Jacques Brel (1929-1978)

[bogart]

Jacques Brel (1929-1978)


Dans la section bonus du film <L'Emmerdeur>, Francine une de ses filles nous dit que son père se considérait comme un mauvais acteur. Pour ce poète compositeur cet art demandait peu de travail et ne convenait pas à sa boulimie de travailleur.


Jacques Brel aborda le cinéma sur la proposition du cinéaste André Cayatte, ancien avocat spécialiste du film de justice, qui lui proposa d'incarner un professeur dans "Les Risques du métier" ( 1967)
Basé sur une histoire véridique ce film analyse l'évolution des mentalités et la suspicion dont sera victime un professeur (Brel) accusé par une de ses élèves de tentative de viol Spoiler En vérité elle fait croire que son professeur a tenté d'abusé d'elle Fin du spoiler

Succès et critique élogieuse pour Jacques Brel qui continua sa carrière de comédien jusqu'à son dernier film mis en scène par son ami Edouard Molinaro "L'Emmerdeur"

De sa courte filmographie, mon choix se porte sur 3 films :


_La Bande à Bonnot de Philippe Fourastié (1968)
Inspiré du célèbre gang qui tenta en 1911 le premier hold-up automobile.

_Mon oncle Benjamin d'Edouard Molinaro 1969
Truculente comédie où Jacques Brel y fait merveille auprès d'un désopilant Bernard Blier.

- L'Emmerdeur idem 1973


NB : Il s'essaya aussi à la réalisation avec un mélange de naïveté et d'onirisme, Franz (1972) et Fart West (1973)

[Commissaire Juve]

Les risques du métier... c'est too much !

Evidemment, c'est daté à mort, et, à l'époque, les gens étaient plus naïfs. Mais vu aujourd'hui, quand on est prof, on est mort de rire ! Le personnage joué par Brel accumule les erreurs les plus grossières, il court droit dans le mur.

Quant à la fin : heuuu, de nos jours, je ne suis pas sûr que ça serait aussi simple.

A titre perso, je peux dire que, de ce point de vue, le boulot d'enseignant est bel & bien devenu un "métier à risques".

[frédéric]

Il repasse L'EMMERDEUR je crois, la semaine prochaine sur France 3, sinon pas beaucoup vu de ses films.

[blaisdell]

Ah, les grands esprits se rencontrent: j'avais depuis un certain temps le projet de consacrer un topic sur Jacques Brel, comédien et cinéaste mais j'attendais de visionner certains de ses films rares (trouvables en vhs et pas forcément à un prix abordable).Car la courte carrière cinématographique du très grand chanteur est sans doute imparfaite mais elle est passionnante.

A ce stade-ci de mon exploration de sa filmographie, voilà ce que je peux observer:
En 1967, juste après avoir pris la décision de se retirer de la scène- mais celà ne l'empêchera pas d'enregistrer quelques très beaux disques, Brel prend une orientation qu'il n'avait pas préméditée: le cinéma.Il tournera dix films en tant qu'acteur et /ou réalisateur entre 1967 et 1973.
Je choisirai pour les présenter la classification présente:

1° Cinq films sont très connus:
-LES RISQUES DU METIER (1967): André Cayatte prend donc l'initiative d' engager Brel comme premier rôle de ce drame d'un instituteur brisé par la calomnie. Le film n'est pas parfait mais la prestation de Brel est une révélation.
-LA BANDE A BONNOT (1968): Philippe Fourastié n'a pas réalisé un film de l'ampleur du PARRAIN mais les qualités abondent. La reconstitution plastique et idéologique du film est soignée, le rythme est soutenu, l'interprétation est très bonne. Soutenu par de grands professionnels comme Cremer, Girardot et Kalfon, Brel confirme ses qualités et campe un réjouissant Raymond la science.
-MON ONCLE BENJAMIN (1969): comédie jubilatoire menée tambour battant par Molinaro avec un casting superbe autour de Brel, dans son rôle préféré. Un grand souvenir: Bernard Blier campe un aristo vulgaire et arrogant (les bourgeois c'est comme les cochons.....) qui doit baisser son froc devant une assistance hilare!! Qu'est-ce que j'ai envie de le revoir celui là! Dommage que Gaumont n'en ait pas profité pour le sortir en même temps que L'EMMERDEUR.
-L'AVENTURE C'EST L'AVENTURE (1972): Là aussi une grande envie de le revoir et le souvenir d'un des films les plus agréables de Lelouch.
-L'EMMERDEUR (1973): Brel retrouve son grand copain Ventura. C'est son dernier film car Brel est blessé par le très mauvais accueil fait à son film FAR WEST. Pourtant cet Emmerdeur sera un grand succès et c'est sans doute le meilleur des duos entre deux personnes antagonistes, procédé que le scénariste Francis Veber reprendra jusqu'à l'excès.

2° Cinq films sont en revanche beaucoup moins connues: MONT DRAGON (1970) de Jean Valère où visiblement il joue pour une fois un rôle de salaud intégral , ses deux réalisations FRANZ (1972) avec Barbara et FAR WEST donc (1973). Signalons enfin LE BAR DE LA FOURCHE (1972) de Alain Levent avec un des tous premiers rôles d'une certaine Isabelle Huppert.

Mais je voulais terminer ce post sur un film que j'ai vu mais qui est très rare: LES ASSASSINS DE L'ORDRE (1971) de Marcel Carné.
Ici Brel joue le rôle d'un juge d'instruction qui enquête sur une bien sale affaire: un suspect est mort dans des conditions suspectes à la suit d'une garde à vue musclée. le juge doit subir des pressions dans son enquête au fur et à mesure que la culpabilité des policiers qui ont effectué la garde à vue est évidente.
Voilà donc un sujet culotté et le film a subi une forme de censure: le silence et l'indifférence lors de sa sortie. Force est de constater que 35 ans plus tard le film est toujours très rare à la télé: si vous la trouvez, jettez vous donc sur la cassette vidéo.
Car c'est un très bon film qui démént les clichés selon lesquels la fin de carrière de Carné est très decevante. Le film est très courageux: l'action se passe non pas dans un pays imaginaire mais dans la France de Pompidou et Marcellin. Le sujet est proche de Cayatte mais en évite les travers et le manichéisme outré car le personnage du juge est souvent faillible voir agaçant alors qu'il représente le bien et il n'y a pas ici de happy end. Tout n'est pas parfait, il y a quelques clichés (le regard sur les jeunes ou le personnage de Catherine Rouvel). Mais l'intérêt sociologique de ce film est très grand.
Mais c'est bien joué, avec le grand Michael Lonsdale dans le rôle d'un commissaire de police odieux, Charles Denner dans le rôle de son avocat de la défense et l'apparition de Bobby Lapointe. A noter enfin l'utilisation étrange d'extraits de musique de Michel Colombier et Pierre Henry.
Un film à redécouvrir, qui a été encensé à juste titre en son temps par Jean-louis Bory ou Michel Pérez.

[bogart]

MONT DRAGON (1970) de Jean Valère où visiblement il joue pour une fois un rôle de salaud intégral

Film rare passé 1 ou 2 fois sur les chaînes hertziennes. Excellente prestation de Jacques Brel en séducteur vil. Catherine Rouvel faisait partie de la distribution.

Mais je voulais terminer ce post sur un film que j'ai vu mais qui est très rare: LES ASSASSINS DE L'ORDRE (1971) de Marcel Carné.
Ici Brel joue le rôle d'un juge d'instruction qui enquête sur une bien sale affaire: un suspect est mort dans des conditions suspectes à la suit d'une garde à vue musclée. le juge doit subir des pressions dans son enquête au fur et à mesure que la culpabilité des policiers qui ont effectué la garde à vue est évidente.
Voilà donc un sujet culotté et le film a subi une forme de censure: le silence et l'indifférence lors de sa sortie. Force est de constater que 35 ans plus tard le film est toujours très rare à la télé: si vous la trouvez, jettez vous donc sur la cassette vidéo.
Car c'est un très bon film qui démént les clichés selon lesquels la fin de carrière de Carné est très decevante. Le film est très courageux: l'action se passe non pas dans un pays imaginaire mais dans la France de Pompidou et Marcellin. Le sujet est proche de Cayatte mais en évite les travers et le manichéisme outré car le personnage du juge est souvent faillible voir agaçant alors qu'il représente le bien et il n'y a pas ici de happy end. Tout n'est pas parfait, il y a quelques clichés (le regard sur les jeunes ou le personnage de Catherine Rouvel). Mais l'intérêt sociologique de ce film est très grand.
Mais c'est bien joué, avec le grand Michael Lonsdale dans le rôle d'un commissaire de police odieux, Charles Denner dans le rôle de son avocat de la défense et l'apparition de Bobby Lapointe. A noter enfin l'utilisation étrange d'extraits de musique de Michel Colombier et Pierre Henry.
Un film à redécouvrir, qui a été encensé à juste titre en son temps par Jean-louis Bory ou Michel Pérez.

Film que j'ai omis de citer dans mon choix (pas vu) car comme tu le soulignes si justement, Les Assassins de l'ordre est une oeuvre rare d'un grand metteur en scène français.

[christian]

Les risques du métier... c'est too much !

je vais essayer de le revoir, je l'ai enregistré lors de sa dernière diffusion très récente sur FR3 mais j'ai jamais revu depuis...

mon Cayatte préféré étant plutôt le fabuleux thriller "Il n'y a pas de fumée sans feu..."

[christian]

A noter enfin l'utilisation étrange d'extraits de musique de Michel Colombier et Pierre Henry.

punaise, ça fait envie !!!

je vais essayer de chopper ça (si j'y arrive)

[bogart]

Il repasse L'EMMERDEUR je crois, la semaine prochaine sur France 3, sinon pas beaucoup vu de ses films.

Prévu le jeudi 13 octobre dans le cadre d'une soirée Lino Ventura :

L'Emmerdeur à 20.55 suivi de Garde à vue à 23.00.

[Kevin95]

L'Emmerdeur à 20.55 suivi de Garde à vue à 23.00.

Deux petit chef d'oeuvre (dans leurs style) qu'il est indispensable d'avoir vu pour les fans de Lino qui n'aurait pas encore vu ces films (en existe t il vraiment ?).

[christian]

Oui c'est moi qui ai parlé plusieurs fois des ASSASSINS DE L'ORDRE avec Brel dans le rôle principal du juge d'instruction face au commissaire joué impeccablement par Lonsdale.Denner est génial en défenseur de Lonsdale et Sauvion (la voix de Columbo)Ca ressemble à du Cayatte mais en mieux et si ça peut sembler vieillot, c'est un film passionnant sur son époque mais aussi des thèmes éternels. Un excellent Carné et je suis content que tu l'ai trouvé:quand tu l'auras visionné, rendez-vous dans le topic sur Brel.Les grands mérites du film ont été soulignés par JL Bory et Michel Pérez dans son beau livre sur Carné. Un film rare qui n'a rien perdu de sa force d'indignation.

je l'ai vu samedi soir, et je confirme : c'est exactement ça : du Cayatte mais en mieux !!! excellent film avec un Jacques Brel plus sobre que d'habitude et une très belle Catherine Rouvel (célèbre pour son role dans Borsalino) - la musique très electro-acoustique de Pierre Henry et Michel Colombier est un vrai plus (les sons étranges du "Voile d'Orphée" sonnent merveilleusement bien sur les scènes d'angoisse ou de tension) et rappelle un peu la bande son avant-gardiste de "La prisonnière" de Clouzot.

[Sabsena]

Une tres courte carriere cinematographique, avec pour meilleur film incontestablement Mon oncle Benjamin de Molinaro.

Brel incarne un medecin libertin qui comme une courte chanson le dit veut mourir sa vie avant qu'elle ne soit vieille entre le cul des filles et le cul des bouteilles.

C'est un medecin haut en couleur qu'incarne Brel, le role lui convient parfaitement, de tres nombreuses scenes brillantes et humoristiques avec Armand Mestral et bernard Alane et surtout Bernard Blier double scene ou apres avoir eté obligé d'embrasser le cul du marquis, Brel se vengera et obligera à son tour le marquis devant sa cour à lui rendre la pareille, prix à payer pour lui retirer une arete de la bouche.

Ce film dont Brel compose la musique avec Francois Rauber un de ses musiciens est une des plus belles reussites du cinema humoristique francais de l'epoque.

Autre brillante reussite, L'emmerdeur et le face à face entre le tres encombrant suicidaire Pignon que Brel incarne et le tueur Milan joué par Lino Ventura, là egalement nouveau film de Molinaro, Pignon ne cesse de contrarier les plans du tueur froid qu'est Milan, nouvelle grande reussite de Molinaro.

[phibes]

30 ans déjà , putain

[Cathy]

France 3 rediffuse d'ailleurs "Mon Oncle Benjamin" cette semaine dans l'après-midi, il me semble.

[Sabsena]

Mon oncle Benjamin est rediffusé demain jeudi 9 octobre à 14h55 sur France 3.

[Cadichon]

Personne ne parle de "Far west"? Je ne l'ai vu qu'une fois il y a fort longtemps et je l'avais trouvé exceptionnel.