Gordon Douglas (1907-1993)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

villag
Accessoiriste
Messages : 1951
Inscription : 24 févr. 08, 09:48
Localisation : la rochelle

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par villag »

Alphonse Tram a écrit : C'est ragant de constater qu'une telle négligeance s'éternise !

ça oui ...!
F d F ( Fan de Ford )
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

Chuka le redoutable ( Chuka - 1968 )
Image

Juste avant de parler des films vus à la cinémathèque, petit détour sur ciné classic avec un bon petit western tourné à l'économie mais que sa ( relative ) intelligence, son efficacité et sa noirceur rendent prenant.
Noirceur car le film se raconte en flash-back depuis le massacre d'un fort par une horde d'indiens ; l'enquête tentera alors de comprendre les raisons de ce bain de sang. Commence donc ce long retour en arrière qui critique ouvertement l'armée et le comportement des officiers qui laisse mourir de faim toute une tribu d'indien parce qu'ils n'ont reçu aucun ordre pour les aider. Cette famine sera bien sûr l'un des actes qui conduiront à l'acte final. Évidement un aventurier bourru et méprisé par les militaires tentera de les prévenir en vain.
Ce qui étonne dans ce film, c'est son côté désabusé voire crépusculaire : les militaires sont déjà d'anciens criminels ou déserteurs qui sont envoyés dans ce camp par punition, le responsable est un officier aveugle de ses erreurs qui n'hésite pas à user des indiennes comme objet sexuel, les ennemis sont abattus sans sommation, les indiens torturent et utilisent les cadavres des militaires comme pièges... Gordon Douglas se sert également des contraintes du tournage ( uniquement du studio en intérieur ) pour en faire un huit clos tendu qui aide aussi à rendre ce climat oppressant.
Il y à quelques brèves scènes d'actions qui parsèment le film et qui permettent à Douglas de prouver son efficacité ( un combat à mains nus qui se place parmi les meilleurs du genre et une fulgurante scène d'action au découpage très moderne où Rod Sterling saute à travers une vitre pour abattre deux d'indien embusqués ).
Tout ça amène à la bataille finale qui sans se hisser au niveau d'un Alamo tient encore parfaitement la route aujourd'hui et surprend encore par son pessimisme et sa violence.

Après, il y a toujours des choses dommageables ( personnages féminins un peu superflus ; les tentatives de nuancer l'officier tombe un peu à plat ; 2-3 longueurs ) mais ce Chuka demeure en effet bien redoutable.


Et donc pour cette rétrospective
Un fauve en liberté ( Kiss Tomorrow Goodbye - 1951 )

Un bon petit polar avec un James Cagney ENORME dans un nouveau rôle de dur à cuire tendance psychopathe. Il est une nouvelle fois impressionnant de charisme et d'animalité dans ce prisonnier qui dès échappé de prison recommence les cambriolages et décide de doubler un flic véreux. Il est la grosse attraction du film et transcende chaque chaque scènes où il apparait avec son comportement imprévisible entre l'immaturité rigolarde ( le passage au commissariat ) et les coups de sang ( la serviette humide ! ).
Un personnalité qui devait plaire à Gordon Douglas célèbre pour son sens de l'humour et son sadisme. Ici, les moments où Cagney ( et la mise en scène ) passe de la violence/tension à l'humour décontraction offre des scènes magistrales ( le casse déguisé en policier ; la fille de l'industrielle tentant de l'impressionner et la séquence géniale du jeté de café à la tronche ).
Après on sent que la censure a imposé plusieurs coupes car l'intrigue avec la fille Helena Carter est beaucoup trop décousue et abrupte pour fonctionner. Ca casse la narration et le donc le rythme à plusieurs reprises ce qui est loin de joueur en faveur du film qui commençait pourtant sur les chapeaux de roue avec une première demi-heure assez nerveuse.
Bon tout n'est pas non plus la faute de la censure car le principe de raconter l'histoire en flash-back depuis le procès des complices de Cagney est une bonne idée mais qui n'apporte strictement rien d'autant que l'acteur jouant l'avocat n'est pas crédible... Et c'est bien le seul, tous les autres étant excellent ( avec un Ward Bond en flic véreux détestable dès le premier plan ).

Pas le film du siècle mais un très bon film bien exécutée qui fut malheureusement projeté dans une copie bien usée ( du 16 mm même peut-être ) qui ne rendait à aucun moment hommage à la photographie.



Le rapt du rapide 5 ( Broadway Limited - 1941 ).

Si vous vous demandiez ce qu'un vaudeville pas drôle deviendrait dans un train, la réponse est : un vaudeville pas drôle. :mrgreen: :mrgreen:

Vous prenez donc une actrice célèbre, son ancien petit copain médecin que jalouse le réalisateur de l'actrice, vous rajoutez une secrataire et son petit ( bon imposant ) copain un chauffeur de locomotive et vous rajoutez un bébé kidnappé. Et voilà, vous obtenez un magnifique navet qui demeure plus drôle par la nullité de ses gags que pour leur réussite ( même si j'avoue avoir souri à quelques reprises ). Et puis les acteurs sont catastrophiques : Leonid Kinskey surtout devrait être montré dans les court de comédie pour montrer tout ce qu'il ne faut pas faire. En fait celui qui joue le mieux c'est le bébé qui est tout mignon. :lol:
C'est une production Hal Roach et c'est assez déprimant de voir le genre de truc qu'il pouvait produire à l'époque ;

Celà dit, la séance nous a offert avec un pote un formidable fou-rire qui risque de devenir culte et cela grâce au public gratiné de la cinémathèque. Il y a une scène bidon où le chauffeur de locomotive ( joué par Victor McLaglen - plutôt pas mal au passage ) tente de démarrer un train avec un vieillie locomotive. Il y a un mini suspens ( faut vraiment le dire vite hein ) : les roues patines, les wagons n'avancent pas, la locomotive crache la fumée et finalement le train avance tirant vaillamment son convoi tandis que McLagen sourit fièrement... Et là, on a eut une vieille qui transportée par l'intensité de la scène s'est mise à applaudir comme si la tension avait été digne du salaire de la peur :lol: :lol:


Harlow ( 1965 )

Cette biographie de Jean Harlow traine une réputation calamiteuse qui peut se comprendre quand on voit les libertés incroyables prises avec la vie de l'actrice mais qui en terme de fiction fonctionne plutôt bien.
Il y a un budget évident qui se voit à la l'écran avec une reconstitution luxueuse qui fait plaisir aux yeux. Il y a aussi le métier de Gordon Douglas qui livre un honorable travail ( certaines séquences sont excellentes comme le générique qui montre l'arrivée des employés au studio ) mais qui demeure très impersonnel loin d'un style plus reconnaissable qu'on pouvait trouver dans ses western de la même époque. Il y a enfin et surtout Carrol Baker ( qui retrouve Douglas après Sylvia ) qui est une nouvelle fois magnifique dans un rôle où son charme, son naturel et son physique font des merveilles.
N'étant pas très fan de Jean Harlow ( enfin pour les 2 films d'elle que j'ai vu :fiou: ), Baker me va totalement. :oops:
Ne connaissant pas non plus sa carrière et encore moins sa vie, cette adaptation de la biographie de son impresario Arthur Landau se regarde très bien si ce n'est ses problèmes de rythme inhérent au cinéaste ( qui tente très maladroitement de rendre hommage au slapstick au début du film ) et un aspect mélodrame parfois un peu trop poussé. Les acteurs sont en plus très bons dans leurs rôles, injectant ci et là suffisamment de complexité dans leur personnages pour qu'ils deviennent tous intéressant, surtout le personnage du beau-père. Les dialogues également sont plutôt pas mal surtout quand il évoque le cynisme roublard des producteurs, acteurs ou agents ( séquences assez drôles où le producteur déclare qu'il ne voit aucun désavantage à ce que sa vedette masculine épouse Harlow ).

Par contre, une fois renseigné sur la vie de l'actrice je comprend aisément pourquoi le film prend à eut un accueil si catastrophique : non seulement tous les personnages ( à part Harlow, Paul Bern et son impresario ) sont fictifs et s'inspirent plus ou moins de certaines personnalités mais surtout Jean Harlow n'a pas du tout connu cette vie sentimentale et sexuelle !!! D'ailleurs son mariage avec Paul Bern était en réalité sont 2ème époux ! :o
Le film fait également l'impasse sur certains de ses amants célèbres comme le fameux gangster Bugsy Siegel... Même sa mort n'a pas l'air d'être sa "vraie" :|
J'imagine que sa liaison avec Howard Hugues ( qui a inspiré le personnage Richard Manley ) encore vivant à l'époque a du compliqué beaucoup de chose mais les libertés sont quand même bien abusé... Même si je le répété en tant que tel, le film se tient relativement bien. :wink:
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

L'enquête ( Sylvia - 1965 )

Un homme sur le point de se marier engage un détective privé pour enquêter sur sa future jeune épouse dont il ne connait rien du passé.

Un scénario mince qui inquiète au début par une linéarité basique : le détective trouve une vieille connaissance de la fille qui lui raconte un moment de sa vie avant de lui donner le nom d'une nouvelle personne qui lui racontera à son tour un moment de sa vie avant de lui donner le nom d'une nouvelle personne etc... etc... En plus les premiers flash-back avec son actrice de 34 ans qu'on essaye de faire passer pour une ado de 15 ans sont proches du ridicule.

Pourtant, on se surprend à se prendre au jeu pour plusieurs raisons. D'abord pour la mise en scène fluide de Gordon Douglas qui parvient à enchaîner flash-back et investigation sans heurts. C'est pas forcément très original dans les procédés mais ça suffit à embarquer le spectateur. Il y a ensuite le choix d'une photo en noir en blanc qui devait être assez rare à l'époque et qui sert le film pour son climat un peu trouble et dérangeant ( le plan où Sylvia descent l'escalier après son viol est beaucoup plus puissant qu'il ne l'aurait été en couleur ).
Car oui, l'histoire est tout de même assez barrée : on y parle prostitution, viol incestueux, call girl, travesti, des sous-entendus lesbien sont réguliers... sans parler de la galerie personnages qu'on y trouve allant de d'alcoolique usée, à la stripteaseuse en passant pas le prêtre qu'on devine pédophile... Il y a beaucoup de chose comme ça qui ne sont pas dis clairement mais qu'on devine sans trop de difficulté. J'ai vraiment trouvé ça étonnant pour un film américain de cette époque ( Macadam cowboy n'arrivera que 5 ans plus tard ). D'autant plus surprenant que le film se met du coté de ses marginaux qui ne les jugent pas à l'inverse à de son "héros", un détective privé méprisant, hautain, cassant et cynique dont le jeu détaché ( presque absent ) accentue encore. Vu l'ambiance du film, j'ai envie de croire que celà est volontaire de la part de Douglas. En fait si on se place du pur point de vue du détective privé tout ce qui apparait comme des défauts ou des facilités se justifie : l'enchainement banale des événements et des flash-backs s'explique par le cynisme du personnage ( la narration de l'enquête devient d'ailleurs plus elliptique par la suite ), les visions ridicules de Baker à 15 ans se justifie par la manière dont le privé se l'imagine à cet âge... Tout celà n'est que supposition et il faudrait pouvoir voir le film une nouvelle fois pour savoir si cela se traduit dans le découpage et ou la photographie. J'ai envie d'y croire.

Dernier bon point qui rend le film toujours aussi original : sa science des détails. On trouve une multitude de petites choses qui encrent le film dans une réalité, presque un naturaliste qui rendent chaque scène très vivante et qui expliquent pourtant le film fonctionne et fascine autant. C'est détails simples mais utiliser harmonieusement et avec sobriété : un strip-teaseuse qui après avoir changé de costume met des lunettes car elle est myope, un petit enfant mexicain qui fait office de guide et qui possède un sacré tempérament ( scène vraiment drôle et pas gratuite du tout ), un me qui fait trop de bruit en mangeant, des enfants qui jouent pendant que le détective s'entretient avec un ami, la façon de parler d'un riche industriel du tracteur etc...
Il va sans dire que le seconds rôles y gagnent un profondeur et une justesse inhabituelle. Certains "intervenants" deviennent même très émouvants en quelques secondes ( souvent des personnages féminins au passage ) avec un visage qui exprime beaucoup de chose.

C'est une des grande force du film que de réussir à exprimer beaucoup de chose sans les dire. Il y a une scène d'une charge érotique incroyable qui est pourtant toute simple sur le papier : le détective discute avec la fille sur laquelle il enquête. Ils sont sur un manège de petit chevaux, il est debout tandis qu'elle est assise sur un cheval qui monte et qui descend. Le découpage et le rythme des dialogues évoquent la tension sexuelle entre les deux personnages sans que les dialogues l'abordent vraiment..
Cette manière également de mêler l'innocence, la pureté à des sentiments plus lubriques dira-t-on est aussi le cœur du film. Ca conduit bien-sûr à son actrice Carroll Baker qui est vraiment sensationnelle dans ce film et parvient à rendre crédible ce personnage de femme "pure" et cultivée qui se retrouve à se prostituer pour divers raisons. Elle livre une prestation délicate et difficile qui était nécessaire pour la crédibilité du film ( elle voulut s'impliquer dans la création de son personnage dès l'écriture mais les producteurs ne lui laissèrent choisir que les sacs à mains de son personnages ; rage de colère, elle les bazarda tous et du coup n'en porte que dans une seule scène :lol: )

Encore une fois, ce n'est pas parfait car aux quelques reproches que j'évoquais au début, il faut rajouter une fin trop précipitée et conventionnelle ainsi des flash-back inutiles qui tombent en plus à l'eau visuellement ( du moins à première vue donc )
Par contre, son climat, sa noirceur, sa sexualité dérangeante et son actrice marquent durablement et en deviendrait presque entêtant... C'est pour moi un film d'une immense richesse subversive dont l'apparente tranquillité narrative cache beaucoup plus qu'on pourrait croire... Je pense que ce n'est pas pour rien d'ailleurs si Mulholand Drive le cite explicitement ( le titre du film que le réalisateur tourne est le nom de Sylvia dans l'enquête )
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

Les rebelles du Missouri ( The Great Missouri Raid - 1951 )

Douglas s'attaque aux frères Frank et Jesse James dans ce western sans temps mort au rythme effréné. J'évoquais dans mes précédents avis mes doutes sur les capacités de Douglas à gérer le tempo de ses films et bien celui-là corrige admirablement bien le tir.
Les scènes font pratiquement toutes moins de 3-4 minutes et dans les 75% des cas, on y trouve de l'action : poursuite à chevaux, fusillades, attaque de train, de banques, guets-apens, trahison etc...
Ca va très vite et on pense parfois à l'efficacité d'un Raoul Walsh. On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer même si cette cadence ne permet pas de développer les personnages voire même de les rendre attachant. D'ailleurs les plus approfondis sont le méchant ( inquiétant Ward Bond ) et les personnages féminins qui doivent vivre dans la peur d'apprendre la mort des frères James. Ca donne par cette occasion une ouverture inhabituelle : les James et leur Gang sont au galop tirant à tout va. La musique tonitruante descend et on entend la voix mélancolique et grave de leurs mère qui anticipe leurs morts annoncés. Cet aspect tragique ne sera malheureusement pas assez bien exploité et l'émotion est donc relativement absente mais se fait plus présente sur la fin ( avec la fameuse mort de Jesse James ).
On n'est pas au niveau de celle de Fuller dans son 1er film mais elle demeure joliment fait d'autant que les seconds rôles sont régulièrement très bons ( finalement l'acteur le plus fade est Macdonald Carey qui joue Jesse James ).

La réalisation est vraiment carrée, net et sans bavure avec quelques cadrages virtuoses et un découpage qui sait donné du suspense et de la tension ( l'attaque du train est excellente ). Douglas n'hésite pas non plus à oser des ellipses courageuses. Cerise sur le gâteau la photo en technicolor est en plus pétaradante de couleurs magnifiques.

Un western qui file à 100 km/h quite à oublier en court de route l'aspect humain mais on a pas forcément le temps de s'en rendre compte.


Sur la piste des commanches ( Fort Dobbs - 1958 )

Nouveau western et nouvelle très bonne surprise. Si le précédent pouvait paraître plus impersonnel dans sa forme, on sent dans celui-là un vrai sens de la réalisation aidé par un scénario assez solide du spécialiste Burt Kennedy.
Sa première demi-heure est impressionnante avec sa quasi absence de dialogues ( qui ne doivent excéder les 2-3 minutes mis bout à bout ). La réalisation y est très précise et concise à la fois délivrant un minimum d'informations ( on ne sait pas qui est Clint Walker ni pourquoi il vient de tuer quelqu'un ) avec un réel sens du cadre. L'utilisation des paysages naturels est éblouissante, le cadrage réfléchis le noir et blanc solide mais la mise en scène n'est jamais démonstrative... elle est contraire d'un fluidité limpide qui fait que l'absence de dialogues ne choquent même pas. les situations font aussi qu'ils sont superflus, voire dangereux tout en étant symptomatique des relations tendus entre les personnages ( la communication est presque le thème central du film ).
C'est très fort pour ne pas dire implacables ( l'arrivée dans le ranch de Virginia Mayo, l'attaque des indiens et la fuite est un modèle de mise en scène ).
Les choses se tassent un peu par la suite mais demeure brillantes, le cavenas et les évènements sont justes un peu moins originaux avec des ficelles un peu grosses mais la rigueur est toujours là. Douglas en profite pour caser de temps en temps sa science du détail qui caractérise tout de suite une scène ( le gosse et son fusil ou le cynisme tranquille de Brian Keith ). Et puis le rythme est toujours maitrisé.
Le dernier tiers qui est le plus spectaculaire est aussi le plus classique et donc le moins surprenant ( le fort assiégé par les indiens ) mais comme d'habitude c'est toujours bien foutu et Douglas commence à esquisser ses futures plans signatures ( des panorama rapides qui suivent un projectile jusqu'à sa cible pour des morts violentes ).
Le gros défaut du film vient en fait de Clnt Walker dont c'est le premier vrai rôle au cinéma. Il n'est pas à l'aise du tout et son jeu est plus que limité. On devine que l'absence de dialogues est une solution pour palier son jeu d'acteur mais il a du mal à s'en sortir tout de même.
Et finalement tant mieux car ce premier tiers est vraiment une petite leçon de mise en scène qui confirme que le réalisateur est loin d'être un vulgaire tacheron et qu'il peut être plus qu'un simple artisan.

Et puis si ça suffisait pas, Mayo et Keith sont géniaux et la musique de Steiner est très inspirée.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

Le Trésor des sept collines ( Gold of the Seven Saints - 1961 )

Encore un très bon western qui se place cette fois sous le signe de la décontraction et de l'humour. Le duo formé par Roger Moore et Clint Walker est très rafraichissant et sympathique. C'est surtout Clint Walker qui impressionne : en comparaison avec sur la piste des commanches ( plus jeune de 3 ans ), c'est le jour et la nuit. L'homme a acquit un présence à l'écran des plus charismatiques en même temps que son jeu n'est considérablement amélioré. :D

Walker et Moore sont donc deux trappeurs qui tombent par hasard sur une mine d'or. Alors qu'il ramène tant bien que mal leur précieux ( et lourd ) chargement, ils réalisent qu'ils sont suivis par des brigands.

C'est parti pour une espèce de course poursuite nonchalante pratiquement molle de 90 minutes. Aucune longueur pourtant grâce au scénario qui relancent toujours la machine par des situations variés, l'apport de nouveaux personnages et un humour amorale. On ne se prend pas forcément au sérieux mais on n'exclut pas non plus les pointes de sadisme ou de violence. L'excellente séquence d'ouverture annonce d'ailleurs cette tonalité qu'affectionne tant le réalisateur avec en plus une virtuosité plastique réjouissante : La photo en noir et blanc est magnifique et la réalisation d'un précision exemplaire. C'est fluide, léché et millimétré.
La suite est pratiquement du même tonneau si ce n'est que la photo est moins contrastée, la chaleur du soleil et du désert devenant aveuglant. Mais la mise en scène est toujours aussi classe avec des plans qui mettent parfaitement en valeur les paysages monumentaux que traversent les personnages. Le genre de film qu'on reverrait de voir en blu-ray. :wink:

On suite donc avec un plaisir évident les mésaventures des 2 chanceux malchanceux qui s'offre une petite pause chez des bandits mexicains qui ralentit un peu l'histoire mais offre quelques seconds rôles très haut en couleurs qu'on gardera jusqu'à la fin, elle aussi ironique et drôle qui en fait un peu le penchant léger du trésor de la Sierra Madre dans ce qu'elle dit de la corruption de l'or sur les individus ( la dernière réplique du chef mexicain est excellente )

Du tout bon 8)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Jack Carter
Certains l'aiment (So)chaud
Messages : 30357
Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Localisation : En pause

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par Jack Carter »

merci de ces compte-rendus, Bruce :)

si seulement j'etais parisien.... :twisted: :mrgreen:
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

Bilan de la semaine
Feu sur le gang ( Come fill the cup - 1951 )

James Cagney est un journaliste rongé par l'alcoolisme. Sa maladie lui fait perdre son travail, sa copine et bientôt sa dignité. Après son hospitalisation forcée, un autre alcoolique qui n'a plus bu depuis des années le prend sous son aile pour l'aider.

Voilà l'histoire de la première demi-heure excellente. Cagney y est une nouvelle fois génial loin de son image d'homme dur de ces polars ou de ses comédies frénétiques. Il tremble, déambule, à le regard perdu, les habits en loques, la barbe d'une bonne semaine dans une interprétation excellente qui n'a pas trop vieillie.
C'est en plus bien écrit ( joli laïus sur les raisons qui poussent à boire ) et filmé avec quelques bonnes idées comme ce travelling arrière qui vient enfermer Cagney entre les bouteilles d'un bar ( et avant qu'une autre bouteille vienne remplir tout le champ ). Vraiment pas mal et on s'étonne même qu'un tel film ait été écrit à l'époque et on attend de voir comment va évoluer la suite.
Et bien malheureusement, à cause de la volonté du studio, cette suite devient beaucoup plus classique où le thème de l'alcoolisme ne devient plus qu'un vague McGuffin prétexte à une idiote intrigue de gangsters qui n'a l'air de motivé personne sur le tournage : les acteurs sont des caricatures de mafieux ritals et le dénouement est expédié en 3 coups de cuillères à pots sans aucune crédibilité.
On rajoute par dessus ça une histoire d'amour sans grande surprise ( mais plus crédible ) et on obtient un résultat d'autant plus frustrant que la mise en scène de Douglas manque cruellement de punch. C'est bête car quand il s'en donne la peine, ça peut-être très fort comme ce travelling qui passe de Cagney dans la rue à un gros plan d'un rétroviseur où l'on voit le visage d'un tueur.
Le rythme peine surtout de sa construction en 3 parties qui se complètent pas bien du tout et qui deviennent de moins en moins réussies. Le tiers central dont je n'ai pas encore parlé tourne autour du neveu alcoolique du patron que Cagney doit aider à son tour dans son sevrage. Il y a la aussi de bonne piste ( maladie dont on ne guérit jamais ; peur de replonger ; les raisons qui poussent à boire ; impuissance des proches etc... ) mais déjà à ce moment, le traitement est superficiel.

Reste donc le premier tiers, quelques seconds rôles bien choisis ( les anciens alcooliques sont excellents ) et James Cagney... Ca fait plutôt un verre à moitié vide qu'un verre à moitié plein. :?
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

The fiend who walked the west ( 1958 )

C'est une intéressante transposition du Carrefour de la mort dans l'univers du Western qui semblait tout indiqué pour Gordon Douglas et son goût du sadisme.
Ici il se fait en effet plaisir avec quelques scènes cruelles que son sens de l'humour noir met bien en valeur. Robert Evans qui joue le rôle du psychopathe tenu par Richard Widmark dans la première version est par contre plus gênant. D'un coté son physique et son comportement correspondantes bien au personnage mais d'un autre coté son jeu est parfois trop outré, grimaçant et exagéré.
En face de lui les autres acteurs sont en revanche très bon à commencer par Hugh O'Brian qui impose sa carrure imposante de fermier qu’on n’a pas envie d’emmerder ( quand il donne une beigne, ça a l’air de bien claquer ).
Quoiqu’il en soit la série de face en face entre Robert Evans et ses partenaires donnent régulièrement lieu à des scènes assez tendus et oppressantes où la folie et la violence du tueur font impression à chaque fois ( j’ai beaucoup aimé le coup de l’arc et du brassard noir ). A part le coup de l’escalier, je ne me rappelle plus la version Hathaway mais j’ai trouvé qu’ici ça allé tout de même assez loin ( voire les conséquences de la visite de Evans à Linda Cristal )

Niveau mise en scène, l’ouverture est une nouvelle fois très efficace avec son cambriolage quasiment silencieux. Dans l’ensemble, le film est soigné ( la photo en noir et blanc est solides, le sens de l’espace bien gérer ) mais comme d’habitude, le rythme est inégal et manque de concision… ( sauf sur les facilités et incohérences qui sont éludés rapidement, ce qui est plutôt une bonne chose :mrgreen: )
Mais ça se laisse bien suivre
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

So this love ( 1953 )

Une biographie de la chanteuse Grace Moore qui a l'air bien plus rigoureuse que celle de Harlow :mrgreen:

Pour ceux qui ne la connaisse pas ( comme moi avant ce film :P ), Grace Moore fut une célèbre artiste de Music Hall et de comédie musicales à Broadway dans les années 20-30 qui réussi à dépasser les restrictions d'étiquettes pour devenir l'une des plus célèbres chanteuse d'opéra ( ce qui popularisa grandement le genre via les quelques films qu'elle a tourné ). So this love s'attache à décrire sa jeunesse jusqu'à son moment de gloire : la première de la Bohème au Metropolitan Opera à New-York en 1928. Le film n'évoque donc pas son décès tragique dans un accident d'avion en 1947 à 48 ans.

Et bien, c'est plutôt un bon film !
Le titre est assez mensonger car d'amour il n'en est pas vraiment question car Grace Moore semble plutôt avoir sacrifié beaucoup de chose pour le chant qui était véritablement sa raison d'être. Il y a donc bien 2 sous-intrigues avec des hommes mais ils disparaissent malgré eux derrière son ambition. Une des forces de l'histoire est de ne pas tomber dans le mélo et de rester très sobre sans jamais jouer du pathos ( voir la joli et simple scène où elle abandonne son fiancé et sa colocataire pour partir à une audition ). Si amour, il y a c'est donc avec l'opéra. Et on la ressent très bien cette passion. N'étant pas forcément fan du genre, toutes les chansons - et elles sont nombreuses - passent admirablement bien même si bien sûr elles sont assez similaires et que la mise en scène est très proche d'une scène à l'autre ( genre le gros plan exalté de visage légèrement de profil Kathryn Grayson en train de chanter ).
A noter qu'une des chansons est suivi d'un ballet extraordinaire entre un homme et une femme. 3-4 minutes d'une beauté stupéfiante qui n'a d'égale que la grâce de ses danseurs et la virtuosité de la chorégraphie. Rien que pour cette scène, le film est à voir ( je précise aussi que les scènes "musicales" ne semblent pas être réalisé par Douglas ).

Le film évoque donc plus les difficultés de Grace Moore à s'imposer sur la scène : sa famille qui lui prévoyait une vie classique de femme au foyer ; problème d'obtenir des auditions, un grave problème de santé qui faillit lui coûter sa voie ( qui semble être non romancé ), les préjugés de la profession de l'opéra qui voyait mal une fille du musical hall s'introduire dans leur univers etc...
La volonté et la force de Grace Moore sont d'autant plus admirables que la société de l'époque était encore très machiste et le film par certain aspect en fait une pionnière de l'émancipation féminine sans que celà soit véritablement dit. Toujours est-il qu'on trouve de nombreuses femmes "modernes" dans les seconds rôles ( sa tante ou la colocataire peintre ).
Les acteurs sont excellents et confirment que Gordon Douglas sait être un parfait directeur d'acteurs.
Sa réalisation n'est pas toujours au top ( comme je disais, c'est parfois répétitif ) mais il lui arrive d'être inspiré comme l'ouverture en caméra subjective et la représentation de la Bohême qui est merveilleusement découpé... Et puis bon, le technicolor de l'époque ça claque toujours :D

Agréable petite surprise donc qui est disponible dans la collection warner de sa race :evil:
Image
Dernière modification par bruce randylan le 23 janv. 10, 12:07, modifié 1 fois.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

The Nevadan ( 1950 )

Un petit western de série B bien plaisant à défaut d'être révolutionnaire.

Randoplh Scott y joue un fringuant voyageur qui se retrouve à suivre un bandit qui sait où de l'or est caché ( ce qui n'est pas sans créer quelques envieux ). Evidement quand on connait Scott on devine qu'il n'est pas ce qu'il prétend être et qu'il est forcément du côté de la justice.
Mais ce ( faux ) trouble sur son identité est l'occasion de lui faire croiser plusieurs personnages moins ambigus. D'où des dialogues plus riches en sous-entendus avec des double-sens que les sous-titres français peinaient à traduire ( le "hanging around" par exemple ). Les seconds rôles y gagnent tout coup en épaisseur avec la touche de caractérisation typique de Douglas ( un personnage féminin assez peu passif ; la black qui revend les affaires des mauvais payeurs etc... ). Les acteurs sont en plus à l'aise et naturel ce qui donne un aspect assez vivant à ce western par ailleurs violent pour son époque.
Ca doit être le plus vieux western que je connaisse où l'on voit les impacts de balles sur les victimes ( genre, une tache rouge que se prend un acteur au milieu du front )... La aussi on nage dans l'imagerie sanglante de Douglas qui emballe une ouverture sympatoche et pratiquement muette mais surtout un final des plus stimulant en 2 actes.
Le premier est une fusillade à l'entrée de la mine qui est efficacement cadré et le second est un spectaculaire combat à mains nues dans la mine en train de s'écrouler. L'effet est très original, visuellement impressionnant et plein de suspens.

Un petit western de série B bien plaisant à défaut d'être révolutionnaire histoire de me paraphraser quoi ! :)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

The Doolins of Oklahoma ( 1949 )

Après la mort du Gang Dalton, le seul survivant Bill Doolin devient à son tour traqué injustement pour meurtre. Pour survivre, il monte son propre gang.

Le film a beaucoup de point commun avec Les rebelles du missouri tourné 3 ans plus tard. Le gang de outlaws qui pille banque et train, les femmes qui vivent dans l'attente de leur retour, les marshall qui les pourchassent sans relâche... La mise en scène annonce d'ailleurs les rebelles du missouri ( les James sont même cités au début ) avec ces travelling nerveux qui suivent le Gang en plein chevauchée ). La grosse différence est que dans Doolin le ton est plus romantique que tragique.
La vie de Bill Doolin appartient à la dimension romantique de l'ouest américain : c'est un criminel malgré lui qui refuse la violence quand elle n'est pas nécessaire et qui tente de trouver le rédemption par l'amour avant que son passé ne le rattrape.
Le schéma est plutôt basique mais c'est bien raconté et contrairement au frères James, on s'attache réellement aux personnages. En prenant le temps de les développer, Douglas n'a pas le même même rythme trépidant mais il demeure toujours très soutenu avec quelque bons morceaux de choix : Poursuites en cheval dans des canyon où les bandits de séparent les uns après les autres, diverses attaque de banque, fusillade en pleine ville, chevaux en furies, bagarres etc... Tout ça est bien exécutés par le réalisateur qui sait une nouvelle fois se montrer à l'aise dans sa occupation de l'espace.
Mais comme je disais, l'aspect romantique marche tout autant avec de joli moments entre Randolph Scott et sa femme. D'ailleurs les femmes sont là encore plus mature en général que les hommes et n'hésitent à prendre part à l'action sans forcément prendre les armes. Le scénario offre en tout cas des personnages assez justes dont le comportement est tout a fait crédible ( certains sont caricaturaux comme la fille qui veut absolument se battre mais ils sont rares ). J'ai beaucoup aimé la relation entre Scott et son beau père et de manière général les acolytes de Scott qui sont en plus parfaitement interprétés avec cet aspect haut en couleur cher au réalisateur ( dont on retrouve aussi un certain réalisme dans la violence avec impacts de balles sur les corps et les décors ).

La fin prévisible et moins logique que le reste de l'histoire inscrit évidement Bill Coolin / Randolph Scott comme une figure mythique de la légende américaine en prenant vraisemblablement de nombreuses libertés avec la réalité. Mais comme l'émotion du couple fonctionne, on marché également.

A noter que Budd Boetticher en fera une autre adaptation avec à feu et à sang ( the Cimarron Kid ) en 1951 mais sans Randolph Scott.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

La flèche noire ( the black arrow - 1948 )

Un petit film d'aventures qui est presque un décalque de Robin des bois ( dont Douglas tourna une version en 1950 ).
Rien de franchement exceptionnel ici avec tous les ingrédients du genre : retour de guerre, complots, trahison, histoire d'amour, duels à l'épée, traquenard dans les bois, déguisement, personnages secondaires humoristiques, passages secrets etc...
Sans être mémorable ça se laisse regarder avec tout de même un sentiment de passivité... Ca vient autant d'un scénario basique qui ne ménage pas les facilités capilotracté ( les gentils se costument 3 fois en prêtre pour duper leurs rivaux ! :blink: ), que des personnages - et d'acteurs - sans relief ou d'une mise en scène pas toujours engageante.
Les scènes d'actions sont correctes quoique peu nombreuses mais le final laisse un bon souvenir avec une brutalité peu commune où le héros se fait bien défoncer par une massue.

Comme d'habitude la duré de 78 minutes joue plutôt en sa faveur. Correct et divertissent mais oubliable.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99654
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par Jeremy Fox »

Image

Chuka le redoutable (Chuka - 1967) de Gordon Douglas
PARAMOUNT


Avec Rod Taylor, Ernest Borgnine, Luciana Paluzzi, John Mills
Scénario : Richard Jessup
Musique : Leith Stevens
Photographie : Harold E. Stine (1.85 Pathecolor)
Un film produit pour la Paramount


Sortie USA : 23 juillet 1967


1876. Les indiens souffrent de la famine d’autant que le gouvernement américain ne leur apporte aucune aide. Pour survivre ils ne leurs restent plus qu’une solution, attaquer les fortins isolés pour s’approprier de la nourriture. Chuka (Rod Taylor), un aventurier, fait route vers le fort commandé par le Capitaine Valois (John Mills), un homme impitoyable qui refuse de faire évacuer ses soldats et les quelques autres résidents –dont deux femmes arrivées ces derniers jours avec Chuka- au risque de les faire tous massacrer. Chuka, pour essayer d’en sauver une poignée, reste auprès de cet officier borné en espérant réussir à fuir avec quelques uns avant l’arrivée imminente des indiens...

"Ce remake inavoué de Only the Valiant témoignait d'un lyrisme nostalgique, d'une puissance et d'une invention rares chez Douglas. A peine handicapé par le manque de moyens, il ne se contentait pas de mettre en valeur un scénario mais imposait un ton dont l'efficacité évoquait les Walsh de la Warner et arrachait à bout de bras plusieurs séquences qui compte parmi les meilleures qu'il ait tourné". Cette dithyrambe sur Chuka, on la trouve sous la plume de Bertrand Tavernier dans son 50 ans du cinéma américain, l'historien-cinéaste réitérant peu après son envie de faire redécouvrir ce western dans son non moins imposant Amis américains. Les plus curieux qui souhaiteraient avoir un avis pourront donc se tourner vers ces déclarations enflammées en ayant également en tête que bien d’autres amateurs du genre en pensent aussi beaucoup de bien.

Pour ma part, en lisant cette notule, j’ai juste l’impression de ne pas avoir vu le même film. A commencer par "à peine handicapé par le manque de moyens" qui au contraire pour moi fut un élément totalement rédhibitoire qui pourrait être en grande partie la cause de mon rejet. En effet, la laideur des décors ultra-fauchés ainsi que des éclairages mis en place avec la plus totale incompétence –avec ces ombres qui viennent de tous côtés- n’ont probablement pas aidé à me faire m'immerger dans ce huis-clos d’une grande noirceur due à une situation 'claustrophobique' et à une galerie de personnages tous plus ou moins frustrés et psychologiquement perturbés, que ce soit le capitaine ayant perdu sa virilité lors d’une guerre au Soudan ou cet autre officier qui utilise les prisonnières indiennes comme objets sexuels. Le tout, très bavard –avec par exemple d’interminables séquences de beuverie-, fait beaucoup trop artificiel et théâtral d’autant que les dialogues s’avèrent assez quelconques, que les personnages féminins n’apportent pas grand-chose à l’intrigue et que les comédiens ne sont pas tous forcément convaincants à commencer par un James Whitmore que l’on a connu plus inspiré.

De belles idées disséminées ici et là comme celle du commandant qui se félicite d’avoir deux dames à sa table avec qui il va enfin pouvoir entamer une conversation digne de ce nom, ou encore la manière qu’à Rod Taylor –assez charismatique d'ailleurs- de tuer sans sourciller, une attaque indienne finale assez rude et somme toute plutôt efficace –contrairement au long combat à poings nus entre Rod Taylor et Ernest Borgnine qui ne m’a pas semblé si bien réalisé que ça- et le visage absolument magnifique de la James Bond Girl de Thunderball, Luciana Paluzzi, pour un ensemble que je trouve malheureusement –et contrairement à Bertrand Tavernier- dénué de lyrisme, de puissance et d’invention. Le tragique nihiliste de cette situation que l’on sait d’emblée désespérée et ce rude côté pro-indien qui annonce l’étonnant Fureur Apache (Ulzana’s Raid) de Aldrich auraient pu me plaire ; la faiblesse des moyens, une écriture qui manque de rigueur, une musique ininterrompue assez pénible et le manque de dynamisme de la mise en scène m’en ont empêchés.

Dans la filmographie westernienne très inégale de Gordon Douglas, je préfère me souvenir du superbe et méconnu The Doolins of Oklahoma (Face au châtiment), du doux The Big Land (Les Loups dans la vallée) ou du très efficace Fort Dobbs (Sur la piste des Comanches). Le reste m’inspire beaucoup moins mais je compte encore sur Barquero pour espérer terminer sur une note positive avec Gordon Douglas qui, en cette même année 1967, aura néanmoins réalisé l’un de mes polars préférés, le réjouissant, ensoleillé et nonchalant Tony Rome.
Avatar de l’utilisateur
Jack Carter
Certains l'aiment (So)chaud
Messages : 30357
Inscription : 31 déc. 04, 14:17
Localisation : En pause

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :Alléchant tous ces comptes rendus. Si certains éditeurs DVD pouvaient avoir l'idée de les lire...

Hâte de connaître ton avis sur Young at Heart et Les loups dans la vallée s'ils sont prévus à ton programme et de voir les notes attribuées par Jack Carter aux deux jouissifs Tony Rome 8)
je pense me faire un petit quinté Douglas dès que Rio Conchos sortira debut mars, avec les deux Tony Rome, Fort Dobbs, et Les Loups dans la vallée, vus sur TCM il y a 3 ou 4 ans, dont j'ai oublié la premiere vision (je leur avais mis la moyenne à l'epoque mais les liens films du mois 2005-2006 ont disparu) :oops:

bien aimé Chuka, vu recemment, j'en pense à peu pres la meme chose que bruce :wink:
Image
The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Gordon Douglas (1907-1993)

Message par bruce randylan »

Jeremy Fox a écrit :Hâte de connaître ton avis sur Young at Heart et Les loups dans la vallée s'ils sont prévus à ton programme et de voir les notes attribuées par Jack Carter aux deux jouissifs Tony Rome 8)
Avec le cycle Toei à la Maison de la Culture du Japon, je vais devoir faire l'impasse sur plusieurs Douglas :(
young at heart en fait partie mais j'ai vu qu'il existe dans plusieurs coffrets dont celui-là mais je n'arrive pas à savoir s'il y a bien des sous-titres français. Si quelqu'un le sait d'ailleurs.
Image.

Les loups dans la vallée, je vais essayer de me le faire mais ça va être chaud. :|

J'attends déjà samedi pour découvrir I was a communist for the FBI et fort invincible
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Répondre