeu qui donne son nom au film est incompréhensible.
Celui-là n'a pas bonne réputation et c'est vrai qu'il est austère, ésotérique. On pourra facilement le trouver chiant et prétentieux. Moi, je crois que je l'aime bien parce qu'il y a la photo de Jean Boffety, de beaux décors de Wolf Kroeger (L'Année du Dragon), un climat visuel qui se situerait quelque part entre Brueghel et The Thing, de Carpenter :mrgreen: , une prise de son soignée et incisive, une distribution excitante comme souvent chez le réal et enfin un ton allégorique qui rapproche ici Altman de quelqu'un comme Boorman.

Et j'ai pas trop pigé le jeu non plus.
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Thaddeus
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Re: Robert Altman (1925-2006)

Message par Thaddeus »

Bien vu, le rapprochement avec Boorman. Quintet, c'est le Zardoz de Robert Altman. Il traduit à sa façon, après l'avalanche de films-catastrophe, après Soleil Vert, l'angoisse de l'avenir et l'incertitude qu'engendre partout l'hypertrophie d'une machine technologique incontrôlable et l'intuition apocalyptique de la vengeance d'une nature anthropomorphe brisant le rythme des saisons pour s'enfoncer dans un interminable hiver. Il sent son an mil vu des plages californiennes. Le jeu que (comme tout le monde) tu ne comprends pas, Alexandre, constitue une activité austère aux règles sans cesse réinterprétables par le maître des parties (Fernando Rey). Ces joueurs qui préfèrent confier leur existence à l'arbitraire ne vivent plus dans la vie, mais dans une métaphore de la vie. La soumission aux caprices du hasard est poussée à un point tel que le désordre apparent est compensé par l'ordre des probabilités. C'est ce que Borgès a illustré dans La Loterie à Babylone où le narrateur dit : "J'appartiens à un pays vertigineux où la loterie est une part essentielle du réel". Dans leur infatuation, les joueurs de Quintet n'ont de rapports qu'avec des idées. C'est sans doute pourquoi le film est si mal-aimable, si ardu. Essex est un univers où les fées se taisent, un souvenir de l'âge d'or dont la survie est hypothétique. La technique d'Altman est brillante, la photo nimbée de givre piège le regard, mais la projection dans l'avenir des peurs et des fantasmes de l'auteur peut paraître un peu artificielle et gratuite. Ces personnages de partout et de nulle part, épaves de l'ère technologique habillés Renaissance, empruntant de-ci de-là des bribes de culture et des pans d'inculture, hésitent entre un âge de pierre hollywoodien et le casino de Divonnes-les-Bains, avec l'inévitable promesse de changement dans la continuité qu'apporte celui qui rompt avec un monde stérile et cherche une nouvelle frontière. Bref, un film pour le moins déroutant, déséquilibré et inabouti, mais assez stimulant pour qui aime les expériences "autres".
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nunu
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Re: Robert Altman (1925-2006)

Message par nunu »

Oui mais Zardoz à une chose que n'a pas Quintet, c'est Sean Connery en slip
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