John Williams

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Alexandre Angel
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Re: John Williams

Message par Alexandre Angel »

Un petit mot là-dessus..

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Dernière et impressionnante exploration de la musique de film par la collection de Stéphane Lerouge, Ecoutez le cinéma, cet imposant coffret me paraît être un must.
Amateur de musiques de film, donc, je ne suis pas pour autant spécialiste et ne me suis jamais senti particulièrement l'âme de collectionner les CD afférents. C'est pourquoi ce format anthologique, plus que bêtement compilatoire ou cumulatif, me convient parfaitement. Sur Amazon, un esprit chagrin parle d' "un massacre en règle des masters". Personnellement, je n'ai rien remarqué mais il est vrai que je suis peu exigeant et que je me satisfait du minimum syndical : rondeurs, présence des basses et relief..

L'essentiel pour moi est que Stéphane Lerouge a œuvré avec amour. Il a travaillé, semble-t-il, étroitement avec John Williams, qui a appris à lui accorder sa confiance. Lerouge, de ce que je ressens chez lui, travaille une perspective musicologique, au moins autant, sinon plus, que référée cinéma, ce qui ouvre l'auditeur à des horizons passionnants et le fait basculer dans un univers de pure création musicale. L'attention, et une mystérieuse forme de reconnaissance, s'en trouvent tout spécialement sollicitées.

Sur les trois grands compositeurs modernes de musiques de film suivants, Ennio Morricone, Jerry Goldsmith et John Williams, ce dernier était celui, à priori, que j'aimais le moins, parce que je l'associais trop, sans réfléchir bien sûr, aux grands raouts aventuriers et galactiques qui ont fait exploser le box-office.
Nous en entendrons bien évidemment quelques déflagrations.
C’est peut-être également qu’il est aussi celui dont on sent le plus la formation classique, le côté «conservatoire», le respect des aînés, là où Goldsmith, qui a pourtant beaucoup en commun, paraît jubiler de percuter et décoiffer ce qu’on lui a enseigné, tandis que Morricone, lui, nous éloigne des piliers de l’orthodoxie, pour mieux nous plonger dans le bouillonnement poignant et dadaïste d’une imagination sans limite.

Lerouge a beau mettre en avant, et à juste titre, la forêt cachée par l’arbre en insistant sur le rapport fécond qu’entretient Williams avec le jazz, rapport répercuté ici ou là en cours d’exploration (qu’il est bon d’entendre son trio extrait de The Long Goodbye, d’Altman) , ou autres chemins méconnus qui nous éloignent de la Marche de Darth Vader, il enfonce une porte ouverte pour qui connaît déjà les contributions du compositeur au film noir, au western (The Missouri Breaks, Le Fantôme de Cat Dancing) ou au fantastique gothique (Dracula) ou parapsychologique (The Furie).

Je ne fais pas mon malin: souvent innocent comme l’agneau qui vient de naître, j’ai découvert des tas de scores inconnus de moi comme la BO d’Horizons lointains et ses goûteux élans celtiques ou le ravissant Flight to Neverland, extrait de Hook. Et je ne parle que de films connus!

C’est juste que Stéphane Lerouge pêcherait presque par excès de modestie en cantonnant les mérites du coffret qu’il a conçu lui-même à la révélation surfaite que Williams est bien plus varié et surprenant qu’on veut bien l’imaginer.

Le coffret le confirme, certes, mais en dit, fort heureusement, bien davantage.

On y apprend par l’oreille que John Williams a notamment composé, non pour le cinéma mais pour la postérité, des œuvres tout à fait personnelles dont cet étonnant (et captivant) Concerto pour violon et orchestre No 2 sombre et tourmenté que n’aurait pas désavoué Shostakovich, ou que ses premiers travaux sous influence Henri Mancini pour la télévision (ou pour Comment voler un million de dollars?) sont des contributions suffisamment nimbées de densité pour que tout risque de superficiel en soit écarté.

En réalité, la grande leçon que prodigue ce coffret est que John Williams insuffle de la passion à tout ce qu’il entreprend.
On est moins immédiatement surpris que chez d’autres, moins dépaysés mais constamment séduits par le sens extraordinaire du charme mélodique qui se déploie au travers de ces vingt CD.
De la délicate «musique d’ascenseur» ( littéralement, même, à un moment dans le film!) du thème sentimental de La Tour infernale au violon si juif (dixit Williams) d’Itzhak Perlman de La Liste de Schindler en passant par les magistrales envolées à la Rachmaninoff de E.T.  The Extra-terrestrial, c’est une conception somptueusement chantante de la musique pour le cinéma à laquelle nous sommes conviés.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Watkinssien
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Re: John Williams

Message par Watkinssien »

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Mother, I miss you :(
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