Godzilla : La franchise

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Spike
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Re: Godzilla : La franchise

Message par Spike »

Coxwell a écrit : 23 janv. 24, 17:02 En réalité, l'Atome est relativement secondaire sur ce dossier de traumatismes au Japon 1945, et n'a quasi joué aucun rôle dans la capitulation japonaise.
Je suis quelque peu circonspect sur la partie soulignée, car j'ai toujours lu que les bombardements atomiques de Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août) faisaient partie des causes principales de la décision de l'empereur du Japon de capituler (10 août). D'une part, ne serait-ce que la proximité temporelle entre ces événements (le lendemain de Nagasaki...). D'autre part, d'après une citation figurant sur la fiche Wikipédia, l'empereur du Japon aurait spécifiquement fait référence au pouvoir de la bombe atomique lorsqu'il a informé le cabinet Suzuki de sa volonté de capituler.

Alors, certes, d'autres facteurs ont joué, comme la déclaration de guerre de l'URSS, l'état de l'armée japonaise, ..., mais je ne perçois pas pour autant le besoin de minimiser l'importance de la bombe atomique.
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Coxwell
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Re: Godzilla : La franchise

Message par Coxwell »

Spike a écrit : 24 janv. 24, 23:02
Coxwell a écrit : 23 janv. 24, 17:02 En réalité, l'Atome est relativement secondaire sur ce dossier de traumatismes au Japon 1945, et n'a quasi joué aucun rôle dans la capitulation japonaise.
Je suis quelque peu circonspect sur la partie soulignée, car j'ai toujours lu que les bombardements atomiques de Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août) faisaient partie des causes principales de la décision de l'empereur du Japon de capituler (10 août). D'une part, ne serait-ce que la proximité temporelle entre ces événements (le lendemain de Nagasaki...). D'autre part, d'après une citation figurant sur la fiche Wikipédia, l'empereur du Japon aurait spécifiquement fait référence au pouvoir de la bombe atomique lorsqu'il a informé le cabinet Suzuki de sa volonté de capituler.

Alors, certes, d'autres facteurs ont joué, comme la déclaration de guerre de l'URSS, l'état de l'armée japonaise, ..., mais je ne perçois pas pour autant le besoin de minimiser l'importance de la bombe atomique.
La bombe a un effet symbolique assez fort mais les bombardements atomiques sont en réalité inscrits dans une suite de bombardements conventionnels qui ont lieu depuis 1945 essentiellement. Ceux-ci ont fait par ailleurs autant - si ce n’est plus - de destruction. Le Japon capitule face aux Américains pour ne pas acter la capitulation face aux Soviétiques qui ont envahi le sud de Sakhaline (et s’apprête à mettre pied sur Hokkaido) dans le même temps. L’idée que l’armée rouge débarque et détruise le cœur du Japon : le massacre de l’empereur, est une idée inimaginable, bien pire que n’importe quel tapis de bombes ayant détruit quasiment l’intégralité des villes japonaises (il n’en reste qu’une poignée de + de 100 000 intactes fin août 1945). Capituler face aux États Unis dans ce contexte permet de négocier avec eux et couper le canal diplomatique avec l’URSS et les desiderata de Staline dans le cas d’une reddition (empêcher toute reconstruction du moteur industriel nippon (à l’instar de l’Allemagne occupée contrairement à ce que les alliés occidentaux désiraient dans leurs territoires à l’ouest + revanche contre le début du XXe siècle et humiliation en Manchourie / Tsushima). La bombe A mentionnée permet de reconnaître son seigneur et de se positionner en vassal des États-Unis, négocier le maintien de la structure impériale et les projets de reconstruction et partenariats. Ceci conforte les États-Unis et permet d’aller dans le sens de leur politique dont le message explicite consiste à adresser la deuxième bombe A (Nagasaki) à Staline. La “diplomatie de l’atome” commence.

Pour rebondir sur ce sujet, je suis plutôt d’accord avec les quelques développements supplémentaires dans ce texte :
https://www.slate.fr/story/73421/bombe- ... -capituler
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Shin Cyberlapinou
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Re: Godzilla : La franchise

Message par Shin Cyberlapinou »

112.000 entrées et deuxième meilleure moyenne par copie (source cine directors), ce ne sont pas forcément les chiffres américains (où la franchise a beaucoup plus infusé l'inconscient collectif) mais le pari est gagné.
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Roilo Pintu
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Re: Godzilla : La franchise

Message par Roilo Pintu »

Shin Godzilla - Hideaki Anno et Shinji Higuchi (2016) : 7.5/10

Un film qui offre à nouveau un regard sur une menace sur le Japon et le monde. Enchainer back to back à un mois d'intervalle Shin Godzilla et Godzilla Minus One est assez rafraichissant, enthousiasmant. Faire deux films qui ne se ressemblent pas du tout, conserver son identité japonaise tout en proposant un message assez universel et qui se double d'un spectacle de grande ampleur, wow! Thanks Tōhō!

Si Shin Godzilla commence classiquement avec une série d'évènements dans la baie de Tokyo, après les questions et les interrogations sur cette manifestation, l'émergence de Godzilla déclenche en toute logique le chaos et la destruction. Mais rapidement le sujet principal s'impose, et développe sa satire politique sur l'inefficacité du gouvernement japonais, incapable de réagir rapidement face à la crise, l'histoire va rapidement montrer comment l'accumulation des échecs vont aggraver la crise. La lenteur des réponses, l'ingérence bureaucratique à tous niveaux sont dépeintes de manière réaliste et ironique. Le reflet de la réalité est à peine déformé, et dépasse sans problème son cadre nippon.
Le film balance entre une atmosphère claustrophobe et des scènes de panique et de chaos intense, réfléchit à la résilience humaine au milieu des crises bureaucratiques. La représentation de Godzilla est magnifique dans toutes ses différentes phases, une véritable force imparable. Shin Godzilla ne se réduit pas au film de monstres qui détruit les villes, et c'est déjà sympa, il dépeint un gouvernement incapable de faire face à une crise d'ampleur, tout en montrant un pays qui fait ses preuves aux yeux du monde. Encore un film qui revitalise de manière moderne le roi des monstres!
Vivement Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire! (Non je déconne!)
didiersept
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Re: Godzilla : La franchise

Message par didiersept »

Coxwell a écrit : 24 janv. 24, 23:42
Spike a écrit : 24 janv. 24, 23:02
Je suis quelque peu circonspect sur la partie soulignée, car j'ai toujours lu que les bombardements atomiques de Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août) faisaient partie des causes principales de la décision de l'empereur du Japon de capituler (10 août). D'une part, ne serait-ce que la proximité temporelle entre ces événements (le lendemain de Nagasaki...). D'autre part, d'après une citation figurant sur la fiche Wikipédia, l'empereur du Japon aurait spécifiquement fait référence au pouvoir de la bombe atomique lorsqu'il a informé le cabinet Suzuki de sa volonté de capituler.

Alors, certes, d'autres facteurs ont joué, comme la déclaration de guerre de l'URSS, l'état de l'armée japonaise, ..., mais je ne perçois pas pour autant le besoin de minimiser l'importance de la bombe atomique.
La bombe a un effet symbolique assez fort mais les bombardements atomiques sont en réalité inscrits dans une suite de bombardements conventionnels qui ont lieu depuis 1945 essentiellement. Ceux-ci ont fait par ailleurs autant - si ce n’est plus - de destruction. Le Japon capitule face aux Américains pour ne pas acter la capitulation face aux Soviétiques qui ont envahi le sud de Sakhaline (et s’apprête à mettre pied sur Hokkaido) dans le même temps. L’idée que l’armée rouge débarque et détruise le cœur du Japon : le massacre de l’empereur, est une idée inimaginable, bien pire que n’importe quel tapis de bombes ayant détruit quasiment l’intégralité des villes japonaises (il n’en reste qu’une poignée de + de 100 000 intactes fin août 1945). Capituler face aux États Unis dans ce contexte permet de négocier avec eux et couper le canal diplomatique avec l’URSS et les desiderata de Staline dans le cas d’une reddition (empêcher toute reconstruction du moteur industriel nippon (à l’instar de l’Allemagne occupée contrairement à ce que les alliés occidentaux désiraient dans leurs territoires à l’ouest + revanche contre le début du XXe siècle et humiliation en Manchourie / Tsushima). La bombe A mentionnée permet de reconnaître son seigneur et de se positionner en vassal des États-Unis, négocier le maintien de la structure impériale et les projets de reconstruction et partenariats. Ceci conforte les États-Unis et permet d’aller dans le sens de leur politique dont le message explicite consiste à adresser la deuxième bombe A (Nagasaki) à Staline. La “diplomatie de l’atome” commence.

Pour rebondir sur ce sujet, je suis plutôt d’accord avec les quelques développements supplémentaires dans ce texte :
https://www.slate.fr/story/73421/bombe- ... -capituler
en Histoire, il faut une vingtaine d'années au moins, pour que ça infuse auprès du grand public...
les soviétiques responsables de la défaite des forces de l'axe sur le front d l 'Est ET permettant de raccourcir et imiter les pertes dans la guerre du pacifique, c'est ce qui semble se dégager.
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Beule
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Re: Godzilla : La franchise

Message par Beule »

didiersept a écrit : 27 févr. 24, 14:00
Coxwell a écrit : 24 janv. 24, 23:42

La bombe a un effet symbolique assez fort mais les bombardements atomiques sont en réalité inscrits dans une suite de bombardements conventionnels qui ont lieu depuis 1945 essentiellement. Ceux-ci ont fait par ailleurs autant - si ce n’est plus - de destruction. Le Japon capitule face aux Américains pour ne pas acter la capitulation face aux Soviétiques qui ont envahi le sud de Sakhaline (et s’apprête à mettre pied sur Hokkaido) dans le même temps. L’idée que l’armée rouge débarque et détruise le cœur du Japon : le massacre de l’empereur, est une idée inimaginable, bien pire que n’importe quel tapis de bombes ayant détruit quasiment l’intégralité des villes japonaises (il n’en reste qu’une poignée de + de 100 000 intactes fin août 1945). Capituler face aux États Unis dans ce contexte permet de négocier avec eux et couper le canal diplomatique avec l’URSS et les desiderata de Staline dans le cas d’une reddition (empêcher toute reconstruction du moteur industriel nippon (à l’instar de l’Allemagne occupée contrairement à ce que les alliés occidentaux désiraient dans leurs territoires à l’ouest + revanche contre le début du XXe siècle et humiliation en Manchourie / Tsushima). La bombe A mentionnée permet de reconnaître son seigneur et de se positionner en vassal des États-Unis, négocier le maintien de la structure impériale et les projets de reconstruction et partenariats. Ceci conforte les États-Unis et permet d’aller dans le sens de leur politique dont le message explicite consiste à adresser la deuxième bombe A (Nagasaki) à Staline. La “diplomatie de l’atome” commence.

Pour rebondir sur ce sujet, je suis plutôt d’accord avec les quelques développements supplémentaires dans ce texte :
https://www.slate.fr/story/73421/bombe- ... -capituler
en Histoire, il faut une vingtaine d'années au moins, pour que ça infuse auprès du grand public...
les soviétiques responsables de la défaite des forces de l'axe sur le front d l 'Est ET permettant de raccourcir et imiter les pertes dans la guerre du pacifique, c'est ce qui semble se dégager.
Deux décennies après la capitulation, en 1967, Le Jour le plus long du Japon de Kihachi Okamoto, sur un script très documenté de Shinobu Hashimoto, s'emparait d'ailleurs de ces questions dans un long préambule à son vrai sujet (la tentative de coup d'état militaire pour empêcher l'annonce de la reddition par Hirohito), disséquant les points de vue des différentes composantes du corps diplomatique et de l'état major quant à la nécessité de reconsidérer la position du Japon en réaction à l'ultimatum de Truman à Potsdam (jusque là pratiquement méconnu du peuple japonais et tout juste raillé par la presse) pour envisager les différents scénraii possibles afin d'articuler la parade la plus appropriée pour préserver la prédominance (et implicitement l'impunité) de la figure impériale. En aucun cas la menace de l'atome, même après Hiroshima ou Nagasaki, n'y était présentée comme facteur déclenchant ou même prédominant à ce revirement vers la capitulation "sans condition". C'est la conjonction de différents facteurs rendant intenable la position de l'Empire, tant militairement qu'au regard de sa transparence vis-à-vis du peuple nippon, qui y était mise en avant pour tenter de trouver une porte de sortie plus acceptable (moins déshonorante) au conflit, à commencer par l'inéluctable progression soviétique depuis Sakahline vers Hokkaïdo (et la menace associée en terme d'assujettissement diplomatique) et la famine programmée pour les forces vives armées (l'archipel va faire face à la pire récolte de son histoire depuis 1931) quand bien même l'arsenal militaire et la machine de guerre proprement dite permettraient de prolonger encore le combat.
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didiersept
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Re: Godzilla : La franchise

Message par didiersept »

Beule a écrit : 27 févr. 24, 16:08
didiersept a écrit : 27 févr. 24, 14:00
en Histoire, il faut une vingtaine d'années au moins, pour que ça infuse auprès du grand public...
les soviétiques responsables de la défaite des forces de l'axe sur le front d l 'Est ET permettant de raccourcir et imiter les pertes dans la guerre du pacifique, c'est ce qui semble se dégager.
Deux décennies après la capitulation, en 1967, Le Jour le plus long du Japon de Kihachi Okamoto, sur un script très documenté de Shinobu Hashimoto, s'emparait d'ailleurs de ces questions dans un long préambule à son vrai sujet (la tentative de coup d'état militaire pour empêcher l'annonce de la reddition par Hirohito), disséquant les points de vue des différentes composantes du corps diplomatique et de l'état major quant à la nécessité de reconsidérer la position du Japon en réaction à l'ultimatum de Truman à Potsdam (jusque là pratiquement méconnu du peuple japonais et tout juste raillé par la presse) pour envisager les différents scénraii possibles afin d'articuler la parade la plus appropriée pour préserver la prédominance (et implicitement l'impunité) de la figure impériale. En aucun cas la menace de l'atome, même après Hiroshima ou Nagasaki, n'y était présentée comme facteur déclenchant ou même prédominant à ce revirement vers la capitulation "sans condition". C'est la conjonction de différents facteurs rendant intenable la position de l'Empire, tant militairement qu'au regard de sa transparence vis-à-vis du peuple nippon, qui y était mise en avant pour tenter de trouver une porte de sortie plus acceptable (moins déshonorante) au conflit, à commencer par l'inéluctable progression soviétique depuis Sakahline vers Hokkaïdo (et la menace associée en terme d'assujettissement diplomatique) et la famine programmée pour les forces vives armées (l'archipel va faire face à la pire récolte de son histoire depuis 1931) quand bien même l'arsenal militaire et la machine de guerre proprement dite permettraient de prolonger encore le combat.
l'Histoire c'est politique, et ça subit les modes également, nul doute que les contemporains soviétiques (puis durant la guerre froide) de cette époque étaient bien au courant des raisons/motifs de la capitulation japonaise.
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