Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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julien
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par julien »

Anorya a écrit :
julien a écrit :Il faudrait alors dans ce cas enlever L'Etat des choses qui n'est pas non plus du naphta.
Effectivement, il date de 1982.
Par contre c'est une très bonne nouvelle avec le Alice dans les villes. 2 grands Wenders que j'aimerais bien voir après avoir été alleché par de courts extraits... :)
Alice dans les villes et L'état des Choses sont peut-être les films de Wenders que je préfére. Cinématographiquement, ils sont plus maitrisés que ces premier films... Tel que je te connais, tu devrais également apprécier la musique minimaliste qu'a composé Jürgen Knieper, sur ce dernier.
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Anorya »

On verra en septembre... ;)

L'extrait que j'ai vu de l'état des choses était le tournage du film SF version La Jetée avec une musique synthétique à la Carpenter que j'ai bien aimé. Si tout le reste est du même accabit, je m'en frotte les mains d'avance.
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Helward
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Helward »

J'attend le dvd d'Alice dans les villes avec impatience puisque c'est mon préféré de Wenders avec l'Ami américain :D
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Watkinssien
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Watkinssien »

Un excellent Wenders dans un road-movie tendre et d'une simplicité jouissive.

La lenteur calculée se complète avec les rapports passionnants des personnages principaux, la musique inspirée s'harmonise très bien avec l'élégance de la mise en scène !
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Anorya »

Alice dans les villes

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Philip, un journaliste allemand censé écrire un papier sur les Etats Unis connaît hélas le syndrôme de la page blanche. Doutant de tout face à ce pays qui le déboussole, il ne peut que prendre des polaroïds, cherchant à y démêler la réalité de ce qu'il voit espérant y trouver l'inspiration. N'ayant plus un sou en poche, il doit alors rentrer et c'est ainsi qu'a l'aéroport, il fait la connaissance de la petite Alice et de sa mère eux-aussi attendant un avion pour rentrer. Philip sert alors d'interprète pour cette famille ne comprenant pas un mot d'anglais mais en vain puisque tous les départs pour l'Allemagne sont annulés. Ne reste plus qu'un grand détour par la Hollande et l'attente d'une nuit en hotel pour Philip, la mère et sa fille. Bientôt, Philip se retrouve seul avec la gamine sur les bras. Commence alors un road-movie étrange et tendre pour deux marginaux...

Alice dans les ville fut paraît-il réalisé par Wenders en réaction contre La lettre écarlate qu'il trouvais assez mauvais, jugeant qu'il s'était perdu et décidant de faire un film qui lui correspondrait mieux avec ses réflexions naissantes alors sur le rôle de l'image, des illusions, la communication, les voyages et les rapports entre les êtres. Je n'ai pas vu La lettre écarlate mais si même Wenders le dit... Il n'empêche que cette Alice est une véritable réussite à tous points de vues.

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D'abord en lui-même le film se présente comme le grand frère de Paris-Texas. Une histoire assez proche (recherche d'une mère dans Paris-texas, ici de la grand-mère), une quête d'apprentissage et de découverte de l'autre, parent comme enfant (Philip peut très bien être vu comme père de substitution d'Alice), pratiquement les mêmes cadrages et lieux presque (j'ai eu parfois l'impression de me retrouver devant un Paris-Texas en noir et blanc. D'ailleurs c'est le même directeur photo, Robby Müller) ainsi qu'une musique à la guitare envoûtante et hypnotique qui n'est pas sans rappeler celle de Ry Cooder sur Paris-Texas quand elle ne nous fait pas penser à celle de Nick Cave pour L'assassinat de Jesses James par le lâche Robert Ford. Ensuite, une fascination pour l'Amerique qui se retrouve dans tous les Wenders pratiquement, ce dernier n'y échappant pas. Enfin on retrouve des échappées de la culture Rock, Wenders en étant un grand fan (il n'est pas crédité mais il apparaît dans le film en mettant un disque dans un juke-box à un moment).

Un film chaleureux, intelligent et sensible.

5/6
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julien
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par julien »

T'avais si envie de le voir que t'a même pas eu la patience d'attendre la sortie du dvd !
La Lettre Ecarlate est effectivement raté. D'ailleurs effectivement, tu as raison de le mentionner, sur le dos du dvd même Wenders le dit. Je crois qu'il a eu aussi pas mal de conflits avec la production qui l'ont empêché de mener à bien le projet... Ca m'avait surpris d'ailleurs qu'un réalisateur discrébilise à ce point son propre film.
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Anorya »

julien a écrit :T'avais si envie de le voir que t'a même pas eu la patience d'attendre la sortie du dvd !
La Lettre Ecarlate est effectivement raté. D'ailleurs effectivement, tu as raison de le mentionner, sur le dos du dvd même Wenders le dit. Je crois qu'il a eu aussi pas mal de conflits avec la production qui l'ont empêché de mener à bien le projet... Ca m'avait surpris d'ailleurs qu'un réalisateur discrébilise à ce point son propre film.
Beh non, pas eu la patience d'attendre effectivement. :mrgreen:
Et quand j'ai appris que ma fac en avait une bonne dizaine (dont "Jusqu'au bout du monde"... Version "courte" de 2h59. Ils n'ont pas la version director's cut de 4h40 sortie récemment. Zut. :| ), je n'ai pas hésité une seconde à en voir deux-trois --mais je n'ai pas la force d'écrire sur "l'état des choses", j'attends quelques jours. J'y retourne dans la semaine pour essayer de me voir cette fois Land of plenty, Jusqu'au bout du monde, L'angoisse du gardien de but au moment du penalty, voire La lettre écarlate pour voir si c'est vraiment si catastrophique que ça (ça me surprend que Wenders le descende à ce point là aussi). Si ça me permet d'éviter d'avoir à acheter des Wenders pour les visionner, j'en profite...

Par contre, je suis maintenant sûr de me jeter sur le dvd d'Alice dans les villes en septembre. :D
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par julien »

Anorya a écrit :Et quand j'ai appris que ma fac en avait une bonne dizaine (dont "Jusqu'au bout du monde"... Version "courte" de 2h59. Ils n'ont pas la version director's cut de 4h40 sortie récemment. Zut. :| ),
Je suis pas sûr que la version longue soit plus intéressante, déjà, j'avais trouvé que la version courte trainait un peu en longueur. C'est dommage, au début, le film est assez intéressant mais arrivé vers la moitié ça se traine. C'est quand même à voir. C'est un film ambitieux mais pas suffisamment aboutit, je trouve.
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Alisou Two »

est-ce que sur le dvd d"alice dans les villes " (qui doit paraître en septembre) , il y aura un commentaire audio de WENDERS comme sur les autres dvd qui sont parus (l'ami américain, faux mouvement) ?
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Anorya »

julien a écrit :
Anorya a écrit :Et quand j'ai appris que ma fac en avait une bonne dizaine (dont "Jusqu'au bout du monde"... Version "courte" de 2h59. Ils n'ont pas la version director's cut de 4h40 sortie récemment. Zut. :| ),
Je suis pas sûr que la version longue soit plus intéressante, déjà, j'avais trouvé que la version courte trainait un peu en longueur. C'est dommage, au début, le film est assez intéressant mais arrivé vers la moitié ça se traine. C'est quand même à voir. C'est un film ambitieux mais pas suffisamment aboutit, je trouve.
Héhé, je verrais, je verrais... Je le ferais en deux parties sûrement... :wink:

Sinon aujourd'hui, vu "la lettre écarlate", pas si catastrophique que ça, on a connu pire mais pour du Wenders c'est très moyen quand même.
Et va falloir que je cherche les B.O de ses films dans le commerce, c'est superbe à chaque fois...
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Anorya »

ALISOU TWO a écrit :est-ce que sur le dvd d"alice dans les villes " (qui doit paraître en septembre) , il y aura un commentaire audio de WENDERS comme sur les autres dvd qui sont parus (l'ami américain, faux mouvement) ?
Si c'est le même éditeur, il se pourrait que oui, sinon je ne sais pas...
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Joe Wilson »

Révision après des années, puisque ma découverte de Wenders remonte à l'adolescence.
Un film pour lequel j'ai beaucoup d'affection...à mon goût le plus limpide, le plus évident du réalisateur. La mise en scène parvient à convoquer un permanence un intense élan de liberté, mêlé à une réflexion personnelle d'une grande richesse. L'aisance avec laquelle Wenders tisse son récit, noue les relations est impressionnante...le rythme est surprenant de dynamisme, tout en exprimant un vertige aérien.
Quête intime, évocation d'une filiation et d'une transmission, touchées par l'empreinte sensible du voyage et des lieux, Alice dans les villes dévoile une poésie insistante et poignante. Définitivement un sommet de la carrière de Wenders.
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Jeremy Fox
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Jeremy Fox »

Philip (Rüdiger Vogler) est un journaliste allemand envoyé aux USA pour écrire une chronique de voyage basée sur les paysages traversés ; il connaît hélas le syndrome de la page blanche. Doutant énormément et se trouvant un peu déboussolé face à tout ce qui l’entoure et qu’il ne comprend pas, il ne peut que prendre des polaroïds, espérant y trouver une certaine vérité et surtout l'inspiration. A court d’argent, il doit néanmoins couper court à son reportage et rentrer en Europe ; à l'aéroport, il fait la connaissance de la petite Alice, neuf ans, et de sa mère Lisa (Lisa Kreuzer). Une grève les bloque puisque tous les départs sont annulés : ils doivent aller dormir à l’hôtel en attendant de prendre un vol pour les Pays-Bas le lendemain. Mais au matin Lisa a disparu, laissant une note dans laquelle elle demande à Philip de ramener Alice à Amsterdam où elle compte les rejoindre quelques jours après. Mais arrivés à destination, toujours pas de Lisa : ils décident de partir à la recherche de la grand-mère d’Alice qui vit en Allemagne…

Alice dans les villes est le quatrième long métrage de Wim Wenders mais c’est le film dont il aime à dire qu’il considère comme son premier véritablement digne d’intérêt, ayant presque eu envie d’arrêter sa carrière cinématographique avant ça tellement il n’était pas très fier de ses précédents. Il qualifiait par exemple L’Angoisse du gardien de but au moment du pénalty comme un film ‘d’Hitchcock sans Hitchcock’ ou La Lettre écarlate comme du ‘David Lean au rabais’. Les tournages ne s’étant pas non plus extrêmement bien déroulés, élaboré en réaction à ses prédécesseurs, Alice dans les villes lui redonna le moral et l’envie de poursuivre sur sa lancée ; ce fût une expérience qui lui fit découvrir ce qui lui correspondait le mieux, ce dont il avait vraiment envie de faire comme style de cinéma et comment il appréciait de travailler. Il tournera d’ailleurs trois Road Movies consécutifs, d’où le titre du coffret que Carlotta lui consacre en regroupant au sein de cette ‘trilogie de la route’, Alice dans les villes, Faux mouvement (film intéressant mais plus aride, plus austère et moins aimable) et enfin Au fil du temps, peut-être le plus représentatif de ce que Wenders réussit le mieux, un cinéma de l’errance, du vagabondage, de l'indolence, de la contemplation, de l'observation et de l’apprentissage. Son plus grand succès public, Paris, Texas, sera dans la droite lignée de cette trilogie, une sorte de petit frère de Alice dans les villes, les deux ‘histoires’ possédant énormément de points communs.

Histoire entre guillemets puisqu’à la vision du film il semble que ce soit le cadet des soucis de l’auteur-réalisateur ; non pas que son scénario soit mauvais, bien au contraire, mais Wenders ne cherche jamais à donner une charpente solide à ce qu’il raconte, préférant la nonchalance à l’efficacité, les chemins de traverse à une route toute droite et toute tracée, l’observation du quotidien à un quelconque dramatisme. L’impression d’improvisation domine et l'on sait par expérience que lorsque certains cinéastes parviennent à faire croire qu’il en a été ainsi (ou même s’il en a été vraiment ainsi), souvent les résultats s’avèrent assez jubilatoires pour ceux qui acceptent de les suivre dans leurs lentes et contemplatives pérégrinations aux côtés de personnages que nous serions prêts à côtoyer chaque jour. Le pitch ne tient que sur un périple sans grands coups de théâtre, le film se contentant pour notre plus grand plaisir d'être quasiment une succession de séquences anodines de repas, de recherches de motels ou de discussions somme toute assez banales. Car ce qui intéresse surtout le réalisateur allemand est l’évolution des relations entre ses deux protagonistes principaux.

Nous avons donc d’un côté Philip, un journaliste allemand d’une trentaine d’années venu aux USA pour un reportage et à qui le déclic manque pour écrire quoi que ce soit. Ne parvenant à rien et manquant d’argent, il se prépare à rentrer en Europe. De l’autre Alice, une petite fille de neuf ans qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui, ‘abandonnée’ par sa mère, va devoir trainer plusieurs semaines avec ce grand dadais un peu perdu jusqu’à ce que ce dernier puisse la laisser à sa famille qu’il devra auparavant retrouver, ce qui ne sera pas facile car ne possédant guère d’éléments pour y réussir, même Alice ne se souvenant pas de la ville où habitent ses grands-parents, pas plus que de leur nom de famille. Et les voilà partis en ‘voyage’ de New-York à Amsterdam, puis en Allemagne (surtout dans la Ruhr), presque chaque étape aboutissant dans leurs recherches à une impasse.Il est à la fois cocasse et touchant de voir s’affronter deux caractères assez opposés, un adulte lunaire, mutique et parfois acariâtre voire égoïste face à une petite fille (inoubliable Yella Rottlander) spontanée, à la personnalité affirmée et au caractère bien trempé, ne cessant de s’agacer l’un et l’autre jusqu’à ce qu’une complicité naisse pour se transformer en une désarmante amitié quasi filiale. S’apprivoisant mutuellement, leur périple va se terminer en une sorte de grande victoire aussi bien pour Alice qui parvient à réintégrer sa famille que pour son compagnon de voyage malgré lui. Ce dernier, en endossant une sorte de paternité, a en quelque sorte trouvé un but à son errance, à tel point qu'il décide enfin après ces quelques jours de virée totalement improvisée de narrer son expérience par écrit, lui qu'à la fin de son expédition au travers les États-Unis durant laquelle au lieu d’un article il n’avait ramené que quelques polaroïds qui "n’arrivaient même pas à rendre compte de ce qu’il avait vu" s'était fait sermonner par son rédacteur en chef qui lui avait dit un peu dépité : "vous étiez censé raconter une histoire". Même reproche que certains spectateurs (parmi lesquels je ne me compte pas) pourraient avoir eu envie de faire à Wenders !

Alice dans les villes est un très joli film dont on regrette qu'il ne se poursuive pas encore deux heures durant, tellement on a pris du plaisir à voyager aux côtés de Rüdiger Vogler et de l'adorable petite fille un peu peste qui l'accompagne, de leur rencontre par hasard aux USA jusqu'à ce long plan d'hélicoptère final tout simplement sublime. Wim Wenders en fera d’ailleurs presque une marque de fabrique, en insérant quelques uns dans presque tous ses films de première partie de carrière, son plus célèbre étant celui ouvrant au dessus de Berlin son chef-d’œuvre, Les Ailes du désir. On est heureux d'accompagner cet improbable duo de chambres de motels en nuits chez l'habitant, d'avion en 4L, de train en métro aérien en Allemagne, moyen de transport toujours aussi cinégénique par son 'exotisme' (Truffaut en avait déjà filmé un avec la même fascination pour le spectateur dans Fahrenheit 451). On est bien, on est dépaysé et on ne s'ennuie jamais même s'il ne se passe quasiment rien. Wenders en profite pour nous parler de ses marottes - sans cependant asséner de messages -, sa fascination des USA et de ses paysages, le pouvoir de l'image, sa détestation des médias grand public (la radio ‘bluffeuse’ et la télévision ‘inhumaine’) l'errance, la culture rock (avec notamment l’extrait d’un concert de Chuck Berry)… Remercions au passage Samuel Fuller de l’avoir convaincu d’aller au bout de son projet qu’il faillit abandonner après avoir vu au cinéma La Barbe à papa (Paper Moon) de Peter Bogdanovich qui il est vrai possède beaucoup de similitudes avec Alice dans les villes et notamment les relations de son duo interprété par Ryan et Tatum O’Neal, les deux ayant à peu près peu le même âge que les protagonistes du film de Wenders.

Un tendre et tranquille périple à la progression délicieusement lente, un chaleureux, poétique et indolent road movie à l’intrigue ténue dont l’essentiel n’est pas la destination mais le cheminement, une pérégrination erratique où l’on ne se sait pas trop où se rendre et où l’on ne trouve pas toujours ce que l’on cherche. Tout ça enrobé par une superbe photographie en noir et blanc 16 mm assez brute de Robby Müller (pas nécessairement voulue mais pour cause d’un manque de budget), de superbes cadrages et baigné par un accompagnement musical discret mais vite hypnotique et entêtant du groupe Can. L'un des films les plus attachants du cinéaste, l’un des plus simples, des plus chaleureux et des plus libres, celui où il a atteint sa maturité et trouve son style poético-contemplatif, celui qui l'installe aux côtés de Werner Herzog en figure de proue du cinéma allemand de ce milieu des 70's.
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :Très beau Road Movie dont on regrette qu'il ne se poursuive pas encore deux heures durant tellement on a pris du plaisir à voyager avec Rüdiger Vogler et l'adorable petite fille de 8 ans qui l'accompagne des USA en Allemagne en passant par les Pays Bas. Pour quelles raisons ? Elles sont comme les whodunit chez Hitchcock, pas vraiment importantes puisque de toute façon, chaque étape aboutit à une impasse. Jusqu'à ce long plan d'hélicoptère final tout simplement sublime.

On se plait juste tout simplement à accompagner ce duo de chambres de motels en nuits chez l'habitant, d'avion en 4L en passant par le train ou le métro aérien. On est bien, on est dépaysé et on ne s'ennuie jamais même s'il ne se passe quasiment rien. Wenders en profite pour nous parler de ses marottes, le pouvoir de l'image, sa haine de la télévision, l'errance, le rock... Tout ça sur une superbe photographie assez brute de Robby Müller et un accompagnement musical discret mais vite entêtant.

Pas le plus grand des Wenders mais l'un de ses films les plus attachants, les plus libres.
un de mes anciens films du mois, mon Wenders favori avec Paris, Texas.
Faut que tu te regardes Au fil du temps :wink:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: Alice dans les villes (Wim Wenders - 1974)

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit : Faut que tu te regardes Au fil du temps :wink:
Oui, je crois qu'il est justement à ma médiathèque ; j'en parlais pas plus tard que toute à l'heure en demandant à ce que l'on me le ramène :)
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