Chuka le redoutable ( Chuka - 1968 )
Juste avant de parler des films vus à la cinémathèque, petit détour sur ciné classic avec un bon petit western tourné à l'économie mais que sa ( relative ) intelligence, son efficacité et sa noirceur rendent prenant.
Noirceur car le film se raconte en flash-back depuis le massacre d'un fort par une horde d'indiens ; l'enquête tentera alors de comprendre les raisons de ce bain de sang. Commence donc ce long retour en arrière qui critique ouvertement l'armée et le comportement des officiers qui laisse mourir de faim toute une tribu d'indien parce qu'ils n'ont reçu aucun ordre pour les aider. Cette famine sera bien sûr l'un des actes qui conduiront à l'acte final. Évidement un aventurier bourru et méprisé par les militaires tentera de les prévenir en vain.
Ce qui étonne dans ce film, c'est son côté désabusé voire crépusculaire : les militaires sont déjà d'anciens criminels ou déserteurs qui sont envoyés dans ce camp par punition, le responsable est un officier aveugle de ses erreurs qui n'hésite pas à user des indiennes comme objet sexuel, les ennemis sont abattus sans sommation, les indiens torturent et utilisent les cadavres des militaires comme pièges... Gordon Douglas se sert également des contraintes du tournage ( uniquement du studio en intérieur ) pour en faire un huit clos tendu qui aide aussi à rendre ce climat oppressant.
Il y à quelques brèves scènes d'actions qui parsèment le film et qui permettent à Douglas de prouver son efficacité ( un combat à mains nus qui se place parmi les meilleurs du genre et une fulgurante scène d'action au découpage très moderne où Rod Sterling saute à travers une vitre pour abattre deux d'indien embusqués ).
Tout ça amène à la bataille finale qui sans se hisser au niveau d'un
Alamo tient encore parfaitement la route aujourd'hui et surprend encore par son pessimisme et sa violence.
Après, il y a toujours des choses dommageables ( personnages féminins un peu superflus ; les tentatives de nuancer l'officier tombe un peu à plat ; 2-3 longueurs ) mais ce
Chuka demeure en effet bien redoutable.
Et donc pour cette rétrospective
Un fauve en liberté ( Kiss Tomorrow Goodbye - 1951 )
Un bon petit polar avec un James Cagney ENORME dans un nouveau rôle de dur à cuire tendance psychopathe. Il est une nouvelle fois impressionnant de charisme et d'animalité dans ce prisonnier qui dès échappé de prison recommence les cambriolages et décide de doubler un flic véreux. Il est la grosse attraction du film et transcende chaque chaque scènes où il apparait avec son comportement imprévisible entre l'immaturité rigolarde ( le passage au commissariat ) et les coups de sang ( la serviette humide ! ).
Un personnalité qui devait plaire à Gordon Douglas célèbre pour son sens de l'humour et son sadisme. Ici, les moments où Cagney ( et la mise en scène ) passe de la violence/tension à l'humour décontraction offre des scènes magistrales ( le casse déguisé en policier ; la fille de l'industrielle tentant de l'impressionner et la séquence géniale du jeté de café à la tronche ).
Après on sent que la censure a imposé plusieurs coupes car l'intrigue avec la fille Helena Carter est beaucoup trop décousue et abrupte pour fonctionner. Ca casse la narration et le donc le rythme à plusieurs reprises ce qui est loin de joueur en faveur du film qui commençait pourtant sur les chapeaux de roue avec une première demi-heure assez nerveuse.
Bon tout n'est pas non plus la faute de la censure car le principe de raconter l'histoire en flash-back depuis le procès des complices de Cagney est une bonne idée mais qui n'apporte strictement rien d'autant que l'acteur jouant l'avocat n'est pas crédible... Et c'est bien le seul, tous les autres étant excellent ( avec un Ward Bond en flic véreux détestable dès le premier plan ).
Pas le film du siècle mais un très bon film bien exécutée qui fut malheureusement projeté dans une copie bien usée ( du 16 mm même peut-être ) qui ne rendait à aucun moment hommage à la photographie.
Le rapt du rapide 5 ( Broadway Limited - 1941 ).
Si vous vous demandiez ce qu'un vaudeville pas drôle deviendrait dans un train, la réponse est : un vaudeville pas drôle.
Vous prenez donc une actrice célèbre, son ancien petit copain médecin que jalouse le réalisateur de l'actrice, vous rajoutez une secrataire et son petit ( bon imposant ) copain un chauffeur de locomotive et vous rajoutez un bébé kidnappé. Et voilà, vous obtenez un magnifique navet qui demeure plus drôle par la nullité de ses gags que pour leur réussite ( même si j'avoue avoir souri à quelques reprises ). Et puis les acteurs sont catastrophiques : Leonid Kinskey surtout devrait être montré dans les court de comédie pour montrer tout ce qu'il ne faut pas faire. En fait celui qui joue le mieux c'est le bébé qui est tout mignon.
C'est une production Hal Roach et c'est assez déprimant de voir le genre de truc qu'il pouvait produire à l'époque ;
Celà dit, la séance nous a offert avec un pote un formidable fou-rire qui risque de devenir culte et cela grâce au public gratiné de la cinémathèque. Il y a une scène bidon où le chauffeur de locomotive ( joué par Victor McLaglen - plutôt pas mal au passage ) tente de démarrer un train avec un vieillie locomotive. Il y a un mini suspens ( faut vraiment le dire vite hein ) : les roues patines, les wagons n'avancent pas, la locomotive crache la fumée et finalement le train avance tirant vaillamment son convoi tandis que McLagen sourit fièrement... Et là, on a eut une vieille qui transportée par l'intensité de la scène s'est mise à applaudir comme si la tension avait été digne du
salaire de la peur
Harlow ( 1965 )
Cette biographie de Jean Harlow traine une réputation calamiteuse qui peut se comprendre quand on voit les libertés incroyables prises avec la vie de l'actrice mais qui en terme de fiction fonctionne plutôt bien.
Il y a un budget évident qui se voit à la l'écran avec une reconstitution luxueuse qui fait plaisir aux yeux. Il y a aussi le métier de Gordon Douglas qui livre un honorable travail ( certaines séquences sont excellentes comme le générique qui montre l'arrivée des employés au studio ) mais qui demeure très impersonnel loin d'un style plus reconnaissable qu'on pouvait trouver dans ses western de la même époque. Il y a enfin et surtout Carrol Baker ( qui retrouve Douglas après
Sylvia ) qui est une nouvelle fois magnifique dans un rôle où son charme, son naturel et son physique font des merveilles.
N'étant pas très fan de Jean Harlow ( enfin pour les 2 films d'elle que j'ai vu
), Baker me va totalement.
Ne connaissant pas non plus sa carrière et encore moins sa vie, cette adaptation de la biographie de son impresario Arthur Landau se regarde très bien si ce n'est ses problèmes de rythme inhérent au cinéaste ( qui tente très maladroitement de rendre hommage au slapstick au début du film ) et un aspect mélodrame parfois un peu trop poussé. Les acteurs sont en plus très bons dans leurs rôles, injectant ci et là suffisamment de complexité dans leur personnages pour qu'ils deviennent tous intéressant, surtout le personnage du beau-père. Les dialogues également sont plutôt pas mal surtout quand il évoque le cynisme roublard des producteurs, acteurs ou agents ( séquences assez drôles où le producteur déclare qu'il ne voit aucun désavantage à ce que sa vedette masculine épouse Harlow ).
Par contre, une fois renseigné sur la vie de l'actrice je comprend aisément pourquoi le film prend à eut un accueil si catastrophique : non seulement tous les personnages ( à part Harlow, Paul Bern et son impresario ) sont fictifs et s'inspirent plus ou moins de certaines personnalités mais surtout Jean Harlow n'a pas du tout connu cette vie sentimentale et sexuelle !!! D'ailleurs son mariage avec Paul Bern était en réalité sont 2ème époux !
Le film fait également l'impasse sur certains de ses amants célèbres comme le fameux gangster Bugsy Siegel... Même sa mort n'a pas l'air d'être sa "vraie"
J'imagine que sa liaison avec Howard Hugues ( qui a inspiré le personnage Richard Manley ) encore vivant à l'époque a du compliqué beaucoup de chose mais les libertés sont quand même bien abusé... Même si je le répété en tant que tel, le film se tient relativement bien.