Twin Peaks

[Barry Egan]

Je pense qu'une majeure partie de la sortie de Coop' de la Black Lodge, notamment toute la section dans l'espace puis dans la boîte "violette", n'a quasiment aucune utilité concrète et aurait pu être coupée sans que qui que ce soit ne ressente un manque quelconque.

Et c'est le reproche assez symptomatique de celui que je fais plus globalement à ces 4 épisodes : y a trop de choses où je me suis dit "ça, tu peux zapper, c'est pareil" (et j'ai d'ailleurs pas mal utilisé de la télécommande sur les épisodes 3 et 4).

Dans d'autres franchises, on aurait appelé ça du fan service. Là, pour moi, c'est du fan service de Lynch. C'est cool, c'est jeté, c'est visuellement original et d'une maestria formidable, mais tu pourrais diviser sa durée par 4 que les informations convoyées par ses séquences seraient les mêmes.

Les histoires racontées sont toutes les mêmes, meurtres, conflits, qui a tué qui, pourquoi x et y s'aiment pas, comment z qui est en prison va s'en sortir, etc. Narrativement, il est très difficile d'être surpris de nos jours, et les innovations type "script à tiroirs" masquent souvent mal l'indigence des péripéties imaginées pour des "stock characters" tout aussi fades... Donc tout ce qui compte, c'est justement la forme, c'est le seul élément qu'il ne faut pas zapper, une fois admise l'impossibilité d'être surpris narrativement. Si tu aimes passer du temps avec les personnages, si tu apprécies Dale Cooper, si tu considères qu'il y a un fonds en lui qui mérite d'être sauvé, alors tu vas te réjouir de passer autant de temps avec lui le temps qu'il sorte de la pièce mauve. Le pari de Lynch est le même que celui qu'il faisait dans le film "Fire Walk With Me", si tu te soucies vraiment de Laura Palmer, tu vas assister à son meurtre et souffrir avec elle. On ne regarde pas une oeuvre de fiction pour les "informations" qu'elle procure, mais pour les émotions que les personnages nous font ressentir de façon plus puissante que dans la vraie vie (où tout doit être gris et nuancé parce que le politiquement correct et le faut faire à manger et pas oublier la lessive tout ça). Je sais pas si c'est du fan service, et j'aurais du mal à le croire, vu le caractère jusqu'au-boutiste de l'auteur (qui ne l'empêche pas d'avoir ses fans, c'est vrai). Personnellement, j'ai été épaté de voir comment Lynch a repris son oeuvre, l'esprit est alerte mais l'exécution de ses idées est, logiquement, plus contemplative, il ne s'excuse pas, il fait son bilan, avec circonspection, pudeur, passion et patience. La séquence de la boite violette m'a surpris par son audace formelle dans un contexte "TV", c'était même émouvant en soi de voir que le niveau de folie, et donc de liberté, du dernier épisode de la saison 2 pouvait être surpassé. Les références à "Eraserhead", parce qu'elles étaient insérées sous ce contexte et dans une intrigue neuve, ne m'ont pas dérangées, au contraire, elles m'ont plus fascinées encore. J'aurais aimé que cette séquence dure 10 minutes de plus.

[Jack Griffin]

Tout à fait Dirk

[Watkinssien]

Pour l'instant, j'ai trouvé cela à la fois fascinant et irritant, ce qui est au final plutôt un bon signe.

[Jetblack]

Pour ceux qui ont vu les 4 premiers épisodes.

http://www.vanityfair.com/hollywood/201 ... de-1-2-3-4

Et pour la scène de l'espace ça coïncide avec ça

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[tenia]

3x05 :

Mêmes joueurs jouent encore.
C'est précisément dans la continuité de l'épisode 4, donc mêmes qualités et mêmes défauts.
Notamment : ce serait bien qu'on ne passe pas la saison complète avec Coop' en mode Rain Man, parce que ça commence sincèrement à faire long feu.
Et Caleb Landry Jones, encore dans un énième rôle de camé.

[Billy Budd]

Je pense qu'une majeure partie de la sortie de Coop' de la Black Lodge, notamment toute la section dans l'espace puis dans la boîte "violette", n'a quasiment aucune utilité concrète et aurait pu être coupée sans que qui que ce soit ne ressente un manque quelconque.

Et c'est le reproche assez symptomatique de celui que je fais plus globalement à ces 4 épisodes : y a trop de choses où je me suis dit "ça, tu peux zapper, c'est pareil" (et j'ai d'ailleurs pas mal utilisé de la télécommande sur les épisodes 3 et 4).

Dans d'autres franchises, on aurait appelé ça du fan service. Là, pour moi, c'est du fan service de Lynch. C'est cool, c'est jeté, c'est visuellement original et d'une maestria formidable, mais tu pourrais diviser sa durée par 4 que les informations convoyées par ses séquences seraient les mêmes.

A ce compte là, tu peux couper 75 % des deux premières saisons.

[Mama Grande!]

Episode 5

La sauce prend toujours dans mon cas. Je comprends ceux qui trouveront le rythme trop lent, mais pour ma part j'ai toujours autant de plaisir à suivre ces moments éclatés, ces détours, parfois drôles, parfois angoissants, parfois émouvants, réalisés par un grand cinéaste et artiste en pleine possession de ses moyens. Cela nous rappelle aussi que les meilleurs moments de la filmo de Lynch n'étaient pas forcément les moments "narratifs" ou même "étranges", mais ces instants capturés dans un bar, au bord d'une autoroute, où l'intrigue s'arrête et où l'univers s'épanouit. Se permettre de privilégier l'instant, l'ambiance, sur l'avancement est même aujourd'hui inhabituel à la TV, ce qui encore une fois confirme que ce Twin Peaks: the return est un film de Lynch de 18h (je comprends pas par contre le rôle de Frost). Pour ce qui est de l'intrigue (qui existe quand même), les indices sont distillés au compte-gouttes, mais le suspense est suffisamment entretenu pour que l'on veuille en savoir plus, pour que l'on se sente entre de bonnes mains pour la suite (ce qui reste bien entendu à confirmer).

La narration en général me fait beaucoup penser à la première partie de Mulholland Drive, c'est-à-dire le pilote. Si faire une série de ce genre était le projet initial de Lynch en 1999, on comprend aisément la décision de ABC

[tenia]

A ce compte là, tu peux couper 75 % des deux premières saisons.

Pas d'accord. Il y avait énormément d'intrigues secondaires, de soap (tout simplement), qui composaient une trame narrative qui avançait, avec le fantastique au détour d'un événement ou d'un lieu.
Là, c'est le contraire : tu as un fantastique qui fait du surplace, et au détour d'un truc surréaliste, tu as un truc qui parait avancer un peu (ici, dans l'épisode 5, les gangsters).

Et il n'y a, logiquement, jamais eu cette sensation de fan service dans les 2 1eres saisons de Twin Peaks.

[Billy Budd]

A ce compte là, tu peux couper 75 % des deux premières saisons.

Pas d'accord. Il y avait énormément d'intrigues secondaires, de soap (tout simplement), qui composaient une trame narrative qui avançait, avec le fantastique au détour d'un événement ou d'un lieu.
Là, c'est le contraire : tu as un fantastique qui fait du surplace, et au détour d'un truc surréaliste, tu as un truc qui parait avancer un peu (ici, dans l'épisode 5, les gangsters).

Et il n'y a, logiquement, jamais eu cette sensation de fan service dans les 2 1eres saisons de Twin Peaks.

Il y avait énormément de choses "inutiles", c'est d'ailleurs en cela notamment que Twin Peaks détonnait et que Fire Walk With Me a déçu, ne pouvant se permettre des digressions sur du café ou des donuts comme le pouvait le feuilleton.

[Watkinssien]

Pas d'accord. Il y avait énormément d'intrigues secondaires, de soap (tout simplement), qui composaient une trame narrative qui avançait, avec le fantastique au détour d'un événement ou d'un lieu.
Là, c'est le contraire : tu as un fantastique qui fait du surplace, et au détour d'un truc surréaliste, tu as un truc qui parait avancer un peu (ici, dans l'épisode 5, les gangsters).

Et il n'y a, logiquement, jamais eu cette sensation de fan service dans les 2 1eres saisons de Twin Peaks.

Il y avait énormément de choses "inutiles", c'est d'ailleurs en cela notamment que Twin Peaks détonnait et que Fire Walk With Me a déçu, ne pouvant se permettre des digressions sur du café ou des donuts comme le pouvait le feuilleton.

C'est ce que je préfère dans la série, quand Cooper revivait systématiquement sur les produits locaux de Twin Peaks. C'était tellement attachant, drôle et apaisant.

[tenia]

Il y avait énormément de choses "inutiles", c'est d'ailleurs en cela notamment que Twin Peaks détonnait et que Fire Walk With Me a déçu, ne pouvant se permettre des digressions sur du café ou des donuts comme le pouvait le feuilleton.

Il y avait énormément de choses inutiles qui s'arrêtaient à former des simples motifs récurrents ou des running gags, je ne dis pas. Cependant, ils ne constituaient pas le coeur narratif de ces 2 saisons comme ils le font pour le moment dans la saison 3. C'étaient malgré tout 2 saisons qui avançaient classiquement sur une trame policière d'un côté (Laura et sa double vie, le trafic de drogue de Léo et Renault, l'enquête de Coop' et ses rebondissements, jusqu'à Bob et la Black Lodge), et tout un ensemble de trames de soap de l'autre (Donna et James, Ben, Josie et Catherine, Audrey et Coop' pui Coop' et Annie, Big Ed et Nadine, Leo, Bobby et Shelly, etc etc).

Là, le ratio trame narrative - éléments superficiels semble s'être inversé. Tout semble faire du sur-place pendant que l'équipe semble s'amuser à lancer des idées en l'air les unes après les autres. Les personnages passent à la vitesse de la lumière sans avoir aucune utilité autre que celle de faire du fan service, soit du côté des personnages, soit du côté des acteurs.

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On appréciera - ou non - le joli troll de Lynch sur les pelles de Jacoby, d'ailleurs.

[Frank N Furter]

Si il y a bien une chose que l'on peut mettre au crédit de Lynch pourtant, c'est bien qu'il n'y a pas une seule seconde de fan service dans cette saison 3.

[tenia]

James Hurley ? Bobby Briggs ? Le café ? La pelleté d'acteurs venus faire du caméo ? C'est pas du fan service ?

[Jack Griffin]

bah ce sont des persos centraux des saisons 1 et 2...normal qu'ils soient là non? et tu parles de "caméos" alors qu'on a même pas dépassé le tiers de cette saison 3...

[Frank N Furter]

Mais tout ce que tu cites, Tenia, a une importance dans le récit (encore obscure pour certains, d'accord). Le principe d'une suite est que l'on retrouve des éléments de la série originale, par définition. On est pas dans la référence clin d’œil stérile. Autant reprocher à Lynch que la série se déroule en partie à Twin Peaks alors.

Rogue One, c'est du fan service (un film qui ne raconte rien de plus que ce que l'on sait déjà depuis 40 ans), Jurassic Wolrd, c'est du fan service (des clins d'oeils appuyés alors que hors sujet toutes les 10 secondes pour faire plaisir au fan),...

Dans une époque où l'on a le choix entre du cinéma doudou qui tente de ressasser ad nauseum les mêmes recettes et du cinéma post moderne où les personnages font des blagues en adressant des clins d’œil au public, cette saison 3 de Twin Peaks est totalement inespérée.

Lynch se moque complètement de plaire ou non aux fans. Il fait son truc dans son coin, une sorte de best-of de sa carrière mais qui prendrait en compte l'évolution du cinéaste (un peu comme ce qu'avait pu faire dans un autre style Big John avec son Ghosts of Mars) et qui n'obéit qu'a ses propres désirs. Oser faire ça en 2017, ça mérite un grand coup de chapeau.