Les films de Guerre

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54841
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Les films de Guerre

Message par Flol »

El Dadal a écrit : 5 févr. 24, 13:10 Je recolle mon avis ici, le topic Vinegar Syndrome étant quelque peu pour palais initiés :mrgreen:

DOG TAGS (Romano Scavolini - 1987)
Image

Réalisateur du giallesque Exorcisme tragique (sorti en France chez le Chat qui fume) et du classique de vidéoclubs Cauchemars à Daytona Beach, l'Italien Romano Scavolini a étrangement eu une première vie très engagée, principalement comme journaliste, photographe et reporter de guerre. Il sera un des quelques italiens à couvrir sur place le conflit vietnamien, blessé à plusieurs reprises (et même déclaré mort par les autorités).

Petit préambule pour expliquer que ce Dog Tags, produit en 1985 et généralement distribué en 1987 directement en vidéo, ne vient pas de nulle part. A fortiori quand on parle de nos cousins italiens, qui ne sont pas les derniers pour flairer les bons filons et en produire des caisses... Sauf que donc, le film découle des expériences et témoignages directs de son réalisateur, et que le résultat n'est pas si opportuniste que ça. Entré en production avant Platoon (auquel il prêtera des conseillers pyrotechniques et cèdera une partie de son stock de pellicule positive afin de pouvoir tirer des rushes dans les labos philippins qui en étaient dépourvus), il finira par sortir bien plus tard, au milieu de cette nouvelle vague guerrière portée par le classique instantané de Stone. Si Dog Tags n'est pas reconnu pour un casting exceptionnel ou une BO à base de rock psychédélique comme il était alors de coutume, il ne cède pas un iota sur la qualité de sa mise-en-scène, élégante et racée, à base de cinémascope, d'éclairages sophistiqués rappelant les meilleurs heures du cinéma italien, et de mouvements de caméra savamment conçus pour nous tirer, lentement mais sûrement, au sein de ce cauchemar tropical.
Tourné intégralement en anglais avec un casting et des fonds internationaux, le film est une variation vietnamienne du Trésor de la Sierra Madre, comme on a pu en voir avec la Seconde guerre mondiale dans De l'or pour les braves ou le conflit irakien dans Les Rois du désert. À ma connaissance, il s'agit là du seul film utilisant cette structure au sein de ce conflit, tout en jouant sur le sous-genre du film de prisonniers de guerre à la Rambo II. La narration chapitrée (prologue, suivi de trois actes en flashback, puis un épilogue) continue d'asseoir l'étrangeté du projet. Si les caractérisations ne vont pas beaucoup plus loin que les caricatures à gros traits, le sens du détail significatif ainsi qu'un point de vue moral rare pour l'époque et le genre sur les tenants et aboutissants économiques du conflit finissent par élever le film bien au-délà des bisseries auxquelles on aurait pu le rattacher (à titre personnel, je croyais lancer un énième nanar guerrier à la Bruno Mattei/Claudio Fragasso). À noter une très longue et tendue scène centrale d'amputation que seuls les ritals pouvaient se permettre.
Je souscris à 100% aux propos de Monsieur Dal : loin du nanar bis italien/sous-Rambo, tels que ceux produits par paquet de 12 par les italiens dans les années 80, et vendu par sa (très belle) affichevendu par sa (très belle) affiche, c'est en fait un film de guerre carrément sophistiqué (la photo est magnifique, notamment lors des séquences nocturnes en pleine jungle), voire expérimental par moments (toute la partie muette, dans un temps qui parait suspendu), où la violence fait mal (la séquence de l'amputation) et où les (impressionnantes) explosions ont vraiment l'air dangereuses. :o
La caméra est constamment en mouvement pour filmer ces protagonistes hyper ambigües (le leader est tout sauf un héros), et même si l'histoire est classique sur le fond, Scavolini parvient à en tirer un film définitivement pas comme les autres, à la construction originale (le montage des 10 premières minutes est limite expérimental) et totalement iconoclaste.
Donc si vous êtes attirés par l'affiche que j'ai posté plus haut, attendez-vous tout de même à être surpris !
Répondre