Henry Hathaway (1898-1985)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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EddieBartlett
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par EddieBartlett »

Nobody Smith a dit :
Sa peinture de l’univers du cirque est drôle, attachante et offre un lot de numéro enthousiasmant qu’Hathaway capte avec cette poigne qui lui est propre
La première heure fonctionne de manière brillante avec son périple européen permettant tout autant t’enchaîner les passages spectaculaires (fabuleux naufrage du navire) et une quête plus intimiste avec la recherche de l’être aimé (très belle scène notamment où John Wayne visite l’ancienne chambre de Rita Hayworth).

Voir mon précédent post :

"C'est entendu. C'est un film mineur dans la carrière d'Hathaway. Mais y'a quand même 2 ou 3 choses réussies. Outre l'incendie du chapiteau, il y a aussi le naufrage du paquebot dans le port de Barcelone, plutôt spectaculaire et qui tient bien les années, les numéros de cirque assez sympas et la composition de John Wayne crédible en directeur de cirque. Un film d'Hathaway n'est jamais totalement tout-à-fait raté"

Je constate que globalement, on est plutôt d'accord.

Ce qui alourdit le film je trouve, ce sont les deux personnages féminins. Claudia Cardinale, dans un personnage de petite peste séduisante et vindicative, n'arrête pas d'aboyer après John Wayne et c'est un peu fatigant. Outre qu'elle n'est pas très à l'aise dans une langue qui n'est pas la sienne, sa voix cassée, d'habitude si fondante, devient vite insupportable.
Quant à Rita Hayworth, son personnage est un peu falot et transparent. La faute peut-être là aussi à la comédienne qui était en bout de course en 1964.

De toutes façons, d'une manière générale, les personnages féminins n'ont jamais été le fort d'Hathaway (à part quelques exceptions comme Marilyn dans "Niagara"). Voir aussi le personnage raté de la jeune Mattie dans "Cent dollars pour un shérif".
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Cathy
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Cathy »

Le jardin du diable, Garden of Evil (1954) - Henry Hathaway

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Pour sauver son mari, enseveli dans sa mine d'or situé en plein territoire apache embauche quatre hommes pour le sauver.

Le film démarre curieusement, nous sommes visiblement au bord de la mer, avec un bateau qui a des avaries, de la fumée au loin et les commentaires des hommes qui débarquent nous en informent, mais la partition de Bernard Hermann semble assez angoissante, le thème est très proche d'ailleurs de celui qu'il signera pour Vertigo quatre ans plus tard. Puis nous arrivons dans une ambiance western avec un saloon, une chanteuse mexicaine aguicheuse. On fait petit à petit connaissance des personnages, mais on n'apprend pas grand chose sur les deux héros, sauf qu'ils se sont connus sur le bateau, que l'un est joueur et l''autre plutôt secret. Et puis arrive cette femme, cette américaine qui vient chercher de l'aide et réussit à embarquer les deux hommes et deux autres, un appaté par l'or, l'autre par la femme et l'or. S'ensuit une magnifique chevauchée à travers un territoire hostile, notamment une superbe corniche qui vaut sans doute les plus beaux plans du film, une chapelle abandonnée où la femme pourtant au caractère très affirmé va prier loin des regards, et puis surtout ces Apaches que l'on ne voit pas mais que l'on devine, fumée à l'horizon, plumes, etc.. Le film repose donc sur les relations humaines qui se créent entre cette femme et ces quatre hommes, puis le mari que l'on arrive à sauver mais qui ne semble avoir plus aucun amour pour sa femme.
La seconde partie voit l'arrivée de ces fameux apaches et leur chasse à l'homme blanc. Henry Hathaway filme avec brio cette histoire que ce soit cette histoire profondément humaine ou le côté purement aventure. Le seul reproche pourra être l'utilisation abusive de nuits américaines fort peu crédibles. Curieusement, les personnages bien que peu sympathiques, et dont nous ne connaîtrons d'ailleurs pas grand chose de leur passé, notamment celui du joueur interprété avec son talent habituel par Richard Widmark suscitent l'empathie. Gary Cooper est dans son rôle habituel de cow boy taciturne raisonneur ancien shériff, et Susan Hayward joue une nouvelle fois la femme forte au sex appeal évident, Cameron Mitchell complète le casting en jeune cowboy obsédé par le sexe et l'or. Hathaway signe ici un subtil western aux paysages magnifiquement filmés et au rythme soutenu. Il utilise à merveille le cinemascope qui magnifie les paysages avec notamment une belle profondeur de champ notamment une fois encore dans la scène de la corniche que ce soit à l'aller ou naturellement dans le grand final . Belle découverte en tout cas.
feb
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par feb »

Peter Ibbetson - Henry Hathaway (1935)
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Peter Ibbetson (Gary Cooper) est un homme marqué par un traumatisme alors qu'il n'était qu'un garçon : suite au décès de sa mère, le jeune Peter (Dickie Moore) doit partir pour l'Angleterre avec son oncle et se séparer de sa petite voisine Mimsey (Virginia Weidler) avec laquelle il a noué des liens forts qui dépassent la simple amitié. Devenu un architecte talentueux dans le Londres du XIXème siècle, Peter se rend dans la propriété d’un lord anglais, le Duc de Towers (John Halliday), qui a pour épouse Mary (Ann Harding) dans laquelle il reconnaît la petite Mimsey. La femme se rapproche de cet homme qu'elle a toujours aimée et le Duc, qui ne peut que constater cet amour (re)naissant, ordonne à sa femme de ne plus revoir son amour d'enfance. Alors qu'il est sur le point de quitter la propriété, Peter Ibbetson tue accidentellement le Duc et se voit emprisonné a vie. Mary et Peter ne peuvent plus se voir physiquement mais se retrouvent dans leurs rêves pour vivre cette vie qui a été brisée....
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De la part de Henry Hathaway, on ne s'attend pas à découvrir un film comme Peter Ibbetson. On est plus habitué à voir de ce réalisateur des films noirs comme Appelez nord 777, Le Carrefour de la Mort ou L’impasse Tragique, des films d'aventures comme Les 3 lanciers du Bengale ou Prince Valiant ou tout simplement des westerns comme Le Jardin du Diable. Peter Ibbetson est un film qui se démarque complètement de la production des années 30 où règnent, entres autres, les films de gangsters et les comédies musicales. Peter Ibbetson est un film à part, baignant dans une atmosphère onirique dès le générique du début, où l'amour transcende la vie réelle, où les rêves sont la continuité d'une vie brisée par la mort et qui offrent la possibilité aux 2 "amants" de vivre une vie idéale, artificielle, qui remplace une vie où tout les a séparés. Le film de Hathaway se divise très clairement en 3 chapitres qui sont 3 segments de la vie de Peter Ibbetson et qui mélangent réalité et rêves.

La première partie du film prend place à Paris pendant la jeunesse de Peter (alors appelé Gogo par la petite fille) et de Mimsey. La caméra du réalisateur nous fait découvrir, malgré des chamailleries qui semblent être celles d'un frère et d'une soeur, l'amour qui existe entre ce jeune garçon et cette fragile petite fille. Dickie Moore et Virginia Weidler sont réellement émouvants dans cette première partie et il est difficile de ne pas croire à la sincérité de l'amour que se portent les 2 jeunes enfants.
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Le décès de la mère du jeune homme marque le début de leur séparation et met fin à cette vie d'insouciance dans ce cadre idyllique que représentent la maison et le jardin. L'oncle anglais vient briser le lien entre les 2 enfants et le jeune Pierre devient Peter Ibbetson sur le chemin qui l'emmène vers sa nouvelle vie.
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Cette première partie est l'occasion pour Hathaway de mettre en avant 2 éléments importants que nous allons retrouver dans les 3 parties : la présence constante de barreaux entre les Peter et Mary et l'importance du contact physique matérialisé par cette main de Peter entourant celle plus fine et fragile de Mary...
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La seconde partie du film est basée sur l’existence solitaire de Peter Ibbetson qui est envahi par ce qui peut s'apparenter à du spleen. Le jeune garçon devenu architecte s'ennuie à Londres et ne peut oublier cette cicatrice malgré une escapade parisienne où il rencontre une jeune anglaise bien entreprenante (Ida Lupino). Au contraire, ce voyage est l'occasion pour lui de revenir sur les traces de son enfance en se rendant dans la maison qu'il a quittée précipitamment et où il se souvient de tous les détails comme la balançoire et le banc où il retrouvait Mimsey. De retour en Angleterre, il se rend sur la propriété du Duc de Towers et rencontre sa femme qui souhaite restaurer ses écuries mais les 2 personnes ne semblent pas se reconnaitre lors leur première rencontre.

Hathaway n'oublie pas de placer ces 2 personnes de chaque coté de la grille....
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...et c'est un rêve commun qui va leur fait comprendre qu'ils se sont enfin retrouvés....
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...mais ces retrouvailles vont se terminer sur un malheur et une nouvelle séparation des 2 jeunes gens...
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...symbolisée par un plan sur les 2 mains.
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Vient enfin la 3ème et dernière partie. Hathaway nous transporte entre une réalité - qui montre la souffrance physique de Peter emprisonné et condamné à finir sa vie allongée à cause des maltraitances des gardiens et la souffrance mentale de Mary qui ne peut être aux cotés ce celui qu'elle aime - et le rêve qui permet aux 2 amants de se libérer et de vivre leur amour là où il s'était arrêté. La présence des barreaux prend ici tout son sens puisque Peter Ibbetson est prisonnier dans cette vie réelle et ne peut compter que sur les rêves pour retrouver Mary...sa bien-aimée apparait alors dans la cellule, lui tend cette main qui doit le délivrer, le transporter vers leur monde en s'affranchissant de ces deux barrière que sont les barreaux de la cellule et sa paralysie...
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Ce dernier chapitre repose sur un onirisme d'une grande beauté où la superbe photo N&B du film prend tout son sens et permet à Hathaway de plonger les 2 jeunes gens, ainsi que le spectateur, dans un monde idéal. La force du film de Henry Hathaway est de créer un univers fantastique où le spectateur ne perçoit plus la séparation entre réalité et rêves : Peter Ibbetson rejoint-il réellement Mary dans ses rêves où échappe-t-il à une réalité qui le fait souffrir grâce aux visions de celle qu'il aime ? La fin du 3ème chapitre est le point culminant de l'aspect onirique du film car malgré la mort de Mary au sein de leur rêve - Hathaway montre une fois de plus l'importance du contact entre Peter et Mary lorsque celle-ci lui demande de tenir ses mains -...
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...celui-ci ne s'arrête pas et Peter rejoint définitivement Mary dans la mort dans une scène finale parfaite. Le rêve perd sa fonction initiale qui était de leur permettre de se retrouver pour devenir la "dernière marche" du chemin qui les mène vers un au-delà.
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Hathaway rappelle une dernière fois l'importance du contact physique entre Peter et Mary mais sans filmer leurs mains comme ce fut le cas à la fin des chapitres 1 et 2 : ici ce sont les gants perdus par Mary lors de sa mort qui servent de contact entre la jeune femme matérialisée par la lumière et Peter qui la rejoint après avoir rendu son dernier souffle dans l'ombre de sa cellule.
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Peter Ibbetson fait partie de mon top personnel, un film qui frôle, à mes yeux, la perfection, exempt de défauts, un film dont le dénouement final me touche beaucoup et que je rapproche à chaque vision d'un autre superbe film qu'est L'aventure de Madame Muir. Le film de Hathaway repose sur une photo superbe, une mise en scène idéale et surtout sur 2 acteurs parfaits : Gary Cooper est un acteur d'une classe incroyable et qui retranscrit à l'écran toute l'émotion de son personnage. Ann Harding est quant à elle magnifique de beauté et de douceur, je ne peux imaginer une autre actrice dans le rôle de Mary tellement l'actrice est superbe dans ce film (même pas la suédoise :mrgreen: ).
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Peter Ibbetson illustre l’amour dans ce qu’il a de plus fort, l'amour qui permet de s’affranchir des barrières de la vie réelle et outrepasser la mort...un chef d'oeuvre pour moi.
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

Alors que Mrs Muir me bouleverse à chaque fois (mais Herrmann ne doit pas y être pour rien), la dernière vision de Peter Ibbetson avait été quelque peu décevante mais je lui redonnerais sa chance un jour. En tout cas, passionnante analyse notamment de la mise en scène avec images à la clé pour pouvoir mieux suivre ce que tu nous décris. Bravo :)
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par feb »

Jeremy Fox a écrit :Alors que Mrs Muir me bouleverse à chaque fois (mais Herrmann ne doit pas y être pour rien), la dernière vision de Peter Ibbetson avait été quelque peu décevante mais je lui redonnerais sa chance un jour.
Les 2 films font leur effet à chaque fois et cet après midi encore je me suis laissé porter par le film de Hathaway...je serai curieux de connaitre ton avis après cette future re-vision.
En tout cas, passionnante analyse notamment de la mise en scène avec images à la clé pour pouvoir mieux suivre ce que tu nous décris. Bravo :)
Merci M. Fox :wink:
daniel gregg
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par daniel gregg »

Quelle sincère et touchante déclaration à l'endroit d'une oeuvre solaire au sens propre du terme car ce film illumine l'esprit comme le coeur ! :)
feb
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par feb »

Merci Monsieur :wink:
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Flavia
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Flavia »

Peter Ibbetson - Henry Hathaway (1935)
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Dans la riche société de l'Angleterre du xixe siècle, l'architecte londonien Peter Ibbetson est hanté par le souvenir de son idyllique enfance parisienne où il vécut une séparation prématurée avec Mimsey, une petite voisine dont il était fortement épris.

De par son thème, le film aurait pu être mièvre et fastidieux, il est tout simplement poétique et fiévreux grâce à Gary Cooper qui avec un jeu tout en retenue est un Peter Ibbetson inoubliable, d'une absolue mélancolie, face à Ann Harding émouvante, touchante et sobre.
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Henri Hathaway ne force pas le côté romanesque et fait évoluer lentement son film au début romantique vers une fin surréaliste assez étonnante avec des scènes de rêve sublimes abolissant les barrières entre rêve et réalité.

Magnifique histoire d'un amour fou qui défie le temps et l'espace avec un onirisme frôlant le fantastique en montrant deux êtres séparés dès la jeune enfance et qui vont s'aimer jusque dans la mort. J'ai été bouleversée par cette histoire qui revêt une dimension lyrique brillante, une très grande réussite.
feb
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par feb »

J'approuve à 100% cette critique du film 8) Et je suis content de voir que tu mettes en avant jeu de Ann Harding dans ce film.
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Profondo Rosso
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Profondo Rosso »

Le Jardin du Diable (1954)

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Trois passagers d'un bateau se trouvent coincés dans une petite bourgade du Mexique après une avarie de machines. Alors qu'ils prennent un verre, une femme aux cheveux roux surgit et les supplie contre récompense de secourir son mari bloqué au fond d'une mine par un éboulement. Les trois hommes ainsi qu'un client du bar acceptent. Ils l'accompagnent dans une région isolée aux mains des Apaches.

Hathaway réalise un des plus singuliers westerns des années 50 avec ce Jardin du Diable où le déroutant scénario de Frank Fenton nous emmène de surprise en surprise. Le film démarre comme un western d'aventures picaresque façon Vera Cruz (réalisé cette même année 1954 et où Gary Cooper campe un personnage assez proche) où trois hommes coincés dans une bourgade mexicaine acceptent de suivre une femme dont le mari est prisonnier d'une mine d'or. Tout les archétypes sont là, personnages comme décors spectaculaire pour mener un récit mouvementé. Gary Cooper est ici un homme droit mystérieux et taciturne sur son passé, Cameron Mitchell serait plutôt le jeune chien fou à la gâchette facile et le grand Richard Widmark aux antipodes de ses rôles de psychotique est le désinvolte posant un regard distancié sur le danger. On comprend déjà que l'on est ailleurs avec le personnage de Susan Hayward qui ne tombe dans aucun clichés du genre (la vamp, la femme effacée et aimante) pour composer une femme à poigne qui ne lève pas un regard sur les hommes ayant accepté de l'accompagné. Seul compte pour de sauver son époux enseveli et aucun obstacle ne se posera en travers de sa route. Une scène définit cette détermination lorsqu'elle traverse la première et en sautant à cheval et sans la moindre hésitation la crevasse d'un chemin sinueux en flanc de montagne. Ce passage accompagne aussi le basculement du film dans un territoire inconnu, autant dans l'espace traversé que par la tournure de l'intrigue.

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Le rythme et l'atmosphère sont des plus étranges. Hathaway effectue un grand écart étonnant avec ces cadrages amples dévoilant toute la majesté des somptueux et très variés décors naturels contrebalancé par une caméra statique qui instaure progressivement une ambiance des plus oppressantes. On ne sait pas vraiment ce que l'on doit craindre le plus, les indiens tapis dans l'ombre dont c'est le territoire ou alors les passions des protagonistes que ce soit l'appât du gain ou l'attirance pour Susan Hayward. Pas d'action donc mais une tension sourde où l'on explore les failles des personnages et devine dans quel travers ils tomberont lorsque les choses se gâteront. L'interprétation est exceptionnelle au sein du trio vedette. Gary Cooper taiseux et droit comme la justice fait passer une gamme d'émotions subtiles à un personnage dont on ne saura rien jusqu'au bout. Richard Widmark est lui fascinant en homme lucide sachant lire l'esprit des autres et qui malgré cela se montrera prêt à céder à une Susan Hayward ambiguë. Hathaway saisit magnifique la séduction et le pouvoir de conviction de cette femme sensible mais prête à capable de pousser les hommes à leur perte si besoin.

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L'arrivée à la mine et les retrouvailles avec son mari l'éclaire sous un nouveau jour où on saisit toutes les nuances du script de Fenton. On a là des êtres vide de toute humanité dans leur simple quête de richesse et finalement les plus attachants seront ceux qui sauront se sacrifier où survivre pour une plus noble cause. Le mari (Hugh Marlowe) saura ainsi rendre tragiquement à son épouse l'abnégation qu'elle a mis à le sauver, Richard Widmark exprimera sa flamme au travers du hasard d'un jeu de carte (même si une belle scène de de déclaration aura précédé) et Gary Cooper dans la belle scène finale rejoindra Susan Hayward dans un soleil couchant sachant lui aussi où est l'essentiel.

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L'action est entièrement soumise à cette évolution des personnages et n'arrive finalement que dans les tous derniers instants du film. Là Hathaway récompense notre attente avec un sacré morceau de bravoure où une course poursuite nerveuse s'enchaîne avec une embuscade en montagne. L'ennemi indien n'est qu'un prétexte et un révélateur qu'Hathaway film comme des silhouettes indistinctes et sans visages, une menace omniprésente dont les flèches peuvent surgir de partout amenant une dimension fantastique et psychologique appuyée. Formellement c'est somptueux de bout en bout et un des Hathaway les plus aboutis visuellement où les images marquantes sont multiples. Vraiment surprenant dans sa manière de contredire un argument attendu, un superbe western pour peu qu'on accepte d'être happé dans son étrangeté. 5/6

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Dernière modification par Profondo Rosso le 30 mars 12, 13:01, modifié 2 fois.
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Rick Blaine »

Très belle chronique, dont les captures illustrent formidablement les qualités visuelles du film. Bon, je dirais qu'il manque un petit point à la note, mais c'est pour pinailler! :mrgreen:
Certainement mon western préféré, une œuvre qui brille par son traitement visuel, par le choix des décors... Et puis surtout il y a le personnage de Widmark, pour moi un des plus beau qui soit, et qui nous mène à un final qui me hante pour toujours!
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Jeremy Fox
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Jeremy Fox »

J'ai immédiatement pensé à toi en lisant l'avis de profondo rosso ce matin ; et j'étais certain qu'il te manquerait un point :mrgreen:
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Rick Blaine
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :J'ai immédiatement pensé à toi en lisant l'avis de profondo rosso ce matin ; et j'étais certain qu'il te manquerait un point :mrgreen:
:lol:
feb
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par feb »

Et je rajouterai qu'en lisant la chronique de Profondo (les 2 captures finales sont :shock: ), je n'ai qu'une envie, c'est de me jeter sur le futur BR de Sidonis :D
daniel gregg
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Re: Henry Hathaway (1898-1985)

Message par daniel gregg »

Rick Blaine a écrit :Très belle chronique, dont les captures illustrent formidablement les qualités visuelles du film. Bon, je dirais qu'il manque un petit point à la note, mais c'est pour pinailler! :mrgreen:
Certainement mon western préféré, une œuvre qui brille par son traitement visuel, par le choix des décors... Et puis surtout il y a le personnage de Widmark, pour moi un des plus beau qui soit, et qui nous mène à un final qui me hante pour toujours!
Oui très juste, surtout l'avant dernière ! :fiou:






:mrgreen:
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